lundi 31 mars 2014

Respect à double-sens

Aujourd'hui, les CDI se raréfient. On préfère faire signer d'interminables "contrats de chantier", contrats d'intérim, voir carrément, des conventions de stages. Le premier intérêt, c'est que ces catégories n'apparaissent pas dans les charges de personnels. Du pain-béni pour une PME forcée de dépasser le seuil fatidique des 50 employés. On peut les licencier quasiment du jour au lendemain. Enfin, en mettant la pression sur un tiers (le cabinet de consultant et l'agence d'intérim), on peut revoir les salaires à la baisse.

Mettre la pression, c'est le leitmotiv du patron. Il faut instituer un rapport de force favorable. Autant il n'ose pas réprimander ses salariés en CDI, autant ses précaires doivent se sentir en permanence sur une corde raide. L'idée est qu'ils doivent donner leur maximum, en vue d'un hypothétique CDI. Et pendant des mois. Lorsqu'ils seront en bout de course, on les remplace par des salariés neufs. Dans un pays où il y a plus de 3 millions de chômeurs, le réservoir de chair fraiche semble inépuisable.
Les free-lance connaissent bien cette pression. C'est le "faites nous un beau dessin, on vous payera pas, mais ça vous fera une belle référence" des dessinateurs. Ou le "créez-nous un site web, s'il nous convient, on le payera" des informaticiens. Le donneur d'ordre se prend pour un roi de la négociation !

Effectivement, les juniors se donnent à fond. Ils croient durs comme fer à ce CDI. Et avec un salaire à la hausse (car on leur demande de "faire un effort", le temps du contrat ou de la période d'essai.) Dans les grandes entreprises, le fait de pouvoir mettre un nom prestigieux sur son CV est une belle motivation.
Et dans les autres cas ? Le salarié se démotive rapidement. Les cadres ont fait de longues études où on leur a répété qu'ils sont la crème de la crème. Travailler avec un contrat précaire, pour un salaire de misère, c'est une insulte ! Ils comprennent vite qu'à la fin du contrat précaire, il n'y a qu'un autre contrat précaire (dans la limite légale des possibilités de renouvellement.) Quant aux augmentations... Un employeur m'a demandé de "faire un effort" durant ma période d'essai. Puis de "maintenir cet effort", le temps de définir des objectifs à atteindre. Une fois les objectifs définis, on m'a dit d'attendre qu'ils soient atteints. Et une fois les objectifs atteints, j'ai réclamé mon du... Et j'ai été licencié.
Dans ces conditions, le salarié précaire reste en "recherche active" d'emploi. Les plus hardis partent du jour au lendemain, dés qu'ils trouvent mieux. J'ai vu des salariés quitter un travail après un ou deux jours, voir carrément de planter un ex-futur employeur. Les plus mollassons ou les moins chanceux restent en poste, mais à reculons. Absentéisme, squattage de machine à café (pour les plus vieux), twittage compulsif (pour les plus jeunes)... C'est le règne de l'aquoibonisme et l'acte de présence.

Un bon salaire et un bon statut ne garantissent pas une productivité optimum. En revanche, si vous considérez vos salariés comme une main d’œuvre jetable,  vous êtes sur d'avoir une productivité minimale en retour.

dimanche 30 mars 2014

Retour à la case départ

La reprise d'activité, c'est un moment excitant pour un chômeur.

A contrario, le retour à la case chômage est une douche froide. C'est un peu comme un point de sauvegarde dans un jeu vidéo : vous aviez passé un certain nombre d'étapes et vous êtes obligé de tout recommencer. Celui qui est déjà passé par plusieurs périodes de chômage le ressent d'autant plus comme un échec. Au moins, il sait à quoi s'attendre.
A priori, il est content de quitter son job naze. Les semaines entre le préavis et le départ effectif étaient les plus éprouvantes : les vautours rôdaient déjà. En plus, vous avez bénéficié d'une indemnité de départ. Le mauvais rêve est derrière vous.
Concrètement, il va surtout falloir se réinscrire à Pole Emploi, mettre à jour son CV, passer des entretiens, faire des points à Pole Emploi... Terminée, la sécurité de l'emploi ; rebonjour à la vie au jour le jour. Avec son cortège de doutes et d'angoisses. Enfin, en bonus, il y a une éventuelle insécurité financière. On sait quand on commence une période de chômage, mais on ne sait pas quand on retrouvera un emploi. Rien que de penser à tout cela, ça mine le néo-chômeur.

vendredi 28 mars 2014

Chômage partiel

Lorsqu'une entreprise va mal, elle peut recourir au chômage partiel. Ses salariés restent chez eux pendant tout ou partie de la semaine. Les jours chômés, les cadres sont payés par Pole Emploi à 100% (80% pour les non-cadres.) C'est totalement transparent pour le salarié. En cas de licenciement, ça n'influe pas pour la durée ou le montant des indémnité-chômages (sauf pour les non-cadres, vu qu'ils sont moins payés.)

Sur le papier, c'est une aubaine. Vous êtes payés pour rester chez vous ! Si vous voulez poser une semaine de congé, seuls sont décomptés ceux correspondants aux jours normalement travaillés. C'est le paradis du fainéant !

Les jours travaillés, on vous demande d'en faire autant qu'une semaine normale (sauf que vous ne travailliez que quelques jours.) Un fait atténué par une charge de travail en baisse (conséquence de la baisse d'activité.)

Reste surtout la peur que ce chômage à temps plein ne se change en chômage "tout court". Dans les entreprises, l'information sur la santé financière est nulle. Y compris lorsqu'il y a un CE. Vous avez beau être cadre, vous n'êtes pas dans le secret des dieux. Vous ne pouvez que subir. Il faut se contenter de "radio moquette". Et bien sur, lors d'un chômage partiel, les rumeurs pullulent. Le chômage partiel est reconductible de mois en mois. Une fois, mon chef est venu me prévenir le dernier jour du mois, alors que je montais dans ma voiture, que je ne devais pas venir le lendemain.
Dans ce contexte, il est impossible de se projeter dans l'avenir. Vous vivez au jour le jour. A la limite, une cessation d'activité vous donnerait au moins un horizon. Là, vous êtes suspendu en l'air.

Et parfois, ça reprend. Là encore, on vous prévient au dernier moment : "Le chômage partiel s'arrête le mois prochain." Pas de discours, pas de cadeau quelconque ; on fait comme si de rien n'était. Sauf qu'en fait, la confiance est brisée : vous vous dites que ça peut reprendre de si tôt. Vous guettez le moindre signe. En prime, vous avez désormais conscience qu'il y a un véritable mur entre la direction et vous ; vous êtes rejeté parmi la vulgate. Alors que vous pensiez qu'en tant que cadre, vous étiez du côté des privilégiés. De quoi émousser irrémédiablement votre motivation.

jeudi 27 mars 2014

Les Américains ont (eu) Steve Jobs, nous, on a Paul Emploi

Se rendre à Pole Emploi, c'est un torture. Il y a bien sur les enquiquineurs devant vous, qui prendront un malin plaisir à rendre plus pénible l'attente. Mais souvent, vous tombez sur des conseillers énervants.

Le novice : "Salut, je viens d'être embauché, alors j'y hyper-foi dans mon boulot ! Je fais des grands sourires en permanence et je m’émerveille d'un rien ! Allez, je sais que ça fait 6 mois que tu cherches un boulot, mais tu vas vite en trouver un !"
Le psy : " Donc, vous "cherchez un emploi"... Hum... Je vais répéter chacune de vos phrases et les méditer. Et je vais même en noter quelques unes sur mon carnet..."
Le promeneur : "Quel jour on est ? Euh... Je vais aller demander... Je reviens dans 15 minutes. Je sais que je suis l'unique guichet d'ouvert et que j'arrête pas de disparaitre. Mais c'est comme ça, pour la moindre question, je vais me renseigner à l'autre bout du bâtiment."
Le timide, passant sa tête hors du couloir de bureaux : "Eh, Thierry, est-ce que... Oh mon dieu, des chômeurs ! Vite, je retourne à mon bureau !"
Le blablateur, proche cousin du précédent : " Mon job consiste à arpenter les couloirs avec un collègue et de passer devant les gens qui font la queue, tout en riant !"
Le fonctionnaire : " Donc, madame, pour votre courrier, vous dev... Oh, 11h58 ! L'heure, c'est l'heure ! Au revoir tout le monde."
Le mal-luné : " Vous voulez des informations ? Vous avez des questions ? Oh, y'a pas marqué "conseiller" là !"

mercredi 26 mars 2014

Welcome to Fight club

En réaction à cet article paru dans Capital.

L'entreprise, c'est un huis clos. Vous restez des années aux côtés des mêmes personnes. Dans les PME ou les entreprises situées en provinces, les employés effectuent l'essentiel de leur carrière dans une seule entreprise, au même poste. Pour d'évidente raisons liées au vivre-ensemble, il ne peut y avoir de conflits ouverts, en permanence. La tendance est à l’apaisement et au consensus... Alors que ce huis clos est lui-même générateur de tensions.

En général, les conflits restent larvés. Certains employés préfèrent se gaver de cachets plutôt que d'affronter un chef tyrannique. D'autres se contentent de dénigrer un collègue uniquement lorsqu'il a le dos tourné, comme on l'a vu avec le faux-jeton. Les responsables préfèrent tolérer un employé jmenfoutiste que d'essayer de le recadrer. D'autant plus que la loi punie la violence verbale ou physique. Il n'y a pas de notion de "légitime défense".

Et parfois, ça explose.
  • Lors de conflits entre employés. Il y a forcément un rapport de force. Si l'agresseur est un nouveau ou un précaire (CDD, intérim), il est gentiment mis à la porte. Ca fera un beau trophée pour un chef de service.
  • Si l'agresseur est un employé bien en place, ce sera nettement plus dur. Même en cas de racisme, de harcèlement sexuel ou de vol, les autres auront tendance à prendre fait et cause pour lui. "C'est juste pour rire" ou "il te fait des excuses", voir "il n'avait pas compris que ça te blessait". En pratique, l'agresseur est déjà "connu" pour ce type de faits. Dans les grandes entreprises, on essayera de le muter. Dans les PME, l'agresseur se retrouve indéboulonnable et c'est l'agressé qui est mis sur la touche. Car la victime est considérée comme un "facteur de trouble".
  • Vis à vis des clients, la tendance est au "le client est roi". Il a exigé l'impossible et/ou ses reproches sont de sa propre faute ? Pas grave, c'est le commercial qui trinque. Les entreprises fuient comme la peste toute perte de marché ou toute mauvaise publicité.
  • Le seul cas où le client a droit d'être recadré, c'est lorsque c'est un client mineur, qui effectue un "one shot".
En définitive, il faut résumer les conflits avec cette devise de François Hollande : "Fort avec les faibles, faible avec les forts."

mardi 25 mars 2014

Le CV (2), ce que cherchent les entreprises

J'aurais du commencer par là.

