lundi 29 décembre 2014

Pok-pok-pok-poker face

On est en pleine saison des repas de noël et autres "fêtes de fin d'année". Ca devrait être un moment de fête et d'amitié. En pratique, c'est rarement un moment agréable. En fait, on est à la frontière entre vie privée et vie professionnelle. C'est censé être un repas différent des midis habituels à la cantine. La plupart des entreprises payent le resto, voir louent une salle. Parfois, il y a lieu le week-end ou en soirée ; donc hors des heures de bureau. Sans oublier les "arbres de noël" avec conjoints et enfants.

Mais malgré tout, vous êtes avec votre chef et vos collègues. Le responsable n'hésitera pas à se comporter en chef de famille. Pas question de boire comme un trou ou de commander du foie gras : ça sera noté sur votre bilan annuel ! Et bien sûr, le cas échéant, vous devez surveiller vos enfants... Souvent, la discussion tournera autour du travail. Surtout s'il y a plusieurs cadres dirigeants à table.
Le pire, c'est la fin de repas. S'il a lieu pendant les heures de bureau, pas de problème : le chef sonnera la cloche et chacun est prié de retourner à son poste. Sinon, vous êtes bons pour de longs silences ; personne n'a envie d'être le premier à partir. Parfois, l'alcool aidant, les vieilles rancœurs entre collègues font surface. J'ai vécu un repas qui s'est terminé par deux collègues qui en venaient au main. La société n'a plus fait de repas de noël ensuite.

lundi 27 octobre 2014

Blues de l'automne

Le temps s'écoule lentement pour le chômeur. Rien ne ressemble plus à un jour de semaine qu'à un autre jour de semaine. L'agenda est rythmé par les rendez-vous à Pole Emploi, les petites annonces et pour les plus chanceux, les entretiens.
Un jour, le chômeur lève le nez. Ca y est, on est en octobre. La rentrée est terminée (et l'euphorie qui va avec.) L'été est terminé. C'est déjà l'heure d'hiver. Les projets d'avenir restent dans les cartons. Et toujours pas de travail. 2 mois de chômage en plus. 2 mois de moins d'indemnisation.

C'est démoralisant pour les menteurs. Il faut toujours raconter qu'on est en recherche d'emploi "depuis peu". D'ailleurs, c'est votre "premier vrai entretien" depuis la perte d'emploi. Un chômeur de longue durée, c'est suspect. Les recruteurs se disent (parfois à juste titre) qu'il n'a plus l'habitude de se lever le matin et d'enchainer 8h de travail quotidien. Plus prosaïquement, ils se disent que s'il a échoué lors des précédents entretiens, c'est qu'il doit avoir une tare que lui n'a pas détecté. Donc méfiance. Donc le chômeur doit raconter qu'il cherche du travail depuis n-2 mois maxi. Et la date glisse au fil des mois. Lorsque vous sortez d'un CDD, vous en arrivez à quasiment en doubler la durée !

mardi 21 octobre 2014

Question idiote, réponse idiote...

Les recruteurs adorent poser des questions bateau. Non pas celles ayant trait à votre CV, mais les banalités. Parfois, l'entretien est plié au bout de 40 minutes, mais le recruteur tient à aller au bout d'une heure, quitte à meubler. D'autres fois, ils cherchent à se rassurer. Pour leur défense, il n'y a pas vraiment de formation en recrutement. Si vous n'êtes pas RH ou chasseur de têtes, vous ne savez pas forcément comment vous y prendre. Vous avez peur de miser sur le mauvais cheval.

Règle N°1 : oui, il y a des bonnes réponses.
Règle N°2 : répondez vite. Toute hésitation, toute réflexion sera prise pour un (mauvais) mensonge.
Règle N°3 : on ne vous demande pas d'être franc ou honnête ; vous devez avant tout dire ce que le recruteur veut entendre. Bienvenue dans le monde du travail !
Règle N°4 : ce sont des questions qu'on va vous poser 1000 fois... Mais il faut faire comme si c'était la première fois. Toute marque d'ennui (du style : encoooore ?) ou les blagounettes sont à proscrire.

Quelques questions-types :
  • Quelles sont vos 3 qualités ? Evitez de dire "le dynamisme" (vu 1000 fois) ou "le charisme" (on s'en serait rendu compte.) A défaut, dites "le sérieux" ou "le calme" (dans le sens "pas de décision à l'emporte-pièce".)
  • Quels sont vos 3 défauts ? Là, il n'y a aucune bonne réponse ! Tout ce que vous pourrez dire sera retenu contre vous ! Charge à vous de trouver la moins pire des solutions.
  • Quelle est votre meilleure expérience/votre pire expérience ? Soyez enthousiaste sur la "bonne" expérience. Sur la mauvaise, atténuez au maximum les choses. Et ne dites surtout pas de mal de votre ancien chef ! 
  • Quels sont vos hobbys ? Bien sûr, il faut éviter de rappeler qu'ils sont inscrits, noir sur blanc, à la fin de votre CV. Evitez aussi d'évoquer des sports extrêmes (on pensera que vous êtes une tête brûlée) ou des hobbys solitaires (qui donnent une image d'asocial.) 
  • Pourquoi est-ce que je VOUS prendrais ? Là, il faut tout donner ! Soyez combatif ! Variante : qu'est-ce qui vous plait, dans ce job ?
  • Vous avez une question ? C'est LE meublage. Au cours de l'entretien, notez bien un point que vous voudriez éclaircir. Au pire, posez une question sur l'entreprise. Tout cela soulignera votre intérêt. Bien sûr, il faut éviter de piéger le recruteur (cf. "vous m'avez dit que l'ambiance est bonne. Mais vous m'avez aussi dit que mon prédécesseur a fait un burn-out. Ce n'est pas contradictoire ?)
  • Vous vous voyez où, dans 5 ans ?  Une autre question-piège. Si vous postulez dans une PME où vous n'avez aucune possibilité d'évolution, c'est une voie sans issue ! Sinon, dites que vous voulez plus de responsabilités, plus d'autonomie, etc. Mesdames, évitez d'évoquer vos projets de bébés (c'est éliminatoire...)

En conclusion, la meilleure parade, c'est de préparer les questions cons. Et plus généralement de se préparer à toute question indiscrète/piégeuse/embarrassante.

lundi 13 octobre 2014

Soyez différent... Mais pas trop


Lorsqu'un journal évoque le recrutement, c'est souvent sous un jour idyllique. Ainsi, cet article parle des anti-conformistes.

Anti-conformiste, ça n'est pas uniquement les gens qui ont un piercing ou qui refusent les costume-cravates. On parle de personnes vraiment différentes, avec un parcours original. Bien sûr, une entreprise a en permanence besoin de sang neuf. Il faut des gens qui sortent des sentiers battus pour apporter de nouvelles idées, de nouvelles solutions... Mais en pratique, personne ne veut les embaucher.
Tout d'abord, lorsque quelqu'un embauche un employé, il a tendance à vouloir un clone de lui-même. Il veut de la sécurité. Après tout, il se connait bien. Donc, il se dit que quelqu'un qui a plus ou moins le même parcours agira plus ou moins comme lui. La conséquence bien connue, c'est les bataillons de telle promotion de telle Grande Ecole, qui se retrouvent à travailler ensemble, qui dans les ministères, qui dans les conseils d'administration. Avec des risques de consanguinité et de manque de recul.
Surtout, ils ont souvent peur de ne pas pouvoir maitriser leur employé. Un déviant sera imprévisible, d'après la grille de lecture de son chef. Le chef fera un complexe vis-à-vis de quelqu'un de créatif ou d'intelligent. Un petit génie risque carrément d'être "dangereux" pour la carrière de son supérieur. Dans la Silicon Valley, on les adore. L'idée est d'en extraire le maximum d'idées (puis de les jeter une fois passé la date de péremption.) En France, on se méfie. Les artistes sont vus comme fainéant et les intellos, comme ne passant jamais à l'action. Dans le monde industriel, les gens ont tendance à brider leur créativité et à chercher plutôt des "bonnes réponses".

Enfin, les cabinets de recrutement ne veulent prendre aucun risque. Présenter un original à son client, c'est risquer de déplaire à son client. Donc de perdre un marché.

Concrètement, si vous avez un "parcours atypique", les portes se ferment. Mieux vaut maquiller son CV. Quant à la passion ou au loisir un peu "pointu", mettez le en page 2, l'endroit que personne ne regarde...

mardi 23 septembre 2014

L'effet Tetris

La vie, surtout au travail, c'est comme le Tetris. Les succès disparaissent et les erreurs s'accumulent.

