Le chômeur possède une vie sociale assez limitée. En général, chômage=problèmes financiers. Donc, pas d'argent pour les sorties. Surtout, le chômeur porte en lieu de la culpabilité. N'est-il pas un peu responsable de son infortune ? En restant inactif, n'est-il pas inutile pour la société ? etc. (NDLA : notez l'emploi de phrases interro-négatives, afin de souligner l'état d'esprit "négatif" du chômeur...) Il a donc tendance à rester chez lui.
Mais malgré tout, la vie continue. Il y a bien des repas de famille ou des anniversaires à fêter. Parmi les proches du chômeur, il y a ceux qui ont été au chômage. Ils compatissent et tout les matins, ils brûlent un cierge en espérant ne pas retourner à cet état. Et puis, il y a ceux qui n'ont jamais connu le chômage. Ou alors, pas longtemps. Souvent, ils ont gardé le même job depuis la fin des études. Faute de pouvoir se mettre à la place du chômeur, ils ont tendance à le prendre de haut. Du boulot, il y en a ! S'il est toujours au chômage après des mois et des mois, c'est que ça lui plait plus ou moins, non ? Et en faisant des raccourcis, ce sont eux, qui financent le chômage de leur ami !
D'emblée, ils s’enquièrent de sa situation. Eux, ils ne parlent jamais de leur boulot; ils l'évacuent d'un "rien de neuf." Mais par contre, ils ont envie de connaitre les derniers développements du chômeur : "Alors, t'en es où, côté boulot ? T'as des pistes ?" C'est déjà lourdingue en soit. Le chômeur était là pour se changer les idées, pour passer un bon moment. Pas pour repenser à l'entretien complétement foiré de la semaine dernière ou cette annonce où son profil correspondait à 99% et qui ne l'a jamais recontacté.
En général, c'est suivi d'un : "Mais t'es pas tant à plaindre que ça ! C'est un peu comme des vacances, non ?" Oui, à part les problèmes financiers, le stress des entretiens, les crises d'angoisses, les menaces de Pole Emploi... De vraies vacances !
Puis il y a le conseil foireux. "Tu devrais regarder sur Internet. Je crois qu'il y a pas mal de sites d'offres d'emploi." Ou "J'ai vu que [multinationale] lance un nouveau projet. Il doivent recruter. Tu devrais postuler..."
Là, volontairement ou pas, il a ruiné la soirée du chômeur. Ce dernier a envie d'aller retourner dans sa grotte et s'y enfermer jusqu'à nouvel ordre. Pour peu qu'on soit un samedi soir, il ruinera aussi son dimanche. Les plus violents prendront l'ami à parti. Et l'autre, ne comprendra pas ce qui arrive. Il voulait être juste amical...
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