Affichage des articles dont le libellé est job bidon. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est job bidon. Afficher tous les articles

lundi 28 juin 2021

Motivation dans les chaussettes

Dans vos premiers boulots, vous êtes mo-ti-vé. La première expérience a été foireuse ? Pas grave, cette fois-ci, ça sera la bonne ! Si vous travaillez correctement, on va vous garder, non ? Vous allez terminer votre période d'essai, puis vous ferez carrière ici. Vous aurez des promotions, des augmentations et une belle médaille du travail pour service rendu.
Vous êtes intérimaire ou consultant ? Vous allez bientôt passer en interne ! Hier soir, votre patron vous a tenu la jambe jusqu'à 20h, mais au moins, vous avez bétonné vos chances de CDI ! Et puis, au pire, la boite de consulting a plein d'autres clients...

Avec le temps et au fil des échecs, la motivation chute. L'enthousiasme devient du cynisme. A chaque fois, vous êtes l'un des plus volontaires, l'un des plus productifs, vous atteignez vos résultats... En plus, vous demandez un salaire moindre ! Et pourtant, ça ne marche pas. Systématiquement, on vous vire. Alors vous en avez pris votre parti. Faire votre job du mieux que vous pouvez, jusqu'à votre dernier jour. Lorsque votre patron vous parle de l'an prochain, vous feignez de l'écouter : vous savez très bien que l'an prochain, vous ne serez plus là. Faire semblant, c'est le maître-mot. A la machine à café, vous faites semblant de vous intéresser aux dernières nouvelles du bébé de Ben (alors qu'il casse du sucre sur vous auprès de votre N+1.) Vous faites aussi semblant de vous intéresser à la vie de la société et vous vous rendez à tous les évènements corporate.

Au-delà d'un certain nombre de missions, la motivation tend vers le zéro. Ce n'est pas la tension, qu vous avez dans les chaussettes, c'est votre motivation ! Le cynisme est devenu de l'aquoibonisme. Dès votre premier jour, vous pensez à votre départ. Chaque jour en plus est une petite victoire. "Un mois que je suis ici et toujours pas d'entretien de discipline en vue !" Non pas que vous aimiez le chômage, mais vous vous savez maudit. A force de multiplier les expériences, vous en finissez par vous y perdre. "Salut, Thierry ! - Non, moi c'est Vincent." A quoi bon faire des heures supplémentaires ? A quoi bon s'appliquer à la tache ? Pendant les réunions de service, vous consultez Twitter. Vous faites le minimum syndical. Le café, vous le préférez seul. Et puis côté santé mentale... Il y a ceux qui s'enferment dans des salles de réunions pour pleurer discrètement. Ceux qui ne dorment pas la nuit. Plus rarement, il y a des gens ultra-agressifs, au bord de la confrontation. Puis, un jour, c'est l'entretien fatidique. Forcément, vu la qualité de votre travail, vous avez creusé vous-même votre tombe.

lundi 23 novembre 2020

Cabinet d'ingénierie


Je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre... En fait, les cabinets de consultants actuels sont un dévoiement des cabinets d'ingénierie des années 2000.

A l'époque, lorsqu'une grande entreprise avait un besoin à court-terme en ingénierie (surtout sur les projets très en amont), elle faisait appel à la sous-traitance. Les cabinets montaient alors des plateaux projets, très autonomes, avec leurs propres chef de projet. Seul ce dernier était en contact direct avec le client.
Au mieux, le client possédait suffisamment d'espace pour vous intégrer dans ses locaux. Plus fréquemment, le client mettait à disposition du cabinet un Algeco, voire un local désaffecté. Et souvent, le plateau-projet était situé chez le cabinet de consultant, avec des bureaux dédiés. Cela signifiait qu'en tant qu'ingénieur de base, vous travailliez pour un client que vous ne voyiez jamais. Vous n'en connaissiez que son mail ou sa voix au téléphone.

Il y avait pas mal de turnover. Si le client avait sous-traité le projet, c'est souvent que le budget était insuffisant ou les délais, intenables. Dans une boite, j'ai ainsi vu trois supérieurs effectuer un burn-out ! Les plus jeunes se disent : "pourquoi se tuer à la tache pour l'homme invisible ?" Les cabinets d'ingénierie ne sont pas complètements idiots : certains bons éléments sont réaffectés à des projets plus gratifiants. Enfin, au gré de la vie du projet, si le budget le permet, ils peuvent rajouter des "petites mains".
Afin de garder une certaine cohésion dans l'équipe, les chefs avaient pour consigne d'animer leurs équipes : pot de départ, after-work, team-building... Tout était bon.

L'inconvénient, c'est que le retex était nul. Une fois le projet terminé, les contrats des consultants (y compris celui du chef de projet) s'arrêtaient. Souvent, même les N+1 partaient voir ailleurs. En plus, à force de travailler pour les mêmes clients, certaines entreprises comme Altran, Alten ou Akka se retrouvaient en position de force.
D'où l'évolution radicale du métier. Désormais, les plateaux projets sont in situ, avec un responsable en interne. De plus, l'équipe est un panaché de différents cabinets. On va ainsi vers toujours plus de précarisation des consultants, de compétition entre cabinets, d'apparition de cabinets toujours plus agressifs...

mardi 5 août 2014

Job d'été

L'été, c'est par définition la saison des petits boulots. Bien sur, on ne va pas vous confier un poste à responsabilité (on y reviendra...) Les avantages sont nombreux pour le chômeur. Le plus évident, c'est que cela permet de gagner un peu d'argent et de repousser l'échéance de la "fin de droit".