Le CV parfait n'existe pas. Chaque recruteur a "son" CV. Certains veulent des CV en une page. D'autres (plus rares) veulent des CV très détaillés, quitte à tenir sur quatre ou cinq pages. Certains veulent que le parcours scolaire soit en tête ; d'autres y font à peine attention, etc.

Globalement, ce que cherchent les recruteurs, ce sont des CV "fluides" : une série de longs CDI, dans des entreprises ayant pignon sur rue. Avec d'anciens responsables qui chanteront vos louanges. C'est un peu idiot, je sais : si vous étiez un employé modèle dans un environnement idéal, pourquoi êtes vous parti ?
Il faut aussi que vos compétences soient évidentes. Très évidentes. Très, très évidentes. Il faut éviter les romans du style " J'ai travaillé chez Untel, j'étais en charge de ceci, de cela, de la conception, de la mise en place et du suivi de telle autre chose, du lancement et de la création du trucmuche ainsi que du suivi de bidule." Evitez aussi le style télégraphique : "Employé de [service], point final ." Il faut mettre en avant ses résultats significatifs.

Le principal, c'est de garder en mémoire que souvent, c'est un stagiaire qui tri les CV. Il en visionne plusieurs centaines par jour et doit en retenir une petite vingtaine. Il va donc passer à peine quelques secondes par CV. En plus, on lui demande de travailler sur des postes très différents. Personne ne peut être expert en tout. Donc, faute de discernement, il va bêtement rechercher des profils correspondants au descriptif du client.

lundi 24 mars 2014

Offre de stage bidon


Comment différencier un stage bidon (à savoir, un emploi déguisé) et un stage légitime ?

- La durée. Normalement, un stage est un "cas pratique" ; un exercice simple où le stagiaire découvre le monde de l'entreprise. Comme sa mission possède un périmètre limité, il en a vite fait le tour. C'est la grande différence avec une alternance, qui est un aller-retour permanent entre l'école et le monde professionnel (donc davantage de compétences à acquérir et une durée plus longue.) En conclusion, un stage de 6 mois n'a aucun sens.
- La mission. Le stagiaire est là pour qu'un tuteur lui apprenne les ficelles d'un métier. Ca doit être un suivi quotidien. Si un même tuteur s'occupe de plusieurs stagiaire ou que le stagiaire soit sur un poste très autonome, c'est suspect.
- L'expérience. Un stagiaire, c'est un débutant. Il est censé n'avoir aucune expérience du poste (mis à part ce qu'il a appris en classe.) Donc, une offre de stage qui mentionne une "rémunération suivant expérience", c'est une alerte rouge ! En général, dans ce genre d'annonce, le profil de formation recherché est très vague.

Le cas typique de l'annonce bidon, c'est donc une offre de stage de 6 mois comme community manager, avec rémunération suivant expérience. Clairement, c'est un travail qui correspond à un emploi à temps plein. Mais l'entreprise recrute un stagiaire, comme ça, elle propose des tarifs imbattables à son client final...

vendredi 21 mars 2014

Les cinq singes

Imaginez une expérience scientifique. On met cinq singes dans une pièce. Au centre, un escabeau surmontée d'un délicieux régime de banane. Mais dés que l'un des singes grimpe l'escabeau, les autres reçoivent une giclée d'eau glacée.
Très vite, dés qu'un singe approche de l'escabeau, les autres se jettent sur lui.

Au bout d'une semaine, on remplace l'un des singes. Il s'approche immédiatement de l'escabeau et se fait frapper.

La deuxième semaine, on remplace un deuxième singes. Lui aussi s'approche immédiatement de l'escabeau et il se fait frapper. Y compris par celui arrivé la semaine précédente (qui n'a jamais subit le supplice de l'eau glacé.)

Au fil des semaines, les autres singes sont remplacés. Il n'y a plus aucun membre du quintet de départ. Le régime de bananes a été enlevé. Mais aucun singe n'ose grimper l'escabeau.

L'histoire tourne beaucoup sur internet. Elle est très probablement fausse. Pour autant, si elle rencontre un tel écho, c'est parce qu'elle est typique des organisations humaines (à commencer par les entreprises.) Elles sont pleines de tabous, de "on a toujours fait comme ça, donc on ne changera pas". Et les éléments neufs, censés apporter une plus-value, n'ont pas le droit de grimper l'escabeau. Ils doivent se contenter d'évolution cosmétiques.

jeudi 20 mars 2014

L'enfer c'est les autres, surtout à Pole Emploi

Les agences Pole Emploi disposent d'un accueil et même d'un pré-accueil. Parfois, il y a un premier filtrage à la porte d'entrée. Malgré tout cela, certains énergumènes arrivent à arriver jusqu'au comptoir.

Le beau-parleur : "Salut, je n'ai pas rempli ma feuille d'actualisation ce mois-ci. C'est une longue histoire, avec de l'aventure, de la romance et de l'action. Je vais te la raconter bien en détail. Avec pas mal de changements en cours d'action, parce que je fini par me perdre moi-même dans mon pipeautage."

Le cas social : "Salut, je viens pour un truc mineur. Mais comme ça fait une semaine que j'ai parlé à personne, je vais en profiter..."

Le gars occupé : " ALLO ? OUI, JE SUIS A POLE EMPLOI ! JE PARLE HYPER-FORT PARCE QUE JE VEUX QUE TOUT LE MONDE M'ENTENDE ! Quoi? Qu'est-ce qu'il y a ? Je suis au téléphone et c'est hyper-important ! OUI ? ALLO ? ALORS, JE RAMENE LE PAIN ?"

