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jeudi 2 avril 2015

Le stagiaire "Y"

Un article du Figaro reprend peu ou prou un de mes anciens billets : la nouvelle génération, aquoiboniste et férue (euphémisme) de nouvelles technologies est une plaie pour les anciens.


Le Figaro n'évoque pas les causes. La génération Y n'a qu'une image floue et partielle de l'entreprise. Ce qu'elle n'en connait, ce ne sont que des témoignages de gens stressés et exploités. Elle sait qu'elle va travailler 42 ans, voir 45 ans, avec une carrière (et un salaire) horizontale. Donc, à quoi bon faire des efforts ?
En plus, cette génération a l'habitude de faire ce qu'elle veut. Les parents osent à peine lever la voix. Quant aux profs, ils n'osent plus faire la police. Lors de ma reprise d'étude, j'ai vu avec effroi des élèves faire ostensiblement un sudoku ou siroter un coca en amphi. Et c'était avant les smartphones... Par cynisme, les profs se disent que de toute façon, naturellement, les plus idiots et les plus turbulents vont finir par se crasher. En BTS ou en école de commerce, les élèves sont briefés un minimum. Mais ailleurs, les stages sont rares. Ce n'est qu'en fin de cursus que l'élève passe de la théorie à la pratique. Et souvent, le prof n'a lui-même jamais mis les pieds dans une entreprise. Sa connaissance des CV et des entretiens se limite à ce qu'il a lu ou entendu.


Et donc, notre jeune déboule en jean-basket (voir pantacourt-tong pour les hipsters) à 10h du mat. Et encore, ça, c'est quand il vient. Il se plaint que son job est indigne de son niveau... Sur son compte Twitter, sur lequel il pianote à longueur de journée. Vous le reprenez ? Il file direct se plaindre au N+2 ! Faire des efforts ? "J'ai déjà plein d'offres ailleurs, dans des boites bien meilleures." De toutes façons, ce genre de comiques fait rarement de vieux os. Soit il rentre dans le rang, soit sa carrière professionnelle est mal barrée...
Car l'entreprise bouge peu. A la fin des années 90, lors de l'explosion d'internet, on nous promettait de la flexibilité sur les codes vestimentaires ou les horaires (afin que tous les jeunes talents ne soient pas aspirés par les start-up.) Mais les start-up ont fait faillite et le costume-cravate est redevenu la norme.
Tous les tuteurs ne sont pas des Tenardiers. Mais trop souvent, l'été, les entreprises se constituent des pools de stagiaire, afin de remplacer les salariés en vacances. Et puis, vu que la plupart des stages sont non-rémunérés, donc on ne va pas non plus leur demander de se tuer à la tache.

dimanche 6 juillet 2014

Revenge of the nerds

Les études prouvent d'ordinaire que les gens les plus populaires à l'université vont le plus loin. Ils ont le charisme et le bagout. Donc, on leur propose de meilleures jobs et davantage de promotions.
C'est d'autant plus énervant que les plus populaires sont rarement les premiers de la classe. C'est juste le clown ou la pin-up de service. Et ils ont plutôt tendance à débarquer en amphi avec 1 heure de retard et à zapper les exposés et autres travaux collectifs.

Mais une nouvelle étude remet cela en cause. Les piliers d'associations étudiantes ont tendance à boire et à fumer (et pas que du tabac...) plus. Ils se doivent d'être de toutes les soirées estudiantines, de tous les défis. Forcément, ça laisse des traces. Aux Etats-Unis, où on ne rigole pas avec l'ivresse sur la voie publique ou l’exhibitionnisme, les fêtards finissent au poste. En France, avec les lois sur le bizutage et la prise de conscience des dérapages lors des soirées estudiantines, on y va. Et postuler à un emploi après un séjour en prison, c'est forcément plus compliqué... Ceux qui n'ont pas franchi la ligne blanche ne sont pas épargnés par les tracas. Leur seul atout, c'est l'humour ou le charme. Ils vivent pour leur "public". Justement, certains comprennent qu'à 30 ans, la norme n'est plus d'enchainer les teq'paf, mais de se marier et d'avoir des enfants. Donc ils se plient au rite, juste pour "faire parti du groupe". D'autres refusent de rentrer dans le rang, ils en sont réduit à une surenchère, à rester d'éternels ados. Tôt ou tard, il y en a un(e) plus jeune ou un(e) plus drôle qui débarque. Et notre pilier de devenir passé de mode.
A contrario, les timides et les ringards, plus effacés, se font moins aspirés par le système. Ils progressent à leur rythme, sans excès et ils finissent par éclore. Une bonne nouvelle pour les zappés...

mercredi 2 juillet 2014

Ecole et entreprise

Comme tout zappé, j'ai de la rancœur envers les écoles où je suis passé.

