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mardi 16 septembre 2014

La phobie de la réunion

"Chat échaudé craint l'eau tiède." On devrait dire : " Ancien chômeur craint les réunions. " Plus précisément, les réunions impromptues, seul face à son N+1, voir son N+2. Les réunions du vendredi soir, sur lesquels le responsable ne diffuse pas d'ordre du jour préalable.

Un licenciement, ça laisse des traces. Quand quelqu'un perd son emploi, la seule priorité, c'est qu'il en retrouve un autre. On ne cherche pas à "reconstruire" le chômeur. Tout le monde pense qu'une fois en poste, tout sera oublié; une nouvelle vie commence. Or, il va rester marqué par son licenciement.
La personne a travaillé des mois, voir des années pour l'entreprise X. Il se pensait bon employé ou à défaut, pas pire que les autres. Puis un soir, on l'a convoqué. La personne s'attendait à un banal point. Son responsable lui a demandé de fermer la porte derrière lui. Les mots tombent généralement brutalement, tel un couperet. Le N+1 dit que ça ne peut plus durer ; le salarié est licencié. La décision est sans appel. La lettre recommandée suivra.
Le N+1 jubile. Cela faisait des semaines, voir des mois qu'il fomentait ce licenciement. C'est un poids en moins. Il s'est bien caché, car il voulait éviter tout risque de terre brûlée. Il a déjà préparé "l'après".
L'employé, lui, voit son monde s'écrouler. Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Que va-t-il devenir ?

Des semaines, des mois plus tard, il rebondit enfin. Un nouvel emploi, chez Y. Reste les séquelles. La confiance est rompue. L'ex-chômeur sait qu'on peut décider de le licencier d'un seul coup. Ça s'est produit une fois et ça peut recommencer. Il guète le moindre geste, la moindre conversation. L'annonce d'une réunion seul à seul est une vraie torture.
Pourtant, en tant que cadre, il doit régulièrement rendre des comptes à son supérieur. Et ses collègues n'ont pas toujours besoin d'être là.

lundi 9 juin 2014

Rastignac


C'est un bulldozer qui fonce dans le tas. C'est un parasite qui n'apporte rien à personne. Vous vous souvenez du beau gosse qui s'était autoproclamé délégué de classe et qui a "réussi" son examen parce qu'il avait le bouquin de cours sur les genoux ? Vous vous imaginez que 10 ans après, il est quasi-SDF et ventripotent ? Perdu ! D'après les enquêtes, il gagne peut-être aujourd'hui le double ou le triple de votre salaire !

Il est avant tout une ambition et un égo hypertrophié. C'est un chasseur, en permanence à l'affut d'opportunités. Grand séducteur, il convainc son patron de lui filer d'emblée les missions les plus valorisantes. Mais il a déjà en tête d'entrer en contact avec son N+2. Il saura ensuite "vendre" ses réussites en haut lieu pour mieux négocier des promotions. En parallèle, il profite de chaque salon, chaque visite extérieure pour essayer de se placer. Il s'est fixé un but ultime et il fera tout pour l'atteindre.
Les mots "éthique" ou "fidélité" ont peu de sens pour lui. Vous pouvez l'aider ? Il devient votre meilleur copain... Mais bien sûr, le jour où il a trouvé un meilleur allié, son téléphone ne répond plus. Evidemment, il est hors de question d'espérer un "retour d'ascenseur". Vous êtes sur son chemin ? Il n'aime pas la concurrence. Il rependra les rumeurs les plus folles sur vous. Il utilisera son réseau et sera le plus zélé des fayots. Il DOIT vous éliminer, point. Ca n'a rien de personnel. D'ailleurs, au moment de votre pot de départ, il vous a déjà oublié.

L'entreprise est une jungle. Tous le monde n'obtient pas un trophée. Y compris parmi les meilleurs. Le Rastignac peut aller très loin. Et le facteur "compétence" entre à peine dans l'équation. Son talent, c'est de savoir dire ce que les gens ont envie d'entendre. Il peut prospérer quasi-indéfiniment. Personne ne dira : " Mais il fait quoi, lui, à part organiser des réunions, forwarder des mails et dire qu'il est occupé ? " Les plus malins savent s'entourer de "cerveaux" pour mieux capter leurs bonnes idées. D'autres préfèrent agir seuls : quelqu'un qui passe son temps à trahir et à mentir n'a confiance en personne.
L'angle-mort du Rastignac, c'est qu'il pratique la terre brûlée. Avoir un ambitieux comme collègue, c'est un calvaire : il ne fait rien, à part réseauter et il reçoit tous les compliments. Il est aussi exécrable comme chef : il n'est pas là pour mener des hommes, il est là parce que c'est une étape de son plan. Mis à part ce fameux plan, c'est du vide sidéral. Il n'a pas envie de manager et de s'occuper de choses qui ne peuvent rien lui apporter. Dans les cas les plus extrêmes, il est complètement incompétent, mais il progresse par sa capacité à brasser de l'air.
Mais parfois la roue tourne, un changement de direction, un mentor qui part à la retraite, une usine qui ferme, un excès de confiance... Ou tout simplement, il tombe sur plus ambitieux et voilà que le monde s'écroule sous ses pieds. Et c'est toujours jouissif de voir l'ex-fils prodige chuter.

jeudi 6 mars 2014

Like a boss !

