lundi 23 juin 2014

Entretien collectif : 2. Gladiator

L'autre type d'entretien collectif, c'est la journée de sélection.

Parfois, elle suit le 1er cas. Le principe est simple : tous les candidats postulent pour un unique poste. Vous êtes là pour vous battre. C'est le pendant professionnel des jeux du cirque. Et à la fin de la journée, le recruteur donnera des lauriers au vainqueur. Sauf si vous êtes tous nul (et là, il baissera son pouce.)

On est dans l'idée utopique de "trouver le candidat idéal" et du "choix objectif". En les mettant tous ensemble, dans un environnement différent d'un entretien classique, on devrait être plus objectif. Timide s'abstenir : vous devez parler devant tout le monde. Le plus souvent, on organisera des jeux de rôles où les candidats doivent réfléchir à un cas fictif. Un jury de plusieurs personnes jugeront les réponses. Parfois, les candidats devront former des mini-groupes (NDLA : et les recruteurs s'étonneront de l'absence d'esprit de camaraderie.)
La journée s'étale effectivement sur toute une journée, afin de jauger l'endurance du candidat. Ils vont jusqu'à laisser mariner les candidats entre les épreuves, pour voir leurs réactions. Quoi qu'en pensent les recruteurs, chaque candidat joue un jeu. En théorie, de par la longueur et la dureté de la journée, il doit fendre l'armure. Mais le candidat garde en mémoire qu'il se bat pour un job. Il cherche naturellement les "bonnes réponses". Parfois, la compétition est exacerbée et les mots fusent (entre candidats ou face aux recruteurs.) D'autres fois, les candidats, fatigués et démotivés, dorment quasiment en fin de journée.

Qu'il soit pris ou pas, le candidat se sentira humilié. C'était un bizutage, pas un recrutement.

vendredi 20 juin 2014

Entretien collectif : 1. recrutement de masse

Le terme d'entretien collectif recoupe plusieurs réalités. Parfois, les grandes entreprises organisent des journées de recrutement. Cela concerne tous les types d'entreprises (industrie, agro-alimentaire, banque-assurance...) Mais elles ciblent généralement un type précis de jobs (généralement des commerciaux ou des conseillers.)
Sur le fond, cela rappelle les salons de l'emploi. Il n'y a pas de filtre à l'entrée. Vous vous inscrivez (nom, prénom, profil et type de job recherché -sous forme de case à cocher-) et c'est parti !

Le jour J, on vous demande de venir avec un CV papier (pensez à en mettre un sur une clef USB.) Souvent, la journée commence par une présentation de l'entreprise, ses points forts et ce que vous, candidat hyper-motivé, pouvez apporter. Puis c'est le temps des entretiens, souvent à la chaine. 5 minutes, pas plus. Dans les cas extrêmes, il y a juste une urne pour déposer les CV.
En théorie, le poste est ouvert à (presque) tous. En pratique, ils recherchent surtout des juniors. L'entretien est bref (d'autant plus qu'il y en a 10 qui attendent derrière vous.) Souvent, le "RH" est un intérimaire recruté pour l'occasion ; il n'en sait pas plus que vous sur le job.
Derrière, l'armée de RH fera du classement vertical de CV. Il y a tellement peu d'archivage que si 6 mois plus tard, ils organisent une autre session de recrutement, vous pourrez vous réinscrire ! En attendant, vous avez bien compris que c'est mort. Vous êtes bien trop vieux, trop cher et pas assez malléable. Parfois, vous repartez sans savoir exactement pour quel poste vous avez postulé ! En tout cas, vous avez perdu votre journée. Au moins, vous repartez avec un cartable, un stylo et un bloc aux couleurs de l'entreprise. Et ça vous permettra de justifier votre recherche d'emploi, à la prochaine convocation à Pole Emploi...