J'étais dans un cursus tourné vers l'entreprise. Et pourtant, on nous parlait jamais de la vie en entreprise. Lorsqu'il y avait un stage à effectuer, on nous donnait de brèves consignes. En gros, il fallait se débrouiller pour parler au prescripteur et le convaincre de nous donner un stage. C'était à peu près tout.

Clairement, nos profs auraient pu passer davantage de temps pour nous apprendre à rédiger un CV et la fameuse lettre de motivation.
Surtout, il aurait fallu qu'on nous parle vraiment de l'entreprise. La vision -assez floue- qu'on en avait, c'était celle d'une organisation rationnelle : il y a des protocoles précis, les décisions sont logiques et les meilleurs éléments sont promus. Voilà qui explique pourquoi les jeunes diplômes sont autant de petits cons qui pensent tout savoir ! A aucun moment, on a évoqué l'irrationnel. Au contraire, il était honnis : " Les colériques et les marchands de tapis n'obtiennent jamais rien."
On retombe sur le bon vieux débat. Pour moi, c'est parce que nombre de profs n'ont aucune expérience du secteur privé et du salariat. Ils n'en ont qu'une connaissance très théorique. A ce moment-là, pourquoi n'a-t-on pas davantage d'enseignants ayant travaillé auparavant, a fortiori dans les cursus tournés vers l'industrie ? Les complotistes, eux, y voit un mensonge sciemment diffusé. L'entreprise est un chaos. On y progresse par la ruse, le copinage et le mensonge, indépendamment de ses compétences réelles. Si on nous avouait tout cela, pourquoi perdre son temps à faire des études ? Pourquoi bachoter pour des examens qui n'auront aucune valeur une fois dehors ? Qui plus est, quelle serait l'utilité des profs, s'ils n'offrent pas d'assurances contre le chômage ? Il vaut donc mieux qu'ils bercent les élèves avec des illusions.

dimanche 13 avril 2014

Et s'ils étaient juste idiots ?


La semaine dernière, on a évoqué la théorie du complot, très en vogue chez les diplômés au chômage. Elle a un fond de vérité. Il existe un certain nombre d'acteurs filous (notamment les proviseurs d'écoles privés non-reconnues par l'état.) Il "vendent" des cursus en sachant pertinemment qu'ils ne mènent à rien.

Mais au corps défendant des autres, il y a plutôt l'incompétence (ce qui n'est pas forcément mieux.) La plupart des enseignants et du personnel d'encadrement sont des fonctionnaires. Les intervenants issus du monde de l'entreprise sont des exceptions (y compris dans les formations dites pratiques.) Certains profs ont toujours été prof et ils ne fréquentent que des collègues (il n'est pas rare de voir des enseignants en couple avec d'autres enseignants.) Ils vivent dans une bulle avec un emploi garanti à vie. Du monde professionnel, ils n'ont que des notions très floues. Au mieux, le secteur privé ne les intéresse pas et au pire, il y sont carrément hostile. Ce n'est donc pas à eux qu'il faut poser des questions sur les CDI, les salaires, le chômage, etc. Ce serait comme parler du code de la route à quelqu'un qui n'a pas le permis !
La majorité des profs sont bons concernant les aspects théoriques.Mais ce manque de pratique est un vrai handicap pour préparer les étudiants aux réalités du monde professionnel. A fortiori dans les cursus où il n'y a pas de stages.

dimanche 6 avril 2014

Théorie du complot

Un chômeur a beaucoup de temps pour gamberger. Tout y passe : parents, conjoint, ancien employeur... Tout le monde est responsable de son état ! Le système éducatif est bien sur dans la liste. Pourquoi lui a-t-on menti sur l'état réel du marché du travail ? Pourquoi lui a-t-on seriné que le chômage, c'était pour les autres ? Pourquoi lui a-t-on fait miroiter un statut et un salaire mirobolants ?

