Affichage des articles dont le libellé est souvenirs. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est souvenirs. Afficher tous les articles

jeudi 5 juin 2014

La lettre

Avant internet, la lettre de motivation était primordiale. Ne serait-ce que parce qu'il fallait bien préciser à quel poste on postulait. Bien sûr, il y avait déjà des ordinateurs et des photocopieuses, sans oublier les machines à écrire. Mais les recruteurs exigeaient des lettres dactylographiées. Certains allaient jusqu'à passer un doigt mouillé sur le texte, pour vérifier que c'était bien un courrier écrit à la main (un imprimé ne baverait pas.) Le candidat devait prouver par là qu'il n'écrivait pas n'importe quoi à n'importe qui.
D'ailleurs, ce côté "écris à la main" créait de l'intimité avec le destinataire. C'est un Homme qui a écrit cela, pas une machine. Il se devait de vous répondre (mais pas forcément à la main...)

De toute façon, à l'époque des timbres et des enveloppes, il était impensable de faire des mailings de masse. Il fallait donc écrire patiemment son texte, quitte à s'aider d'un brouillon. Chaque lettre demandait un talent de moine-copiste. Comptez au moins une dizaine de minutes pour en écrire une, avec la capacité de concentration d'un démineur. Une rature, une faute d'orthographe, un interligne sauté ? Il fallait tout recommencer à zéro ! Pour les gauchers, c'était une vraie torture.
Lorsqu'enfin, la lettre était écrite, quel soulagement ! Il fallait ensuite la plier soigneusement en 3 parties, puis la glisser dans l'enveloppe. Une fois, je n'avais plus de timbres. J'ai été en acheter à La Poste. On était au mois d'août et ils n'avaient presque plus rien. Presque. J'ai du coller un timbre "vive les vacances" sur mon courrier. J'en avais les larmes aux yeux.

lundi 2 juin 2014

Fils de...


J'ai toujours du respect pour les gens qui ont créé leur entreprise. Même s'ils avaient d'emblée beaucoup de moyens ou que leur entreprise ne marche pas. Parce qu'il faut du courage et de l'abnégation pour se mettre à son compte.
A contrario, je suis très méfiant à l'égard des enfants, gendres ou cousins du fondateur. Certains sont compétents. Rien qu'en France, il existe nombre d'entreprises gérées par de véritables dynasties (Michelin, PSA, Bolloré, Dassault, Lagardère, Ricard S.A...) Certains patrons imposent d'ailleurs un parcours "à la dur" à leur progéniture, afin qu'ils fassent leurs preuves. Mais souvent, les "enfants de" se comportent en terrain conquis et faute de parcours hors du cocon familial, ils n'ont aucun recul. Dans plusieurs cas, le patron finit par se raviser et à vendre son entreprise à d'autres.
Pour quelqu'un, donner des responsabilités à ses enfants, c'est transmettre en héritage. Il y a l'idée que son entreprise soit une "famille" (une notion fréquente chez les vieilles PME.) C'est aussi vouloir jouer les grands seigneurs et montrer que l'on a les moyens d'offrir un poste d'un claquement de doigts. D'autres le font en se disant que leur progéniture seront leur prolongement : ils appliqueront leurs idées, voir fliqueront davantage les autres employés (réduisant les angles morts.)

Dans une entreprise, j'ai travaillé pour une caricature du "fils de". Un jeune homme sans aucun diplôme, dont le seul mérite était d'être le fils du patron. Cet homme né avec une cuillère en argent dans la bouche faisait de grands discours sur le travail acharné, le mérite, le dévouement, etc. Il va sans dire qu'il arrivait tout les matins à 10h, jamais rasé, habillé comme l'as de pique et qu'il avait 12 ans d'âge mental. Il changeait d'avis comme de chemise, disparaissait sans raison (et sans prévenir) et parlait comme un charretier aux clients. Un matin, j'avais un dossier à le faire signer. Je l'ai trouvé, les pieds sur son bureau, lisant un magazine de surf et me déclarant avec le plus grand sérieux du monde : "Il faudrait qu'on achète un laser." (NDLA : bien sûr, ça n'avait aucune utilité pour la société.) A cet instant-là, j'ai compris que je devais partir. Et vite.
Plus tard, j'ai connu un scénario digne de Dallas ! Le fondateur avait deux fils. Pour une raison inconnue, il a légué l'entreprise au cadet. L'ainé ne l'a pas supporté. Autant dire que c'était la guerre permanente entre les deux hommes. L'un disait blanc et l'autre disait noir. Une situation intenable pour les employés. D'autant plus qu'aucun des deux n'avaient vraiment de stratégie.
Dans une troisième expérience, le patron avait carrément embauché sa femme, ses deux filles et le mari de l'ainée ! Le gendre était particulièrement incompétent. Heureusement, ses responsabilités étaient très limités. Bien sûr, ils avaient tous une voiture de fonction, un défraiement généreux et des horaires à la carte. Alors qu'on nous expliquait que l'heure, c'est l'heure et que faute d'argent, il ne fallait pas compter sur une augmentation. Y compris pour l'année d'après. Et celle d'après. Comme le gosse du premier cas, le gendre était un spécialiste du don permanent de leçons, notamment sur la bonne gestion du salaire. L'entreprise lui payait -presque tout- à lui et à sa femme, c'est sur qu'ensuite, ils pouvaient épargner !