Le courtois : " Enculé, vas-y nique sa race de Pole Emploi ! Ici, tout ces fils de putes sont agressifs avec moi ! Et à chaque fois, le vigile veut me calmer ! Et c'est juste pour ma gueule ! Qu'est-ce qu'ils ont après moi ces connards !"

La mère au foyer : "Salut, je suis venu avec mes 3 enfants en bas âge. J'ai défoncé les tibias de tout le monde, dans la file d'attente, avec ma poussette et maintenant, je squatte l'accueil. Pendant ce temps, mes enfants courent à droite et à gauche. Le but finale étant que toute l'agence me haïsse."

L'angoissé : "Bonjour, j'ai reçu 10 courriers sur le paiement, mais je veux quand même vérifier avec vous. Je serai payé quand ? Le courrier de confirmation du virement sera dans quel type d'enveloppe ? Vous êtes sûr que vous avez bien noté mon nom ? Et si le postier se trompe de boite aux lettres ?"

Bien sûr, quand vous avez une question légitime à poser ou une remarque à faire, on vous met dans le même sac que les enquiquineurs ci-dessus.

mercredi 19 mars 2014

Acid test

Les recruteurs adorent faire perdre leur temps aux candidats. Outre les interminables dossiers, on peut vous demander de remplir un test, sous la forme d'un QCM.

  • Le plus populaire, c'est le "test de logique". Vu qu'ils se ressemblent tous, c'est le meilleur moyen pour dénicher du "champion de mots croisés". Pour s'y préparer, il existe de nombreux petits livres, sans oublier Télé 7 jeux.
  • Juste derrière, il y a le test de comportement. En théorie, il n'y a pas de "bonne" réponse ; vous devez cocher la case qui correspond à votre caractère. Vous êtes face à des questions du type : " Le vendredi soir, à 18h29, votre supérieur vous demande de traitez immédiatement un dossier. Que faites-vous ? a) Vous lui faites un bras d'honneur. T'attendra lundi mon pote ! b) Vous vous mettez au travail, parce que vous êtes un employé dévoué et consciencieux. " Honnêtement, qui osera répondre "a)" ?
  • Le test d'anglais. " Where is Brian ? a) Brian is in the kitchen. b) Brian are the garden. c) Yes. d) C'est ça, un "test d'anglais niveau supérieur"? "
  • Le test de culture générale. Bien sûr comme il n'a pas été mis à jour depuis des lustres, il y aura des questions sur l'Europe des Quinze et des prix en francs...
Afin de vérifier que vous  soyez attentif, le test prend une bonne heure. Certaines questions reviennent deux fois avec de légère variante. Les plus jeunes se replongeront dans leurs souvenirs d'examens. Les candidats plus âgés auront tendance à se sentir infantilisés, voir carrément à paniquer (par peur de de l'échec.)
Ensuite, un ordinateur transcrit vos réponses et le recruteur peut en tirer des conclusions du niveau du quizz estival de magazine féminin. Les cabinets voulaient un outil fiable, rapide et objectif ; ils se retrouvent avec des tests biaisés. Mais le pire, c'est qu'il y a un emploi en jeu.

mardi 18 mars 2014

Les points éliminatoires d'un CV (1)

Un recruteur passe à peine quelques secondes sur un CV. Et encore, les plus pros ont des logiciels qui effectuent un pré-tri. Sachant qu'ils submergés de CV, ils ne vont pas s’embarrasser de profils sur lesquels ils ont un doute.

Voici ce qui est quasiment éliminatoire :
- Un trou de plusieurs mois dans votre expérience. C'est la conséquence d'une longue maladie, d'un congé maternité (chez les femmes), d'un séjour en prison ou pire, d'un chômage. En tout cas, la reprise d'activité risque d'être difficile.
- De nombreux enchainements d'expériences courtes. C'est un CV "d'intérimaire à temps plein". Vous êtes labellisé "instable".
- Les petits boulots. Pour payer le loyer, vous avez accepté un petit boulot, sans rapport avec votre diplôme. Là, on vous colle une étiquette de "marginal".
- Les études inachevées. Pour une raison x ou y (pas le niveau, réorientation, soucis financiers, maternité...) vous avez du interrompre un cursus avant terme. On va vous reprocher de ne pas avoir fait assez d'efforts. C'est particulièrement pénalisant chez les juniors.

Plus généralement, il faut éviter :
- Les CV en 2 pages, surtout pour les juniors. Vous risquez un "TL, DR".
- Votre CV doit utiliser au grand maximum 3 polices de caractère. C'est un CV, pas un carton pour un gouter d'anniversaire !
- Le CV anonyme. De toute façon, seuls les noirs et les Magrébins y ont recours. Donc, le recruteur se doutera que vous n'êtes pas "Européen".

lundi 17 mars 2014

Les faux-jetons

Pour durer dans une entreprise, il faut savoir prendre sur soi. Les convictions, la fierté et l'ambition, c'est bien, mais c'est pas avec ça que vous faites bouillir la marmite ! Donc, à la longue, les employés ont tendance à s'écraser et à tomber dans l'aquoibonisme....

Sauf le faux-jetons. Lui, il vous accueille en disant : "C'est un merdier pas possible, cette boite! " Il vous jure que " il va bientôt parler au responsable, pour lui secouer les puces." Voir carrément qu'il s'apprête à poser sa démission. Lorsqu'il évoque le patron, c'est avec des qualificatifs orduriers. Les plus jeunes jurent qu'ils s'apprêtent à tout quitter pour devenir rock star ou pour aller travailler au bout du monde. Les bricoleurs travaillent sur un projet révolutionnaire. Les businessmen songent à monter leur propre boite, etc.
Au début, vous l'aimez bien. Enfin quelqu'un à qui vous pouvez vous confier ! Vous pouvez lui parler franchement et il vous répondra tout aussi franchement.

