Beaucoup sont persuadés qu'un chômeur doit envoyer des CV tous les jours. Parents et conjoints demandent au quotidien : "Alors, aujourd'hui, des annonces ? Des réponses ? Des entretiens ?" Il est hors de question de répondre "non".
S'il n'y a pas d'annonce, il faut envoyer des candidatures spontanées ! Telle grande entreprise vient de publier des résultats positifs ou d'annoncer un nouveau projet ? Candidature spontanée ! Telle entreprise recrute (pour un autre poste) ? Candidature spontanée ! Il existe des services qui, moyennant finance, balancent votre CV à des milliers d'entreprises. Certains sites possèdent des "espaces emploi" où le candidat peut proposer ses services. J'ai même vu un cabinet de consultant avec, à l'entrée, une panière pour déposer son CV.
Le problème, c'est qu'aujourd'hui, au sein des grandes entreprises, la fonction RH est très segmentée. De plus, en général, elles passent par des cabinets de recrutement. L'une des conséquences de la généralisation de l'e-mail, c'est que tous les jours, les entreprises sont assaillies de centaines de lettres (mail et lettres-papiers.) Faute d'un réaiguillage et d'un tri opportun, elles finissent à la poubelle. Quant au dépôt de CV sur le site interne, c'est souvent une oubliette.
La candidature spontanée n'est efficace que chez les PME. La hiérarchie -donc le processus de recrutement- est plus court. Ce qui vous donne davantage de chance que votre CV soit lu. Reste ensuite à espérer que cette PME songe à embaucher. Ce qui fait pas mal de "si"...
A l'arrivé, notre chômeur balance donc une flopée de mails, en sachant pertinemment qu'ils ne seront pas ouverts. Autant les mettre d'emblée dans la corbeille. Mais au moins, ses proches seront contents : il a "travaillé" aujourd'hui ; il ne s'est pas tourné les pouces...
Les galères de la recherche d'emploi et du monde du travail. Un petit blog sans prétention...
Affichage des articles dont le libellé est courrier. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est courrier. Afficher tous les articles
dimanche 8 juin 2014
jeudi 5 juin 2014
La lettre
Avant internet, la lettre de motivation était primordiale. Ne serait-ce que parce qu'il fallait bien préciser à quel poste on postulait. Bien sûr, il y avait déjà des ordinateurs et des photocopieuses, sans oublier les machines à écrire. Mais les recruteurs exigeaient des lettres dactylographiées. Certains allaient jusqu'à passer un doigt mouillé sur le texte, pour vérifier que c'était bien un courrier écrit à la main (un imprimé ne baverait pas.) Le candidat devait prouver par là qu'il n'écrivait pas n'importe quoi à n'importe qui.
D'ailleurs, ce côté "écris à la main" créait de l'intimité avec le destinataire. C'est un Homme qui a écrit cela, pas une machine. Il se devait de vous répondre (mais pas forcément à la main...)
De toute façon, à l'époque des timbres et des enveloppes, il était impensable de faire des mailings de masse. Il fallait donc écrire patiemment son texte, quitte à s'aider d'un brouillon. Chaque lettre demandait un talent de moine-copiste. Comptez au moins une dizaine de minutes pour en écrire une, avec la capacité de concentration d'un démineur. Une rature, une faute d'orthographe, un interligne sauté ? Il fallait tout recommencer à zéro ! Pour les gauchers, c'était une vraie torture.
Lorsqu'enfin, la lettre était écrite, quel soulagement ! Il fallait ensuite la plier soigneusement en 3 parties, puis la glisser dans l'enveloppe. Une fois, je n'avais plus de timbres. J'ai été en acheter à La Poste. On était au mois d'août et ils n'avaient presque plus rien. Presque. J'ai du coller un timbre "vive les vacances" sur mon courrier. J'en avais les larmes aux yeux.
D'ailleurs, ce côté "écris à la main" créait de l'intimité avec le destinataire. C'est un Homme qui a écrit cela, pas une machine. Il se devait de vous répondre (mais pas forcément à la main...)
De toute façon, à l'époque des timbres et des enveloppes, il était impensable de faire des mailings de masse. Il fallait donc écrire patiemment son texte, quitte à s'aider d'un brouillon. Chaque lettre demandait un talent de moine-copiste. Comptez au moins une dizaine de minutes pour en écrire une, avec la capacité de concentration d'un démineur. Une rature, une faute d'orthographe, un interligne sauté ? Il fallait tout recommencer à zéro ! Pour les gauchers, c'était une vraie torture.
