vendredi 28 mars 2014

Chômage partiel

Lorsqu'une entreprise va mal, elle peut recourir au chômage partiel. Ses salariés restent chez eux pendant tout ou partie de la semaine. Les jours chômés, les cadres sont payés par Pole Emploi à 100% (80% pour les non-cadres.) C'est totalement transparent pour le salarié. En cas de licenciement, ça n'influe pas pour la durée ou le montant des indémnité-chômages (sauf pour les non-cadres, vu qu'ils sont moins payés.)

Sur le papier, c'est une aubaine. Vous êtes payés pour rester chez vous ! Si vous voulez poser une semaine de congé, seuls sont décomptés ceux correspondants aux jours normalement travaillés. C'est le paradis du fainéant !

Les jours travaillés, on vous demande d'en faire autant qu'une semaine normale (sauf que vous ne travailliez que quelques jours.) Un fait atténué par une charge de travail en baisse (conséquence de la baisse d'activité.)

Reste surtout la peur que ce chômage à temps plein ne se change en chômage "tout court". Dans les entreprises, l'information sur la santé financière est nulle. Y compris lorsqu'il y a un CE. Vous avez beau être cadre, vous n'êtes pas dans le secret des dieux. Vous ne pouvez que subir. Il faut se contenter de "radio moquette". Et bien sur, lors d'un chômage partiel, les rumeurs pullulent. Le chômage partiel est reconductible de mois en mois. Une fois, mon chef est venu me prévenir le dernier jour du mois, alors que je montais dans ma voiture, que je ne devais pas venir le lendemain.
Dans ce contexte, il est impossible de se projeter dans l'avenir. Vous vivez au jour le jour. A la limite, une cessation d'activité vous donnerait au moins un horizon. Là, vous êtes suspendu en l'air.

Et parfois, ça reprend. Là encore, on vous prévient au dernier moment : "Le chômage partiel s'arrête le mois prochain." Pas de discours, pas de cadeau quelconque ; on fait comme si de rien n'était. Sauf qu'en fait, la confiance est brisée : vous vous dites que ça peut reprendre de si tôt. Vous guettez le moindre signe. En prime, vous avez désormais conscience qu'il y a un véritable mur entre la direction et vous ; vous êtes rejeté parmi la vulgate. Alors que vous pensiez qu'en tant que cadre, vous étiez du côté des privilégiés. De quoi émousser irrémédiablement votre motivation.

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