Evidemment, les jobs qui recrutent largement, sans qualifications, n'ont pas des horaires terribles. Mais certains emploi en horaires décalés offrent des primes intéressantes. Quant au secteur de l'événementiel, il offre des avantages en nature (repas, goodies et le cas échéant, hébergement.) Surtout, ces jobs offrent de la resociabilisation. Pendant quelques jours, vous n'êtes plus un chômeur; un rebut de la société. Vous redevenez un salarié, avec des collègues, des horaires de travail et une mission. Il fait beau, un de vos collègues n'arrête pas de raconter des blagues... Psychologiquement, c'est un sacré changement par rapport à d'habitude.
Le problème ? On l'a déjà dit, il faut se battre pour avoir un petit job. Même là, il y a des entretiens. Parfois, vos compétences techniques, commerciales ou vos connaissances des langues étrangères peuvent être un atout. Reste que vous n'avez pas eu un bac+5 avec mention pour distribuer des prospectus sur un salon, faire voiturier ou assurer l'accueil d'un parc d'attraction... Vous avez beau essayer d'être humble et modeste, vous gardez de la distance. A fortiori quand un gros beauf se montre condescendant à votre égard. A la longue, ça vous fait chier de vous lever à 7h du matin pour ça. Et puis, ne vous faites pas d'illusion. Ce n'est pas parce que vous travaillez dans un magasin de [multinationale], que [multinationale] va vous proposer un emploi de cadre. Non, souvent, vous travaillez en fait pour un sous-traitant (qui parfois est lui-même sous-traitant) donc vous aurez peu de liens avec les "vrais" employés. D'autant plus que les responsables sont rarement physiquement présents.
Dans le meilleur des cas, votre mission débordera sur septembre (encore un peu d'argent de poche...) Dans le pire des cas, vous pouvez compter les jours à sourire à des cons (les gens sont très cons lorsqu'ils sont en vacances) jusqu'à la quille...

lundi 4 août 2014

Jobs bidons et jobs à la con

Un bon article dans Libé, c'est suffisamment rare pour être signalé. Le journal s'intéresse aux "jobs à la con".

Il ne faut pas le confondre avec le job bidon. Le job bidon, c'est le boulot "alimentaire", qui est bien en-deçà de vos compétences et du salaire que vous pouvez prétendre. Oui, mais ça fait n mois que vous êtes au chômage et il faut bien payer les agios...

Le "job à la con", c'est le job complètement inutile. A la limite si vous ne veniez pas travailler, personne ne verrait la différence.
C'est l'angle-mort de l'explosion du secteur tertiaire. Beaucoup d'emplois ont des contenus très abstraits. Dans les petites entreprises, on a plutôt tendance à surcharger les gens. Dans les grandes entreprises, on réfléchi suivant des schémas datés. Certains décrètent que tel service doit être composé de n services, qui pilotent x sous-services avec y personnes dedans. Quel que soit le flux d'activité. Le chiffre d'affaires double ? On double les effectifs ! Un chef de service se retrouve avec une quinzaine de personnes sous sa responsabilité ? On crée un poste de sous-chef de service... Voir on divise le service en deux (avec deux sous-chefs) et le chef chapeaute désormais les deux sous-chefs ! Souvent, les chefs de service sont tout le temps en réunion ou à l'extérieur. Ils n'ont qu'une vision très partielle de leur service. Or, beaucoup de gens savent faire le numéro de "je suis dé-bor-dé". Donc, leurs chefs sont persuadés qu'ils ont besoin "de ressources supplémentaires". C'est aussi un moyen de pression auprès de leurs propres responsables : "Pour faire telle tâche, il me FAUT une personne en plus." Puis, il y a tous les projets traverses ou les travaux urgents. On se dit que créer un service dédié, c'est déjà résoudre le problème. Enfin, il y a tous les cabinets de consultants. Les vrais, ceux qui facturent à prix d'or des conseillers. Les PDG aiment s'entourer "d’œil extérieurs".
Bref, cela fait plein de gens payés à ne rien faire. Certains sont persuadés d'être vitaux. D'autres se contentent de faire acte de présence et de pondre un PowerPoint de temps en temps...

mercredi 30 juillet 2014

Le chômage estival du consultant

On a déjà évoqué les boites de consulting bidons. Elles recrutent des gens pour des missions spécifiques, à des jobs opérationnels. C'est illégal, mais essayez de vous plaindre à l'inspection du travail...

Souvent, les donneurs d'ordre n'ont qu'une visibilité sur quelques mois. Donc l'astuce, c'est de prolonger la période d'essai du consultant. Quand l'été arrive, le donneur d'ordre n'a plus besoin d'un supplétif. Après tout, l'entreprise est au repos. De nombreuses PME ferment carrément durant le mois d'août. Alors le contrat s'arrête fin juillet.
Et ensuite ? Un cabinet sérieux vous laissera en inter-contrat. Vous êtes payé pour rester chez vous, en attendant la prochaine mission. Un cabinet bidon trouvera un prétexte fumeux pour vous licencier. Depuis que vous êtes en poste, vous n'avez quasiment jamais vu votre N+1 ! Sur quelle base peut-il vous jauger ? Donc, "l'entretien post-mission" sera biaisé. Comme vous êtes en période d'essai, c'est assez simple de vous congédier. On vous explique que non, on ne peut plus vous garder parmi nous. Merci pour tout, au revoir.

C'est un grand classique. Les plus jeunes se sentiront trahis. Ils y avaient cru, au discours sur "l'ambiance start-up" et les vidéo du séminaire de motivation...
Qui plus est, il n'y a rien de pire que de se retrouver au chômage l'été. La DRH est en congé, le PDG aussi (donc vous devrez patienter, pour votre solde de tout compte.) Pole Emploi est au ralenti (n'espérez donc pas une inscription rapide.) Et en prime, ce sera toujours compliqué d'expliquer à un recruteur qu'une entreprise vous a licencié lors de votre période d'essai.

mardi 29 juillet 2014

Flexi-insécurité

Les derniers chiffres de l'UNEDIC sont éloquents. 38% des chômeurs de catégorie A sortait d'un CDD. 12% de chômeurs sortaient d'un contrat d'intérim. Soit la moitié des chômeurs. Et on ne parle même pas des stagiaires, des apprentis, des emploi-aidés, etc.

Cela confirme que lorsqu'on décroche un contrat précaire, on reste ensuite précaire. C'est un cycle de petits boulots et de chômage. Les histoires d'employeurs qui font signer un CDI à un intérimaire, parce qu'il est travailleur et excelle à son poste, c'est un mythe.
En général, lorsqu'une entreprise sent un "accroissement temporaire d'activité", elle "débloque une ressource". Le responsable de service le voit comme "quelqu'un de passage". C'est presque une fourniture jetable, comme un stylo. Au mieux, il va le prolonger. Mais lorsque le problème est considéré comme résolu, ciao !
Si l'activité se maintient, mais que le contrat a déjà été prolongé une fois, l'employeur prendra un nouveau précaire. Les plus cyniques font cela pour avoir en permanence du personnel motivé. L'excuse généralement avancée, c'est que la PME a déjà 48 ou 49 employés. Donc impossible d'embaucher. En fait, beaucoup de chefs de service n'ont aucune empathie pour le précaire. Ils n'ont jamais songé à lui offrir un CDI; quoi qu'ils en disent.