jeudi 19 juin 2014

Le placard

Dans une entreprise, 100% des employés sont censés travailler à 100% de leurs capacités, 100% du temps. Cela n'empêche pas que certains employés soient payés à ne rien faire. L'entreprise ne veut pas ou ne peut pas les licencier, alors elle leur donne un emploi fictif en espérant qu'ils démissionnent d'eux-mêmes.
Pour le novice, c'est assez déstabilisant de voir cette personne qui arrive le matin, ne fait rien et repart le soir. Certains passent leur journée à papoter et d'autres vont au bistrot. Qui plus est, étant sur une voie de garage, il (ou elle) est considéré(e) comme un(e) pestiféré(e). Les autres employés ont tendance à l'éviter. Et vous, en tant que nouvel arrivant ? Devez-vous faire comme les autres et le rejeter ? Ou bien, en tant qu'ex-exclu vous-même, de sympathiser avec lui ?

  • Le cas le plus fréquent, c'est la personne qui sort d'un longue arrêt maladie ou d'un congé paternité. Il a été absent longtemps, on ne savait même pas s'il reviendrait. Alors l'entreprise a embauché quelqu'un pour faire sa tache. Parfois, suite à une réorganisation, le poste a disparu. En général, le(la) revenant(e) n'a pas envie de retravailler. Il reste là le temps de négocier sa prime de départ.
  • Le grand classique du cadre, c'est l'expatrié de retour en France. Il a été physiquement loin des jeux de pouvoirs. En plus, s'il revient d'une longue mission dans un pays exotique, il est étiqueté "déviant". Son ancien service refusera de le reprendre. S'il veut rester, l'ex-expatrié doit négocier une mutation.
  • Les cadres supérieurs expérimentés coûtent très cher en indemnités de licenciement. Lorsqu'on ne peut plus les promouvoir, on les met à la tête d'un autre service. Mais s'ils sont vraiment incompétents, on veut les pousser à la démission.
  • Les responsables syndicaux sont par définition considérés comme des déviants. Légalement, ils sont très compliqués à licencier. Histoire de les marginaliser, on leur donne donc un emploi fictif. De toutes façons, entre la permanence syndicale, le C.E., les conseils des prud'hommes, ils n'ont plus beaucoup de temps pour leur vrai travail.

lundi 16 juin 2014

La galère du premier mois

Trouver un emploi, c'est une galère. Ca tout le monde le sait. Un jour, tôt ou tard, vous trouvez un boulot. A vous la resocialisation et la machine à café !

Sauf que reprendre le travail, c'est un problème pour un chômeur. Terminées, les grasses matinées ou les journées passées, affalé sur le canapé, devant Plus belle la vie ! Il faut se réhabituer à se lever tôt, au stress quotidien, aux objectifs. Bref, se remettre au boulot. S'y ajoute la pression de la période d'essai. Enfin, en cas de licenciement dans le précédent poste, une certaine paranoïa ("mon N+1 et mon N+2 ont prononcé le mot "nul". Ils parlent de moi ! Ca y est, je suis grillé !")
L'autre problème du néo-ex-chômeur est économique. Un chômeur arrive plus ou moins à boucler ses fins de mois. D'un seul coup, son budget explose : transport, nourriture, vêtements (NDLA : c'est là que vous réalisez que vos chemises sont élimées.) Eventuellement, pour les postes avec déplacements, vous cumulez les notes de frais. Sans oublier ceux qui doivent se relocaliser (avec des frais de déménagement, de caution à payer, etc.) Le souci, c'est que durant le premier mois, point de salaire. Il faut vous contenter du solde d'allocations-chômage (si tant est qu'elles soient versées.) Avec un peu de "chance", l'emploi débute en fin de mois. L'employeur de dire : "On ne va pas te faire une feuille de salaire juste pour 3 jours, non ? On te paiera tout le mois prochain." Idem pour les notes de frais. Et certaines entreprises refusent d'entendre parler d'avance sur salaire. Pour le banquier, il reste classé comme chômeur et il est impossible de négocier le découvert autorisé. Parfois, il a tellement d'agios que lorsqu'enfin, le virement tombe, vous restez à découvert.
Ainsi, financièrement, mieux vaut être chômeur que de reprendre le travail. Et cela, sans même évoquer la fin des prestations (type CAF ou CMU) ou la questions de l'imposition...