Puis vous vous rendez compte que c'est du flan. Il ne joint jamais les actes à la parole. Sa fameuse conversation à bâton-rompue avec le responsable, elle est repoussée sine die. Quant à son départ "imminent" de l'entreprise... Il n'a même pas mis à jour son CV ! Idem pour ceux qui ont des projets de changements de vie. Ils les remettent à plus tard, jusqu'au jour où ils pourront dire : "Moi, je suis trop vieux pour ça. Si j'avais 20 ans de moins..."
Ce sont juste des grandes gueules. Peut-être qu'ils font cela pour (se) convaincre qu'ils ne sont pas comme les autres moutons. Et encore, leurs grands discours ont lieu uniquement lorsque les responsables ont le dos tourné. Méfiez-vous du rebel rebel de service. S'il parle en mal d'un collègue, n'allez pas prendre à parti ce même collègue : car votre soi-disant allié a tôt fait de s'évaporer... S'il parle en mal des autres devant vous, il vous forcément parler en mal de vous devant les autres ! Il faut d'autant plus éviter de se confier des faux-jetons que ce sont souvent les premiers à fayoter (c'est le prix de leur insoumission.) Et en cas de départ annoncé (fin de contrat, CDD...), il est le premier à vous traiter en pestiféré.

vendredi 14 mars 2014

La première gorgée de café

Le chômage, c'est une marginalisation forcée. Vous êtes seul toute la journée. Or, comme le disait déjà Descartes, l'Homme est un animal vivant en société.

Retrouver un emploi, c'est aussi retourner dans le monde des actifs, avec ces codes et ses rites. L'un d'entre eux, c'est le passage à la machine à café. 30 centimes pour un jus de chaussette brûlant (l'eau n'est-elle pas censée s'évaporer à 100°?) Le premier jour, vos collègues sont condescendants. Si vous avez moins de 30 ans, vous devez expliquer 1000 fois que non, ce n'est pas votre premier job. Mais tout cela n'est pas grave. Vous avez passé le rite. Vous avez quitté le monde des chômeurs ; vous êtes de retour dans la meute.

Une fois, une entreprise m'a pris un jour à l'essai. Pendant une journée (avec deux pauses-café), j'ai eu l'impression d'être redevenu quelqu'un. J'étais utile à la société. Les jours suivants, j'étais sur un petit nuage. Une seule journée de travail m'avait boosté le moral.

jeudi 13 mars 2014

La malédiction du premier job

Parmi les conneries qu'on vous raconte à l'école, il y a le discours sur les "compétences". Un DRH recherche des "potentiels". Il se base sur ce qu'un candidat peut faire et non ce qu'il a fait.

Sauf que là, ça reviendrait à réfléchir sur le long terme. Or, les entreprises n'embauchent plus des gens pour les garder 20 ans. Elles ne voient que les projets à court, moyen terme. Un novice nécessitera un temps d'adaptation. Mieux vaut engager quelqu'un qui a déjà fait telle tâche dans son précédent emploi !
D'autant plus qu'avec 3 millions de chômeurs, on peut s'offrir le luxe de ne prendre aucun risque. Les cabinets de recrutement sont d'autant moins aventureux qu'ils sont eux-mêmes en concurrence avec d'autres cabinets. 

Corollaire N°1 : les DRH recrutent des personnes hyper-spécialisées. Donc souvent incapables de s'adapter au moindre changement (et hostiles au changement une fois passé responsable.) Notamment par manque de recul. Le principal, c'est qu'elles n'ont pas besoin d'adaptation. Pour les cabinets de consultant, c'est un argument : on vous envoi un profil taillé sur-mesure, d'emblée opérationnel.
J'ai pu le constater de visu. J'étais une fois en entretien dans une grande entreprise. Mon concurrent avait le look et le cerveau d'un candidat de TV-réalité, mais il avait travaillé pour une filiale de l'entreprise, par le passé. Donc il a eu le job. C'était d'autant plus ridicule que ce job n'avait rien de sorcier et que pour moi, la période d'adaptation aurait été courte.

Corollaire N°2 : à moins de tomber sur un recruteur compréhensif, vous serez exclusivement convoqué à des entretiens correspondant à votre ancienne occupation.
Vous maitrisez bien l'anglais ? Oui. Vous avez parlé anglais dans votre précédent emploi ? Non. Donc pas question de postuler à des emplois tournés vers l'international. Vous voulez quitter votre job merdique, mais on ne vous propose que des postes similaires ! Un vrai casse-tête si après vos études, vous avez du accepter n'importe quoi.
Pour les juniors, c'est le cercle vicieux du pas d'expérience, donc pas de travail, donc pas d'expérience, etc. Les plus vieux risque d'hériter d'une étiquette "PME" ou "intérimaire" collée sur le front à la superglue. De quoi donner le blues du zappé déjà évoqué.

mercredi 12 mars 2014

Réponse négative

Il y a plusieurs types de réponses négatives.

Il y a d'abord la réponse négative par défaut. Dans l'échelle de la déception, elle est en bas. Vous répondez à une annonce. Vous recevez ensuite un mail automatique du type "sans réponse sous 15 jours de notre part, vous pouvez considérer que votre candidature n'a pas été retenue". Les 15 jours sont passés, pas de réponse, donc candidature rejetée. Domo arigato mister roboto.