Ca m'est déjà arrivé de prendre un poste en remplacement d'un contrat précaire. J'étais au moins le troisième CDD à ce poste, mais on voulait me faire croire que j'aurais peut-être un CDI. Si c'était vrai, pourquoi n'a-t-il pas donné de CDI à l'un de mes prédécesseurs ? Une fois, mon chef m'avait demandé pourquoi mon niveau d'activité baissait sérieusement (mon contrat approchait son terme.) Il m'a ressorti le bobard du CDI, si je me décarcassais jusqu'au bout... Mais après quelques minutes, il a avoué qu'il n'y aurait pas de CDI à me proposer... Mais que peut-être qu'à l'avenir, dans une prochaine boite, un CDD pourra être transformé en CDI. Donc il faut prendre l'habitude de se donner à 100% jusqu'au dernier jour... Ben voyons.

mardi 1 juillet 2014

Usine à gaz


Beaucoup d'entreprises ont des conflits ouverts entre employés. Pour beaucoup de chefs de service, la solution s'appelle "l'éléphant dans le salon" : c'est une gène terrible, mais tout le monde fait comme s'il n'existait pas. Il faut à tout pris éviter la confrontation. Cela donne des situations ubuesques : un employé qui refuse d'effectuer telle tache (pourtant dans son périmètre), deux employés qui ne veulent pas travailler ensemble (alors que leurs périmètres se touchent), une directive non-appliquée (notamment parce qu'elle froisse les syndicats), etc. Au fil du temps, tout le monde s'habitue à faire des détours. Ca devient normal.

Le nouveau-venu tombe souvent des nues face à la situation. Au mieux, son responsable monte une usine à gaz : il faut faire telle tâche, à la place de X, mais sans que X voit qu'on l'effectue dans son dos. Souvent, on ne met pas le novice au courant des non-dits (ne serait-ce que parce qu'ils semblent désormais "naturels".) Il va inconsciemment aborder le sujet qui fâche. Les plus jeunes -et les plus idéalistes- s'attaqueront aux problèmes avec la fleur au fusil. Ils sont persuadés d'agir pour le bien de l'entreprise.
Dans le pire des cas, on l’envoi carrément au casse-pipe : par exemple, mettre en place une directive controversée. Il vient d'arriver, donc il peut repartir aussi sec. Et comme on dit, premier arrivé, premier servi ; le bleu fera le sale boulot. En cas de souci, la hiérarchie dira qu'il a agi de son propre chef. La paix sociale mérite bien qu'on sacrifie un "bleu".

En général, c'est le genre de boulot où vous ne passez pas la période d'essai. De toutes façons, en général, vous vous rendez compte qu'il n'y a pas qu'un seul problème. Comme il n'ose pas trancher, le responsable laisse s'accumuler plein de problèmes. Vous voilà dans une entreprise pleine d'usines à gaz et de décisions que personne n'ose prendre. Pas vraiment le genre d'entreprises où l'on peut s'épanouir.

jeudi 19 juin 2014

Le placard

Dans une entreprise, 100% des employés sont censés travailler à 100% de leurs capacités, 100% du temps. Cela n'empêche pas que certains employés soient payés à ne rien faire. L'entreprise ne veut pas ou ne peut pas les licencier, alors elle leur donne un emploi fictif en espérant qu'ils démissionnent d'eux-mêmes.
Pour le novice, c'est assez déstabilisant de voir cette personne qui arrive le matin, ne fait rien et repart le soir. Certains passent leur journée à papoter et d'autres vont au bistrot. Qui plus est, étant sur une voie de garage, il (ou elle) est considéré(e) comme un(e) pestiféré(e). Les autres employés ont tendance à l'éviter. Et vous, en tant que nouvel arrivant ? Devez-vous faire comme les autres et le rejeter ? Ou bien, en tant qu'ex-exclu vous-même, de sympathiser avec lui ?

  • Le cas le plus fréquent, c'est la personne qui sort d'un longue arrêt maladie ou d'un congé paternité. Il a été absent longtemps, on ne savait même pas s'il reviendrait. Alors l'entreprise a embauché quelqu'un pour faire sa tache. Parfois, suite à une réorganisation, le poste a disparu. En général, le(la) revenant(e) n'a pas envie de retravailler. Il reste là le temps de négocier sa prime de départ.
  • Le grand classique du cadre, c'est l'expatrié de retour en France. Il a été physiquement loin des jeux de pouvoirs. En plus, s'il revient d'une longue mission dans un pays exotique, il est étiqueté "déviant". Son ancien service refusera de le reprendre. S'il veut rester, l'ex-expatrié doit négocier une mutation.
  • Les cadres supérieurs expérimentés coûtent très cher en indemnités de licenciement. Lorsqu'on ne peut plus les promouvoir, on les met à la tête d'un autre service. Mais s'ils sont vraiment incompétents, on veut les pousser à la démission.
  • Les responsables syndicaux sont par définition considérés comme des déviants. Légalement, ils sont très compliqués à licencier. Histoire de les marginaliser, on leur donne donc un emploi fictif. De toutes façons, entre la permanence syndicale, le C.E., les conseils des prud'hommes, ils n'ont plus beaucoup de temps pour leur vrai travail.

lundi 2 juin 2014

Fils de...