Les annonces de l'APEC

Récemment, sur France Info, une conseillère de Pole Emploi vantait le partenariat de l'agence avec divers sites web. Spécialiste de la langue de bois, elle faisait semblant de ne pas entendre les questions sur le travail au noir ou les fausses annonces. A contrario, elle mettait en avant la "qualité" de ses offres et un fin travail pour "éviter les doublons".

Beaucoup de conseillers n'ont qu'une vague notion du secteur privé et avec une certaine naïveté, ils sont persuadés d'aider les chômeurs. En "off", ils sont plus bavards : jobs sous-payés, intitulés erronés, descriptifs flous, manque de mise à jour du fichier (d'où des offres déjà pourvues.) De toutes façons, si vous êtes employeur et que vous déposez une offre, on ne va pas vous ré-aiguiller vers des candidats. Pole Emploi va juste publier l'annonce. En espérant qu'un candidat la remarque parmi une tonne d'offres bidons. Les conseillers plus lucides savent bien que ce service est au mieux inutile.
L'APEC n'est pas mieux pourvue, loin s'en faut. On y retrouve les jobs sous-payés et les contrats ultra-précaires. Une mission d'intérim à 24K€ proposée à des bac+5 senior, c'est fréquent. Des cabinets de consultants profitent du réservoir de chômeurs pour recruter à la chaine, pour des missions spécifiques. Et bien sûr, beaucoup d'annonces sont là uniquement pour que les cabinets se constituent des "CVthèques". Sans oublier les arnaques (vente pyramidale, travail à domicile, formations non-reconnues par l'état, etc.) Parfois, une adresse web renvoie vers un autre site d'emploi plus ou moins louche.
Les spécialistes de l'abus sont facile à identifier, donc à éliminer. Donc soit ils ne sont pas assez compétent pour trier. Soit ils publient sciemment des annonces bidons afin de grossir leurs chiffres.

lundi 9 juin 2014

Rastignac


C'est un bulldozer qui fonce dans le tas. C'est un parasite qui n'apporte rien à personne. Vous vous souvenez du beau gosse qui s'était autoproclamé délégué de classe et qui a "réussi" son examen parce qu'il avait le bouquin de cours sur les genoux ? Vous vous imaginez que 10 ans après, il est quasi-SDF et ventripotent ? Perdu ! D'après les enquêtes, il gagne peut-être aujourd'hui le double ou le triple de votre salaire !

Il est avant tout une ambition et un égo hypertrophié. C'est un chasseur, en permanence à l'affut d'opportunités. Grand séducteur, il convainc son patron de lui filer d'emblée les missions les plus valorisantes. Mais il a déjà en tête d'entrer en contact avec son N+2. Il saura ensuite "vendre" ses réussites en haut lieu pour mieux négocier des promotions. En parallèle, il profite de chaque salon, chaque visite extérieure pour essayer de se placer. Il s'est fixé un but ultime et il fera tout pour l'atteindre.
Les mots "éthique" ou "fidélité" ont peu de sens pour lui. Vous pouvez l'aider ? Il devient votre meilleur copain... Mais bien sûr, le jour où il a trouvé un meilleur allié, son téléphone ne répond plus. Evidemment, il est hors de question d'espérer un "retour d'ascenseur". Vous êtes sur son chemin ? Il n'aime pas la concurrence. Il rependra les rumeurs les plus folles sur vous. Il utilisera son réseau et sera le plus zélé des fayots. Il DOIT vous éliminer, point. Ca n'a rien de personnel. D'ailleurs, au moment de votre pot de départ, il vous a déjà oublié.