Lorsqu'enfin, la lettre était écrite, quel soulagement ! Il fallait ensuite la plier soigneusement en 3 parties, puis la glisser dans l'enveloppe. Une fois, je n'avais plus de timbres. J'ai été en acheter à La Poste. On était au mois d'août et ils n'avaient presque plus rien. Presque. J'ai du coller un timbre "vive les vacances" sur mon courrier. J'en avais les larmes aux yeux.
mardi 3 juin 2014
Démotivation
Depuis le début de ce blog, je n'ai encore jamais évoqué les lettres de motivation. On dit toujours : "Envoyez CV et lettre de motivation à..." Pour moi, c'est un archaïsme hérité de l'époque où on postulait en envoyant de vraies lettres. C'était aussi l'époque où les grandes entreprises publiaient directement leurs annonces et où le descriptif du poste était conséquent.
Aujourd'hui, ça n'a aucun intérêt. Les annonces sont extrêmement sibyllines et extrêmement vagues. Il n'est plus possible de dire "ce qui m'intéresse dans l'entreprise, c'est..." ou "je correspond au poste, car..." De plus, tout se fait par mail. Au mieux, votre lettre de motivation est dans le corps du mail. Au pire, c'est juste un fichier attaché. Certains sites de recherche d'emploi vous proposent d'enregistrer une lettre-type.
Au final, le cabinet de recrutement reçoit une lettre complètement impersonnelle. C'est le fameux "je-moi-nous" avec le typique "suite à l'annonce du tant, je postule au..." et l'inévitable "dans l'attente de votre réponse, veuillez agréer mes salutations distinguées." Vu que beaucoup lisent les CV en diagonale, je doute qu'ils lisent ces lettres... Le seul intérêt éventuel, c'est de mesurer la syntaxe et l'orthographe du candidat. A part, comme d'habitude, dans les PME, généralement moins sollicitées et où les recruteurs peuvent davantage lire les lettres.
mercredi 12 mars 2014
Réponse négative
Il y a plusieurs types de réponses négatives.
Il y a d'abord la réponse négative par défaut. Dans l'échelle de la déception, elle est en bas. Vous répondez à une annonce. Vous recevez ensuite un mail automatique du type "sans réponse sous 15 jours de notre part, vous pouvez considérer que votre candidature n'a pas été retenue". Les 15 jours sont passés, pas de réponse, donc candidature rejetée. Domo arigato mister roboto.
Vient ensuite le mail de premier niveau. Vous n'en étiez qu'à une approche préliminaire; ce n'était pas encore une "piste sérieuse". La réponse dactylographiée ("votre profil comporte des points intéressants (...) néanmoins, nous ne pouvons y donner une suite favorable") est énervante. Certains cabinets de consultants se contenteront d'un "nous recherchons actuellement une opportunité correspondant à votre profil". (NDLA : une tarte à la crème, vu que les cabinets recrutent pour des missions précises et qu'ils ont une "mémoire" de poisson rouge.) Pour autant, vous n'aviez pas encore placé beaucoup d'espoir dans ce job.
L'entretien s'est bien passé. A la fin, le recruteur vous a juré qu'il attendait une simple validation ; vous êtes qualifié pour un deuxième entretien et il va revenir vers vous pour fixer la date. Sauf qu'en guise de prise de rendez-vous, vous recevez une lettre dactylographiée.
Puis il y a la conversation de vive voix. Vous appelez pour prendre des nouvelles et le recruteur avoue que non, vous n'êtes pas retenu. Parfois, c'est lui qui vous appelle pour vous annoncer la mauvaise nouvelle (c'est très, très rare.) Vous pensiez que vous étiez bien placé et c'est une douche froide. Au moins, le recruteur a le courage de vous le dire au téléphone.
Le coup de poignard en plein cœur, c'est lors de la dernière ligne droite. Vous pensiez que vous auriez le job. Au téléphone, le recruteur vous jure "qu'il n'a pas encore pris de décision". Mais il ne vous a pas oublié, ne vous inquiétez pas! Puis un jour, vous recevez la lettre dactylographiée. Ce n'est même pas le recruteur qui vous a envoyé le mail ; juste un sous-stagiaire.
Le plus fort, c'était une fois, juste après avoir raccroché le téléphone (où le recruteur m'avait juré que j'étais toujours "en course"), j'ai allumé mon ordi et il y avait une réponse négative envoyée 2 heures plus tôt. Le recruteur avait pris sa décision, mais il n'avait même pas eu le cran de me l'avouer de vive voix !
Il y a d'abord la réponse négative par défaut. Dans l'échelle de la déception, elle est en bas. Vous répondez à une annonce. Vous recevez ensuite un mail automatique du type "sans réponse sous 15 jours de notre part, vous pouvez considérer que votre candidature n'a pas été retenue". Les 15 jours sont passés, pas de réponse, donc candidature rejetée. Domo arigato mister roboto.
Vient ensuite le mail de premier niveau. Vous n'en étiez qu'à une approche préliminaire; ce n'était pas encore une "piste sérieuse". La réponse dactylographiée ("votre profil comporte des points intéressants (...) néanmoins, nous ne pouvons y donner une suite favorable") est énervante. Certains cabinets de consultants se contenteront d'un "nous recherchons actuellement une opportunité correspondant à votre profil". (NDLA : une tarte à la crème, vu que les cabinets recrutent pour des missions précises et qu'ils ont une "mémoire" de poisson rouge.) Pour autant, vous n'aviez pas encore placé beaucoup d'espoir dans ce job.