J'ai toujours du respect pour les gens qui ont créé leur entreprise. Même s'ils avaient d'emblée beaucoup de moyens ou que leur entreprise ne marche pas. Parce qu'il faut du courage et de l'abnégation pour se mettre à son compte.
A contrario, je suis très méfiant à l'égard des enfants, gendres ou cousins du fondateur. Certains sont compétents. Rien qu'en France, il existe nombre d'entreprises gérées par de véritables dynasties (Michelin, PSA, Bolloré, Dassault, Lagardère, Ricard S.A...) Certains patrons imposent d'ailleurs un parcours "à la dur" à leur progéniture, afin qu'ils fassent leurs preuves. Mais souvent, les "enfants de" se comportent en terrain conquis et faute de parcours hors du cocon familial, ils n'ont aucun recul. Dans plusieurs cas, le patron finit par se raviser et à vendre son entreprise à d'autres.
Pour quelqu'un, donner des responsabilités à ses enfants, c'est transmettre en héritage. Il y a l'idée que son entreprise soit une "famille" (une notion fréquente chez les vieilles PME.) C'est aussi vouloir jouer les grands seigneurs et montrer que l'on a les moyens d'offrir un poste d'un claquement de doigts. D'autres le font en se disant que leur progéniture seront leur prolongement : ils appliqueront leurs idées, voir fliqueront davantage les autres employés (réduisant les angles morts.)

Dans une entreprise, j'ai travaillé pour une caricature du "fils de". Un jeune homme sans aucun diplôme, dont le seul mérite était d'être le fils du patron. Cet homme né avec une cuillère en argent dans la bouche faisait de grands discours sur le travail acharné, le mérite, le dévouement, etc. Il va sans dire qu'il arrivait tout les matins à 10h, jamais rasé, habillé comme l'as de pique et qu'il avait 12 ans d'âge mental. Il changeait d'avis comme de chemise, disparaissait sans raison (et sans prévenir) et parlait comme un charretier aux clients. Un matin, j'avais un dossier à le faire signer. Je l'ai trouvé, les pieds sur son bureau, lisant un magazine de surf et me déclarant avec le plus grand sérieux du monde : "Il faudrait qu'on achète un laser." (NDLA : bien sûr, ça n'avait aucune utilité pour la société.) A cet instant-là, j'ai compris que je devais partir. Et vite.
Plus tard, j'ai connu un scénario digne de Dallas ! Le fondateur avait deux fils. Pour une raison inconnue, il a légué l'entreprise au cadet. L'ainé ne l'a pas supporté. Autant dire que c'était la guerre permanente entre les deux hommes. L'un disait blanc et l'autre disait noir. Une situation intenable pour les employés. D'autant plus qu'aucun des deux n'avaient vraiment de stratégie.
Dans une troisième expérience, le patron avait carrément embauché sa femme, ses deux filles et le mari de l'ainée ! Le gendre était particulièrement incompétent. Heureusement, ses responsabilités étaient très limités. Bien sûr, ils avaient tous une voiture de fonction, un défraiement généreux et des horaires à la carte. Alors qu'on nous expliquait que l'heure, c'est l'heure et que faute d'argent, il ne fallait pas compter sur une augmentation. Y compris pour l'année d'après. Et celle d'après. Comme le gosse du premier cas, le gendre était un spécialiste du don permanent de leçons, notamment sur la bonne gestion du salaire. L'entreprise lui payait -presque tout- à lui et à sa femme, c'est sur qu'ensuite, ils pouvaient épargner !

mardi 20 mai 2014

Petit boulot



Les juniors ont beaucoupde mal à mettre le pied à l’étrier. Certains réussissent à décrocher d’emblée un CDI. Mais dans de nombreux cas, c’est plutôt un enchainement de CDD, de missions d’intérim et de période de chômage. Dans quelle proportion ? Les zappés ne se vantent pas de l’être et les chiffres manquent. Plus le chômage s’éternise et plus il faut « étendre sa recherche ». Lorsqu’il n’y a vraiment plus rien en vue et/ou que l’argent manque, il reste les petits boulots.
Les petits boulots recoupent de nombreuses situations. On y trouve des jobs saisonniers, voir journaliers, de l’intérim et parfois des CDI.


  • Souvent, les chefs d’équipes craignent les candidats surdiplômés. Ils craignent –légitimement- un manque d’implication et qu’à la première occasion, il s’en aille. Vous devez donc envoyer un CV « allégé ». Parfois, l’entretien est très informel : on vous jugera davantage lors de la journée d’essai.

  • Par définition, s’ils recrutent très largement, c’est qu’il y a un loup. Soit ce sont des jobs mal payés, soit durs physiquement, soit dans un environnement difficile. Les jobs nocturnes proposent parfois des taux horaires élevés et un temps de travail réduit. Mais tout le monde n’a pas forcément l’envie ou la possibilité de travailler la nuit.

  • Ce sont souvent des jobs kleenex. Ici plus qu’ailleurs, les responsables reçoivent presque tous les jours des candidats. Vous n’êtes pas content des conditions de travail ? La porte est ouverte ; il y en a 10 prêts à faire ton job !

  • Certains secteurs, comme l’immobilier, recrutent en permanence. A contrario, les jobs estivaux sont très recherchés (notamment par les étudiants en quête d’argent de poche.) Il faut donc vous réveiller bien en avance… Quoi qu’il en soit, ne croyez pas qu’on n’attendait que vous. Il faudra vous battre pour décrocher ce travail !

  • Ne faites pas votre Florence Aubenas ! Ce n’est pas parce que vous avez bac+4 et que vos collègues ont bac-5 que vous devez être condescendant. Vous n’êtes pas forcément le plus doué pour ce poste. D'ailleurs, il y a peut-être d'autres bac+4 parmi vos collègues...

A court terme, c’est une toujours bonne leçon d’humilité. Ça vous permettra de prendre du recul par rapport à votre poste et au monde du travail. Mais le retour peut être difficile : ce passage par la case « petit boulot » peut effrayer un recruteur.

mardi 22 avril 2014

Auto-entreprise, auto-arnaque

Dans le monde de l'entreprise, il y a beaucoup de patrons filous. Pas tous, mais ils sont nombreux. S'ils le pouvaient, ils auraient 0 CDI dans leur entreprise !

