jeudi 13 mars 2014

La malédiction du premier job

Parmi les conneries qu'on vous raconte à l'école, il y a le discours sur les "compétences". Un DRH recherche des "potentiels". Il se base sur ce qu'un candidat peut faire et non ce qu'il a fait.

Sauf que là, ça reviendrait à réfléchir sur le long terme. Or, les entreprises n'embauchent plus des gens pour les garder 20 ans. Elles ne voient que les projets à court, moyen terme. Un novice nécessitera un temps d'adaptation. Mieux vaut engager quelqu'un qui a déjà fait telle tâche dans son précédent emploi !
D'autant plus qu'avec 3 millions de chômeurs, on peut s'offrir le luxe de ne prendre aucun risque. Les cabinets de recrutement sont d'autant moins aventureux qu'ils sont eux-mêmes en concurrence avec d'autres cabinets. 

Corollaire N°1 : les DRH recrutent des personnes hyper-spécialisées. Donc souvent incapables de s'adapter au moindre changement (et hostiles au changement une fois passé responsable.) Notamment par manque de recul. Le principal, c'est qu'elles n'ont pas besoin d'adaptation. Pour les cabinets de consultant, c'est un argument : on vous envoi un profil taillé sur-mesure, d'emblée opérationnel.
J'ai pu le constater de visu. J'étais une fois en entretien dans une grande entreprise. Mon concurrent avait le look et le cerveau d'un candidat de TV-réalité, mais il avait travaillé pour une filiale de l'entreprise, par le passé. Donc il a eu le job. C'était d'autant plus ridicule que ce job n'avait rien de sorcier et que pour moi, la période d'adaptation aurait été courte.

Corollaire N°2 : à moins de tomber sur un recruteur compréhensif, vous serez exclusivement convoqué à des entretiens correspondant à votre ancienne occupation.
Vous maitrisez bien l'anglais ? Oui. Vous avez parlé anglais dans votre précédent emploi ? Non. Donc pas question de postuler à des emplois tournés vers l'international. Vous voulez quitter votre job merdique, mais on ne vous propose que des postes similaires ! Un vrai casse-tête si après vos études, vous avez du accepter n'importe quoi.
Pour les juniors, c'est le cercle vicieux du pas d'expérience, donc pas de travail, donc pas d'expérience, etc. Les plus vieux risque d'hériter d'une étiquette "PME" ou "intérimaire" collée sur le front à la superglue. De quoi donner le blues du zappé déjà évoqué.

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