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dimanche 14 juillet 2024

Tout salaire mérite du travail


Le NFP fait du SMIC à 1600€ son cheval de bataille. Tout comme un taux d'imposition mortifère au-delà de 4000€ brut. Et c'est une absurdité.

Pour rappel, on a deux visions du travail qui s'affrontent : tripalium et labor.

Labor, c'est la vision libérale. Le travail, c'est l'épanouissement, la fierté de la tache accomplie. C'est aussi et surtout, l'idée que les personnes les plus formées, les plus compétentes et les plus motivées seront récompensées. D'où l'intérêt d'être un bon employé. Bien sûr, tout ceci est de la théorie.

Tripalium, c'est une vision marxiste. On travaille parce qu'il faut bien faire bouillir la marmite. On va chez son employeur en trainant des pieds et on a hâte de partir. Ce qui fait plaisir aux employés, c'est de travailler le moins possible (cf. les 35 heures), voire carrément de ne plus avoir de travail "alimentaire" pour se consacrer à des activités plus nobles (cf. le revenu universel.)
Alors pourquoi les gens ne se réjouissent pas lors des PSE ? Les plus vieux auront droit à une retraite anticipée et les plus jeunes, à un pécule ! Pourquoi chante-t-on Travailler encore, sur les piquets de grève ?
Mais les progressistes en rajoutent une nouvelle couche. Dire qu'il y a de meilleurs employés, cela signifie qu'il y en a de pires. Et ça, aux yeux des néo-marxistes, c'est de la discrimination ! Pourquoi est-ce que tout le monde n'aurait pas le droit aux promotions et aux augmentations ? Pourquoi est-ce qu'un ingénieur débutant serait payé au prix d'un ouvrier très expérimenté ?
Comme par hasard, les plus farouches partisans de l'inclusions sont ceux qui ont le moins de légitimité. Je ne peux pas arriver à ton niveau, alors je hurle à l'inégalité, déclare que tes avantages sont des privilèges et exige qu'on te les enlève. D'où le concept de NFP d'une courbe de salaire horizontale.

Le patronna applaudit discrètement. Les salaires de bases seraient plus élevés, mais personne ne voudrait travailler à plus de 4 000€ par mois. Car vous subisseriez un effet de seuil : avec les impôts supplémentaires, il vous resterait moins d'argent à la fin du mois. Donc les emplois qualifiés vont disparaitre, au profit de postes avec moins de valeur ajoutée. Plus facile à pourvoir et moins coûteux.
Oui, mais cela voudrait dire aussi que toute personne qui approcherait ce seuil fatidique lèvera le pied. Les grandes entreprises auront également du mal à pourvoir des postes seniors (toujours à cause de l'effet de seuil.) D'ailleurs, pourquoi est-ce que quelqu'un viserait un poste à responsabilité ? La société va chercher à le punir ! Mieux vaut devenir influenceur, que cadre intermédiaire ! Les filières d'excellence risquent de se vider ou de voir des promotions entières s'expatrier.

dimanche 23 avril 2023

Window living

L'autre jour, j'avais quelques heures à tuer dans une ville de province. Ça m'a rappelé l'époque pas si lointaine où je postulais à des postes à la campagne...

J'ai déjà évoqué l'entretien dans une PME de province. Mais le fun ne s'arrête pas là !

Lorsque vous êtes jeune précaire, vous êtes rarement véhiculé. Sinon, vous possédez une vieille guimbarde bien incapable d'enquiller plusieurs centaines de kilomètres.
Donc, vous venez à l'entretien en train. Seulement voilà, dans de nombreuses villes, il n'y a qu'un train (à l'aller de Paris), le matin et un autre (pour le retour), le soir.

L'entretien, il est plié au bout d'une heure. Ensuite, vous avez n heures à tuer jusqu'au retour. En prime, parce que vous êtes au chômage et que le billet de train vous a coûté deux semaines d'allocations, vous n'avez plus un cent.
Vous voilà errant dans une ville industrielle, sans charme, où vous ne remettrez plus jamais les pieds. Les minutes sont des heures. Ce n'est pas juste du "window shopping". Non, vous faites du "window museuming", du "window mcdoing"... Vous êtes plus seul que jamais, dans cette ville qui vous a rejeté. Et puis, avec votre costume-cravate, ça se voit, qu vous êtes un étranger. Ça se voit, que vous êtes un raté. En théorie, cela fait toujours du bien de voyager. Mais là, c'est une souffrance interminable...