L'une des solutions, c'est l'auto-entreprise. Ce statut a été créé à l'origine pour les personnes ayant un revenu complémentaire. Mais il est très usité dans le tertiaire et les services (VRP, informaticien, community manager, RP...) Il s'agit essentiellement de cas où la personne peut travailler à domicile et où elle a peu de contacts avec le reste du personnel (un auto-entrepreneur in situ, ça serait trop "visible".)
La procédure est toujours la même. Vous avez eu un entretien et il s'est bien passé. Le patron vous veut. Seulement voilà, il n'a pas le budget ou la place pour embaucher quelqu'un. Donc, il vous propose de travailler en indépendant. Comme d'habitude, si vous êtes un junior en mal d'expérience ou un chômeur de longue durée, vous êtes forcé d'accepter. De la manière dont votre patron vous en parle, c'est idyllique. Vous serez libre de vos horaires ! S'inscrire ne prend que quelques jours ; vous pouvez remplir le formulaire sur internet. Supposons, par exemple que vous ayez un salaire de 20K€ annuel net; vous couteriez environ 40K€ à votre employeur. Si vous êtes auto-entrepreneur et que vous facturez 28K€ par an ; ça vous fait 21K€ une fois payé les charges patronales. Plus d'argent dans la poche et moins de coût pour votre "patron". A priori, c'est du gagnant-gagnant !

Là, si vous commencez à connaitre ce blog, vous doutez bien qu'il y a une différence entre la théorie et la pratique. En pratique, un auto-entrepreneur n'est pas un employé. Vous n'avez pas de congé, pas de mutuelle, pas de retraite. Si vous êtes malade ou que vous partez en vacances, vous n'êtes pas payé. Comme vous êtes une entreprise, votre "patron" peut vous virer sans préavis et bien sûr, comme vous n'êtes pas salarié, vous n'avez pas d'assurance-chômage. Bref, c'est ultra-précaire. Accessoirement, l'auto-entreprise est un statut ambigu : votre structure n'a pas de nom, vous ne pouvez pas embaucher de personnel (même en stage) et vous ne pouvez pas récupérer de la TVA. En conséquence, impossible de s'approvisionner dans les magasins réservés aux professionnels. Enfin, il faut savoir que les gouvernements successifs ont tendance à considérer les auto-entrepreneurs comme des vache-à-lait. D'où des prélèvements régulièrement revus à la hausse...
Si vous êtes auto-entrepreneur, vous pouvez avoir autant de "clients" que vous voulez. Si vous n'avez qu'un seul client, c'est de l'emploi déguisé (ce qui est souvent le cas.) Donc, en théorie, en cas de rupture abusive, vous pouvez saisir l'inspection du travail. Au moins, ça les fera bien rire...

lundi 24 mars 2014

Offre de stage bidon


Comment différencier un stage bidon (à savoir, un emploi déguisé) et un stage légitime ?

- La durée. Normalement, un stage est un "cas pratique" ; un exercice simple où le stagiaire découvre le monde de l'entreprise. Comme sa mission possède un périmètre limité, il en a vite fait le tour. C'est la grande différence avec une alternance, qui est un aller-retour permanent entre l'école et le monde professionnel (donc davantage de compétences à acquérir et une durée plus longue.) En conclusion, un stage de 6 mois n'a aucun sens.
- La mission. Le stagiaire est là pour qu'un tuteur lui apprenne les ficelles d'un métier. Ca doit être un suivi quotidien. Si un même tuteur s'occupe de plusieurs stagiaire ou que le stagiaire soit sur un poste très autonome, c'est suspect.
- L'expérience. Un stagiaire, c'est un débutant. Il est censé n'avoir aucune expérience du poste (mis à part ce qu'il a appris en classe.) Donc, une offre de stage qui mentionne une "rémunération suivant expérience", c'est une alerte rouge ! En général, dans ce genre d'annonce, le profil de formation recherché est très vague.

Le cas typique de l'annonce bidon, c'est donc une offre de stage de 6 mois comme community manager, avec rémunération suivant expérience. Clairement, c'est un travail qui correspond à un emploi à temps plein. Mais l'entreprise recrute un stagiaire, comme ça, elle propose des tarifs imbattables à son client final...

jeudi 13 mars 2014

La malédiction du premier job

Parmi les conneries qu'on vous raconte à l'école, il y a le discours sur les "compétences". Un DRH recherche des "potentiels". Il se base sur ce qu'un candidat peut faire et non ce qu'il a fait.

Sauf que là, ça reviendrait à réfléchir sur le long terme. Or, les entreprises n'embauchent plus des gens pour les garder 20 ans. Elles ne voient que les projets à court, moyen terme. Un novice nécessitera un temps d'adaptation. Mieux vaut engager quelqu'un qui a déjà fait telle tâche dans son précédent emploi !
D'autant plus qu'avec 3 millions de chômeurs, on peut s'offrir le luxe de ne prendre aucun risque. Les cabinets de recrutement sont d'autant moins aventureux qu'ils sont eux-mêmes en concurrence avec d'autres cabinets. 

Corollaire N°1 : les DRH recrutent des personnes hyper-spécialisées. Donc souvent incapables de s'adapter au moindre changement (et hostiles au changement une fois passé responsable.) Notamment par manque de recul. Le principal, c'est qu'elles n'ont pas besoin d'adaptation. Pour les cabinets de consultant, c'est un argument : on vous envoi un profil taillé sur-mesure, d'emblée opérationnel.
J'ai pu le constater de visu. J'étais une fois en entretien dans une grande entreprise. Mon concurrent avait le look et le cerveau d'un candidat de TV-réalité, mais il avait travaillé pour une filiale de l'entreprise, par le passé. Donc il a eu le job. C'était d'autant plus ridicule que ce job n'avait rien de sorcier et que pour moi, la période d'adaptation aurait été courte.

Corollaire N°2 : à moins de tomber sur un recruteur compréhensif, vous serez exclusivement convoqué à des entretiens correspondant à votre ancienne occupation.
Vous maitrisez bien l'anglais ? Oui. Vous avez parlé anglais dans votre précédent emploi ? Non. Donc pas question de postuler à des emplois tournés vers l'international. Vous voulez quitter votre job merdique, mais on ne vous propose que des postes similaires ! Un vrai casse-tête si après vos études, vous avez du accepter n'importe quoi.
Pour les juniors, c'est le cercle vicieux du pas d'expérience, donc pas de travail, donc pas d'expérience, etc. Les plus vieux risque d'hériter d'une étiquette "PME" ou "intérimaire" collée sur le front à la superglue. De quoi donner le blues du zappé déjà évoqué.

mardi 25 février 2014

Profession : stagiaire

Le titre fait référence à cette BD.

Le débat actuel sur les stagiaires peut sembler saugrenu pour les profanes. Par "stage", d'aucun pensent à l'image d'Epinal de l'étudiant en BTS qui passe quelques semaine à faire du café, des photocopies et à jouer au démineur. Alors pourquoi une telle polémique ? Pourquoi évoquer des questions de rémunération ou de durée ? Après tout, un long stage rémunéré, ça existe déjà : c'est l’apprentissage !