Lorsque vous êtes un "junior", tôt ou tard, vous avez un dossier "chaud". Le genre de trucs fastidieux dont personne n'a voulu s'occuper. Sauf qu'avec le temps, c'est devenu urgent. Alors, en tant que bleu, on vous refile la patate chaude. Vous, vous êtes motivé. C'est un beau challenge. Vous vous attelez à la tâche, pensant que votre période d'essai en dépend. Vous vous imaginez que comme dans les films américains, ça se finira par une présentation en public et que le big boss va vous applaudir...
Sauf qu'une fois le problème solutionné, il ne se passe rien. C'est l'effet Tetris : vous avez glissé une pièce et la ligne complète disparait. Votre N+1 va trouver que c'était une action normale, d'un employé normal. D'ailleurs, si vous étiez son chouchou, il vous mettrait sur des tâches simples (pour que vous enchainiez les succès.) Si c'était une question d'urgence, la personne en amont va considérer que désormais, vous êtes capable de tenir ce rythme de travail. Donc, vous allez voir débarquer d'autres "urgences apocalyptiques". Et bien sûr, si votre succès apporte une quelconque gloriole, votre N+1 va subrepticement remplacer son nom par le votre et se faire mousser avec auprès de la direction.

Et puis, il y a les coups fumants. Avec le temps, vous saurez détecter les situations pourries. Dans la précipitation, vous avez fait ou dit quelque chose qui n'allait pas. Ou bien, dans l'urgence, vous avez outrepassé votre niveau de responsabilité. Et au final, ça vous retombe dessus. Rien de très grave (sans quoi, ça serait le licenciement pour faute), mais "on" s'en souviendra. C'est l'autre effet Tetris : l'empilement d'erreurs. Si votre N+1 est remplacé, vous avez droit à une nouvelle partie. Mais si vous étiez en période d'essai ou en CDD, ça risque fort d'être irrémédiable.
Vos collègues, ils sont déjà en place depuis des années. A la limite, le N+1 s'est habitué à leur incompétence et aux tâches qu'ils ne savent pas accomplir. Mais vous, en tant que nouveau, rien ne vous est permis. Ne serait-ce que parce que le patron veut montrer aux autres qu'il peut être ferme.

jeudi 18 septembre 2014

Incitation à la triche, incitation à la paresse

Pole Emploi est assez binaire. Soit vous êtes au chômage, soit vous ne l'êtes pas. Et surtout, ce statut ne peut pas bouger au cours du mois. Or, dans le monde réel, il n'est pas rare de trouver un contrat (intérim, petit boulot...) pour quelques jours, voir quelques semaines. Sans oublier les CDD ou CDI qui commencent en fin de mois... Depuis peu, les rémunérations comme auto-entrepreneur sont également comptées comme "salaire".

Si vous êtes honnête, le mois suivant, vous allez dire que vous avez travaillé. Le paiement de vos indemnités est bloqué. Vous devez montrer des justificatifs de salaires (ou des factures d'auto-entrepreneur) et on vous en déduira le montant de vos indemnités. Bien sûr, tout cela prend du temps, avec une forte probabilité que suite à une erreur, vous soyez radié ou que vos indemnités soient réduites à 0. Or, c'est bien connu, le chômeur roule sur l'or ! Il peut se permettre d'attendre des semaines, voir des mois, qu'il soit payé ! Essayez de dire à votre propriétaire : "Désolé, je n'ai pas encore reçu le chômage. Je te paye le mois prochain, ok ?"
La seule solution, c'est de tricher. Dans le temps, c'était simple : si vous travailliez hors de votre département de résidence, vous quittiez les écrans de radar. Aujourd'hui, je vous conseille de régulariser a posteriori. Vous jurez que "non, je n'ai pas travaillé", vous touchez vos indemnités et une fois pincé, vous remboursez le trop-perçu. Evidemment, cela implique de vous rendre à Pole Emploi, de faire au moins un courrier, puis d'y retourner parce qu'on vous a radié "par erreur".
Dans un monde idéal, les déclarations mensuelles ressembleraient à des feuilles d'intérim. Sous chaque jour, vous précisez si vous avez travaillé, si vous étiez en congé, etc. Le système actuel est plutôt une incitation à la paresse. Le chômeur veut reprendre un travail. Trouver un CDI ou un long CDD est une gageure. Parfois, le simple fait de travailler quelques jours permet de reprendre confiance et de remettre le pied à l'étrier. Surtout pour un chômeur de longue durée. Mais au lieu d'encourager cela, Pole Emploi sort le bâton. Ne reprenez pas le travail, sinon, on vous coupe les vivres ! A quoi bon travaillez un jour pour devoir ensuite s'en justifier trois jours ? Autant inciter les gens à rester chez eux...

mercredi 17 septembre 2014

Fil à la patte

Le salariat moderne remonte à la révolution industrielle. Il y a longtemps eu le temps du pointage. Le matin, l'ouvrier prend sa fiche et la glisse sous la pointeuse. Tchac ! Début de la journée. Le soir, il remet sa fiche sous la pointeuse. Tchac ! Fin de la journée. Dans certaines usines, il y avait une sirène pour signaler que la journée est terminée.
Aujourd'hui, certaines PME ont encore des horaires uniques, souvent calqué sur le rythme ouvrier. Mais la tendance pour les cadres est de finir toujours plus tard. Aux Etats-Unis, un cadre qui reste très tard est perçu comme proche du burn-out. La DRH va le prendre en charge (NDLA : ne serait-ce que parce qu'en cas de suicide au travail, l'entreprise ferait face à de lourdes conséquences juridiques.) En France, c'est au contraire perçu comme de l'assiduité. C'est l'angle-mort des 35h, on impose davantage d'assiduité aux cadres en leur disant : "Oui, mais tu as des RTT." Qui plus est, avec le développement des technologies nomades, le salarié devient disponible 24h/24. Il peut répondre à ses mails ou travailler sur son logiciel de gestion 365 jours par an.

Le problème, c'est que les grandes entreprises veulent le beurre et l'argent du beurre. Elles veulent des salariés tout le temps disponible, mais qui restent à leur bureau même en cas de creux de travail prolongé. Ils généralisent l'accès à internet et distribuent des téléphones portables, mais ils en exigent un usage strictement professionnel. Les ordinateurs sont portables, mais ils se plaignent des vols et de la casse. Et plus généralement, ils veulent que la frontière entre vie professionnelle et vie privée disparaisse, mais que ce soit le professionnel qui s’immisce dans le privé (et non l'inverse.)

Les plus vieux sont déboussolés. Les voilà sur des "bureaux de passage". Ils discutent avec leurs collègues par chat ; que le collègue soit à 2 mètres ou au bout du monde. Quant à leur N+1, ils ne le voient plus que de temps en temps, lors de visio-conférences. Ils ne sont plus des seigneurs en costume-cravate, mais des télémarketeurs, en permanence derrière leur ordinateur, le casque sur les oreilles. On les a dépossédés de leurs privilèges ; de leurs repères. Surtout, ils se rendent compte que leur embarras est identique à celui des baby-boomers face à l'informatique et à la pratique de l'anglais. Certains essayent tant bien que mal de s'adapter et d'autres, comme les baby-boomers, clament que le progrès n'en est pas un. Quitte à se marginaliser.
Les plus jeunes, eux, ont grandi avec un ordinateur et un portable. Pour eux, il n'y a jamais eu de frontière entre vie publique et vie privée. Jouer à Candy Crush en pleine réunion leur semble normal. Les plus malins ont compris que le nomadisme permet de multiplier les "triangles des Bermudes". Il suffit de se programmer des réunions bidons, de pondre un tableau Excel de temps en temps et surtout, de dire haut et fort que l'on est dé-bor-dé.

mardi 16 septembre 2014

La phobie de la réunion

"Chat échaudé craint l'eau tiède." On devrait dire : " Ancien chômeur craint les réunions. " Plus précisément, les réunions impromptues, seul face à son N+1, voir son N+2. Les réunions du vendredi soir, sur lesquels le responsable ne diffuse pas d'ordre du jour préalable.

Un licenciement, ça laisse des traces. Quand quelqu'un perd son emploi, la seule priorité, c'est qu'il en retrouve un autre. On ne cherche pas à "reconstruire" le chômeur. Tout le monde pense qu'une fois en poste, tout sera oublié; une nouvelle vie commence. Or, il va rester marqué par son licenciement.
La personne a travaillé des mois, voir des années pour l'entreprise X. Il se pensait bon employé ou à défaut, pas pire que les autres. Puis un soir, on l'a convoqué. La personne s'attendait à un banal point. Son responsable lui a demandé de fermer la porte derrière lui. Les mots tombent généralement brutalement, tel un couperet. Le N+1 dit que ça ne peut plus durer ; le salarié est licencié. La décision est sans appel. La lettre recommandée suivra.
Le N+1 jubile. Cela faisait des semaines, voir des mois qu'il fomentait ce licenciement. C'est un poids en moins. Il s'est bien caché, car il voulait éviter tout risque de terre brûlée. Il a déjà préparé "l'après".
L'employé, lui, voit son monde s'écrouler. Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Que va-t-il devenir ?

Des semaines, des mois plus tard, il rebondit enfin. Un nouvel emploi, chez Y. Reste les séquelles. La confiance est rompue. L'ex-chômeur sait qu'on peut décider de le licencier d'un seul coup. Ça s'est produit une fois et ça peut recommencer. Il guète le moindre geste, la moindre conversation. L'annonce d'une réunion seul à seul est une vraie torture.
Pourtant, en tant que cadre, il doit régulièrement rendre des comptes à son supérieur. Et ses collègues n'ont pas toujours besoin d'être là.

jeudi 11 septembre 2014

Rentrée

Pour un chômeur, les mois se suivent et se ressemblent quasiment. Mais après un mois d'aout pauvre en opportunités, septembre redonne de l'espoir. Ca y est, les sites d'emplois se remettent à jour ! Parfois, une agence d'intérim ou un cabinet de recrutement vous appelle. Juste pour nettoyer sa base de donnés. Les plus optimistes ont des projets : s'inscrire à une formation, se mettre à son compte, chercher un petit boulot. Après tout, ils sortent d'un mois à gamberger. Le chômeur qui vit en couple ou chez ses parents, est "encouragé" à bouger. Autrement dit, ses conjoints/parents en ont marre de le voir tourner en rond, matin et soir.