Vient ensuite le mail de premier niveau. Vous n'en étiez qu'à une approche préliminaire; ce n'était pas encore une "piste sérieuse". La réponse dactylographiée ("votre profil comporte des points intéressants (...) néanmoins, nous ne pouvons y donner une suite favorable") est énervante. Certains cabinets de consultants se contenteront d'un "nous recherchons actuellement une opportunité correspondant à votre profil". (NDLA : une tarte à la crème, vu que les cabinets recrutent pour des missions précises et qu'ils ont une "mémoire" de poisson rouge.) Pour autant, vous n'aviez pas encore placé beaucoup d'espoir dans ce job.

L'entretien s'est bien passé. A la fin, le recruteur vous a juré qu'il attendait une simple validation ; vous êtes qualifié pour un deuxième entretien et il va revenir vers vous pour fixer la date. Sauf qu'en guise de prise de rendez-vous, vous recevez une lettre dactylographiée.

Puis il y a la conversation de vive voix. Vous appelez pour prendre des nouvelles et le recruteur avoue que non, vous n'êtes pas retenu. Parfois, c'est lui qui vous appelle pour vous annoncer la mauvaise nouvelle (c'est très, très rare.) Vous pensiez que vous étiez bien placé et c'est une douche froide. Au moins, le recruteur a le courage de vous le dire au téléphone.

Le coup de poignard en plein cœur, c'est lors de la dernière ligne droite. Vous pensiez que vous auriez le job. Au téléphone, le recruteur vous jure "qu'il n'a pas encore pris de décision". Mais il ne vous a pas oublié, ne vous inquiétez pas! Puis un jour, vous recevez la lettre dactylographiée. Ce n'est même pas le recruteur qui vous a envoyé le mail ; juste un sous-stagiaire.
Le plus fort, c'était une fois, juste après avoir raccroché le téléphone (où le recruteur m'avait juré que j'étais toujours "en course"), j'ai allumé mon ordi et il y avait une réponse négative envoyée 2 heures plus tôt. Le recruteur avait pris sa décision, mais il n'avait même pas eu le cran de me l'avouer de vive voix !

mardi 11 mars 2014

Le blues du zappé

Quand vous êtes jeune, vous êtes motivé. Vous êtes encore bercé par les sornettes qu'on vous a appris à l'école : "Je sors de l'université machin, je suis un winner !" Vous pensez que ce n'est qu'une mauvaise passe. Après ce job merdique, vous trouverez enfin un CDI. Dans une boite potable. Avec un bon salaire. Et des possibilités de promotions.

Mais passé 30 ans et après plusieurs expériences infructueuses, vous devez vous rendre à l'évidence. Votre carrière est au point mort. Quand vous cherchez du travail, on vous écarte des bonnes opportunités, pour vous positionner sur des emplois correspondants à votre dernière mission. Votre vie professionnelle ne sera jamais meilleure. Vous êtes bon pour aller de jobs merdiques en jobs merdiques. De chefs incompétents en chef incompétents. De contrats précaires, en contrats précaires. De salaires ridicules, en salaires ridicules. Terminés, les rêves de lendemains qui chantent, d'emploi mirobolant et d'épanouissement ! La seule solution, c'est la rupture : changer radicalement de carrière. En tout cas, la voie où vous êtes, c'est une voie de garage.
Dans le monde réel, il n'y a pas que des gagnants. Ça n'a rien à voir avec vous. Vous êtes compétent et qualifié. Mais un plus malin que vous est passé devant. Et vous êtes désormais trop vieux pour revenir sur le pas de tir.

C'est ça, le blues du zappé. Se résigner à une vie médiocre, c'est dur. Ça l'est aussi pour votre entourage. Notamment vos parents : vous aurez une vie moins bonne qu'eux, alors que vous avez fait davantage d'études.

lundi 10 mars 2014

Les petits papiers

On l'a déjà évoqué, le quotidien du chômeur, c'est l'attente. Donc l'ennui.

Heureusement, quand le chômeur va à sa boite aux lettres, il a de fortes chances d'avoir du courrier. Enfin un peu de lecture ! En effet, Pole Emploi adore le courrier postal : relevé d’indemnités, convocation à un entretien, suivi de votre dossier, réprimande... En prime, tout est envoyé en deux exemplaires ! Seule la déclaration mensuelle peut se faire sur internet. Après chaque entretien, le conseiller imprime un compte-rendu (avec emploi recherché, méthodes de recherches et conseils de recherche -le fameux marché caché de l'emploi-.) Bien sûr, ensuite, le chômeur recevra un courrier (ou plutôt "deux courriers") le remerciant d'avoir assisté à un entretien... Parfois accompagné d'une autre missive reprochant au chômeur de ne pas s'être présenté à cet entretien (on reviendra une autre fois sur les erreurs de Pole Emploi.)

Le voilà avec des kilos de papiers, dactylographiés, sans aucun nom apparent et souvent couvert de chiffres divers (référence de dossier, numéro de formulaire, matricule d'agent, etc.) Le chômeur comprend alors où il est tombé. Pole Emploi n'aide pas du tout les chômeurs à retrouver un emploi. C'est juste une bureaucratie déshumanisée, sans aucune coordination interne, chargée d'enregistrer et de payer les chômeurs et surtout, de les faire sortir de la "catégorie A".
Et le chômeur d'avoir davantage l'impression d'être seul au monde.

jeudi 6 mars 2014

C'est qui Jean-Alain ?

J'ai travaillé dans une PME qui faisait parti d'un groupement de PME. Un contrôleur de gestion faisait en permanence la navette entre les entités. Comme il y avait de la place dans mon bureau, il y restait lorsqu'il visitait mon entreprise. Bien sûr, il me disait à peine bonjour et on ne nous a jamais présenté. Pensez-vous, un homme au contact quotidien de PDG ne va pas converser avec un gueux !