Effectivement, parmi les stages, il y a ceux accordés aux enfants d'employés. Certaines entreprises prennent régulièrement des stagiaires auprès d'une école (parce que le patron est un ancien ou que l'école est au coin de la rue.) On reste dans le stage bon enfant. C'est un moyen pour l'étudiant de se familiariser avec le monde de l'entreprise (tant pour les bons, que les mauvais côtés.) Je garde d'excellents souvenirs de certains stages et de certains tuteur (le pseudo "Alain" est d'ailleurs un hommage à l'un d'eux.) Ca donne un peu d'expérience. Ca permet aussi d'apprendre à pipeauter afin d'enjoliver ce qui a été fait (le stage "machine à café/broyeuse de document" devenant une "mission à responsabilité".)
Certaines entreprises refusent les stagiaires. Elles avouent qu'elles n'ont pas le temps d'en prendre ou pas de missions à leur confier. C'est dur pour la personne en recherche de stages, mais au moins, elles sont honnêtes.

Le problème, c'est qu'il y a des dérives.
En général, les stages ont lieu l'été, après l'année scolaire. Ca tombe bien, l'été, les employés partent en vacances. Certaines entreprises se servent des stagiaires comme intérimaires gratuits. Je me rappelle une réflexion d'un ancien responsable : "On doit renforcer notre équipe commerciale... On doit trouver un stagiaire ! Faites le tour des écoles et demandez qu'on nous en envoi un !" Le droit du travail précise pourtant qu'un stagiaire ne doit pas servir pour faire face à un accroissement temporaire d'activité, occuper un emploi saisonnier ou exécuter une tâche régulière. Mais vous allez vous plaindre auprès de qui ? Ce que les entreprises oublient, c'est qu'un stagiaire est un débutant (donc maladroit) et qu'en tant qu'étudiant, il a un bon égo (il pense qu'il mérite mieux.) Comme m'a dit un stagiaire la semaine dernière : " Je suis payé 65% du SMIC, donc je bosse 65% du temps. " Et le chef qui cherchait des stagaires ? Il en a vu défiler 4 en 2 mois... Et il ne comprenait pas pourquoi il ne restait pas.
Dans les grandes entreprises, on passe carrément des offres de stages dans les sites de recrutement. En général, il s'agit de rédiger des rapports internes, de servir d'assistant pour un chef de service ou carrément de gérer un projet. Après, ces entreprises se plaindront de la fuite d'informations confidentielles... Ce sont des jobs de cadres, voir de cadres supérieurs. Ces entreprises vous font éventuellement miroiter un CDI. Ou bien, elles vous diront que c'est une expérience valorisante pour votre CV. Bien sûr, le jour où le stage se termine, point de CDI. A moins d'être naïf, vous vous êtes bien rendu compte qu'on vous a enfumé. D'où une productivité en berne sur la fin. Votre tuteur ne se met pas à votre place. Quelques mois plus tard, lorsqu'un employeur potentiel appelle pour "prendre une référence", il vous saquera en règle...
Les pires situations sont dans les secteurs artistiques, culturels, l'événementiel et le social.Il y est très difficile de décrocher un CDI. Les débutants vont de stages en stages, quitte à s'inscrire à des formations bidons. Les employeurs sont des entreprises de service, qui facturent de la prestation. Pour casser les prix, il leur faut des stagiaires. Et pour traiter simultanément plusieurs dossiers, elles recrutent des bataillons de stagiaires. Ces entreprises ont beau jeu de dire qu'avec des CDI, leurs finances seraient plombées. En fait, l'emploi massif de stagiaires est au cœur de leur modèle économique ! Voilà pourquoi il a fallu limiter le nombre de stagiaires par entreprises, la durée des stages et imposer une rémunération minimum. L'allié objectif de cette exploitation, ce sont les nombreuses formations en communication, en art, en sciences sociales, etc. qui n'offrent aucun débouchés. D'où ces flots permanents de stagiaires. Mais si vous touchez à ces formations, on vous traitera d'anti-intellectuel, d'assassin de la culture, etc.

dimanche 16 février 2014

On a un dossier sur vous

A se demander pourquoi vous faites des CV ! Désormais, chaque cabinet de recrutement, chaque grande entreprise vous demande de remplir un dossier complet. Vous devez détailler vos précédentes expériences (nom de l'entreprise, mission(s) précise(s), date d'arrivée, date de sortie...) et bien sur, donner au moins un contact qui vérifiera vos dires. Sans oublier les justificatifs à apporter le jour de l'entretien.

Vous allez passer une bonne heure dessus. A priori, un chômeur, ça a du temps à perdre. Beaucoup de temps. En plus, il faut reconnaitre que beaucoup de CV sont mal faits. Sauf que le plus souvent, c'est pour une candidature qui n'aboutira pas. Vous ne faites que grossir une "candidathèque". Personne ne le lira (d'ailleurs, ça vous permettra de postuler deux fois au même endroit après avoir bidonné votre CV." Et qu'on vous demande, encore et encore, de ressasser vos souvenirs. Les boites qui vous ont jeté, celles où vous vous êtes ennuyés, celles qui vous ont déçu, celles où vous avez laissé passer des opportunités... Il n'y a pas mieux pour vous donner un coup de cafard !

Si vous refusez, le cabinet peut s'offusquer : "Comment ? Vous refusez de remplir mon dossier ?" Un hypocrite vous expliquera que cela fait parti "de sa démarche qualité". Le plus souvent, il se fait menaçant : "Vous savez, nous sommes très à cheval sur le bon remplissage des dossiers." En pratique, lorsqu'il y a un emploi à pourvoir urgemment, on saura s’accommoder de votre absence de dossier...

dimanche 9 février 2014

Le téléphone (2)

Parfois, il peut se passer des jours, voir des semaines, sans la moindre opportunité d'emplois. Pas d'entretien, pas de coups de fils, rien. C'est le pire qu'il puisse arriver à un chômeur, car vous n'avez alors aucune lueur d'espoir de boulot. J'ai connu des gens qui sont restés plusieurs mois dans ce cas.