Puis, enfin, le train arrive et vous quittez cette ville pour de bon. L'anxiété ne redescend que sur le quai de la gare parisienne.

lundi 18 juillet 2022

Travail, congés : rappels historiques

Une amie m'a transmis une vidéo d'un psychologue sur les vacances. Une vidéo sympathique... Mais complètement fausse sur ses repères historiques.

Petit rappel, donc.

Emploi
Non, M. Moukheiber, l'emploi, au sens moderne du terme, n'a rien de nouveau.

Au haut-moyen-âge, la chrétienté se développe. Les baptistères font place à des églises, puis des cathédrales, voire des basiliques. Pour bâtir un château, le seigneur impose une corvée à ses ouailles. L'église, elle, n'a généralement pas de moyens coercitifs sur les populations. Elle va donc embaucher des ouvriers. Dans les archives des bâtiments, on trouve des donnés sur le nombre d'ouvriers, leur salaire (en numéraire ou en nature), la durée de leur travail, etc. Ce n'était pas un contrat de travail, mais davantage un onglet du budget prévisionnel de la construction. On est bien face à un emploi salarié.
D'ailleurs, en vue de travaux futurs, les abbayes, monastères, etc. vont développer la fabrication de denrées (comme la fameuse bière trappiste) destinées à payer les ouvriers.

Tripalium
Pour les Romains, le travail physique est un torture. D'ailleurs, le mot "travail" viendrait d'un instrument de torture, le tripalium [citation needed]. A Rome, les travaux physiques sont l'apanage des pauvres et des esclaves. L'objectif d'un Romain sont de progresser socialement, afin d'avoir des esclaves pour effectuer les travaux. Ainsi, il aurait du temps pour se consacrer à des activités nobles (politique, philosophie, art, etc.)
Près de deux millénaires plus tard, Karl Marx débarque en pleine seconde révolution industrielle. Il constate que les ouvriers travaillent dans des environnements dangereux (mines, haut-fourneaux...) Si le patron leur fournit logement ou équipements, il est déduit de la paye, ne laissant quasiment rien aux ouvriers. Enfin, la paye est quotidienne : si un ouvrier se plaint, qu'il tombe malade ou se blesse, on lui dit de ne plus revenir là. Pour l'historien, c'est évident que l'ouvrier exploité est le descendant de l'esclave de la Rome antique.
Nouveau saut dans le temps : nous voilà dans les années 70. Un chômage toujours plus important s'installe en Europe occidentale. Pour les néo-marxistes, les fautifs sont les patrons. Ils imposent des horaires à rallonge à leurs employés, au lieu d'embaucher. En réduisant la limite légale du temps de travail, on forcera les employeur à recruter. Cela aboutira, en 1999, à la loi Aubry sur les 35h. Avec l'idée sous-jacente que les gens occupent un emploi salarié par nécessité. En passant aux 35h, ils pourront davantage s'épanouir dans leurs vraies passions, comme notre Romain enrichi.
Toujours dans les années 70, James Tobin réalise que la création de richesse provient non plus sur la production industrielle, mais la spéculation financière. Il réfléchit à une taxe sur ces flux. Puis, dans les années 2010, l'idée est fusionnée avec celle du revenu universel. On reste dans l'idée d'un salarié contraint. Avec l'idée qu'en lui offrant de quoi vivre, il n'aura plus besoin de travailler et là, il pourra se consacrer à 100% à ses passions.