Cet état de grâce de la rentrée dure entre 15 jours et un mois. Car après, l'euphorie retombe. Les employés ont repris un rythme normal et le chômeur, lui, est conscient d'être resté à quai.

mardi 2 septembre 2014

Radiez-moi tout ça !

Début septembre, Pole Emploi est en ébullition. Les gouvernements, quel qu'ils soient, aiment bien se faire mousser avec les chiffres du chômage en septembre. Il faut donc faire baisser le chiffre, coute que coute. Les conseillers ont des démangeaisons sur le bouton "supprimer".

Pourquoi septembre ? Car c'est un moment propice. Il y a les chômeurs qui ont eu un petit boulot ou un stage et qui ont "oublié" de le déclarer. D'autres sont partis en vacances (en théorie, c'est autorisé à condition de prévenir au préalable.) Certains chômeurs n'ont pas rempli leur déclaration mensuelle d'activité. Et enfin, il y a ceux qui ne se sont pas présentés à un entretien à Pole Emploi. Tout ce petit monde est ra-dié ! Comme ça, l'agence locale peut indiquer que le nombre de chômeur de son périmètre baisse. On lui offrira une médaille en chocolat! Quant au ministre, il pourra se vanter de son bilan.
A la limite, tout ces chômeurs-là sont en tort et c'est normal qu'ils soient sanctionnés. Sauf que très souvent, la machine bug ; des gens honnêtes sont radiés. Notamment ceux qui ont travaillé et l'ont bien déclaré. Ou ceux qui se sont rendus à des entretiens, mais où leur conseiller était absent. Ceux qui ont mal rempli leur déclaration (ou trop tard.) La règle N°1, c'est de garder TOUS les papiers que Pole Emploi vous envoi ou vous imprime (et il y en a beaucoup.) Et si on vous menace de sanction, allez SUR-LE-CHAMP à Pole-emploi.
Malgré tout, l'agence avouera difficilement ses torts. Le problème, c'est qu'il n'y a pas de bouton "annuler". Quand vous êtes radié, vous avez dépassé le point de non-retour. Le processus est long. Il y a un embouteillage dans les agences. Cyniquement, Pole emploi admet que beaucoup de radiés ne feront pas appel de leur décision et ils disparaitront de la fameuse "catégorie A". Et les autres ? Au mieux, ils recevront leurs allocations avec quelques semaines de retard. Au pire, ce sera le mois suivant, voir le mois d'après. Mais de toute façons, un chômeur peut faire reporter le paiement de son loyer ou de ses crédits, non ?

vendredi 29 août 2014

Vacances forcées

Au mois d'août, il n'y a pas grand chose à faire. Certaines PME ferment. Parfois, ce n'est pas toute l'entreprise, mais juste un service, qui ferme. Pour les responsables, c'est logique : il n'y a aucun intérêt à rester ouvert. Il n'y a pas d'activité et une entreprise ne paye pas ses employés à bailler aux corneilles !

Mais pour l'employé, la logique est différente. Si vous n'avez pas d'enfants en age d'être scolarisé, pourquoi vous embêter à partir en août ? C'est plus cher, il y a plus de monde et souvent, moins de choix. Quant aux personnes ayant récemment repris une activité, elles n'ont tout simplement pas le budget pour.
Le problème, c'est que la loi est du côté des responsables. Si l'entreprise ferme, vous devez prendre des vacances. Si votre chef décide de fermer le service, vous devez prendre des vacances. Et si vous avez pris tous vos congés (ou que vous n'en avez pas assez) ?
Là, en théorie, l'employeur doit vous offrir des congés payés supplémentaires. En pratique, il peut vous forcer à prendre des congés sans soldes. Il vous force à partir en vacances et en plus, il ne vous paye pas ! En général, c'est ce genre d'employeurs qui sont victimes de démissions impromptues...

lundi 18 août 2014

Août...

Quand on vient de reprendre le travail, le mois d'août est à la fois la pire et la meilleure chose. La meilleure, parce que vous n'avez rien à faire. La pire, parce que vous n'avez rien à faire.

Pas de réunion de service. Vous devez envoyer un mail ? Vous recevrez très probablement un message qui dire : "Monsieur Untel est en congé jusqu'à..." Et lorsqu'enfin, il revient, la personne à qui vous deviez une information est elle-même partie en congé ! Dans les grandes entreprises, il y a de nombreux "triangles des Bermudes" où vous pouvez glander en attendant le soir (machine à café, salles de réunion...) A contrario, dans les PME, vous êtes davantage fliqué. Donc forcé de faire semblant de travailler. La notion d'acte de présence prend tout son sens...

Dites vous qu'au moins, par rapport au chômage, vous êtes payé pour être là.

lundi 11 août 2014

L'autre job d'été...

Quand on pense jobs d'été, on pense aux petits boulots.
Mais il y a parfois de "vrais" jobs, souvent dans l'intérim. Août, c'est un mois où la France tourne au ralenti. Beaucoup d'entreprises ferment. Les DRH sont en vacances. Cabinets de consultant et agences d'intérim baissent le rideau de fer. Sur les sites d'emploi, il n'y a plus rien de neuf depuis le 31 juillet...

Dans ce contexte, le moindre imprévu devient disproportionné. Un poste à pourvoir en aout, c'est comme une rage de dent un dimanche, à 2 heures du matin. Un salarié qui tombe malade, un nouvel arrivant qui fait faux-bond, un surcroit d'activité imprévu... Les RH paniquent. Il faut d'abord trouver un moyen de recruter. L'unique employé d'astreinte de l'agence ou du cabinet doit faire le tour des CV sur son bureau. Manque de pot, beaucoup de portables sonnent dans le vide. Puis, miracle, il trouve une poignée de candidats. Pas de salamalecs : c'est entretien l'après-midi même, rendez-vous demain chez le client et prise de décision le surlendemain. Là, en général, le chômeur est encore en pyjama. Dans une scène digne d'Orange mécanique, il doit se laver, mettre un costume, se rendre au rendez-vous, etc. en un temps record. Et comme d'habitude, il n'a aucune info sur le poste à pourvoir.
Pour le chômeur, c'est tout bénef. Tout le monde est pressé, donc ils ont moins la tête à négocier un salaire et ils sont moins regardant sur le CV. Par contre, ils sont nerveux, stressés, voir agressifs. Certains ne perdent pas complètement le nord. Si vous foirez l'entretien, le recruteur peut vous prendre à parti (y compris physiquement.) Et bien sûr, il faut être disponible IMMEDIATEMENT. Impossible de décaler l'heure des entretiens.

Éventuellement, ils proposeront une mission plus intéressante (et mieux payée) que d'habitude. On l'a dit et redit, la disponibilité, c'est le critère N°1. Si ça marche, tant mieux. 48h après le premier coup de fil, le contrat est signé. Le chômeur est en poste ! Il est d'autant plus heureux que c'était inespéré et qu'il n'a même pas eu le temps d'attendre.
Par contre, si ça ne marche pas, les cabinets de recrutement l'oublient de sitôt. Au moins, la réponse tombe dans les heures qui suivent. Les agences d'intérim, davantage habituée à avoir des offres en août, garderont son CV en haut de la pile (parce que lui, au moins, il est disponible.) Et peut-être qu'ils auront quelque chose à proposer dans les jours suivants...

jeudi 7 août 2014

Chômage estival

L'été, le chômeur est heureux. Pourtant, son quotidien est plus déprimant que d'habitude, surtout en août.

Pas un coup de téléphone, pas un mail. Toutes ses "pistes" sont parties en vacances. Les sites d'emploi sont cliniquement morts : les dernières annonces remontent au 30 juin. Dans les journaux, les offres tiennent sur une unique page. De toute façon, qui lancerait un recrutement, alors que la plupart des interlocuteurs sont absents ? Regardez la TV ou le web ? Les sites d'infos parlent surtout de bronzette à la plage, de festivals ou de sites à ne pas manquer. Ah, les vacances... Le chômeur rêverait d'en prendre. Le temps libre, ce n'est pas ça qui lui manque ! Et puis, ça fait toujours du bien de changer d'air... Sauf que son compte en banque, lui, ne veut pas.
Donc la journée est bien longue. Il n'y a rien à faire à part lézarder. Les plus courageux se trouvent une activité (ce qui est d'autant plus compliqué que clubs et associations sont aussi en vacances.) Mais la plupart se contentent de vider le frigo ou le bar. Avec cette chaleur, on est vite déshydraté et en sueur. Manger un morceau ou boire un verre, ça permet de tuer le temps. Avec le risque de devenir obèse ou alcoolique à terme.
Si le chômeur est en couple avec quelqu'un qui travaille, des tensions peuvent apparaitre. Lorsque le conjoint revient le soir, l'autre n'a pas bougé. Il n'a rien fait du tout. Il s'est vautré dans sa paresse toute la journée, tel un cochon dans la fange! L'autre ne fait rien, parce qu'il n'y rien à faire. Oui, mais malgré tout, le conjoint a l'impression que l'autre est volontairement au chômage. Qu'il y restera toute sa vie et que ça lui convient. Ce n'est pas un hasard si le chômage d'un des deux membres provoque souvent un divorce...

mardi 5 août 2014

Job d'été

L'été, c'est par définition la saison des petits boulots. Bien sur, on ne va pas vous confier un poste à responsabilité (on y reviendra...) Les avantages sont nombreux pour le chômeur. Le plus évident, c'est que cela permet de gagner un peu d'argent et de repousser l'échéance de la "fin de droit".