Puis, un jour, miraculeusement, le téléphone sonne :
"Allo, ici le cabinet JMBC. Nous avons vu votre CV sur une CVthèque. Quel type de poste recherchez-vous ?
- Idéalement, un travail de "senior", avec utilisation de l'anglais, en CDI, payé dans la moyenne du marché et pas trop loin de chez moi.
- Nous recherchons quelqu'un pour un emploi subalterne, en CDD, payé au lance-pierre et situé au Diable-vauvert. Ca vous intéresse ?"
A cet instant là, tout le monde vous dirait de répondre "non". Sauf que vous avez un loyer à la fin du mois. Et on ne peut pas le régler en scrupules. Donc, vous dites oui. C'est une proposition merdique, mais vous n'avez pas d'alternative (même si en entretien, vous direz que vous êtes en contact avec plein d'entreprises.) Au moins, moi, j'ai écarté les propositions hors d'Ile-de-France...

lundi 3 février 2014

Tout travail mérite salaire...

Parfois, au milieu de votre désert professionnel, vous tombez sur des oasis. Ils se nomment CDD ou intérim. En général, ce ne sont pas des missions très excitantes, mais c'est ça ou attendre un très hypothétique CDI.

Avantage : ça vous remet le pied à l'étrier. Pendant quelques semaines, voir quelques mois, vous quittez votre statut de chômeur. Psychologiquement et financièrement, c'est important. Avec un peu de chance, la mission durera suffisamment longtemps pour vous ouvrir de nouveaux droits de chômage...

Inconvénient : c'est du précaire. De plus, à force, vous risquez de devenir "intérimaire à temps plein". Les recruteurs se méfient des candidats qui ont enchainé les missions. Ils sont catalogués "instables".

Parce que dans la tête d'un DRH, quelqu'un qui ne fait que des missions à court-terme, c'est que a) c'est une tête brûlée qui refuse les CDI ou b) un employé tellement nul que ses chefs n'en veulent pas à temps plein. Certes, il y a effectivement des gens qui veulent "rester libre" et d'autres tellement maladroits ou niais qu'on est bien content de les voir partir. Néanmoins, il y a surtout des entreprises qui emploient des intérimaires à la chaine. L'intérêt étant de disposer d'une main d’œuvre dont on peut facilement se séparer (et qui n'entre pas comptablement dans les charges de personnel.) Les ateliers de production sont traditionnellement de gros consommateurs d'intérimaires. Mais on en trouve aussi à des postes d'encadrement.
Pour motiver un intérimaire sur une mission longue, l'entreprise pense posséder une carotte : la promesse d'un CDI. On fait croire à l'infortuné qu'il est dans un genre de période d'essai. Donc, il doit faire des efforts pour prouver qu'il mérite le poste ! Le salaire ? On l'abaisse par rapport à ses prétentions, mais promis, on le remontera à la signature du CDI. Les horaires ? Ca serait bien s'il faisait des heures supplémentaires (sans les noter), ça améliorerait ses chances de CDI... Et puis pour le job, ça serait bien s'il faisait un peu plus que ce qu'on lui demande, car ça améliorera ses chances de CDI... Et à la fin, si on a encore besoin de lui, on lui prolonge son intérim. Une fois, j'ai ainsi effectué 20 intérims successifs dans une entreprise ! Au bout du 20ème, on m'a dit que non, il n'y avait pas de CDI... Mais 2 jours avant mon départ, mon chef m'a demandé de traiter un dossier urgent (avec des heures supplémentaires) en me jurant qu’éventuellement, derrière, on pourrait me prolonger mon intérim... Quelques années plus tard, une autre boite m'a demandé des sacrifices en me faisant miroiter un CDI (alors que mon prédécesseur, était un intérimaire dont le contrat a couru sur un an.) Moi, je lui ai fait miroiter mon majeur...

vendredi 31 janvier 2014

Allons à la campagne...

Au bout d'un certain temps, vous avez envie "d'élargir votre champs de recherche", comme on dit à Pole Emploi. Pourquoi ne pas répondre à des offres en province ? Les PME ont souvent des difficultés à trouver des cadres. Dans une petite structure, vous aurez d'avantage de responsabilités. Souvent, les cabinets de recrutements en rajoutent une couche : "Cela fait plusieurs mois qu'ils cherchent quelqu'un pour ce poste. Ils sont prêt à aller jusqu'à 80% du salaire que vous demandez."
Pour de nombreux Parisiens, le monde civilisé s'arrête au périphérique. Mais là, bien sûr par "province", j'évoque la France profonde. Les patelins si petit que l'adresse de l'entreprise se limite à un lieu-dit (sans nom de rue, ni rue.) Et si reculé que même en dézoomant le GPS, on ne voit pas apparaitre d'autres villages...

Comme d'habitude, il y a un gouffre entre théorie et pratique. Vous vous tapez des heures de transport (à vos frais.) Puis vous voilà face à une PME, au beau milieu de nul part. Ce n'est pas très engageant. Mais avez-vous le choix ? Vous imaginez tant bien que mal votre future vie là.
Bien sûr, la personne qui doit vous recevoir est en retard. Et au milieu de l'entretien, le DRH pose LA question qui tue : "Mais... Êtes vous prêt à travailler ici ?" Non, Ducon, je me suis tapé une journée de transport (qui me fera un trou dans mon budget mensuel) juste pour le fun ! En fait, ils ne veulent pas d'un Parisien. Soit parce qu'ils ont peur que vous vous ennuyiez, soit par simple haine des Parigos. C'est un de ces entretiens qui mènent nul part. Sauf qu'au lieu de juste perdre une heure, comme les autres fois, vous perdez une journée. En prime, ils ne vous enverront même pas de mail de refus.

mardi 28 janvier 2014

Cabinets de conseil bidons (2)

L'entretien, c'est le nerf de la guerre de la recherche d'emploi. Pour un chômeur, c'est déjà une délivrance en soi : vous avez une chance de trouver un emploi.

Mais lorsqu'on tombe sur un cabinet de conseil bidon, on déchante vite. On n'est pas sur la piste de la "reprise d'activité" ; on est juste un CV de plus pour la CVthèque.