Labor
Au bas-moyen-âge, les villes se développent et elles ont besoin de gestionnaires. La noblesse se désintéresse du travail politico-administratif, transformant le tripalium romain en devoir d'oisiveté. Le clergé, omniprésent dans les campagnes, manque de moyens pour quadriller les villes. Qui plus est, depuis les croisades, les rois se méfient des ordres et autres confréries. Cela ouvre un espace à la bourgeoisie : frappe de la monnaie, perception de l'impôt, arbitrages judiciaires, transport inter-cité, gestion des grands projets d'urbanisme ou de génie civil et plus tard, financement d'expédition extra-européenne et d'installation de colonies... La bourgeoisie sait se rendre indispensable dans la société médiévale, puis à la renaissance. Dès le XIIe siècle, en Angleterre, les parlements sont ouverts à des représentants des familles bourgeoises. Certains veulent être anobli, mais d'autres tiennent à rester en dehors de l'aristocratie et à obtenir des charges par le mérite et non par hérédité.
En Grande-Bretagne, le XVIe siècle est celui d'une lutte continue entre la monarchie et une bourgeoisie qui rêve de république. En 1707, le Royaume-Uni devint officiellement une monarchie parlementaire, avec une chambre de communes unifiée. Peu après, les libéraux Adam Smith (fils d'avocat) et David Ricardo (fils de négociant) se font le chantre du travail. Ce travail, qui a permit à leurs familles de s'élever socialement et financièrement. Ils emploient le terme latin "labor".
Le libéralisme se développe aux Etats-Unis, avec le mythe du self-made-man. Cet homme venu de nul part, qui par son abnégation, atteint les sommets. C'est le rêve Américain. On aime y montrer les garages où des entreprises Apple, Mattel ou Harley-Davidson sont nés. On consacre même des biopics, comme The Aviator ou Jobs.

Vacances
Là où
Albert Moukheiber a raison, c'est que les vacances n'ont rien de naturel.

Aux XIXe siècle, l'aristocratie Européenne n'a plus qu'un rôle très symbolique et elle s'ennuie. Alors elle voyage. La médecine, alors balbutiante, conseille aux corps fiévreux de prendre "le grand air". Le train apparait et il va toujours plus loin. A la mer ou à la montagne, au terminus des gares, on ouvre des stations thermales ou des sanatoriums. On se pique également d'intérêt pour l'archéologie ou les arts. La haute bourgeoisie, qui vise à supplanter l'aristocratie, prend également le train. Au tournant du XXe siècle, l'hôtelier César Ritz, le chef Charles Escoffier ou Georges Nagelmackers (avec son Orient Express) tracent les traits d'un tourisme destiné aux ultra-riches, que l'on retrouve dans les romans de Thomas Mann.
A la même époque, l'école devient obligatoire. Or, à la ferme, les enfants aidaient leurs parents pour les moissons. On décida donc de fermer l'école l'été, pour qu'à la campagne, les enfants puissent continuer à participer aux travaux agricoles.
Les congés payés n'ont rien d'une revendication ouvrière. Les ouvriers vivotent et ont peu de loisirs. Que feraient-ils d'une semaine de repos ? Il n'y a pas vraiment de code du travail national. Les grandes entreprises possèdent leur règlement interne. C'est le temps des patrons paternalistes, qui doivent prendre en main leurs salariés. On soupçonne les ouvriers d'avoir une hygiène corporelle et une hygiène de vie déplorable. Des équipes visitent les logements de fonction à l'improviste.
En 1853, Napoléon III donne deux semaines de congés aux fonctionnaires. Plus tard, Léon Blum travaille dans un journal qui paye des congés à ses salariés. C'est sans doute ce qui l'inspire, en 1935, lorsque le Front Populaire impose deux semaines de congés payés. Néanmoins, ce n'est qu'après la guerre que les Français commencent à partir en vacances. De lubie culturo-hygiéniste, les congés deviennent un droit immuable, avec trois, quatre puis cinq semaines annuelles.

Les libéraux se sont longtemps arrachés les cheveux. En août, la France tourne au ralenti. La production baisse de 20% en moyenne. J'ai connu une entreprise où les salariés devaient solder tous leurs congés avant juin. Entre les RTT et les "jours de médaille", les bureaux étaient quasiment vides en mai !
Mais le patronnait a trouvé l'angle mort de la baisse du temps de travail. Désormais, les salariés étalent leurs vacances sur toute l'année. Fini, les quatre semaines en août et la semaine en février, pour le ski. D'ailleurs, certaines entreprises interdisent de prendre plus de deux semaines d'affilée. On s'offre donc un week-end prolongé, avec des visites au pas de course, pour ne rien louper. Et bien sûr, on garde un œil sur ses mails.

Conclusion
Tripalium et labor sont devenus copains. On travaille moins, mais on doit rester joignable en permanence. Votre patron vous tutoies, il vous autorise à partir à 15h le jour où votre plombier doit passer... Mais il est en permanence sur votre dos. Vous avez le droit d'avoir un hobby et c'est même conseillé, car à partir de 40 ans, cela risque de devenir votre seul revenu. etc.

mardi 28 avril 2015

Money, money, money, must be funny... In a rich man's world

Le salaire, c'est le nerf de la guerre. Trop de patrons et de DRH sous-estiment son importance. Au quotidien, on sait bien que le moins cher est rarement le mieux. Un prix trop bas est même suspect. Mais les employeurs ont tendance à préférer le moins-disant.