Evidemment, les jobs qui recrutent largement, sans qualifications, n'ont pas des horaires terribles. Mais certains emploi en horaires décalés offrent des primes intéressantes. Quant au secteur de l'événementiel, il offre des avantages en nature (repas, goodies et le cas échéant, hébergement.) Surtout, ces jobs offrent de la resociabilisation. Pendant quelques jours, vous n'êtes plus un chômeur; un rebut de la société. Vous redevenez un salarié, avec des collègues, des horaires de travail et une mission. Il fait beau, un de vos collègues n'arrête pas de raconter des blagues... Psychologiquement, c'est un sacré changement par rapport à d'habitude.
Le problème ? On l'a déjà dit, il faut se battre pour avoir un petit job. Même là, il y a des entretiens. Parfois, vos compétences techniques, commerciales ou vos connaissances des langues étrangères peuvent être un atout. Reste que vous n'avez pas eu un bac+5 avec mention pour distribuer des prospectus sur un salon, faire voiturier ou assurer l'accueil d'un parc d'attraction... Vous avez beau essayer d'être humble et modeste, vous gardez de la distance. A fortiori quand un gros beauf se montre condescendant à votre égard. A la longue, ça vous fait chier de vous lever à 7h du matin pour ça. Et puis, ne vous faites pas d'illusion. Ce n'est pas parce que vous travaillez dans un magasin de [multinationale], que [multinationale] va vous proposer un emploi de cadre. Non, souvent, vous travaillez en fait pour un sous-traitant (qui parfois est lui-même sous-traitant) donc vous aurez peu de liens avec les "vrais" employés. D'autant plus que les responsables sont rarement physiquement présents.
Dans le meilleur des cas, votre mission débordera sur septembre (encore un peu d'argent de poche...) Dans le pire des cas, vous pouvez compter les jours à sourire à des cons (les gens sont très cons lorsqu'ils sont en vacances) jusqu'à la quille...

lundi 4 août 2014

Jobs bidons et jobs à la con

Un bon article dans Libé, c'est suffisamment rare pour être signalé. Le journal s'intéresse aux "jobs à la con".

Il ne faut pas le confondre avec le job bidon. Le job bidon, c'est le boulot "alimentaire", qui est bien en-deçà de vos compétences et du salaire que vous pouvez prétendre. Oui, mais ça fait n mois que vous êtes au chômage et il faut bien payer les agios...

Le "job à la con", c'est le job complètement inutile. A la limite si vous ne veniez pas travailler, personne ne verrait la différence.
C'est l'angle-mort de l'explosion du secteur tertiaire. Beaucoup d'emplois ont des contenus très abstraits. Dans les petites entreprises, on a plutôt tendance à surcharger les gens. Dans les grandes entreprises, on réfléchi suivant des schémas datés. Certains décrètent que tel service doit être composé de n services, qui pilotent x sous-services avec y personnes dedans. Quel que soit le flux d'activité. Le chiffre d'affaires double ? On double les effectifs ! Un chef de service se retrouve avec une quinzaine de personnes sous sa responsabilité ? On crée un poste de sous-chef de service... Voir on divise le service en deux (avec deux sous-chefs) et le chef chapeaute désormais les deux sous-chefs ! Souvent, les chefs de service sont tout le temps en réunion ou à l'extérieur. Ils n'ont qu'une vision très partielle de leur service. Or, beaucoup de gens savent faire le numéro de "je suis dé-bor-dé". Donc, leurs chefs sont persuadés qu'ils ont besoin "de ressources supplémentaires". C'est aussi un moyen de pression auprès de leurs propres responsables : "Pour faire telle tâche, il me FAUT une personne en plus." Puis, il y a tous les projets traverses ou les travaux urgents. On se dit que créer un service dédié, c'est déjà résoudre le problème. Enfin, il y a tous les cabinets de consultants. Les vrais, ceux qui facturent à prix d'or des conseillers. Les PDG aiment s'entourer "d’œil extérieurs".
Bref, cela fait plein de gens payés à ne rien faire. Certains sont persuadés d'être vitaux. D'autres se contentent de faire acte de présence et de pondre un PowerPoint de temps en temps...

mercredi 30 juillet 2014

Le chômage estival du consultant

On a déjà évoqué les boites de consulting bidons. Elles recrutent des gens pour des missions spécifiques, à des jobs opérationnels. C'est illégal, mais essayez de vous plaindre à l'inspection du travail...

Souvent, les donneurs d'ordre n'ont qu'une visibilité sur quelques mois. Donc l'astuce, c'est de prolonger la période d'essai du consultant. Quand l'été arrive, le donneur d'ordre n'a plus besoin d'un supplétif. Après tout, l'entreprise est au repos. De nombreuses PME ferment carrément durant le mois d'août. Alors le contrat s'arrête fin juillet.
Et ensuite ? Un cabinet sérieux vous laissera en inter-contrat. Vous êtes payé pour rester chez vous, en attendant la prochaine mission. Un cabinet bidon trouvera un prétexte fumeux pour vous licencier. Depuis que vous êtes en poste, vous n'avez quasiment jamais vu votre N+1 ! Sur quelle base peut-il vous jauger ? Donc, "l'entretien post-mission" sera biaisé. Comme vous êtes en période d'essai, c'est assez simple de vous congédier. On vous explique que non, on ne peut plus vous garder parmi nous. Merci pour tout, au revoir.

C'est un grand classique. Les plus jeunes se sentiront trahis. Ils y avaient cru, au discours sur "l'ambiance start-up" et les vidéo du séminaire de motivation...
Qui plus est, il n'y a rien de pire que de se retrouver au chômage l'été. La DRH est en congé, le PDG aussi (donc vous devrez patienter, pour votre solde de tout compte.) Pole Emploi est au ralenti (n'espérez donc pas une inscription rapide.) Et en prime, ce sera toujours compliqué d'expliquer à un recruteur qu'une entreprise vous a licencié lors de votre période d'essai.

mardi 29 juillet 2014

Flexi-insécurité

Les derniers chiffres de l'UNEDIC sont éloquents. 38% des chômeurs de catégorie A sortait d'un CDD. 12% de chômeurs sortaient d'un contrat d'intérim. Soit la moitié des chômeurs. Et on ne parle même pas des stagiaires, des apprentis, des emploi-aidés, etc.

Cela confirme que lorsqu'on décroche un contrat précaire, on reste ensuite précaire. C'est un cycle de petits boulots et de chômage. Les histoires d'employeurs qui font signer un CDI à un intérimaire, parce qu'il est travailleur et excelle à son poste, c'est un mythe.
En général, lorsqu'une entreprise sent un "accroissement temporaire d'activité", elle "débloque une ressource". Le responsable de service le voit comme "quelqu'un de passage". C'est presque une fourniture jetable, comme un stylo. Au mieux, il va le prolonger. Mais lorsque le problème est considéré comme résolu, ciao !
Si l'activité se maintient, mais que le contrat a déjà été prolongé une fois, l'employeur prendra un nouveau précaire. Les plus cyniques font cela pour avoir en permanence du personnel motivé. L'excuse généralement avancée, c'est que la PME a déjà 48 ou 49 employés. Donc impossible d'embaucher. En fait, beaucoup de chefs de service n'ont aucune empathie pour le précaire. Ils n'ont jamais songé à lui offrir un CDI; quoi qu'ils en disent.

Ca m'est déjà arrivé de prendre un poste en remplacement d'un contrat précaire. J'étais au moins le troisième CDD à ce poste, mais on voulait me faire croire que j'aurais peut-être un CDI. Si c'était vrai, pourquoi n'a-t-il pas donné de CDI à l'un de mes prédécesseurs ? Une fois, mon chef m'avait demandé pourquoi mon niveau d'activité baissait sérieusement (mon contrat approchait son terme.) Il m'a ressorti le bobard du CDI, si je me décarcassais jusqu'au bout... Mais après quelques minutes, il a avoué qu'il n'y aurait pas de CDI à me proposer... Mais que peut-être qu'à l'avenir, dans une prochaine boite, un CDD pourra être transformé en CDI. Donc il faut prendre l'habitude de se donner à 100% jusqu'au dernier jour... Ben voyons.

lundi 28 juillet 2014

Feuilleton de l'été

On l'a déjà dit, aujourd'hui, même pour un poste dans une PME, vous passez 2 ou 3 entretiens. Sauf qu'entre la mi-juillet et début septembre, les entreprises ont tendance à geler leurs processus de recrutement. Ainsi, si vous avez eu un entretien début juillet, vous devrez patienter un mois et demi avant l'étape suivante.