Une fois, après des mois de cohabitation, mon téléphone sonne : "Allo, pourrais-je parler à Jean-Alain? (NDLA : notez l'absence de "bonjour" ou de "s'il vous plait") - C'est qui Jean-Alain ? On a un "Jean", un "Alain", mais pas de Jean-Alain, ici !"
Le contrôleur de gestion me fait signe : " C'est moi, Jean-Alain !"

Depuis, chaque fois qu'il venait, c'était devenu une blague entre collègues : "C'est qui Jean-Alain ?" Je suis resté des années dans cette boite et je n'ai jamais su son rôle exact.

Like a boss !

Voici les différents types de PDG de PME (certains correspondent à plusieurs profils.)
  • Le prof. C'est le PDG de la vieille école. Le matin, il dit bonjour à tout le monde, mais c'est pour mieux voir ceux qui sont à l'heure. Il aime bien se glisser discrètement dans un bureau, afin de surprendre un employé en pleine activité extra-professionnelle. Lors des réunions, il faut se taire et le laisser parler. Au moins, ça bosse. Mais dés qu'il le dos tourné, ses employés font le mur.
  • Le père de famille. Un proche cousin du prof. Il aime bien connaitre les situations personnelles de chaque employé : mariage, divorce, naissance... En apparence, il est cool. Vous vous mariez ? Il vous file votre vendredi après-midi et votre lundi (sans vous les décomptez de vos congés) avec une prime exceptionnelle. Par contre, il n'hésitera pas à s'immiscer dans vos choix. Un enfant à 40 ans ? Vous êtes trop vieille, ma pauvre madame Duval !
  • L'Howard Hughes. Son bureau est excentré. Il s'y enferme matin et soir. Impossible de le rencontrer : son assistante fait barrage. Il est si rare que le simple fait de l'avoir croisé et lui avoir dit bonjour fait de vous le roi du bureau ! Il ne "descend" que lorsqu'il a un gros client ou qu'il prépare un plan social.
  • L'orateur. C'est l'anti-thèse de l'Howard Hughes : il adore parler en public. A chaque événement important, il grimpe sur la tribune et se fend d'un discours. Soit c'est un manager à l'américaine, qui souhaite "booster le belief" de ses employés à coups de slogans. Soit c'est un littéraire frustré (ses parents l'ont forcé à abandonner ses ambitions artistiques) qui parlera en alexandrins.
  • Le bordélique. Son bureau est un vrai foutoir. Il y a des papiers qui trainent partout. Vous lui demandez "vous avez lu mon mail ?" Mais vous connaissez la réponse. Le seul moyen de faire avancer un dossier est de squatter son bureau, pour qu'il le traite devant vous.
  • L'omniscient. Il veut tout traiter : gestion de la production, recrutement, facturation, politique commerciale... Il continue de gérer comme au temps où il n'y avait que 3 employés. Soit c'est un vrai génie, qui connait ses dossiers sur le bout des doigts. Soit c'est un bordélique, débordé par les dossiers en attente. Le problème est que personne ne prend de décisions sans son aval.
  • Ze ci-i-oh. Très vieux jeu, il sait à peine allumer son PC. Donner une connexion internet aux ordinateurs de bureau ? Mais le web est plein de pédo-nazis ! Heureusement, il a installé un firewall McAffee. En général, c'est le genre a être persuadé que oui, sa banque s'apprête à fermer son compte et à taper son code de carte bleue sur un site de phishing, pour le rétablir...
  • Le SDF. La première fois que vous l'avez vu, vous vous êtes dit : "Ce gars-là est tellement à la rue qu'il s'est assis dans le bureau du PDG sans s'en rendre compte !" Et en fait, non, c'est bel et bien lui le PDG ! Il semble s'habiller dans les friperies, sa voiture est millionnaire en kilomètre et son bureau est rongé par les mites. Ce n'est pas à lui qu'il faut demander une augmentation...
  • Le snob.Il roule en Maserati, porte un costume de créateur et vient de faire refaire son bureau dans un style design. Une augmentation ? Mais je suis sur la corde raide !
  • Le djeuns. On se tutoie ? Pas de costume, pas de "monsieur". C'est le PDG façon start-up, tout le temps en jeans-basket, qui appelle ses employés par leur prénom. Et après le boulot, il organise un apéro dinatoire. Faux cool, il a du mal à comprendre que son intérêt n'est pas forcément celui de ses employés. Et s'il aime bien les vannes gentillettes, il n'apprécie pas les critiques plus construites sur son travail...
  • L'ex. C'est lui le fondateur de l'entreprise. Il l'a revendue ou l'a transmise à ses enfants il y a quelques années. Il n'a plus aucun rôle actif, pourtant, il continue de venir régulièrement. Il passe dire bonjour aux "anciens" de la boite. C'est un retraité qui s'ennuie visiblement.

mardi 4 mars 2014

Les chiffres du chômage sont faux !

Là, c'est de l'enfonçage de porte ouverte. Tous les livres, les blogs, les rapports, etc. dénoncent une sous-estimation des chiffres du chômage. Donc, c'est juste une piqure de rappel.