L'entreprise est une jungle. Tous le monde n'obtient pas un trophée. Y compris parmi les meilleurs. Le Rastignac peut aller très loin. Et le facteur "compétence" entre à peine dans l'équation. Son talent, c'est de savoir dire ce que les gens ont envie d'entendre. Il peut prospérer quasi-indéfiniment. Personne ne dira : " Mais il fait quoi, lui, à part organiser des réunions, forwarder des mails et dire qu'il est occupé ? " Les plus malins savent s'entourer de "cerveaux" pour mieux capter leurs bonnes idées. D'autres préfèrent agir seuls : quelqu'un qui passe son temps à trahir et à mentir n'a confiance en personne.
L'angle-mort du Rastignac, c'est qu'il pratique la terre brûlée. Avoir un ambitieux comme collègue, c'est un calvaire : il ne fait rien, à part réseauter et il reçoit tous les compliments. Il est aussi exécrable comme chef : il n'est pas là pour mener des hommes, il est là parce que c'est une étape de son plan. Mis à part ce fameux plan, c'est du vide sidéral. Il n'a pas envie de manager et de s'occuper de choses qui ne peuvent rien lui apporter. Dans les cas les plus extrêmes, il est complètement incompétent, mais il progresse par sa capacité à brasser de l'air.
Mais parfois la roue tourne, un changement de direction, un mentor qui part à la retraite, une usine qui ferme, un excès de confiance... Ou tout simplement, il tombe sur plus ambitieux et voilà que le monde s'écroule sous ses pieds. Et c'est toujours jouissif de voir l'ex-fils prodige chuter.

dimanche 8 juin 2014

Candidature spontanée

Beaucoup sont persuadés qu'un chômeur doit envoyer des CV tous les jours. Parents et conjoints demandent au quotidien : "Alors, aujourd'hui, des annonces ? Des réponses ? Des entretiens ?" Il est hors de question de répondre "non".
S'il n'y a pas d'annonce, il faut envoyer des candidatures spontanées ! Telle grande entreprise vient de publier des résultats positifs ou d'annoncer un nouveau projet ? Candidature spontanée ! Telle entreprise recrute (pour un autre poste) ? Candidature spontanée ! Il existe des services qui, moyennant finance, balancent votre CV à des milliers d'entreprises. Certains sites possèdent des "espaces emploi" où le candidat peut proposer ses services. J'ai même vu un cabinet de consultant avec, à l'entrée, une panière pour déposer son CV.

Le problème, c'est qu'aujourd'hui, au sein des grandes entreprises, la fonction RH est très segmentée. De plus, en général, elles passent par des cabinets de recrutement. L'une des conséquences de la généralisation de l'e-mail, c'est que tous les jours, les entreprises sont assaillies de centaines de lettres (mail et lettres-papiers.) Faute d'un réaiguillage et d'un tri opportun, elles finissent à la poubelle. Quant au dépôt de CV sur le site interne, c'est souvent une oubliette.
La candidature spontanée n'est efficace que chez les PME. La hiérarchie -donc le processus de recrutement- est plus court. Ce qui vous donne davantage de chance que votre CV soit lu. Reste ensuite à espérer que cette PME songe à embaucher. Ce qui fait pas mal de "si"...
 A l'arrivé, notre chômeur balance donc une flopée de mails, en sachant pertinemment qu'ils ne seront pas ouverts. Autant les mettre d'emblée dans la corbeille. Mais au moins, ses proches seront contents : il a "travaillé" aujourd'hui ; il ne s'est pas tourné les pouces...

jeudi 5 juin 2014

La lettre

Avant internet, la lettre de motivation était primordiale. Ne serait-ce que parce qu'il fallait bien préciser à quel poste on postulait. Bien sûr, il y avait déjà des ordinateurs et des photocopieuses, sans oublier les machines à écrire. Mais les recruteurs exigeaient des lettres dactylographiées. Certains allaient jusqu'à passer un doigt mouillé sur le texte, pour vérifier que c'était bien un courrier écrit à la main (un imprimé ne baverait pas.) Le candidat devait prouver par là qu'il n'écrivait pas n'importe quoi à n'importe qui.
D'ailleurs, ce côté "écris à la main" créait de l'intimité avec le destinataire. C'est une Homme qui a écrit cela, pas une machine. Il se devait de vous répondre (mais pas forcément à la main...)