Voici les différents types de PDG de PME (certains correspondent à plusieurs profils.)
  • Le prof. C'est le PDG de la vieille école. Le matin, il dit bonjour à tout le monde, mais c'est pour mieux voir ceux qui sont à l'heure. Il aime bien se glisser discrètement dans un bureau, afin de surprendre un employé en pleine activité extra-professionnelle. Lors des réunions, il faut se taire et le laisser parler. Au moins, ça bosse. Mais dés qu'il le dos tourné, ses employés font le mur.
  • Le père de famille. Un proche cousin du prof. Il aime bien connaitre les situations personnelles de chaque employé : mariage, divorce, naissance... En apparence, il est cool. Vous vous mariez ? Il vous file votre vendredi après-midi et votre lundi (sans vous les décomptez de vos congés) avec une prime exceptionnelle. Par contre, il n'hésitera pas à s'immiscer dans vos choix. Un enfant à 40 ans ? Vous êtes trop vieille, ma pauvre madame Duval !
  • L'Howard Hughes. Son bureau est excentré. Il s'y enferme matin et soir. Impossible de le rencontrer : son assistante fait barrage. Il est si rare que le simple fait de l'avoir croisé et lui avoir dit bonjour fait de vous le roi du bureau ! Il ne "descend" que lorsqu'il a un gros client ou qu'il prépare un plan social.
  • L'orateur. C'est l'anti-thèse de l'Howard Hughes : il adore parler en public. A chaque événement important, il grimpe sur la tribune et se fend d'un discours. Soit c'est un manager à l'américaine, qui souhaite "booster le belief" de ses employés à coups de slogans. Soit c'est un littéraire frustré (ses parents l'ont forcé à abandonner ses ambitions artistiques) qui parlera en alexandrins.
  • Le bordélique. Son bureau est un vrai foutoir. Il y a des papiers qui trainent partout. Vous lui demandez "vous avez lu mon mail ?" Mais vous connaissez la réponse. Le seul moyen de faire avancer un dossier est de squatter son bureau, pour qu'il le traite devant vous.
  • L'omniscient. Il veut tout traiter : gestion de la production, recrutement, facturation, politique commerciale... Il continue de gérer comme au temps où il n'y avait que 3 employés. Soit c'est un vrai génie, qui connait ses dossiers sur le bout des doigts. Soit c'est un bordélique, débordé par les dossiers en attente. Le problème est que personne ne prend de décisions sans son aval.
  • Ze ci-i-oh. Très vieux jeu, il sait à peine allumer son PC. Donner une connexion internet aux ordinateurs de bureau ? Mais le web est plein de pédo-nazis ! Heureusement, il a installé un firewall McAffee. En général, c'est le genre a être persuadé que oui, sa banque s'apprête à fermer son compte et à taper son code de carte bleue sur un site de phishing, pour le rétablir...
  • Le SDF. La première fois que vous l'avez vu, vous vous êtes dit : "Ce gars-là est tellement à la rue qu'il s'est assis dans le bureau du PDG sans s'en rendre compte !" Et en fait, non, c'est bel et bien lui le PDG ! Il semble s'habiller dans les friperies, sa voiture est millionnaire en kilomètre et son bureau est rongé par les mites. Ce n'est pas à lui qu'il faut demander une augmentation...
  • Le snob.Il roule en Maserati, porte un costume de créateur et vient de faire refaire son bureau dans un style design. Une augmentation ? Mais je suis sur la corde raide !
  • Le djeuns. On se tutoie ? Pas de costume, pas de "monsieur". C'est le PDG façon start-up, tout le temps en jeans-basket, qui appelle ses employés par leur prénom. Et après le boulot, il organise un apéro dinatoire. Faux cool, il a du mal à comprendre que son intérêt n'est pas forcément celui de ses employés. Et s'il aime bien les vannes gentillettes, il n'apprécie pas les critiques plus construites sur son travail...
  • L'ex. C'est lui le fondateur de l'entreprise. Il l'a revendue ou l'a transmise à ses enfants il y a quelques années. Il n'a plus aucun rôle actif, pourtant, il continue de venir régulièrement. Il passe dire bonjour aux "anciens" de la boite. C'est un retraité qui s'ennuie visiblement.