vendredi 9 mai 2014

Economie de bouts de chandelles

Le problème de beaucoup de PME, c'est la radinerie. Beaucoup de PDG cherchent avant tout les solutions les moins chères. L'une d'elles, c'est de donner plusieurs tâches à une même personne.

L'un des exemples les plus comiques, c'était le responsable de la production d'une entreprise où j'ai travaillé. Il était passionné de trains électriques et il s'était construit un réseau chez lui. Notre patron en avait déduit qu'il était fort en programmation. En plus, c'était quelqu'un d'assez radin. Donc le voilà bombardé responsable informatique !
Il s'est pris au jeu. Qu'est-ce que c'était drôle de le voir lire ses ...pour les nuls avec le sérieux d'un pape! On l'avait affecté à l'achat et à la mise en route des ordinateurs. Le PDG ne comprenait pas que dans l'absolue, un responsable de la production a mieux à faire que d'aller avenue Daumesnil pour acheter des ordinateurs (ce qui lui prenait une bonne demi-journée) puis à installer les ordinateurs. Sans compter les mises à jour... Il y avait des choses moins drôles, comme son refus d'allouer plus de 50Mo (oui, j'ai bien dit "Mo") à chaque boite mail.
Puis il y a eu le choix d'un logiciel de gestion. Bien sur, il a choisi le moins cher. Le fait que la société soit basée à l'autre bout de la France ne l'a pas alarmé. En théorie, le serveur était "Raid 2", mais ça ne l'a pas alarmé de recevoir une unique unité en guise de serveur. Et ça ne l'a pas non plus alarmé que l'unique contact soit un VRP multicarte qui fasse aussi l'assistance informatique. Evidemment, un jour, le serveur a planté. Les données étaient perdus et notre contact, perdu dans la nature. L'incident nous a pris un mois et demi. Un mois et demi sans facturation, sans commande, sans gestion des stocks, sans ordre de fabrication, etc. Le préjudice pour une PME était énorme. Mais le PDG n'a pas revu sa stratégie et notre branquignolle d'être toujours en charge de l'informatique, en sus de ses autres casquettes.

Moralité : faire des économies, c'est bien, mais il faut peser le pour et le contre. Car au-delà d'un certain point, on a davantage à perdre qu'à gagner.

jeudi 6 mars 2014

C'est qui Jean-Alain ?

J'ai travaillé dans une PME qui faisait parti d'un groupement de PME. Un contrôleur de gestion faisait en permanence la navette entre les entités. Comme il y avait de la place dans mon bureau, il y restait lorsqu'il visitait mon entreprise. Bien sûr, il me disait à peine bonjour et on ne nous a jamais présenté. Pensez-vous, un homme au contact quotidien de PDG ne va pas converser avec un gueux !

Une fois, après des mois de cohabitation, mon téléphone sonne : "Allo, pourrais-je parler à Jean-Alain? (NDLA : notez l'absence de "bonjour" ou de "s'il vous plait") - C'est qui Jean-Alain ? On a un "Jean", un "Alain", mais pas de Jean-Alain, ici !"
Le contrôleur de gestion me fait signe : " C'est moi, Jean-Alain !"

Depuis, chaque fois qu'il venait, c'était devenu une blague entre collègues : "C'est qui Jean-Alain ?" Je suis resté des années dans cette boite et je n'ai jamais su son rôle exact.

jeudi 20 février 2014

"T'as pas vu Christophe?"

L'anecdote est si compliquée que je vais devoir utiliser les prénoms (modifiés.)

A une époque, je travaillais dans une entreprise avec un directeur technique, François. Seulement, François était plutôt du genre chercheur solitaire, dans son laboratoire. D'ailleurs, une fois à la retraite, il a continué à faire des expériences pour nous, dans son garage.
La direction refusait toute confrontation frontale. Donc, au lieu de recadrer François, l'entreprise a promu un ingénieur, Christophe, au rang de directeur technique. Christophe avait un rôle de responsable hiérarchique du bureau d'études... Sauf que Christophe avait un sale caractère. Il refusait de gérer les ingénieurs qu'il n'aimait pas. Quant au projet peu valorisants, il les balayait d'un "j'ai pas le temps" ou d'un plus subtil "je n'ai pas les ressources pour" (NDLA : en sachant pertinemment que jamais, l'entreprise n'embaucherait.) Du coup, lui aussi avait tendance à s'enfermer dans son bureau.