Pole Emploi classe les chômeurs en catégories. Les seuls pris en compte dans le "chiffre du chômage", c'est la catégorie A. C'est à dire les personnes inscrites à Pole Emploi, qui cherchent un emploi à temps plein et qui n'ont eu aucune activité le mois précédent.
L'air de rien, c'est très restrictif. Les gouvernements successifs ont eu à cœur de rajouter des astérisques, afin de minimiser les chiffres. Dans les agences Pole Emploi, c'est aussi un travail de jonglage : il faut sortir un maximum d'inscrits de cette catégorie A. Vous êtes en fin de droits ? Vous n'allez plus toucher d’indemnités, alors ça ne sert à rien que vous soyez toujours inscrit ! Hop, et de un ! Vous étiez gérant d'entreprise, vous avez démissionné de votre précédent poste ou vous n'avez jamais travaillé ? Vous n'avez pas droit à une indemnisation, donc ça ne sert à rien de vous inscrire ! Et de deux ! Vous cherchez un emploi dans la propreté, la restauration ou la sécurité ? Ce sont des emplois à temps partiel. Donc vous n'êtes pas un "catégorie A" ! Et de trois ! Vous êtes chômeur de longue durée ? Ca vous dirait, une formation bidon de vendeur de téléphones portables ? Elle dure deux jours ; juste assez pour être considérée comme une "activité". Et de quatre ! Votre attestation mensuelle est mal remplie ? On vous radie le temps de rectifier l'erreur ! Et de cinq !

En comptant les différentes catégories de chômeurs, le chiffre double quasiment. Et encore, Pole Emploi ne prend pas en compte ceux qui ne sont pas ou plus inscrits. Quant à ceux qui ont un job bidon et sont en "recherche active" d'emploi, ils ne sont bien sûr dans aucune statistique.

lundi 3 mars 2014

Souffrance invisible

Lorsqu'on évoque le stress chez les adultes, on traite exclusivement celui des employés. On imagine le travailleur surmené, aux journées interminables, aux objectifs intenables, qui finit par craquer. Concernant les chômeurs, seuls les cas de désociabilisation sont évoqués. De temps en temps, un chômeur à bout agresse un employé de Pole Emploi. Aux Etats-Unis, il préfère prendre un fusil et lancer une expédition punitive chez son ex-employeur. Mais en dehors de ces cas extrêmes, point de salue.

Après tout, le chômeur ne travaille pas. Donc, pas de stress lié au surmenage. Et s'il dort mal, il peut faire une sieste, non? Donc pas de stress du chômeur. Fin de la discussion.

On oublie trop souvent qu'un licenciement est un traumatisme. Le chômeur se voit comme coupable de son état. En plus, maintenant, il est une "anomalie" ; un "actif", par définition, ça travaille ! Et ça ne sont pas des entretiens où on le traite comme une sous-merde, qui lui remonteront le moral ! Le chômage est aussi souvent synonyme d'isolement vis-à-vis de ses amis, voir de son conjoint. Beaucoup de chômage aboutissent à un divorce. Lorsque le chômage dure, il y a des problèmes financiers. Or, dans une société de consommation, celui qui ne consomme pas est marginalisé. S'y ajoute le doute : vais-je retrouver un emploi ? Vais-je retrouver une place dans la société ? Il avait le confort d'un emploi stable. Le voici à vivre au jour le jour. Impossible de savoir s'il retrouvera un emploi dans une semaine ou dans trois mois. Il est sur une pente glissante.
Cette souffrance est d'autant plus invisible que le chômeur est isolé. Il n'a pas de collègues ou de responsables pour constater qu'il est à bout. Son entourage lui dit souvent : "Arrête de pleurnicher et trouve un job !" Pole Emploi n'est pas là pour écouter les gens. Les psychiatres ? Ils lui répondent de repasser quand il sera SDF !

dimanche 2 mars 2014

Deuxième choix

Dans le processus de recrutement, l'entreprise est toute puissante. Ses désirs sont des ordres pour le cabinet de recrutement. Quant au candidat, on ne lui demande guère son avis. L'embauche traine volontiers en longueur. Untel VEUT voir les candidats, mais il part en vacances 15 jours. Et puis là, il y a un pont : on ne peut pas se décider maintenant. Et puis là, on n'a pas de budget ; il faut attendre le prochain trimestre pour recruter. Et puis finalement, on veut convoquer un 2e candidat pour le troisième tour.

Ce que les entreprises oublient, c'est que parfois, le candidat possède plusieurs "pistes". Bien sûr, en entretien, il jure que c'est vous son premier choix. En pratique, pourquoi serait-il loyal envers une entreprise qu'il connait à peine ? A fortiori si elle le fait languir ou qu'elle lui propose un job peu valorisant et sous-payé ? S'il est "intéressant" pour vous, il se peut qu'il intéresse aussi une autre entreprise.

Donc, parfois, lorsque enfin, l'entreprise prend enfin une décision, le candidat est déjà en poste ailleurs. Parfois (par vengeance ?), il dit oui et il ne vient pas le jour où il est censé commencer.
Première réaction des recruteurs : la colère. "Pourquoi est-ce que ce petit con ne veut pas bosser pour nous ?"
Deuxième réaction : "Faut appeler le 2e candidat, en espérant qu'il soit toujours libre..."
Pour la personne en question, c'est inespéré. Il s'est pris un "non" définitif il y a quelques jours, quelques semaines et voilà qu'on revient vers lui ! En prime, avec tout le retard accumulé dans le recrutement, le démarrage de tel poste devient urgent. Le rapport de force est inversé. C'est assez cocasse de voir, le recruteur, naguère hautain, supplier le candidat de venir ! En général, il se croit obligé de se justifier pendant 5 minutes. Le candidat peut profiter de l'opportunité pour renégocier son salaire à la hausse.
Bien sur, ce moment de grâce ne dure pas. Une fois en poste, cette histoire de premier ou de deuxième choix disparait.