Pour certains, la réponse semble sortir du film Des hommes d'honneur : les étudiants ne peuvent pas encaisser la vérité.
La vérité, c'est que le diplôme n'est pas une garantie de trouver un emploi ; a fortiori un bon emploi. Y compris dans les Grandes Ecoles. Personne n'a entendu parler de votre formation. Certains recruteurs confondent IUT et IUP. D'autres prennent un DEA pour un DAEU ! De toutes façons, dés votre 2e emploi, on ne vous posera plus de questions sur votre parcours post-bac. Les plus bluffers s'inventent des diplômes prestigieux. Non seulement on les croit, mais ils obtiennent même des promotions !
S'ils savaient tout cela, les étudiants videraient les amphis sur-le-champ ! Plus personne ne voudrait payer les exorbitants frais d'inscriptions ! Plus personne n'irait s'inscrire dans les formations privées non-reconnues par l'état !
Et forcément, plus d'élèves, donc plus de profs, de recteurs, etc. Les profs ont donc tout intérêt à entretenir le mythe de la méritocratie.

jeudi 20 février 2014

Le travail ne paye pas

Les "zappés" ont souvent beaucoup de rancœurs envers leur ancienne école/université.

Des études supérieures, la TV et le cinéma montrent surtout les fêtes interminables avec alcool à gogo et frénésie sexuelle... Mais les soirées représentent à peine 10% du quotidien des étudiants. Les fêtards ne font guère long feu dans les amphis. Car les études, c'est avant tout des examens à préparer, des dossiers à rendre, des exposés à rédiger... S'y ajoute la précarité financière. Les provinciaux sont obligés de louer une "studette" (une cage à lapin louée à prix d'or.) L'achat d'un ordinateur, avec imprimante et box internet est obligatoire (vu que la "salle informatique" possède 10 ordinateurs pour 5000 étudiants...) L'école vous impose de ruineux frais de scolarité (sans oublier le racket des "mutuelles".) Au point où les étudiants les plus modestes sont obligés de travailler en parallèle. D'autres prennent des prêts étudiants.

Grosso modo, quel que soit le cursus, le plus dur, ce sont les premières années. Aujourd'hui, le bac est quasiment donné. Les examens d'entrée sont rares (voir proscrits en université.) Alors d'emblée, en post-bac, on submerge les élèves de travail. Cela permet de faire de la sélection de fait. Un gros quart des étudiants abandonne en première année. La moitié partiront au bout de la seconde. Seul un quart des élèves iront jusqu'en dernière année. Ces survivants ont la foi. Les profs se rient de leurs inquiétudes : "Le chômage ? C'est un problème de losers ! Les entreprises se bousculent pour embaucher nos étudiants ! Et pour leur proposer de beaux postes ! Regardez Dufour, de la promotion 2010 : il siège désormais au conseil d'administration d'une multinationale ! " Les écoles privées (donc payantes) ont un discours bien rôdé : "Notre école est chère, mais dés la remise du diplôme, vous aurez un job à responsabilité et vous serez rentré dans vos frais." Certains font même miroiter des stages de fin d'étude payés 2 000€ par mois...

Nos étudiants sont galvanisés. Surendettés, lessivés, mais confiants en l'avenir. Après des années de labeur, ils ont enfin le précieux diplôme... Et le réveil s’avère douloureux. 17% des diplômés d'école d'ingénieur trouvent un travail dans les 3 mois (dont une partie a transformé son stage de fin d'étude en CDD ou en CDI.) Au bout de 8 mois, le chiffre atteint 88%. En creux, cela signifie que 12% des diplômés n'ont toujours pas de travail (et l'on ne parle même pas des non-diplômés ou de ceux qui n'ont pas le statut d'ingénieur.) 8 mois, cela veut dire qu'un étudiant diplômé en septembre restera sans activité jusqu'en mai de l'année suivante. Et par "travail", on entend "n'importe quel travail". Après 8 mois, vous ne faites plus le difficile : vous étendez votre recherche au télémarketing ou à la restauration rapide. 5 années d'étude et des dizaines de milliers d'euros dépensés pour griller des steak hachés !
On peut comprendre qu'après ça, certains soient aigris...