Comment savoir si on vous convoque pour un "vrai" entretien ? Sachez repérer les symptômes du cabinet bidon...
1) Sur la porte d'entrée, il y a une quantité de logos. Une fois, j'ai même eu un consultant qui ne savait pas à quel nom de société il devait mettre mon dossier !
2) Après vous être présenté à l'accueil, on vous indique une salle d'attente où il y a déjà une dizaine de candidats. Si vous passez à 18h ou 19h, c'est à peu près logique : ce sont des gens qui ont déjà en poste et qui passent un entretien après les heures de bureau. Sinon, ça signifie que le cabinet fait de l'abattage.
3) Il n'y a QUE des salles d'entretiens dans l'immeuble. Pas de doute, ils font de l'entretien à la chaine. Votre seule planche de salue, c'est qu'ils aient une vraie mission pour vous.
4) Le recruteur n'évoque pas de mission précise. Il a des postes à pourvoir, mais il va d'abord en parler à ses supérieurs. Certains cabinets de conseils se créent des CVthèques. Comme cela, ils peuvent dire à leurs clients : "Regardez on a déjà n personnes pour tel travail." Pour les petits cabinets de conseil, c'est vital. Chez les gros cabinets, les recruteurs ont des quotas d'entretiens à faire. Il n'a pas de mission pour vous. S'il en avait une, il l'évoquerait d'emblée.
5) Le suivi est minable. Quelques jours après, le recruteur vous dit : "Je n'ai rien pour vous, mais ne vous inquiétez pas, je vais parler de vous à mes collègues." Sauf que personne ne parle à personne. Le gag, dans les grands cabinets, c'est que quelques jours après, un autre consultant de la même société vous appelle, car il doit lui aussi remplir son quota d'entretiens...

Cabinets de conseil bidons (1)

Vous avez déposé votre CV sur un site et miracle, un cabinet de conseil vous appelle !

De vrais cabinets de conseil, ça existe. Il recrute des majors de promotion de grandes écoles et facturent 10 000 € par jour. Comme vous n'êtes pas major de promo, vous avez de fortes chances de tomber sur un cabinet bidon. En général, ils ont des noms bien ronflants et bien Américain. Du style Smith & Jones International. Leur site internet est très vague. D'abord, on vous demande de remplir un long dossier... Qui reprend peu ou prou les informations sur votre CV.
Ensuite, vous voilà en entretien chez Smith & Jones International. Le recruteur, une petite vingtaine, est très enthousiaste. Vous avez un "profil très intéressants". Il est en contact avec "de grandes entreprises". Le conseil, cela consiste en une intervention ponctuelle et extérieur. Vous apportez une expertise. Sauf que chez Smith & Jones, on vous propose des missions opérationnelles et longues. En gros, vous allez travailler chez le client. Sauf qu'au lieu d'avoir un statut d'employé, vous serez un élément extérieur (on y reviendra.) Avant, les cabinets de conseils ne recrutaient que des "juniors". Mais, aujourd'hui, on trouve du senior pas cher et sans amour-propre, alors pourquoi se gêner ?

L'entretien s'est super bien passé. Il a une place à vous proposer chez un client, une multinationale. Ca serait une bonne première expérience chez Smith & Jones International. Le cabinet travaille depuis longtemps avec [multinational] et ils y ont déjà placé pas mal de consultants. Ensuite, quand vous aurez fait vos preuves, on vous positionnera sur une mission encore meilleure. Vous avez fait ami-ami avec le recruteur, qui vous a tutoyé sur le pas de la porte.Il s'est même moqué de votre timidité ou des lieux communs (appris à l'école) que vous avez récité. C'est comme ça, chez Smith & Jones International ! On se tutoie, c'est une "ambiance start-up".

Quelques jours après, le recruteur vous rappelle. Il a eu le responsable de [multinational] au téléphone. Vous êtes convoqué pour un entretien chez le client. Le recruteur vous rassure : avec votre CV, c'est du "sûr à 90%". Vous rêvez d'un travail chez [multinational].

Le jour J, les déceptions s'enchainent. 1) Ce n'est pas chez [multinational] mais dans une sous-filiale, au milieu de la cambrousse. Et en fait, votre mission est moins intéressante que prévue. Et pour le salaire, le client a exigé des efforts. Mais, vous rassure le recruteur, c'est juste une première expérience chez Smith & Jones !
2) Vous n'êtes pas seul sur le coup. Il y a d'autres cabinets en lice. Ce n'est donc plus vraiment du "sûre à 90%". Parfois, un même cabinet enverra deux candidats. En théorie, l'entretien ne devrait pas avoir lieu. Le client cherche une prestation ; ce n'est pas un recrutement. En théorie aussi, le cabinet n'a le droit de présenter que des gens en poste. Pas d'embaucher pour une mission spécifique. Mais vous allez vous plaindre auprès de qui ?
3) D'après les questions qu'il vous pose, le client n'a jamais lu votre CV. Bref, le recruteur vous a mené en bateau.

Dans la plupart des cas, ça s'arrêtera là. Le client en a choisi un autre, moins cher. Le recruteur vous dit qu'il a "d'autres opportunités" et qu'il vous "rappellera bientôt". Néanmoins, vous n'entendrez plus jamais parler de lui... Par contre, quelques jours, voir quelques semaines plus tard, un autre consultant de Smith & Jones International verra votre CV. Il veut vous convoquer à un entretien, vous renvoi un dossier... Et il n'est pas du tout au courant que vous aviez déjà vu quelqu'un de ce cabinet...

Ca a marché ? Bienvenue dans le monde du travail en régie ! Vous avez les inconvénients d'un employé et les inconvénients d'un consultant ! Le client se prend pour votre chef et au prix où [multinational] paye Smith & Jones, vous êtes bon pour les heures sup' ou les dossiers pourris ! En prime, il peut vous virer du jour au lendemain. Par contre, vous n'aurez pas le droit au C.E. de [multinational], à la mutuelle, au repas de noël et parfois, vous serez même privé de cantine ! Le suivi des consultants ? Il y a pas mal de turnover chez les recruteurs : au bout de quelques semaines, l'homme qui vous a recruté est parti. En théorie, son successeur doit suivre ses consultants. Et le cas échéant, leur proposer de nouvelles opportunités. En théorie... Bref, si vous êtes sur une mission de plusieurs années, cela tourne aux oubliettes. Si vous souhaiter partir, charge à vous de chercher vous-même un autre travail.