Du coup, lorsque François est parti à la retraite, l'entreprise a recruté un troisième homme, Rui. Cette fois, c'était davantage un chef d'équipe qu'un ingénieur. Les ingénieurs, habitués à être autonomes, ont mal pris cette reprise en main du bureau d'études. Néanmoins, celui qui l'a le plus mal pris, c'était Christophe.
Ca n'a jamais été un bourreau du travail. Mais avec l'arrivée de Rui, il a clairement décidé de ne plus rien faire. Sa spécialité, c'était de faire le mur. Il partait vers 14h30-15h (voir 11h si le PDG était en déplacement pour la journée.) Sa technique consistait à laisser la porte ouverte, avec des dossiers ouverts sur son bureau. Comme s'il était dans les parages (vu que lorsqu'il est là, il fermait la porte.) Une astuce digne d'un adolescent. Le gag, c'est que Christophe avait une XM, avec un diesel qui claquait bien à froid (et il ne partait pas tant que le moteur n'était pas chaud.) On entendait bien le bruit, où qu'on soit dans l'entreprise.
Ainsi, toute la société savait que Christophe était parti pour de bon. Ensuite, le jeu consistait à jouer les faux-naïfs : "Où est Christophe ? Tu ne l'as pas vu ? Sa porte est ouverte, il ne doit pas être loin..."

jeudi 13 février 2014

Mon entretien le plus drôle

Pour finir cette semaine sur une note joyeuse, voici une anecdote rigolote.

Mon premier entretien, c'était pour un stage de 3 jours. Le patron voulait embaucher 2 stagiaires. Je suis arrivé à l'heure, en costume-cravate. Aucune trace de mon camarade de classe. L'entretien débute et mon futur patron m'explique le travail. Puis, enfin, l'autre arrive... En pantalon en velours et pull affreux, par dessus une chemise à carreau. Il était venu en mob' et il se baladait avec son casque avec flèches réfléchissantes sur les côtés... Et surtout, avec la braguette ouverte et un pan de chemise sortant par l'ouverture !

Je lui signale discrètement que sa situation et l'autre, sans se démonter, il se rhabille bien en face du patron !

La suite fut du même tonneau. Il a écorché le nom de notre interlocuteur (plusieurs fois), lui a dit "bonjour" à la fin, etc.


Pendant une heure, j'ai essayé de garder mon sérieux. Une fois dehors, tandis que l'autre chevauchait son 103 SP (avec les sacoches à l'arrière), j'ai hurlé de rire.

Et le pire, c'est qu'on a été tous les deux pris en stage !

jeudi 6 février 2014

Le téléphone (1)

S'il fallait résumer le chômage en un verbe, ce serait "attendre". Attendre le coup de fil ou le mail providentiel. Celui qui dit : "On veut vous voir". Voir carrément : " On a décidé de vous prendre."

Aujourd'hui, grâce au portable, on n'est jamais loin de son téléphone ou de sa boite mail. Mais avant, c'était le temps des journées à fixer le téléphone. Ca devenait une obsession. Attendre que ce fichu téléphone ne sonne. Inconsciemment, on restait au garde-à-vous, prêt à bondir sur le combiné. Lorsqu'on vient de passer un entretien ou qu'on a envoyé une candidature pour un job de rêve, l'intensité augmentait. S'éloigner, ne serait-ce que pour un besoin naturel, était une torture. "Et si on m'appelait à ce moment-là ?" A croire qu'un recruteur allait se dire : " Alain n'est pas là ? Tant pis, je vais prendre Nicolas à la place. "

Même aujourd'hui, le pire, c'est lorsqu'un recruteur vous dit : " On prendra une décision tel jour. " Le jour J, pas d'appel. Vous vous dites : " C'est foutu. " Piteusement, vous appelez le lendemain : " Excusez-moi de vous demander pardon. Mais je voudrais savoir si, par hasard, vous avez pris une décision... " Là, c'est généralement un moment de désinvolture : " Ah oui, c'est vrai, on a oublié de vous dire... En fait, on a décidé de prendre quelqu'un d'autre." ou " En fait, on n'a pas encore tranché. On verra ça lundi prochain. Ou mardi. " C'est comme ça, on vous avait convoqué à un entretien le jour même. Vous avez du courir pour imprimer des CV et traverser toute l'Ile-de-France. Par contre, pour vous répondre, monsieur prend son temps ! Vous êtes bon pour de nouvelles journées à attendre que le téléphone sonne. Au moins, vous avez encore un espoir d'être pris. Et c'est déjà ça.