De toute façon, à l'époque des timbres et des enveloppes, il était impensable de faire des mailings de masse. Il fallait donc écrire patiemment son texte, quitte à s'aider d'un brouillon. Chaque lettre demandait un talent de moine-copiste. Comptez au moins une dizaine de minutes pour en écrire une, avec la capacité de concentration d'un démineur. Une rature, une faute d'orthographe, un interligne sauté ? Il fallait tout recommencer à zéro ! Pour les gauchers, c'était une vraie torture.
Lorsqu'enfin, la lettre était écrite, quel soulagement ! Il fallait ensuite la plier soigneusement en 3 parties, puis la glisser dans l'enveloppe. Une fois, je n'avais plus de timbres. J'ai été en acheter à La Poste. On était au mois d'août et ils n'avaient presque plus rien. Presque. J'ai du coller un timbre "vive les vacances" sur mon courrier. J'en avais les larmes aux yeux.

mercredi 4 juin 2014

Acte de présence

On est dans une société de l'immédiat. Tout doit être fait tout de suite. Au travail, on exige fréquemment des cadres qu'ils effectuent des heures supplémentaires. Par contre, on ne tolère pas les départs anticipés. Légalement, c'est un abandon de poste ; un motif de licenciement.
Dans une entreprise où j'ai travaillé, c'était 8h30-17h30 (avec une pause entre 12h30 et 13h30.) Donc, jusqu'à 9h30, chaque coup de téléphone à l'extérieur se finissait par "monsieur/madame Untel n'est pas encore arrivé." Idem entre 12h et 14h. Le gros de mon activité avait lieu à partir de 15h et... Ensuite, c'est l'heure de partir. Car à 17h35, le PDG mettais l'alarme en marche !

Le travail ne tombe jamais en continue. Parfois, vous en avez beaucoup, voir trop et parfois, c'est extrêmement calme. Le truc, c'est de faire semblant de travailler. J'ai connu un N+1 spécialiste du tapage frénétique sur son clavier (alors que son PC portable était éteint pour économiser la batterie.) Sans oublier les classiques piliers de machines à café ou les blablateurs compulsifs. Tout est (presque) possible ; il suffit de rester dans les murs de l'entreprise. Vous avez terminé votre travail à 15h? Interdiction de partir ; vous devez rester à votre bureau jusqu'au bout. Et si votre chef passe, faites semblant de remplir ce classeur Excel vierge...
Encore un archaïsme. Cette rigidité des horaires risque de passer encore plus mal auprès des jeunes. Ils sont habitués à être occupés en permanence. Que faire lors des "creux de travail" ? Ils sont moins enclins à faire semblant de bosser (car en cas d'inactivité, ils utilisent leurs portables.) Faire systématiquement acte de présence jusqu'à 17h30, voir 18h, n'a aucun sens. A fortiori si une fois dehors, l'employé peut travailler à distance. Le seul pour qui ça semble logique, c'est le chef de service, qui a ses employés sous les yeux. Car pour beaucoup présence=travail ; absence=farniente .

mardi 3 juin 2014

Démotivation


Depuis le début de ce blog, je n'ai encore jamais évoqué les lettres de motivation. On dit toujours : "Envoyez CV et lettre de motivation à..." Pour moi, c'est un archaïsme hérité de l'époque où on postulait en envoyant de vraies lettres. C'était aussi l'époque où les grandes entreprises publiaient directement leurs annonces et où le descriptif du poste était conséquent.

Aujourd'hui, ça n'a aucun intérêt. Les annonces sont extrêmement sibyllines et extrêmement vagues. Il n'est plus possible de dire "ce qui m'intéresse dans l'entreprise, c'est..." ou "je correspond au poste, car..." De plus, tout se fait par mail. Au mieux, votre lettre de motivation est dans le corps du mail. Au pire, c'est juste un fichier attaché. Certains sites de recherche d'emploi vous proposent d'enregistrer une lettre-type.