Dans le meilleur des cas, le recruteur prend une décision (positive) avant de partir en vacances. Vous passez un mois et demi le cœur léger. Vous êtes dans la "short list". Vous êtes persuadé qu'en septembre, vous intégrerez l'entreprise.
Hélas, généralement, c'est plutôt : "Je vais en parler à Durant, mais il rentre début août. Et moi, je pars fin juillet. On sera tous les deux là fin août. On vous donnera une réponse à ce moment-là." Et vous êtes bon pour un mois et demi d'angoisses. "Oui ? Non ? C'est sûr que ce sera non ! J'aurais pas du lever les yeux quand il m'a demandé si je parlais anglais ! Quel con ! Je vais passer toute ma vie au chômage !"

Et parfois, vous avez simultanément deux pistes. L'une vous dit "on vous rappelle en septembre" et chez l'autre, tout le monde est là. Vous pouvez passer tout les entretiens et signer votre contrat. Comme chez le premier, tout le monde est absent, vous ne pouvez même pas le prévenir ! Alors, vous finissez par l'oublier. En septembre, il se réveille : "Bonne nouvelle ! On veut vous voir pour un 4e entretien ! Comment, vous avez déjà trouvé un travail ? Ah... Bon, alors je vais classer votre dossier..." Il s'estimera trahis. Mais s'il vous voulait vraiment, il n'avait qu'à votre faire signer d'emblée un contrat, plutôt que vous faire languir d'un entretien à un autre.

jeudi 24 juillet 2014

Entretien en plein été

La première quinzaine de juillet est un moment fatidique pour trouver du boulot. Après cette date, beaucoup de gens partent en vacances. Donc plus de recrutements. Si vous n'avez pas trouvé un boulot avant le 14 juillet, vous avez 99% de chance de rester au chômage qu'au 1er septembre.

Cet entretien est donc votre dernière chance. Problème : ce jour-là, le mercure est au sommet. Vous pouvez quasiment essorer votre chemise. Bannissez les transports en commun (sauf si vous voulez arriver avec une odeur de vestiaire de salle de gym.) Vous avez beau engloutir des litres d'eau, votre bouche est pâteuse. Vos mains sont moite; remplir le dossier d'inscription est un calvaire.) Et bien sûr, le côté "dernier entretien avant septembre" rajoute au stress, donc à la transpiration.
Ensuite, vous entrez dans le bureau. Soit il fait un froid polaire (donc vous attrapez un rhume, donc vous allez renifler), soit (cas le plus fréquent), le recruteur n'aime pas la clim (à vous 1 heure dans un four !) Quoi qu'il en soit, vous êtes déstabilisé (euphémisme.) Vous bafouillez, vous multipliez les "euh", il vous faut 5 minutes pour réfléchir au moindre point de carrière... Parfois, le recruteur essaye de vous mettre à l'aise, de détendre l'atmosphère, mais vous sentez que vous sombrer.
Si votre CV est en béton armé ou s'ils ont besoin urgemment de quelqu'un, on s'en fout. Sinon, c'est un fiasco complet. Le "je vais réfléchir" du recruteur ne trompe personne. Vous avez merdé intégralement. Si le chasseur de tête est présent, il va vous sonner les cloches. S'il avait su, il n'aurait jamais poussé votre CV. Il risque de se faire lui-même engueuler, voir de perdre le marché. Il va vous mettre sur sa liste noire personnelle. Pas besoin de le recontacter sur "d'autres opportunités".

En tout cas c'est fichu pour cet été. Vous devrez attendre septembre pour rechercher du boulot.

mercredi 23 juillet 2014

Voilà l'été !

C'est toujours plus agréable d'être au chômage l'été que l'hiver.

Que vous ayez, ou pas, des "pistes", les fêtes de fin d'année sont la pire période du chômeur. C'est le temps des fêtes, des soirées. Donc des moments où il faut puiser dans ses allocations chômages pour payer cadeaux et habits de fête. Sans oublier toutes ces conversations du type : "Je viens d'être promu chef export. Je vais toucher 50 K€ et le mois prochain, je pars 3 semaines en formation à Papeete ! Et toi ? - Euh... Je suis au chômage... Mais... J'ai des pistes. "
L'été, déjà, il fait beau. Le soleil donne de la dopamine et l'on est plus heureux. C'est une question de chimie. On ne fait rien, mais on devient confiant : en septembre, on retrouvera du boulot. Surtout, beaucoup de gens sont en vacances. D'ordinaire, les rues, en semaine, appartiennent aux chômeurs et aux retraités. L'été, il y a des actifs en vacances. Le chômeur peut sortir sans croiser d'autres chômeurs, qui lui renvoient sa propre image. Enfin, les conseillers de Pole Emploi sont en vacances. Donc moins de courriers de convocation ou de radiation.

dimanche 6 juillet 2014

Revenge of the nerds

Les études prouvent d'ordinaire que les gens les plus populaires à l'université vont le plus loin. Ils ont le charisme et le bagout. Donc, on leur propose de meilleures jobs et davantage de promotions.
C'est d'autant plus énervant que les plus populaires sont rarement les premiers de la classe. C'est juste le clown ou la pin-up de service. Et ils ont plutôt tendance à débarquer en amphi avec 1 heure de retard et à zapper les exposés et autres travaux collectifs.

Mais une nouvelle étude remet cela en cause. Les piliers d'associations étudiantes ont tendance à boire et à fumer (et pas que du tabac...) plus. Ils se doivent d'être de toutes les soirées estudiantines, de tous les défis. Forcément, ça laisse des traces. Aux Etats-Unis, où on ne rigole pas avec l'ivresse sur la voie publique ou l’exhibitionnisme, les fêtards finissent au poste. En France, avec les lois sur le bizutage et la prise de conscience des dérapages lors des soirées estudiantines, on y va. Et postuler à un emploi après un séjour en prison, c'est forcément plus compliqué... Ceux qui n'ont pas franchi la ligne blanche ne sont pas épargnés par les tracas. Leur seul atout, c'est l'humour ou le charme. Ils vivent pour leur "public". Justement, certains comprennent qu'à 30 ans, la norme n'est plus d'enchainer les teq'paf, mais de se marier et d'avoir des enfants. Donc ils se plient au rite, juste pour "faire parti du groupe". D'autres refusent de rentrer dans le rang, ils en sont réduit à une surenchère, à rester d'éternels ados. Tôt ou tard, il y en a un(e) plus jeune ou un(e) plus drôle qui débarque. Et notre pilier de devenir passé de mode.
A contrario, les timides et les ringards, plus effacés, se font moins aspirés par le système. Ils progressent à leur rythme, sans excès et ils finissent par éclore. Une bonne nouvelle pour les zappés...

mercredi 2 juillet 2014

Ecole et entreprise

Comme tout zappé, j'ai de la rancœur envers les écoles où je suis passé.

J'étais dans un cursus tourné vers l'entreprise. Et pourtant, on nous parlait jamais de la vie en entreprise. Lorsqu'il y avait un stage à effectuer, on nous donnait de brèves consignes. En gros, il fallait se débrouiller pour parler au prescripteur et le convaincre de nous donner un stage. C'était à peu près tout.

Clairement, nos profs auraient pu passer davantage de temps pour nous apprendre à rédiger un CV et la fameuse lettre de motivation.
Surtout, il aurait fallu qu'on nous parle vraiment de l'entreprise. La vision -assez floue- qu'on en avait, c'était celle d'une organisation rationnelle : il y a des protocoles précis, les décisions sont logiques et les meilleurs éléments sont promus. Voilà qui explique pourquoi les jeunes diplômes sont autant de petits cons qui pensent tout savoir ! A aucun moment, on a évoqué l'irrationnel. Au contraire, il était honnis : " Les colériques et les marchands de tapis n'obtiennent jamais rien."
On retombe sur le bon vieux débat. Pour moi, c'est parce que nombre de profs n'ont aucune expérience du secteur privé et du salariat. Ils n'en ont qu'une connaissance très théorique. A ce moment-là, pourquoi n'a-t-on pas davantage d'enseignants ayant travaillé auparavant, a fortiori dans les cursus tournés vers l'industrie ? Les complotistes, eux, y voit un mensonge sciemment diffusé. L'entreprise est un chaos. On y progresse par la ruse, le copinage et le mensonge, indépendamment de ses compétences réelles. Si on nous avouait tout cela, pourquoi perdre son temps à faire des études ? Pourquoi bachoter pour des examens qui n'auront aucune valeur une fois dehors ? Qui plus est, quelle serait l'utilité des profs, s'ils n'offrent pas d'assurances contre le chômage ? Il vaut donc mieux qu'ils bercent les élèves avec des illusions.

mardi 1 juillet 2014

Usine à gaz


Beaucoup d'entreprises ont des conflits ouverts entre employés. Pour beaucoup de chefs de service, la solution s'appelle "l'éléphant dans le salon" : c'est une gène terrible, mais tout le monde fait comme s'il n'existait pas. Il faut à tout pris éviter la confrontation. Cela donne des situations ubuesques : un employé qui refuse d'effectuer telle tache (pourtant dans son périmètre), deux employés qui ne veulent pas travailler ensemble (alors que leurs périmètres se touchent), une directive non-appliquée (notamment parce qu'elle froisse les syndicats), etc. Au fil du temps, tout le monde s'habitue à faire des détours. Ca devient normal.

