Jusqu'à récemment, le chômage des cadres touchait avant tout les autodidactes. Ils ont progressé dans une entreprise, à l'ancienneté ou au mérite et sont devenus cadres. Mais suite à un licenciement, ils sont au chômage et ils n'ont aucun diplôme à valoriser. Or, être bac+5 est une condition sine qua none pour un job de cadre.
Depuis une dizaine d'années, on voit de "nouveaux" cadres au chômage. Des trentenaires dont le parcours professionnel stagne. Ils sont d'autant plus aigris qu'au moment des études, on leur avait promis la lune. Certains ont même du emprunter pour étudier. Et après la remise du diplôme, c'est la douche froide. Ils se retrouvent face à des bataillons de candidats autant qualifiés qu'eux. Ils sont bac+5 ? Et alors, tout le monde est bac+5 ! Ils ont fait un long stage à l'étranger ? Et alors, tout le monde a fait un stage à l'étranger !
Donc, faute de mieux, ils acceptent un job merdique. Ou plutôt, la seule boite qui leur a dit "oui", c'était celle qui proposait un job merdique. Certains s'accrochent, sans enthousiasme. Et surtout, sans évolutions possibles. D'autres se retrouvent vite au chômage (licenciement, fin de CDD...) C'est le début d'un cercle vicieux job merdique/chômage. D'autres enfin cherchent à changer radicalement d'orientation professionnelle. Pour eux, mieux vaut un boulot mal payé, mais plaisant, qu'un hypothétique job d'encadrement. Leurs parents ont pu faire carrière avec le bac, voir un BEP ; les ingénieurs pouvaient rêver de devenir PDG de PME. Et eux, avec une Bac+5, ils ne s'en sortent pas. Pire : certaines portes finissent par se fermer, car on ne les considère plus assez "malléables" pour des postes de "junior".
Ils sont trop vieux pour avoir droit aux dispositifs pour jeunes et trop jeunes pour avoir droit aux aides pour les seniors. Ce sont les zappés. La génération sacrifiée du marché de l'emploi.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire