mardi 27 mai 2014

The Net

Tous les conseillers vous le disent : vous devez vous créer un réseau. C'est le seul moyen d'atteindre ce fameux "marché caché de l'emploi".

L'un des moyens, c'est bien sûr les réseaux professionnels (Viadeo, Linkedin...) Vous vous inscrivez, vous remplissez votre fiche, vous vous mettez "ami" avec d'anciens collègues et camarades de classe, vous vous inscrivez à des groupes proche de vos sensibilités... Quelqu'un passe sur votre page ? Vous lui faites une demande d'amitié !
Vous vous imaginez déjà décrochant un travail, grâce à votre réseau. Qu'un ex-collègue vous dise : "Eh, l'entreprise X recrute !" Et en prime, grâce à lui, votre CV est en haut de la pile !
Et en vrai, comment ça se passe ? Vous vous rendez vite compte que 2 catégories pullulent sur les réseaux : 1) les gens qui, comme vous, cherchent du travail. 2) les gens qui ont quelque chose à vendre. Sans oublier les accros qui modifient leur CV et leur photo de profil tous les jours (qui feront autant de notifications sur votre compte.) Qui plus est, vous êtes vite limité. Ces réseaux ne sont pas des organisations philanthropique ; elles vous font payer des prestations. En général, vous avez droit à n contact et x mails gratuits; au-delà, c'est payant. En résumé, ce ne sont pas des endroits pour trouver un emploi. Il faut les voir comme un outil supplémentaire, à l'instar du dépôt de CV sur les sites de recherche d'emploi. L'autre intérêt, c'est de confirmer un CV-mytho. Parfois, lors du processus de recrutement, le stagiaire du recruteur fera une "vérification". C'est à dire taper votre nom sur Google. Si votre profil sur les réseau est d'équerre avec votre CV, le stagiaire considérera que sa mission est finie. Et bien sur, comme votre profil risque d'être visionné par des inconnus, évitez les photos compromettantes...

mardi 20 mai 2014

Petit boulot



Les juniors ont beaucoupde mal à mettre le pied à l’étrier. Certains réussissent à décrocher d’emblée un CDI. Mais dans de nombreux cas, c’est plutôt un enchainement de CDD, de missions d’intérim et de période de chômage. Dans quelle proportion ? Les zappés ne se vantent pas de l’être et les chiffres manquent. Plus le chômage s’éternise et plus il faut « étendre sa recherche ». Lorsqu’il n’y a vraiment plus rien en vue et/ou que l’argent manque, il reste les petits boulots.
Les petits boulots recoupent de nombreuses situations. On y trouve des jobs saisonniers, voir journaliers, de l’intérim et parfois des CDI.


  • Souvent, les chefs d’équipes craignent les candidats surdiplômés. Ils craignent –légitimement- un manque d’implication et qu’à la première occasion, il s’en aille. Vous devez donc envoyer un CV « allégé ». Parfois, l’entretien est très informel : on vous jugera davantage lors de la journée d’essai.

  • Par définition, s’ils recrutent très largement, c’est qu’il y a un loup. Soit ce sont des jobs mal payés, soit durs physiquement, soit dans un environnement difficile. Les jobs nocturnes proposent parfois des taux horaires élevés et un temps de travail réduit. Mais tout le monde n’a pas forcément l’envie ou la possibilité de travailler la nuit.

  • Ce sont souvent des jobs kleenex. Ici plus qu’ailleurs, les responsables reçoivent presque tous les jours des candidats. Vous n’êtes pas content des conditions de travail ? La porte est ouverte ; il y en a 10 prêts à faire ton job !

  • Certains secteurs, comme l’immobilier, recrutent en permanence. A contrario, les jobs estivaux sont très recherchés (notamment par les étudiants en quête d’argent de poche.) Il faut donc vous réveiller bien en avance… Quoi qu’il en soit, ne croyez pas qu’on n’attendait que vous. Il faudra vous battre pour décrocher ce travail !

  • Ne faites pas votre Florence Aubenas ! Ce n’est pas parce que vous avez bac+4 et que vos collègues ont bac-5 que vous devez être condescendant. Vous n’êtes pas forcément le plus doué pour ce poste. D'ailleurs, il y a peut-être d'autres bac+4 parmi vos collègues...

A court terme, c’est une toujours bonne leçon d’humilité. Ça vous permettra de prendre du recul par rapport à votre poste et au monde du travail. Mais le retour peut être difficile : ce passage par la case « petit boulot » peut effrayer un recruteur.

lundi 19 mai 2014

Comment préparer un entretien ?

Pour sortir du chômage, il faut obligatoirement passer par la case "entretien". J'ai évoqué les entretiens foireux ici, ici et ici. Et comment réussir un entretien ? Le problème, c'est qu'il n'y a pas d'entretien parfait. C'est la grande frustration du chômeur : on lui reproche d'être tour à tour trop vieux, trop jeune, trop effacé, de faire du rentre-dedans, d'être sous-qualifié, d'être sur-qualifié, d'être pas assez volontaire, d'en faire trop, etc. Chaque recruteur a "son" profil-idéal. Tout dépend de sa propre personnalité, son parcours, son âge...

Préparer avant tout un entretien, c'est avant tout des questions de bon sens. Bien sur, il faut venir en costard et avec une chemise repassée (et en tailleur pour les femmes.) Le jogging ou le jean troué sont à proscrire ! Il faut penser à aller aux toilettes avant et à bien boire de l'eau (pour éviter de ravaler sa salive au cours de l'entretien.)
Si possible, il faut se renseigner sur l'entreprise et le job proposé. L'idéal, c'est de montrer sa motivation pour travailler dans l'entreprise ou les compétences que l'on a et qui serait en adéquation avec le job. Sauf que désormais, par peur des fuites, les annonces sont très vagues. Parfois, le recruteur lui-même n'a que peu d'infos et ce n'est qu'au deuxième entretien que vous en savez plus.

LE conseil, c'est de préparer ce que l'on doit dire. En théorie, un entretien n'est qu'une conversation pour confirmer les dires de votre CV. En pratique, c'est un examen oral. Et comme tout examen, il faut réviser.
  • Le parcours. En général, au début d'un entretien, on vous demande de vous présenter. Ce qui est éliminatoire, c'est de dire d'un ton monocorde "j'ai travaillé chez x de telle date à telle date, puis chez y de telle date à telle date". Il faut être vivant et souligner vos résultats : "J'ai travaillé chez x de telle date à telle date, j'ai doublé leur chiffre d'affaires à l'export et j'ai ouvert tel pays. Ensuite, chez y, j'avais 10 personnes sous ma responsabilité et on a explosé les objectifs." Il faut montrer que ça vous a plu et que le recruteur aient envie de vous écouter jusqu'au bout. - Il faut vous entrainer à éviter les "donc", les "malgré que", les métaphores hasardeuses...
  • Les questions pièges. Certains recruteurs cherchent l'angle-mort (souvent, à la fin de l'entretien.) Trou de plusieurs mois dans le CV, hobby curieux... Les plus agressifs peuvent vous poser des questions très intimes (pourquoi est-ce que vous êtes célibataire à 30 ans ? Pourquoi est-ce que vous avez arrêté tôt vos études ?), sans oublier le classique : "quels sont vos 3 défauts et vos 3 qualités ?" A chaque fois, il faut se préparer avec des réponses toutes prêtes. Il n'y a pas de place pour la spontanéité. 
  • Plus généralement, la subtilité, c'est de se préparer sans pour autant donner l'impression d'un speech tout-prêt. Oubliez le style "sportif en conférence de presse". Regardez les acteurs : ils apprennent un texte et pourtant, une fois à l'écran, ils n'ont pas l'air de réciter. Les meilleurs font même semblant d'improviser. A vous d'en faire autant en entretien !

mardi 13 mai 2014

Génération desenchantée

La prochaine génération fera d’exécrables employés de bureau. Ils sont désabusés. Ils se disent (avec raison) qu'ils vont travailler longtemps, pour des salaires misérables, avec des contrats précaires, sans aucune possibilité d'évolution et de fréquentes périodes de chômage. En bref, les zappés ne seront plus l'exception, mais la règle.
Ils sont d'autant plus amères que pour eux, cette situation est le résultat de l'incompétence de leurs ainés. Et d'une politique -notamment sur les retraites- de glissement des problèmes sous le tapis.

Les jeunes sortant des écoles n'attendent pas grand chose du salariat et du secteur privé. Certains espèrent une fortune rapide et (presque) sans effort, sur les traces de Loana, Nabilla et les autres stars de la télé-réalité.
D'autres, sur le modèle des hipsters US, sont davantage dans l'aquoibonisme. Il y a tout un discours sur l'importance du moment présent et l'épanouissement personnel. Mieux vaut faire ce que l'on aime, quitte à vivoter, plutôt que de s'accrocher à une "carrière" illusoire.
Qui plus est, ils n'ont pas vraiment de notions d'autorité. Les parents sont des copains et les profs, des animateurs. Quoi qu'il en soit, il est clair que les employeurs auront du mal à motiver leurs jeunes salariés. Les discours classiques du "fait des heures sup' non déclarées et ensuite, on parlera éventuellement d'un CDI" ou "on augmentera ton salaire lorsque tu auras fini ta période d'essai renouvelable" ne passeront plus. Il faut davantage s'attendre à de l'absentéisme, des sautes d'humeurs et des démissions soudaines. Sans oublier l'omniprésent téléphone portable, vissés aux doigts.

dimanche 11 mai 2014

CV à trous

C'est un peu une réponse à cet article d'Atlantico. Il traite des CV "à trous".