Le nouveau-venu tombe souvent des nues face à la situation. Au mieux, son responsable monte une usine à gaz : il faut faire telle tâche, à la place de X, mais sans que X voit qu'on l'effectue dans son dos. Souvent, on ne met pas le novice au courant des non-dits (ne serait-ce que parce qu'ils semblent désormais "naturels".) Il va inconsciemment aborder le sujet qui fâche. Les plus jeunes -et les plus idéalistes- s'attaqueront aux problèmes avec la fleur au fusil. Ils sont persuadés d'agir pour le bien de l'entreprise.
Dans le pire des cas, on l’envoi carrément au casse-pipe : par exemple, mettre en place une directive controversée. Il vient d'arriver, donc il peut repartir aussi sec. Et comme on dit, premier arrivé, premier servi ; le bleu fera le sale boulot. En cas de souci, la hiérarchie dira qu'il a agi de son propre chef. La paix sociale mérite bien qu'on sacrifie un "bleu".

En général, c'est le genre de boulot où vous ne passez pas la période d'essai. De toutes façons, en général, vous vous rendez compte qu'il n'y a pas qu'un seul problème. Comme il n'ose pas trancher, le responsable laisse s'accumuler plein de problèmes. Vous voilà dans une entreprise pleine d'usines à gaz et de décisions que personne n'ose prendre. Pas vraiment le genre d'entreprises où l'on peut s'épanouir.

lundi 23 juin 2014

Entretien collectif : 2. Gladiator

L'autre type d'entretien collectif, c'est la journée de sélection.

Parfois, elle suit le 1er cas. Le principe est simple : tous les candidats postulent pour un unique poste. Vous êtes là pour vous battre. C'est le pendant professionnel des jeux du cirque. Et à la fin de la journée, le recruteur donnera des lauriers au vainqueur. Sauf si vous êtes tous nul (et là, il baissera son pouce.)

On est dans l'idée utopique de "trouver le candidat idéal" et du "choix objectif". En les mettant tous ensemble, dans un environnement différent d'un entretien classique, on devrait être plus objectif. Timide s'abstenir : vous devez parler devant tout le monde. Le plus souvent, on organisera des jeux de rôles où les candidats doivent réfléchir à un cas fictif. Un jury de plusieurs personnes jugeront les réponses. Parfois, les candidats devront former des mini-groupes (NDLA : et les recruteurs s'étonneront de l'absence d'esprit de camaraderie.)
La journée s'étale effectivement sur toute une journée, afin de jauger l'endurance du candidat. Ils vont jusqu'à laisser mariner les candidats entre les épreuves, pour voir leurs réactions. Quoi qu'en pensent les recruteurs, chaque candidat joue un jeu. En théorie, de par la longueur et la dureté de la journée, il doit fendre l'armure. Mais le candidat garde en mémoire qu'il se bat pour un job. Il cherche naturellement les "bonnes réponses". Parfois, la compétition est exacerbée et les mots fusent (entre candidats ou face aux recruteurs.) D'autres fois, les candidats, fatigués et démotivés, dorment quasiment en fin de journée.

Qu'il soit pris ou pas, le candidat se sentira humilié. C'était un bizutage, pas un recrutement.

vendredi 20 juin 2014

Entretien collectif : 1. recrutement de masse

Le terme d'entretien collectif recoupe plusieurs réalités. Parfois, les grandes entreprises organisent des journées de recrutement. Cela concerne tous les types d'entreprises (industrie, agro-alimentaire, banque-assurance...) Mais elles ciblent généralement un type précis de jobs (généralement des commerciaux ou des conseillers.)
Sur le fond, cela rappelle les salons de l'emploi. Il n'y a pas de filtre à l'entrée. Vous vous inscrivez (nom, prénom, profil et type de job recherché -sous forme de case à cocher-) et c'est parti !

Le jour J, on vous demande de venir avec un CV papier (pensez à en mettre un sur une clef USB.) Souvent, la journée commence par une présentation de l'entreprise, ses points forts et ce que vous, candidat hyper-motivé, pouvez apporter. Puis c'est le temps des entretiens, souvent à la chaine. 5 minutes, pas plus. Dans les cas extrêmes, il y a juste une urne pour déposer les CV.
En théorie, le poste est ouvert à (presque) tous. En pratique, ils recherchent surtout des juniors. L'entretien est bref (d'autant plus qu'il y en a 10 qui attendent derrière vous.) Souvent, le "RH" est un intérimaire recruté pour l'occasion ; il n'en sait pas plus que vous sur le job.
Derrière, l'armée de RH fera du classement vertical de CV. Il y a tellement peu d'archivage que si 6 mois plus tard, ils organisent une autre session de recrutement, vous pourrez vous réinscrire ! En attendant, vous avez bien compris que c'est mort. Vous êtes bien trop vieux, trop cher et pas assez malléable. Parfois, vous repartez sans savoir exactement pour quel poste vous avez postulé ! En tout cas, vous avez perdu votre journée. Au moins, vous repartez avec un cartable, un stylo et un bloc aux couleurs de l'entreprise. Et ça vous permettra de justifier votre recherche d'emploi, à la prochaine convocation à Pole Emploi...

jeudi 19 juin 2014

Le placard

Dans une entreprise, 100% des employés sont censés travailler à 100% de leurs capacités, 100% du temps. Cela n'empêche pas que certains employés soient payés à ne rien faire. L'entreprise ne veut pas ou ne peut pas les licencier, alors elle leur donne un emploi fictif en espérant qu'ils démissionnent d'eux-mêmes.
Pour le novice, c'est assez déstabilisant de voir cette personne qui arrive le matin, ne fait rien et repart le soir. Certains passent leur journée à papoter et d'autres vont au bistrot. Qui plus est, étant sur une voie de garage, il (ou elle) est considéré(e) comme un(e) pestiféré(e). Les autres employés ont tendance à l'éviter. Et vous, en tant que nouvel arrivant ? Devez-vous faire comme les autres et le rejeter ? Ou bien, en tant qu'ex-exclu vous-même, de sympathiser avec lui ?

  • Le cas le plus fréquent, c'est la personne qui sort d'un longue arrêt maladie ou d'un congé paternité. Il a été absent longtemps, on ne savait même pas s'il reviendrait. Alors l'entreprise a embauché quelqu'un pour faire sa tache. Parfois, suite à une réorganisation, le poste a disparu. En général, le(la) revenant(e) n'a pas envie de retravailler. Il reste là le temps de négocier sa prime de départ.
  • Le grand classique du cadre, c'est l'expatrié de retour en France. Il a été physiquement loin des jeux de pouvoirs. En plus, s'il revient d'une longue mission dans un pays exotique, il est étiqueté "déviant". Son ancien service refusera de le reprendre. S'il veut rester, l'ex-expatrié doit négocier une mutation.
  • Les cadres supérieurs expérimentés coûtent très cher en indemnités de licenciement. Lorsqu'on ne peut plus les promouvoir, on les met à la tête d'un autre service. Mais s'ils sont vraiment incompétents, on veut les pousser à la démission.
  • Les responsables syndicaux sont par définition considérés comme des déviants. Légalement, ils sont très compliqués à licencier. Histoire de les marginaliser, on leur donne donc un emploi fictif. De toutes façons, entre la permanence syndicale, le C.E., les conseils des prud'hommes, ils n'ont plus beaucoup de temps pour leur vrai travail.

lundi 16 juin 2014

La galère du premier mois

Trouver un emploi, c'est une galère. Ca tout le monde le sait. Un jour, tôt ou tard, vous trouvez un boulot. A vous la resocialisation et la machine à café !

Sauf que reprendre le travail, c'est un problème pour un chômeur. Terminées, les grasses matinées ou les journées passées, affalé sur le canapé, devant Plus belle la vie ! Il faut se réhabituer à se lever tôt, au stress quotidien, aux objectifs. Bref, se remettre au boulot. S'y ajoute la pression de la période d'essai. Enfin, en cas de licenciement dans le précédent poste, une certaine paranoïa ("mon N+1 et mon N+2 ont prononcé le mot "nul". Ils parlent de moi ! Ca y est, je suis grillé !")
L'autre problème du néo-ex-chômeur est économique. Un chômeur arrive plus ou moins à boucler ses fins de mois. D'un seul coup, son budget explose : transport, nourriture, vêtements (NDLA : c'est là que vous réalisez que vos chemises sont élimées.) Eventuellement, pour les postes avec déplacements, vous cumulez les notes de frais. Sans oublier ceux qui doivent se relocaliser (avec des frais de déménagement, de caution à payer, etc.) Le souci, c'est que durant le premier mois, point de salaire. Il faut vous contenter du solde d'allocations-chômage (si tant est qu'elles soient versées.) Avec un peu de "chance", l'emploi débute en fin de mois. L'employeur de dire : "On ne va pas te faire une feuille de salaire juste pour 3 jours, non ? On te paiera tout le mois prochain." Idem pour les notes de frais. Et certaines entreprises refusent d'entendre parler d'avance sur salaire. Pour le banquier, il reste classé comme chômeur et il est impossible de négocier le découvert autorisé. Parfois, il a tellement d'agios que lorsqu'enfin, le virement tombe, vous restez à découvert.
Ainsi, financièrement, mieux vaut être chômeur que de reprendre le travail. Et cela, sans même évoquer la fin des prestations (type CAF ou CMU) ou la questions de l'imposition...