Au final, le cabinet de recrutement reçoit une lettre complètement impersonnelle. C'est le fameux "je-moi-nous" avec le typique "suite à l'annonce du tant, je postule au..." et l'inévitable "dans l'attente de votre réponse, veuillez agréer mes salutations distinguées." Vu que beaucoup lisent les CV en diagonale, je doute qu'ils lisent ces lettres... Le seul intérêt éventuel, c'est de mesurer la syntaxe et l'orthographe du candidat. A part, comme d'habitude, dans les PME, généralement moins sollicitées et où les recruteurs peuvent davantage lire les lettres.

lundi 2 juin 2014

Fils de...


J'ai toujours du respect pour les gens qui ont créé leur entreprise. Même s'ils avaient d'emblée beaucoup de moyens ou que leur entreprise ne marche pas. Parce qu'il faut du courage et de l'abnégation pour se mettre à son compte.
A contrario, je suis très méfiant à l'égard des enfants, gendres ou cousins du fondateur. Certains sont compétents. Rien qu'en France, il existe nombre d'entreprises gérées par de véritables dynasties (Michelin, PSA, Bolloré, Dassault, Lagardère, Ricard S.A...) Certains patrons imposent d'ailleurs un parcours "à la dur" à leur progéniture, afin qu'ils fassent leurs preuves. Mais souvent, les "enfants de" se comportent en terrain conquis et faute de parcours hors du cocon familial, ils n'ont aucun recul. Dans plusieurs cas, le patron finit par se raviser et à vendre son entreprise à d'autres.
Pour quelqu'un, donner des responsabilités à ses enfants, c'est transmettre en héritage. Il y a l'idée que son entreprise soit une "famille" (une notion fréquente chez les vieilles PME.) C'est aussi vouloir jouer les grands seigneurs et montrer que l'on a les moyens d'offrir un poste d'un claquement de doigts. D'autres le font en se disant que leur progéniture seront leur prolongement : ils appliqueront leurs idées, voir fliqueront davantage les autres employés (réduisant les angles morts.)

Dans une entreprise, j'ai travaillé pour une caricature du "fils de". Un jeune homme sans aucun diplôme, dont le seul mérite était d'être le fils du patron. Cet homme né avec une cuillère en argent dans la bouche faisait de grands discours sur le travail acharné, le mérite, le dévouement, etc. Il va sans dire qu'il arrivait tout les matins à 10h, jamais rasé, habillé comme l'as de pique et qu'il avait 12 ans d'âge mental. Il changeait d'avis comme de chemise, disparaissait sans raison (et sans prévenir) et parlait comme un charretier aux clients. Un matin, j'avais un dossier à le faire signer. Je l'ai trouvé, les pieds sur son bureau, lisant un magazine de surf et me déclarant avec le plus grand sérieux du monde : "Il faudrait qu'on achète un laser." (NDLA : bien sûr, ça n'avait aucune utilité pour la société.) A cet instant-là, j'ai compris que je devais partir. Et vite.
Plus tard, j'ai connu un scénario digne de Dallas ! Le fondateur avait deux fils. Pour une raison inconnue, il a légué l'entreprise au cadet. L'ainé ne l'a pas supporté. Autant dire que c'était la guerre permanente entre les deux hommes. L'un disait blanc et l'autre disait noir. Une situation intenable pour les employés. D'autant plus qu'aucun des deux n'avaient vraiment de stratégie.
Dans une troisième expérience, le patron avait carrément embauché sa femme, ses deux filles et le mari de l'ainée ! Le gendre était particulièrement incompétent. Heureusement, ses responsabilités étaient très limités. Bien sûr, ils avaient tous une voiture de fonction, un défraiement généreux et des horaires à la carte. Alors qu'on nous expliquait que l'heure, c'est l'heure et que faute d'argent, il ne fallait pas compter sur une augmentation. Y compris pour l'année d'après. Et celle d'après. Comme le gosse du premier cas, le gendre était un spécialiste du don permanent de leçons, notamment sur la bonne gestion du salaire. L'entreprise lui payait -presque tout- à lui et à sa femme, c'est sur qu'ensuite, ils pouvaient épargner !