vendredi 31 janvier 2014

Allons à la campagne...

Au bout d'un certain temps, vous avez envie "d'élargir votre champs de recherche", comme on dit à Pole Emploi. Pourquoi ne pas répondre à des offres en province ? Les PME ont souvent des difficultés à trouver des cadres. Dans une petite structure, vous aurez d'avantage de responsabilités. Souvent, les cabinets de recrutements en rajoutent une couche : "Cela fait plusieurs mois qu'ils cherchent quelqu'un pour ce poste. Ils sont prêt à aller jusqu'à 80% du salaire que vous demandez."
Pour de nombreux Parisiens, le monde civilisé s'arrête au périphérique. Mais là, bien sûr par "province", j'évoque la France profonde. Les patelins si petit que l'adresse de l'entreprise se limite à un lieu-dit (sans nom de rue, ni rue.) Et si reculé que même en dézoomant le GPS, on ne voit pas apparaitre d'autres villages...

Comme d'habitude, il y a un gouffre entre théorie et pratique. Vous vous tapez des heures de transport (à vos frais.) Puis vous voilà face à une PME, au beau milieu de nul part. Ce n'est pas très engageant. Mais avez-vous le choix ? Vous imaginez tant bien que mal votre future vie là.
Bien sûr, la personne qui doit vous recevoir est en retard. Et au milieu de l'entretien, le DRH pose LA question qui tue : "Mais... Êtes vous prêt à travailler ici ?" Non, Ducon, je me suis tapé une journée de transport (qui me fera un trou dans mon budget mensuel) juste pour le fun ! En fait, ils ne veulent pas d'un Parisien. Soit parce qu'ils ont peur que vous vous ennuyiez, soit par simple haine des Parigos. C'est un de ces entretiens qui mènent nul part. Sauf qu'au lieu de juste perdre une heure, comme les autres fois, vous perdez une journée. En prime, ils ne vous enverront même pas de mail de refus.

jeudi 30 janvier 2014

Choix cornélien

Amis DRH, bonjour ! Pour votre prochain poste, vous cherchez un cadre compétent, loyal et pas cher. Mais attention, il ne peut remplir que deux des trois caractéristiques !

Beaucoup de DRH et de chef de service cherchent la perle rare. L'employé surqualifié, fidèle comme un toutou et qui accepte d'être payé au lance-pierre. Après tout, en ces temps de disette, ça se trouve facilement, non ? Non ?

A la limite, l'idéal, ce serait la "tête". Le petit génie ultra-productif et dévoué, avec ça. Il se donne à 100%, pendant des années... Sauf que voilà, tout travail mérite salaire.
Pour qu'il s'épanouisse, il lui faut une rémunération descente et un environnement favorable. Et là, ça coince. Car c'est bien connu, les entreprises n'ont pas les moyens de bien payer leurs salariés ! Et puis, un cadre trop intelligent, c'est dangereux. Il peut finir par devenir calife à la place du calife...

Certains secteurs préfèrent sacrifier le côté "dévoué". Elles veulent des salariés kleenex. On prend des gens mal payés, sur lesquels on met une pression permanente. Lorsqu'ils en ont marre, ils claquent la porte et on en prend d'autres. Au moins, on a toujours des cadres "frais". On n'est pas là pour distribuer des médailles du travail !
Sauf que dans un marché du travail atone, les salariés kleenex ne peuvent plus partir. Les plus accros, acculés par le stress, font des burn-out. Les autres tombent dans l'aquoibonisme. "A quoi bon faire des heures sup' pour une paye de misère ?", "à quoi bon se tuer à la tâche sur tel dossier ?" Et vous vous retrouvez avec des employés qui passent leurs journées à surfer sur le net ou à papoter à la machine à café.
Dans les PME, des recruteurs naïfs se disent qu'en recrutant un bac+5 pour un travail de bac+2 (avec un salaire de bac+2), ils auront un salarié hyper compétant... Et ils s'étonneront lorsqu'il s'en ira.

Hélas, trop souvent, les entreprises évacuent l'aspect "compétence". Les gens trop intelligents et trop autonomes finissent par avoir trop d'idées ! Les chefs de service qui ont des lacunes (anglais, informatique...) adorent les yesmen. Ils ne sont pas malin, mais ils font ce qu'on leur dit. Souvent, en plus, ils sont un peu fayot.
Lorsqu'une entreprise met la pression sur ses salariés, les yesmen sont les seuls à rester. Sur le long terme, c'est nuisible à l'entreprise, vu que tous les talents sont partis. Faute de savoir-faire et d'esprit d'initiative, les cadres font couler l'entreprise.

mardi 28 janvier 2014

Cabinets de conseil bidons (2)

L'entretien, c'est le nerf de la guerre de la recherche d'emploi. Pour un chômeur, c'est déjà une délivrance en soi : vous avez une chance de trouver un emploi.

Mais lorsqu'on tombe sur un cabinet de conseil bidon, on déchante vite. On n'est pas sur la piste de la "reprise d'activité" ; on est juste un CV de plus pour la CVthèque.