De nombreux patrons de PME voient les employés comme des coûts et non comme des investissements. On entend rarement dire : "On veut un expert, quitte à mettre le prix." Mais plutôt : "Je suis sûr qu'on peut en trouver un meilleur qui demandera moins."
Lorsque le patron est le fondateur, la situation devient explosive. "J'ai sué sang et haut pour monter sa boite. Lui, il a juste déposé un CV. De quel droit ose-t-il demander une augmentation ?" Ca peut aller jusqu'au : "Qui est-il pour critiquer ma façon de payer les gens ? Il a monté la boite ? Je vais le virer sur-le-champ !"


Globalement, le "si t'es pas content, t'as qu'à aller voir ailleurs si c'est mieux" est la tendance. Consciemment ou inconsciemment, les entreprises privilégient les juniors. Mais à l'instar du gout pour les yesmen, cette politique est un poison sur la durée.
Car en face, les employés sont conscients du marché. Au "la porte est ouverte" répond le "au prix où je suis payé, je ne vais pas me décarcasser." Les plus hardis (donc les forces vives de l'entreprise) n'hésiteront pas à tenter l'aventure de la recherche d'emploi. Quitte à planter leur employeur du jour au lendemain. Les seuls qui restent, ce sont les ectoplasmes qui veulent pantoufler. A moyen terme, c'est donc une stratégie nuisible.

lundi 27 avril 2015

Conceptions du travail

Deux conceptions du travail s'affrontent. Chacune se veut dogmatique et porterait l'ultime clef pour résorber le chômage.

La vision plutôt à gauche, c'est que le travail est une contrainte. C'est un mal nécessaire de nos sociétés modernes : on travaille pour faire bouillir la marmite. Une contrainte subie, que l'on effectue sans joie. Du coup, la productivité est en berne : on en fait le minimum en attendant la cloche.
La solution, c'est de travailler moins. Plus de temps libre, donc plus d'épanouissement. Ainsi, d'une part, les salariés sont davantage motivés. Donc, ils travaillent mieux. En plus, si vous baissez la charge de travail de 1/5e, à charge égale, l'employeur sera obligé d'embaucher une 5e personne. Donc moins de chômage !
C'était l'idée des 35h. L'inconvénient, c'est que d'une part, l'impression de travailler moins s'estompe vite. Donc la productivité redescend. De plus, dans des nombreuses PME, voir des entreprises de plusieurs centaines de salariés, plus vous vous éloignez du cœur de métier, moins les services sont pourvus. Par exemple, dans l'industrie, les services production/fabrication sont bien pourvus. A contrario, il n'y a qu'une poignée de commerciaux et un seul comptable.  Dans ses services, il n'y aurait pas d'embauches liées à la réduction du temps de travail. Les employés devront y effectuer le même travail, mais en moins de temps. Si ce sont des cadres, on leur dira de se démerder et de faire des heures supplémentaires non-déclarées. Et paradoxalement, une mesure censée faire le bonheur des salariés devient une cause de burn-out.

L'autre vision, c'est la carotte. Les salariés veulent de l'argent, point. C'est ça qui les motive. Donc, ils sont prêt à travailler plus si on les paye davantage. Avec des heures supplémentaires (voir un travail le week-end), la productivité augmente. Donc on crée de la croissance et des emplois.
L'inconvénient, c'est que cela dépend de la macroéconomie. Si vous êtes dans un pays pauvre, que le magasin soit ouvert le dimanche ou pas ne change rien. Vous ne ferez pas davantage de courses. L'autre inconvénient, volontiers soulevé, c'est que les heures supplémentaires sont un moyen de pression. "Tu ne veux pas faire d'heures sup' ? Alors pars ! Je trouverai facilement quelqu'un prêt à travailler davantage."