Les annonces de l'APEC

Récemment, sur France Info, une conseillère de Pole Emploi vantait le partenariat de l'agence avec divers sites web. Spécialiste de la langue de bois, elle faisait semblant de ne pas entendre les questions sur le travail au noir ou les fausses annonces. A contrario, elle mettait en avant la "qualité" de ses offres et un fin travail pour "éviter les doublons".

Beaucoup de conseillers n'ont qu'une vague notion du secteur privé et avec une certaine naïveté, ils sont persuadés d'aider les chômeurs. En "off", ils sont plus bavards : jobs sous-payés, intitulés erronés, descriptifs flous, manque de mise à jour du fichier (d'où des offres déjà pourvues.) De toutes façons, si vous êtes employeur et que vous déposez une offre, on ne va pas vous ré-aiguiller vers des candidats. Pole Emploi va juste publier l'annonce. En espérant qu'un candidat la remarque parmi une tonne d'offres bidons. Les conseillers plus lucides savent bien que ce service est au mieux inutile.
L'APEC n'est pas mieux pourvue, loin s'en faut. On y retrouve les jobs sous-payés et les contrats ultra-précaires. Une mission d'intérim à 24K€ proposée à des bac+5 senior, c'est fréquent. Des cabinets de consultants profitent du réservoir de chômeurs pour recruter à la chaine, pour des missions spécifiques. Et bien sûr, beaucoup d'annonces sont là uniquement pour que les cabinets se constituent des "CVthèques". Sans oublier les arnaques (vente pyramidale, travail à domicile, formations non-reconnues par l'état, etc.) Parfois, une adresse web renvoie vers un autre site d'emploi plus ou moins louche.
Les spécialistes de l'abus sont facile à identifier, donc à éliminer. Donc soit ils ne sont pas assez compétent pour trier. Soit ils publient sciemment des annonces bidons afin de grossir leurs chiffres.

lundi 9 juin 2014

Rastignac


C'est un bulldozer qui fonce dans le tas. C'est un parasite qui n'apporte rien à personne. Vous vous souvenez du beau gosse qui s'était autoproclamé délégué de classe et qui a "réussi" son examen parce qu'il avait le bouquin de cours sur les genoux ? Vous vous imaginez que 10 ans après, il est quasi-SDF et ventripotent ? Perdu ! D'après les enquêtes, il gagne peut-être aujourd'hui le double ou le triple de votre salaire !

Il est avant tout une ambition et un égo hypertrophié. C'est un chasseur, en permanence à l'affut d'opportunités. Grand séducteur, il convainc son patron de lui filer d'emblée les missions les plus valorisantes. Mais il a déjà en tête d'entrer en contact avec son N+2. Il saura ensuite "vendre" ses réussites en haut lieu pour mieux négocier des promotions. En parallèle, il profite de chaque salon, chaque visite extérieure pour essayer de se placer. Il s'est fixé un but ultime et il fera tout pour l'atteindre.
Les mots "éthique" ou "fidélité" ont peu de sens pour lui. Vous pouvez l'aider ? Il devient votre meilleur copain... Mais bien sûr, le jour où il a trouvé un meilleur allié, son téléphone ne répond plus. Evidemment, il est hors de question d'espérer un "retour d'ascenseur". Vous êtes sur son chemin ? Il n'aime pas la concurrence. Il rependra les rumeurs les plus folles sur vous. Il utilisera son réseau et sera le plus zélé des fayots. Il DOIT vous éliminer, point. Ca n'a rien de personnel. D'ailleurs, au moment de votre pot de départ, il vous a déjà oublié.

L'entreprise est une jungle. Tous le monde n'obtient pas un trophée. Y compris parmi les meilleurs. Le Rastignac peut aller très loin. Et le facteur "compétence" entre à peine dans l'équation. Son talent, c'est de savoir dire ce que les gens ont envie d'entendre. Il peut prospérer quasi-indéfiniment. Personne ne dira : " Mais il fait quoi, lui, à part organiser des réunions, forwarder des mails et dire qu'il est occupé ? " Les plus malins savent s'entourer de "cerveaux" pour mieux capter leurs bonnes idées. D'autres préfèrent agir seuls : quelqu'un qui passe son temps à trahir et à mentir n'a confiance en personne.
L'angle-mort du Rastignac, c'est qu'il pratique la terre brûlée. Avoir un ambitieux comme collègue, c'est un calvaire : il ne fait rien, à part réseauter et il reçoit tous les compliments. Il est aussi exécrable comme chef : il n'est pas là pour mener des hommes, il est là parce que c'est une étape de son plan. Mis à part ce fameux plan, c'est du vide sidéral. Il n'a pas envie de manager et de s'occuper de choses qui ne peuvent rien lui apporter. Dans les cas les plus extrêmes, il est complètement incompétent, mais il progresse par sa capacité à brasser de l'air.
Mais parfois la roue tourne, un changement de direction, un mentor qui part à la retraite, une usine qui ferme, un excès de confiance... Ou tout simplement, il tombe sur plus ambitieux et voilà que le monde s'écroule sous ses pieds. Et c'est toujours jouissif de voir l'ex-fils prodige chuter.

dimanche 8 juin 2014

Candidature spontanée

Beaucoup sont persuadés qu'un chômeur doit envoyer des CV tous les jours. Parents et conjoints demandent au quotidien : "Alors, aujourd'hui, des annonces ? Des réponses ? Des entretiens ?" Il est hors de question de répondre "non".
S'il n'y a pas d'annonce, il faut envoyer des candidatures spontanées ! Telle grande entreprise vient de publier des résultats positifs ou d'annoncer un nouveau projet ? Candidature spontanée ! Telle entreprise recrute (pour un autre poste) ? Candidature spontanée ! Il existe des services qui, moyennant finance, balancent votre CV à des milliers d'entreprises. Certains sites possèdent des "espaces emploi" où le candidat peut proposer ses services. J'ai même vu un cabinet de consultant avec, à l'entrée, une panière pour déposer son CV.

Le problème, c'est qu'aujourd'hui, au sein des grandes entreprises, la fonction RH est très segmentée. De plus, en général, elles passent par des cabinets de recrutement. L'une des conséquences de la généralisation de l'e-mail, c'est que tous les jours, les entreprises sont assaillies de centaines de lettres (mail et lettres-papiers.) Faute d'un réaiguillage et d'un tri opportun, elles finissent à la poubelle. Quant au dépôt de CV sur le site interne, c'est souvent une oubliette.
La candidature spontanée n'est efficace que chez les PME. La hiérarchie -donc le processus de recrutement- est plus court. Ce qui vous donne davantage de chance que votre CV soit lu. Reste ensuite à espérer que cette PME songe à embaucher. Ce qui fait pas mal de "si"...
 A l'arrivé, notre chômeur balance donc une flopée de mails, en sachant pertinemment qu'ils ne seront pas ouverts. Autant les mettre d'emblée dans la corbeille. Mais au moins, ses proches seront contents : il a "travaillé" aujourd'hui ; il ne s'est pas tourné les pouces...

jeudi 5 juin 2014

La lettre

Avant internet, la lettre de motivation était primordiale. Ne serait-ce que parce qu'il fallait bien préciser à quel poste on postulait. Bien sûr, il y avait déjà des ordinateurs et des photocopieuses, sans oublier les machines à écrire. Mais les recruteurs exigeaient des lettres dactylographiées. Certains allaient jusqu'à passer un doigt mouillé sur le texte, pour vérifier que c'était bien un courrier écrit à la main (un imprimé ne baverait pas.) Le candidat devait prouver par là qu'il n'écrivait pas n'importe quoi à n'importe qui.
D'ailleurs, ce côté "écris à la main" créait de l'intimité avec le destinataire. C'est une Homme qui a écrit cela, pas une machine. Il se devait de vous répondre (mais pas forcément à la main...)