L'entretien s'est bien passé. A la fin, le recruteur vous a juré qu'il attendait une simple validation ; vous êtes qualifié pour un deuxième entretien et il va revenir vers vous pour fixer la date. Sauf qu'en guise de prise de rendez-vous, vous recevez une lettre dactylographiée.
Puis il y a la conversation de vive voix. Vous appelez pour prendre des nouvelles et le recruteur avoue que non, vous n'êtes pas retenu. Parfois, c'est lui qui vous appelle pour vous annoncer la mauvaise nouvelle (c'est très, très rare.) Vous pensiez que vous étiez bien placé et c'est une douche froide. Au moins, le recruteur a le courage de vous le dire au téléphone.
Le coup de poignard en plein cœur, c'est lors de la dernière ligne droite. Vous pensiez que vous auriez le job. Au téléphone, le recruteur vous jure "qu'il n'a pas encore pris de décision". Mais il ne vous a pas oublié, ne vous inquiétez pas! Puis un jour, vous recevez la lettre dactylographiée. Ce n'est même pas le recruteur qui vous a envoyé le mail ; juste un sous-stagiaire.
Le plus fort, c'était une fois, juste après avoir raccroché le téléphone (où le recruteur m'avait juré que j'étais toujours "en course"), j'ai allumé mon ordi et il y avait une réponse négative envoyée 2 heures plus tôt. Le recruteur avait pris sa décision, mais il n'avait même pas eu le cran de me l'avouer de vive voix !
lundi 10 mars 2014
Les petits papiers
On l'a déjà évoqué, le quotidien du chômeur, c'est l'attente. Donc l'ennui.
Heureusement, quand le chômeur va à sa boite aux lettres, il a de fortes chances d'avoir du courrier. Enfin un peu de lecture ! En effet, Pole Emploi adore le courrier postal : relevé d’indemnités, convocation à un entretien, suivi de votre dossier, réprimande... En prime, tout est envoyé en deux exemplaires ! Seule la déclaration mensuelle peut se faire sur internet. Après chaque entretien, le conseiller imprime un compte-rendu (avec emploi recherché, méthodes de recherches et conseils de recherche -le fameux marché caché de l'emploi-.) Bien sûr, ensuite, le chômeur recevra un courrier (ou plutôt "deux courriers") le remerciant d'avoir assisté à un entretien... Parfois accompagné d'une autre missive reprochant au chômeur de ne pas s'être présenté à cet entretien (on reviendra une autre fois sur les erreurs de Pole Emploi.)
Le voilà avec des kilos de papiers, dactylographiés, sans aucun nom apparent et souvent couvert de chiffres divers (référence de dossier, numéro de formulaire, matricule d'agent, etc.) Le chômeur comprend alors où il est tombé. Pole Emploi n'aide pas du tout les chômeurs à retrouver un emploi. C'est juste une bureaucratie déshumanisée, sans aucune coordination interne, chargée d'enregistrer et de payer les chômeurs et surtout, de les faire sortir de la "catégorie A".
Et le chômeur d'avoir davantage l'impression d'être seul au monde.
Heureusement, quand le chômeur va à sa boite aux lettres, il a de fortes chances d'avoir du courrier. Enfin un peu de lecture ! En effet, Pole Emploi adore le courrier postal : relevé d’indemnités, convocation à un entretien, suivi de votre dossier, réprimande... En prime, tout est envoyé en deux exemplaires ! Seule la déclaration mensuelle peut se faire sur internet. Après chaque entretien, le conseiller imprime un compte-rendu (avec emploi recherché, méthodes de recherches et conseils de recherche -le fameux marché caché de l'emploi-.) Bien sûr, ensuite, le chômeur recevra un courrier (ou plutôt "deux courriers") le remerciant d'avoir assisté à un entretien... Parfois accompagné d'une autre missive reprochant au chômeur de ne pas s'être présenté à cet entretien (on reviendra une autre fois sur les erreurs de Pole Emploi.)
Le voilà avec des kilos de papiers, dactylographiés, sans aucun nom apparent et souvent couvert de chiffres divers (référence de dossier, numéro de formulaire, matricule d'agent, etc.) Le chômeur comprend alors où il est tombé. Pole Emploi n'aide pas du tout les chômeurs à retrouver un emploi. C'est juste une bureaucratie déshumanisée, sans aucune coordination interne, chargée d'enregistrer et de payer les chômeurs et surtout, de les faire sortir de la "catégorie A".
Et le chômeur d'avoir davantage l'impression d'être seul au monde.
Inscription à :
Articles (Atom)