La consultante qui s'y exprime est dans son rôle. Son job, c'est de valider les candidatures pour le compte d'entreprises. Elle doit donc s'assurer de la véracité des CV et démasquer les menteurs. D'où un "attention, tout peut se vérifier". Tout en étant rassurant sur la justifications des "trous" dans le CV.

Dans la pratique, avec 3 millions de chômeurs, le candidat n'a pas de marge de manœuvre. Au point où une simple pause dans le discours (par exemple, pour se rappeler ce que l'on a fait dans l'entreprise x) peut être interprétée comme un mensonge. A contrario, de vrais mythomanes assez moyens passent entre les mailles du filet.

Pour en revenir aux "trous", que faire ? Effectivement, vous pouvez annoncer que vous avez repris vos études, que vous avez essayé de monter votre entreprise, etc. (NDLA : donc à mentir pour éviter de mentir !)
Le souci, c'est que beaucoup de recruteurs, dans les cabinets, sont des boutonneux encore bardés de certitude. Pour eux, chômeur = loser , point final. Sans oublier les interrogations sur la capacité d'un chômeur de longue durée à s'intégrer rapidement au rythme d'une entreprise. On veut des employés opérationnel dés le 1er jour.
Dans les PME, les personnes en charge du recrutement sont plus compréhensives. Un chômeur "actif" sera perçu comme quelqu'un de motivé. Sauf que justement, beaucoup de chômeurs sont complètement passifs. Un traumatisme lié à un licenciement, un enchainement d'entretiens loupés, des problèmes personnels, un sentiment d'abandon... Le chômeur finit par perdre toute motivation. Et ça, c'est un discours qu'aucun recruteur n'est prêt à entendre.

vendredi 9 mai 2014

Economie de bouts de chandelles

Le problème de beaucoup de PME, c'est la radinerie. Beaucoup de PDG cherchent avant tout les solutions les moins chères. L'une d'elles, c'est de donner plusieurs tâches à une même personne.

L'un des exemples les plus comiques, c'était le responsable de la production d'une entreprise où j'ai travaillé. Il était passionné de trains électriques et il s'était construit un réseau chez lui. Notre patron en avait déduit qu'il était fort en programmation. En plus, c'était quelqu'un d'assez radin. Donc le voilà bombardé responsable informatique !
Il s'est pris au jeu. Qu'est-ce que c'était drôle de le voir lire ses ...pour les nuls avec le sérieux d'un pape! On l'avait affecté à l'achat et à la mise en route des ordinateurs. Le PDG ne comprenait pas que dans l'absolue, un responsable de la production a mieux à faire que d'aller avenue Daumesnil pour acheter des ordinateurs (ce qui lui prenait une bonne demi-journée) puis à installer les ordinateurs. Sans compter les mises à jour... Il y avait des choses moins drôles, comme son refus d'allouer plus de 50Mo (oui, j'ai bien dit "Mo") à chaque boite mail.
Puis il y a eu le choix d'un logiciel de gestion. Bien sur, il a choisi le moins cher. Le fait que la société soit basée à l'autre bout de la France ne l'a pas alarmé. En théorie, le serveur était "Raid 2", mais ça ne l'a pas alarmé de recevoir une unique unité en guise de serveur. Et ça ne l'a pas non plus alarmé que l'unique contact soit un VRP multicarte qui fasse aussi l'assistance informatique. Evidemment, un jour, le serveur a planté. Les données étaient perdus et notre contact, perdu dans la nature. L'incident nous a pris un mois et demi. Un mois et demi sans facturation, sans commande, sans gestion des stocks, sans ordre de fabrication, etc. Le préjudice pour une PME était énorme. Mais le PDG n'a pas revu sa stratégie et notre branquignolle d'être toujours en charge de l'informatique, en sus de ses autres casquettes.

Moralité : faire des économies, c'est bien, mais il faut peser le pour et le contre. Car au-delà d'un certain point, on a davantage à perdre qu'à gagner.