De toute façon, à l'époque des timbres et des enveloppes, il était impensable de faire des mailings de masse. Il fallait donc écrire patiemment son texte, quitte à s'aider d'un brouillon. Chaque lettre demandait un talent de moine-copiste. Comptez au moins une dizaine de minutes pour en écrire une, avec la capacité de concentration d'un démineur. Une rature, une faute d'orthographe, un interligne sauté ? Il fallait tout recommencer à zéro ! Pour les gauchers, c'était une vraie torture.
Lorsqu'enfin, la lettre était écrite, quel soulagement ! Il fallait ensuite la plier soigneusement en 3 parties, puis la glisser dans l'enveloppe. Une fois, je n'avais plus de timbres. J'ai été en acheter à La Poste. On était au mois d'août et ils n'avaient presque plus rien. Presque. J'ai du coller un timbre "vive les vacances" sur mon courrier. J'en avais les larmes aux yeux.

mercredi 4 juin 2014

Acte de présence

On est dans une société de l'immédiat. Tout doit être fait tout de suite. Au travail, on exige fréquemment des cadres qu'ils effectuent des heures supplémentaires. Par contre, on ne tolère pas les départs anticipés. Légalement, c'est un abandon de poste ; un motif de licenciement.
Dans une entreprise où j'ai travaillé, c'était 8h30-17h30 (avec une pause entre 12h30 et 13h30.) Donc, jusqu'à 9h30, chaque coup de téléphone à l'extérieur se finissait par "monsieur/madame Untel n'est pas encore arrivé." Idem entre 12h et 14h. Le gros de mon activité avait lieu à partir de 15h et... Ensuite, c'est l'heure de partir. Car à 17h35, le PDG mettais l'alarme en marche !

Le travail ne tombe jamais en continue. Parfois, vous en avez beaucoup, voir trop et parfois, c'est extrêmement calme. Le truc, c'est de faire semblant de travailler. J'ai connu un N+1 spécialiste du tapage frénétique sur son clavier (alors que son PC portable était éteint pour économiser la batterie.) Sans oublier les classiques piliers de machines à café ou les blablateurs compulsifs. Tout est (presque) possible ; il suffit de rester dans les murs de l'entreprise. Vous avez terminé votre travail à 15h? Interdiction de partir ; vous devez rester à votre bureau jusqu'au bout. Et si votre chef passe, faites semblant de remplir ce classeur Excel vierge...
Encore un archaïsme. Cette rigidité des horaires risque de passer encore plus mal auprès des jeunes. Ils sont habitués à être occupés en permanence. Que faire lors des "creux de travail" ? Ils sont moins enclins à faire semblant de bosser (car en cas d'inactivité, ils utilisent leurs portables.) Faire systématiquement acte de présence jusqu'à 17h30, voir 18h, n'a aucun sens. A fortiori si une fois dehors, l'employé peut travailler à distance. Le seul pour qui ça semble logique, c'est le chef de service, qui a ses employés sous les yeux. Car pour beaucoup présence=travail ; absence=farniente .

mardi 3 juin 2014

Démotivation


Depuis le début de ce blog, je n'ai encore jamais évoqué les lettres de motivation. On dit toujours : "Envoyez CV et lettre de motivation à..." Pour moi, c'est un archaïsme hérité de l'époque où on postulait en envoyant de vraies lettres. C'était aussi l'époque où les grandes entreprises publiaient directement leurs annonces et où le descriptif du poste était conséquent.

Aujourd'hui, ça n'a aucun intérêt. Les annonces sont extrêmement sibyllines et extrêmement vagues. Il n'est plus possible de dire "ce qui m'intéresse dans l'entreprise, c'est..." ou "je correspond au poste, car..." De plus, tout se fait par mail. Au mieux, votre lettre de motivation est dans le corps du mail. Au pire, c'est juste un fichier attaché. Certains sites de recherche d'emploi vous proposent d'enregistrer une lettre-type.

Au final, le cabinet de recrutement reçoit une lettre complètement impersonnelle. C'est le fameux "je-moi-nous" avec le typique "suite à l'annonce du tant, je postule au..." et l'inévitable "dans l'attente de votre réponse, veuillez agréer mes salutations distinguées." Vu que beaucoup lisent les CV en diagonale, je doute qu'ils lisent ces lettres... Le seul intérêt éventuel, c'est de mesurer la syntaxe et l'orthographe du candidat. A part, comme d'habitude, dans les PME, généralement moins sollicitées et où les recruteurs peuvent davantage lire les lettres.

lundi 2 juin 2014

Fils de...


J'ai toujours du respect pour les gens qui ont créé leur entreprise. Même s'ils avaient d'emblée beaucoup de moyens ou que leur entreprise ne marche pas. Parce qu'il faut du courage et de l'abnégation pour se mettre à son compte.
A contrario, je suis très méfiant à l'égard des enfants, gendres ou cousins du fondateur. Certains sont compétents. Rien qu'en France, il existe nombre d'entreprises gérées par de véritables dynasties (Michelin, PSA, Bolloré, Dassault, Lagardère, Ricard S.A...) Certains patrons imposent d'ailleurs un parcours "à la dur" à leur progéniture, afin qu'ils fassent leurs preuves. Mais souvent, les "enfants de" se comportent en terrain conquis et faute de parcours hors du cocon familial, ils n'ont aucun recul. Dans plusieurs cas, le patron finit par se raviser et à vendre son entreprise à d'autres.
Pour quelqu'un, donner des responsabilités à ses enfants, c'est transmettre en héritage. Il y a l'idée que son entreprise soit une "famille" (une notion fréquente chez les vieilles PME.) C'est aussi vouloir jouer les grands seigneurs et montrer que l'on a les moyens d'offrir un poste d'un claquement de doigts. D'autres le font en se disant que leur progéniture seront leur prolongement : ils appliqueront leurs idées, voir fliqueront davantage les autres employés (réduisant les angles morts.)

Dans une entreprise, j'ai travaillé pour une caricature du "fils de". Un jeune homme sans aucun diplôme, dont le seul mérite était d'être le fils du patron. Cet homme né avec une cuillère en argent dans la bouche faisait de grands discours sur le travail acharné, le mérite, le dévouement, etc. Il va sans dire qu'il arrivait tout les matins à 10h, jamais rasé, habillé comme l'as de pique et qu'il avait 12 ans d'âge mental. Il changeait d'avis comme de chemise, disparaissait sans raison (et sans prévenir) et parlait comme un charretier aux clients. Un matin, j'avais un dossier à le faire signer. Je l'ai trouvé, les pieds sur son bureau, lisant un magazine de surf et me déclarant avec le plus grand sérieux du monde : "Il faudrait qu'on achète un laser." (NDLA : bien sûr, ça n'avait aucune utilité pour la société.) A cet instant-là, j'ai compris que je devais partir. Et vite.
Plus tard, j'ai connu un scénario digne de Dallas ! Le fondateur avait deux fils. Pour une raison inconnue, il a légué l'entreprise au cadet. L'ainé ne l'a pas supporté. Autant dire que c'était la guerre permanente entre les deux hommes. L'un disait blanc et l'autre disait noir. Une situation intenable pour les employés. D'autant plus qu'aucun des deux n'avaient vraiment de stratégie.
Dans une troisième expérience, le patron avait carrément embauché sa femme, ses deux filles et le mari de l'ainée ! Le gendre était particulièrement incompétent. Heureusement, ses responsabilités étaient très limités. Bien sûr, ils avaient tous une voiture de fonction, un défraiement généreux et des horaires à la carte. Alors qu'on nous expliquait que l'heure, c'est l'heure et que faute d'argent, il ne fallait pas compter sur une augmentation. Y compris pour l'année d'après. Et celle d'après. Comme le gosse du premier cas, le gendre était un spécialiste du don permanent de leçons, notamment sur la bonne gestion du salaire. L'entreprise lui payait -presque tout- à lui et à sa femme, c'est sur qu'ensuite, ils pouvaient épargner !

mardi 27 mai 2014

The Net

Tous les conseillers vous le disent : vous devez vous créer un réseau. C'est le seul moyen d'atteindre ce fameux "marché caché de l'emploi".

L'un des moyens, c'est bien sûr les réseaux professionnels (Viadeo, Linkedin...) Vous vous inscrivez, vous remplissez votre fiche, vous vous mettez "ami" avec d'anciens collègues et camarades de classe, vous vous inscrivez à des groupes proche de vos sensibilités... Quelqu'un passe sur votre page ? Vous lui faites une demande d'amitié !
Vous vous imaginez déjà décrochant un travail, grâce à votre réseau. Qu'un ex-collègue vous dise : "Eh, l'entreprise X recrute !" Et en prime, grâce à lui, votre CV est en haut de la pile !
Et en vrai, comment ça se passe ? Vous vous rendez vite compte que 2 catégories pullulent sur les réseaux : 1) les gens qui, comme vous, cherchent du travail. 2) les gens qui ont quelque chose à vendre. Sans oublier les accros qui modifient leur CV et leur photo de profil tous les jours (qui feront autant de notifications sur votre compte.) Qui plus est, vous êtes vite limité. Ces réseaux ne sont pas des organisations philanthropique ; elles vous font payer des prestations. En général, vous avez droit à n contact et x mails gratuits; au-delà, c'est payant. En résumé, ce ne sont pas des endroits pour trouver un emploi. Il faut les voir comme un outil supplémentaire, à l'instar du dépôt de CV sur les sites de recherche d'emploi. L'autre intérêt, c'est de confirmer un CV-mytho. Parfois, lors du processus de recrutement, le stagiaire du recruteur fera une "vérification". C'est à dire taper votre nom sur Google. Si votre profil sur les réseau est d'équerre avec votre CV, le stagiaire considérera que sa mission est finie. Et bien sur, comme votre profil risque d'être visionné par des inconnus, évitez les photos compromettantes...