Comment savoir si on vous convoque pour un "vrai" entretien ? Sachez repérer les symptômes du cabinet bidon...
1) Sur la porte d'entrée, il y a une quantité de logos. Une fois, j'ai même eu un consultant qui ne savait pas à quel nom de société il devait mettre mon dossier !
2) Après vous être présenté à l'accueil, on vous indique une salle d'attente où il y a déjà une dizaine de candidats. Si vous passez à 18h ou 19h, c'est à peu près logique : ce sont des gens qui ont déjà en poste et qui passent un entretien après les heures de bureau. Sinon, ça signifie que le cabinet fait de l'abattage.
3) Il n'y a QUE des salles d'entretiens dans l'immeuble. Pas de doute, ils font de l'entretien à la chaine. Votre seule planche de salue, c'est qu'ils aient une vraie mission pour vous.
4) Le recruteur n'évoque pas de mission précise. Il a des postes à pourvoir, mais il va d'abord en parler à ses supérieurs. Certains cabinets de conseils se créent des CVthèques. Comme cela, ils peuvent dire à leurs clients : "Regardez on a déjà n personnes pour tel travail." Pour les petits cabinets de conseil, c'est vital. Chez les gros cabinets, les recruteurs ont des quotas d'entretiens à faire. Il n'a pas de mission pour vous. S'il en avait une, il l'évoquerait d'emblée.
5) Le suivi est minable. Quelques jours après, le recruteur vous dit : "Je n'ai rien pour vous, mais ne vous inquiétez pas, je vais parler de vous à mes collègues." Sauf que personne ne parle à personne. Le gag, dans les grands cabinets, c'est que quelques jours après, un autre consultant de la même société vous appelle, car il doit lui aussi remplir son quota d'entretiens...

Cabinets de conseil bidons (1)

Vous avez déposé votre CV sur un site et miracle, un cabinet de conseil vous appelle !

De vrais cabinets de conseil, ça existe. Il recrute des majors de promotion de grandes écoles et facturent 10 000 € par jour. Comme vous n'êtes pas major de promo, vous avez de fortes chances de tomber sur un cabinet bidon. En général, ils ont des noms bien ronflants et bien Américain. Du style Smith & Jones International. Leur site internet est très vague. D'abord, on vous demande de remplir un long dossier... Qui reprend peu ou prou les informations sur votre CV.
Ensuite, vous voilà en entretien chez Smith & Jones International. Le recruteur, une petite vingtaine, est très enthousiaste. Vous avez un "profil très intéressants". Il est en contact avec "de grandes entreprises". Le conseil, cela consiste en une intervention ponctuelle et extérieur. Vous apportez une expertise. Sauf que chez Smith & Jones, on vous propose des missions opérationnelles et longues. En gros, vous allez travailler chez le client. Sauf qu'au lieu d'avoir un statut d'employé, vous serez un élément extérieur (on y reviendra.) Avant, les cabinets de conseils ne recrutaient que des "juniors". Mais, aujourd'hui, on trouve du senior pas cher et sans amour-propre, alors pourquoi se gêner ?

L'entretien s'est super bien passé. Il a une place à vous proposer chez un client, une multinationale. Ca serait une bonne première expérience chez Smith & Jones International. Le cabinet travaille depuis longtemps avec [multinational] et ils y ont déjà placé pas mal de consultants. Ensuite, quand vous aurez fait vos preuves, on vous positionnera sur une mission encore meilleure. Vous avez fait ami-ami avec le recruteur, qui vous a tutoyé sur le pas de la porte.Il s'est même moqué de votre timidité ou des lieux communs (appris à l'école) que vous avez récité. C'est comme ça, chez Smith & Jones International ! On se tutoie, c'est une "ambiance start-up".

Quelques jours après, le recruteur vous rappelle. Il a eu le responsable de [multinational] au téléphone. Vous êtes convoqué pour un entretien chez le client. Le recruteur vous rassure : avec votre CV, c'est du "sûr à 90%". Vous rêvez d'un travail chez [multinational].

Le jour J, les déceptions s'enchainent. 1) Ce n'est pas chez [multinational] mais dans une sous-filiale, au milieu de la cambrousse. Et en fait, votre mission est moins intéressante que prévue. Et pour le salaire, le client a exigé des efforts. Mais, vous rassure le recruteur, c'est juste une première expérience chez Smith & Jones !
2) Vous n'êtes pas seul sur le coup. Il y a d'autres cabinets en lice. Ce n'est donc plus vraiment du "sûre à 90%". Parfois, un même cabinet enverra deux candidats. En théorie, l'entretien ne devrait pas avoir lieu. Le client cherche une prestation ; ce n'est pas un recrutement. En théorie aussi, le cabinet n'a le droit de présenter que des gens en poste. Pas d'embaucher pour une mission spécifique. Mais vous allez vous plaindre auprès de qui ?
3) D'après les questions qu'il vous pose, le client n'a jamais lu votre CV. Bref, le recruteur vous a mené en bateau.

Dans la plupart des cas, ça s'arrêtera là. Le client en a choisi un autre, moins cher. Le recruteur vous dit qu'il a "d'autres opportunités" et qu'il vous "rappellera bientôt". Néanmoins, vous n'entendrez plus jamais parler de lui... Par contre, quelques jours, voir quelques semaines plus tard, un autre consultant de Smith & Jones International verra votre CV. Il veut vous convoquer à un entretien, vous renvoi un dossier... Et il n'est pas du tout au courant que vous aviez déjà vu quelqu'un de ce cabinet...

Ca a marché ? Bienvenue dans le monde du travail en régie ! Vous avez les inconvénients d'un employé et les inconvénients d'un consultant ! Le client se prend pour votre chef et au prix où [multinational] paye Smith & Jones, vous êtes bon pour les heures sup' ou les dossiers pourris ! En prime, il peut vous virer du jour au lendemain. Par contre, vous n'aurez pas le droit au C.E. de [multinational], à la mutuelle, au repas de noël et parfois, vous serez même privé de cantine ! Le suivi des consultants ? Il y a pas mal de turnover chez les recruteurs : au bout de quelques semaines, l'homme qui vous a recruté est parti. En théorie, son successeur doit suivre ses consultants. Et le cas échéant, leur proposer de nouvelles opportunités. En théorie... Bref, si vous êtes sur une mission de plusieurs années, cela tourne aux oubliettes. Si vous souhaiter partir, charge à vous de chercher vous-même un autre travail.