Pour autant, j'ai rencontré davantage de personne qui préfèrent travailler plus (et être mieux payées) que d'avoir davantage de temps libre.

jeudi 18 septembre 2014

Incitation à la triche, incitation à la paresse

Pole Emploi est assez binaire. Soit vous êtes au chômage, soit vous ne l'êtes pas. Et surtout, ce statut ne peut pas bouger au cours du mois. Or, dans le monde réel, il n'est pas rare de trouver un contrat (intérim, petit boulot...) pour quelques jours, voir quelques semaines. Sans oublier les CDD ou CDI qui commencent en fin de mois... Depuis peu, les rémunérations comme auto-entrepreneur sont également comptées comme "salaire".

Si vous êtes honnête, le mois suivant, vous allez dire que vous avez travaillé. Le paiement de vos indemnités est bloqué. Vous devez montrer des justificatifs de salaires (ou des factures d'auto-entrepreneur) et on vous en déduira le montant de vos indemnités. Bien sûr, tout cela prend du temps, avec une forte probabilité que suite à une erreur, vous soyez radié ou que vos indemnités soient réduites à 0. Or, c'est bien connu, le chômeur roule sur l'or ! Il peut se permettre d'attendre des semaines, voir des mois, qu'il soit payé ! Essayez de dire à votre propriétaire : "Désolé, je n'ai pas encore reçu le chômage. Je te paye le mois prochain, ok ?"
La seule solution, c'est de tricher. Dans le temps, c'était simple : si vous travailliez hors de votre département de résidence, vous quittiez les écrans de radar. Aujourd'hui, je vous conseille de régulariser a posteriori. Vous jurez que "non, je n'ai pas travaillé", vous touchez vos indemnités et une fois pincé, vous remboursez le trop-perçu. Evidemment, cela implique de vous rendre à Pole Emploi, de faire au moins un courrier, puis d'y retourner parce qu'on vous a radié "par erreur".
Dans un monde idéal, les déclarations mensuelles ressembleraient à des feuilles d'intérim. Sous chaque jour, vous précisez si vous avez travaillé, si vous étiez en congé, etc. Le système actuel est plutôt une incitation à la paresse. Le chômeur veut reprendre un travail. Trouver un CDI ou un long CDD est une gageure. Parfois, le simple fait de travailler quelques jours permet de reprendre confiance et de remettre le pied à l'étrier. Surtout pour un chômeur de longue durée. Mais au lieu d'encourager cela, Pole Emploi sort le bâton. Ne reprenez pas le travail, sinon, on vous coupe les vivres ! A quoi bon travaillez un jour pour devoir ensuite s'en justifier trois jours ? Autant inciter les gens à rester chez eux...

mardi 2 septembre 2014

Radiez-moi tout ça !

Début septembre, Pole Emploi est en ébullition. Les gouvernements, quel qu'ils soient, aiment bien se faire mousser avec les chiffres du chômage en septembre. Il faut donc faire baisser le chiffre, coute que coute. Les conseillers ont des démangeaisons sur le bouton "supprimer".

Pourquoi septembre ? Car c'est un moment propice. Il y a les chômeurs qui ont eu un petit boulot ou un stage et qui ont "oublié" de le déclarer. D'autres sont partis en vacances (en théorie, c'est autorisé à condition de prévenir au préalable.) Certains chômeurs n'ont pas rempli leur déclaration mensuelle d'activité. Et enfin, il y a ceux qui ne se sont pas présentés à un entretien à Pole Emploi. Tout ce petit monde est ra-dié ! Comme ça, l'agence locale peut indiquer que le nombre de chômeur de son périmètre baisse. On lui offrira une médaille en chocolat! Quant au ministre, il pourra se vanter de son bilan.
A la limite, tout ces chômeurs-là sont en tort et c'est normal qu'ils soient sanctionnés. Sauf que très souvent, la machine bug ; des gens honnêtes sont radiés. Notamment ceux qui ont travaillé et l'ont bien déclaré. Ou ceux qui se sont rendus à des entretiens, mais où leur conseiller était absent. Ceux qui ont mal rempli leur déclaration (ou trop tard.) La règle N°1, c'est de garder TOUS les papiers que Pole Emploi vous envoi ou vous imprime (et il y en a beaucoup.) Et si on vous menace de sanction, allez SUR-LE-CHAMP à Pole-emploi.
Malgré tout, l'agence avouera difficilement ses torts. Le problème, c'est qu'il n'y a pas de bouton "annuler". Quand vous êtes radié, vous avez dépassé le point de non-retour. Le processus est long. Il y a un embouteillage dans les agences. Cyniquement, Pole emploi admet que beaucoup de radiés ne feront pas appel de leur décision et ils disparaitront de la fameuse "catégorie A". Et les autres ? Au mieux, ils recevront leurs allocations avec quelques semaines de retard. Au pire, ce sera le mois suivant, voir le mois d'après. Mais de toute façons, un chômeur peut faire reporter le paiement de son loyer ou de ses crédits, non ?

