Dans les films, tout semble simple. Le héros est convoqué chez le directeur. On lui dit "Lambert, on va être obligé de se séparer de vous." Ou bien, parce qu'il a trouvé un meilleur job, le héros fait un bras d'honneur au directeur. Et la scène suivante, on le voit rentrer chez lui, un carton d'affaires sous le bras...
Sauf que ça ne peut pas se passer comme ça dans la réalité. A moins que vous soyez en fin de contrat ou que vous ayez commis une faute lourde, vous avez un préavis. Si votre film était réaliste, votre héros se fait virer ou bien il part, mais il doit revenir le lendemain matin. Et le surlendemain aussi ! Et ainsi de suite pendant 3 mois (1 mois, si vous n'avez pas un statut cadre.) Même en rupture conventionnelle, vous avez au moins 4 semaines de préavis.
Après cela, bienvenue dans une période de malaise ! Dans les grandes entreprises, vous êtes perdu dans l'anonymat du nombre. Vous êtes là et un jour, votre bureau est vide. En cas de vague de licenciement, vous pouvez ruminer collectivement vos rancœurs. Mais dans le PME et si vous êtes le seul à quitter l'entreprise, vous serez un pestiféré. Les plus ambitieux ne veulent pas être vu avec le renégat ! D'autres auraient presque peur que le licenciement soit contagieux ! C'est triste de voir que des collègues, que vous connaissez depuis des mois, se mettent à vous fuir.
Vous voilà donc seul. Souvent aussi, on ne vous confie plus aucun gros dossier. Tous les experts vous diront qu'il ne faut pas partir en mauvais termes avec votre employeur. Lors de votre recherche d'emploi, des cabinets risquent de l'appeler pour se tuyauter sur vous. Vous êtes donc prié de travailler d'arrache-pied jusqu'à la dernière seconde. Sauf que l'on n'est pas chez les Bisounours ! On vous a viré, vous n'avez rien à faire de vos journées et à la machine à café, on vous esquive. En prime, vous avez déjà un pied dehors. Et après ça, vous devriez rester calme, souriant et garder un mental de winner ? La plupart des gens se contenteront de marathons de démineur. Les plus fragiles fondront régulièrement en larmes ou auront des crises d'angoisses. Les plus nerveux prendront à parti collègues ou responsables. Ceux qui démissionnent sont dans une autre optique. Eux, ils vous expliquent qu'ils quittent l'enfer pour le pays du lait et du miel. En permanence. Par exemple, à la cantine, c'est : "Quoi? Encore des choux de Bruxelles ? Dans ma nouvelle boite, il y a 3 restaurants d'entreprise, dont 1 étoilé au Michelin !"
Et le pire, c'est que cette situation transitoire durera 3 mois. A la limite, le coup du départ définitif avec carton sous le bras, c'était pas si mal...
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