lundi 16 juin 2014

La galère du premier mois

Trouver un emploi, c'est une galère. Ca tout le monde le sait. Un jour, tôt ou tard, vous trouvez un boulot. A vous la resocialisation et la machine à café !

Sauf que reprendre le travail, c'est un problème pour un chômeur. Terminées, les grasses matinées ou les journées passées, affalé sur le canapé, devant Plus belle la vie ! Il faut se réhabituer à se lever tôt, au stress quotidien, aux objectifs. Bref, se remettre au boulot. S'y ajoute la pression de la période d'essai. Enfin, en cas de licenciement dans le précédent poste, une certaine paranoïa ("mon N+1 et mon N+2 ont prononcé le mot "nul". Ils parlent de moi ! Ca y est, je suis grillé !")
L'autre problème du néo-ex-chômeur est économique. Un chômeur arrive plus ou moins à boucler ses fins de mois. D'un seul coup, son budget explose : transport, nourriture, vêtements (NDLA : c'est là que vous réalisez que vos chemises sont élimées.) Eventuellement, pour les postes avec déplacements, vous cumulez les notes de frais. Sans oublier ceux qui doivent se relocaliser (avec des frais de déménagement, de caution à payer, etc.) Le souci, c'est que durant le premier mois, point de salaire. Il faut vous contenter du solde d'allocations-chômage (si tant est qu'elles soient versées.) Avec un peu de "chance", l'emploi débute en fin de mois. L'employeur de dire : "On ne va pas te faire une feuille de salaire juste pour 3 jours, non ? On te paiera tout le mois prochain." Idem pour les notes de frais. Et certaines entreprises refusent d'entendre parler d'avance sur salaire. Pour le banquier, il reste classé comme chômeur et il est impossible de négocier le découvert autorisé. Parfois, il a tellement d'agios que lorsqu'enfin, le virement tombe, vous restez à découvert.
Ainsi, financièrement, mieux vaut être chômeur que de reprendre le travail. Et cela, sans même évoquer la fin des prestations (type CAF ou CMU) ou la questions de l'imposition...

lundi 31 mars 2014

Respect à double-sens

Aujourd'hui, les CDI se raréfient. On préfère faire signer d'interminables "contrats de chantier", contrats d'intérim, voir carrément, des conventions de stages. Le premier intérêt, c'est que ces catégories n'apparaissent pas dans les charges de personnels. Du pain-béni pour une PME forcée de dépasser le seuil fatidique des 50 employés. On peut les licencier quasiment du jour au lendemain. Enfin, en mettant la pression sur un tiers (le cabinet de consultant et l'agence d'intérim), on peut revoir les salaires à la baisse.

Mettre la pression, c'est le leitmotiv du patron. Il faut instituer un rapport de force favorable. Autant il n'ose pas réprimander ses salariés en CDI, autant ses précaires doivent se sentir en permanence sur une corde raide. L'idée est qu'ils doivent donner leur maximum, en vue d'un hypothétique CDI. Et pendant des mois. Lorsqu'ils seront en bout de course, on les remplace par des salariés neufs. Dans un pays où il y a plus de 3 millions de chômeurs, le réservoir de chair fraiche semble inépuisable.
Les free-lance connaissent bien cette pression. C'est le "faites nous un beau dessin, on vous payera pas, mais ça vous fera une belle référence" des dessinateurs. Ou le "créez-nous un site web, s'il nous convient, on le payera" des informaticiens. Le donneur d'ordre se prend pour un roi de la négociation !

Effectivement, les juniors se donnent à fond. Ils croient durs comme fer à ce CDI. Et avec un salaire à la hausse (car on leur demande de "faire un effort", le temps du contrat ou de la période d'essai.) Dans les grandes entreprises, le fait de pouvoir mettre un nom prestigieux sur son CV est une belle motivation.
Et dans les autres cas ? Le salarié se démotive rapidement. Les cadres ont fait de longues études où on leur a répété qu'ils sont la crème de la crème. Travailler avec un contrat précaire, pour un salaire de misère, c'est une insulte ! Ils comprennent vite qu'à la fin du contrat précaire, il n'y a qu'un autre contrat précaire (dans la limite légale des possibilités de renouvellement.) Quant aux augmentations... Un employeur m'a demandé de "faire un effort" durant ma période d'essai. Puis de "maintenir cet effort", le temps de définir des objectifs à atteindre. Une fois les objectifs définis, on m'a dit d'attendre qu'ils soient atteints. Et une fois les objectifs atteints, j'ai réclamé mon du... Et j'ai été licencié.
Dans ces conditions, le salarié précaire reste en "recherche active" d'emploi. Les plus hardis partent du jour au lendemain, dés qu'ils trouvent mieux. J'ai vu des salariés quitter un travail après un ou deux jours, voir carrément de planter un ex-futur employeur. Les plus mollassons ou les moins chanceux restent en poste, mais à reculons. Absentéisme, squattage de machine à café (pour les plus vieux), twittage compulsif (pour les plus jeunes)... C'est le règne de l'aquoibonisme et l'acte de présence.

Un bon salaire et un bon statut ne garantissent pas une productivité optimum. En revanche, si vous considérez vos salariés comme une main d’œuvre jetable,  vous êtes sur d'avoir une productivité minimale en retour.

lundi 3 février 2014

Tout travail mérite salaire...

Parfois, au milieu de votre désert professionnel, vous tombez sur des oasis. Ils se nomment CDD ou intérim. En général, ce ne sont pas des missions très excitantes, mais c'est ça ou attendre un très hypothétique CDI.

Avantage : ça vous remet le pied à l'étrier. Pendant quelques semaines, voir quelques mois, vous quittez votre statut de chômeur. Psychologiquement et financièrement, c'est important. Avec un peu de chance, la mission durera suffisamment longtemps pour vous ouvrir de nouveaux droits de chômage...

Inconvénient : c'est du précaire. De plus, à force, vous risquez de devenir "intérimaire à temps plein". Les recruteurs se méfient des candidats qui ont enchainé les missions. Ils sont catalogués "instables".

Parce que dans la tête d'un DRH, quelqu'un qui ne fait que des missions à court-terme, c'est que a) c'est une tête brûlée qui refuse les CDI ou b) un employé tellement nul que ses chefs n'en veulent pas à temps plein. Certes, il y a effectivement des gens qui veulent "rester libre" et d'autres tellement maladroits ou niais qu'on est bien content de les voir partir. Néanmoins, il y a surtout des entreprises qui emploient des intérimaires à la chaine. L'intérêt étant de disposer d'une main d’œuvre dont on peut facilement se séparer (et qui n'entre pas comptablement dans les charges de personnel.) Les ateliers de production sont traditionnellement de gros consommateurs d'intérimaires. Mais on en trouve aussi à des postes d'encadrement.
Pour motiver un intérimaire sur une mission longue, l'entreprise pense posséder une carotte : la promesse d'un CDI. On fait croire à l'infortuné qu'il est dans un genre de période d'essai. Donc, il doit faire des efforts pour prouver qu'il mérite le poste ! Le salaire ? On l'abaisse par rapport à ses prétentions, mais promis, on le remontera à la signature du CDI. Les horaires ? Ca serait bien s'il faisait des heures supplémentaires (sans les noter), ça améliorerait ses chances de CDI... Et puis pour le job, ça serait bien s'il faisait un peu plus que ce qu'on lui demande, car ça améliorera ses chances de CDI... Et à la fin, si on a encore besoin de lui, on lui prolonge son intérim. Une fois, j'ai ainsi effectué 20 intérims successifs dans une entreprise ! Au bout du 20ème, on m'a dit que non, il n'y avait pas de CDI... Mais 2 jours avant mon départ, mon chef m'a demandé de traiter un dossier urgent (avec des heures supplémentaires) en me jurant qu’éventuellement, derrière, on pourrait me prolonger mon intérim... Quelques années plus tard, une autre boite m'a demandé des sacrifices en me faisant miroiter un CDI (alors que mon prédécesseur, était un intérimaire dont le contrat a couru sur un an.) Moi, je lui ai fait miroiter mon majeur...