Affichage des articles dont le libellé est ennui. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est ennui. Afficher tous les articles

dimanche 18 février 2024

Micro-manageur


C'est la plaie du management moderne. Le micro-management est la conséquence directe des politiques actuelles de management et de recrutement. Au quotidien, le N+1 souhaite être informé de chaque faits et gestes. Au mieux, il veut être en copie de chaque mail. Certains fournissent des templates pour tout : les mails, les PPT, les Excel... Au pire, le N+1 organise d'interminables weekly où vous rédiger tout ensemble... Et le soir (ou le matin), c'est un point sur vos actions !

Si les managers se comportent comme cela, ça a trois raisons :
1) L'équipe est sous-dimensionnée, en terme de profils. Ca, c'était très malin d'avoir écarté les seniors et de se montrer complaisant avec un fort turnover...
2) Si vous n'êtes pas derrière eux, en permanence, ils font des Snapchats et des vidéos TikTok (si, si !) Là aussi, vous pouvez remercier les RH qui privilégient le RSE et l'âge moyen sur la compétence et la motivation...
3) Le manager n'a que ça à faire. Le top management prend des décisions à huis clos. Le management de base se paupérise. Ce sont des exécutants avec peu de valeur ajoutée.

Un manager, ça doit décider, arbitrer, animer. Son domaine, c'est le moyen terme. Le micro-management, c'est de la navigation à vue. Les managers ayant de l'estime de soit et de l'ambition ont tôt fait de mettre les voiles. Il reste donc des personnes souvent transparentes, qui attendent le prochain salaire et gardent un œil sur Linkedin. Le plus ironiques, c'est qu'ils se défendent souvent de faire du micro-management.

Lorsque le micro-manager est face à un employé plus expérimenté, il commence par s'étonner. Incroyable : pendant les trois heures où j'étais en réunion cascading, le nouveau a bossé sur les choses urgentes ! Mais très vite, c'est le clash. Le micro-manager est incapable de lâcher la bride. Il reproche au nouveau de répondre au mail sans l'avoir consulté, de passer des coups de téléphone au lieu de faire des réunions Teams à trois, etc.
L'employé souffre. Il perçoit cela (à raison) comme de l'intrusion et un manque de confiance. Il va très vite vouloir partir. Et si c'est un externe, c'est le manager qui va le remplacer pour un employé plus docile. Sinon, il finira par rentrer dans le moule. Le micro-management étant infantilisant, lui aussi, il va surfer sur les réseaux sociaux et partir à 16h30, lorsque le N+1 sera pris...

lundi 25 décembre 2023

La réunion par Teams, cette plaie moderne

Ce blog va bientôt fêter ses 10 ans. Pourtant, curieusement, je n'avais jamais évoqué les réunions.

La réunion est consubstantielle de la vie en communauté. A partir du moment où les Hommes doivent vivre ensemble, il faut se réunir. Qu'il s'agisse de planifier, de décider, de faire le bilan... Les hommes des cavernes devaient se réunir avant de chasser le mammouth !
Forcément, la réunion est l'antithèse de l'action. C'est censément un outil, pas une fin en soi. Mais de tout temps, il y a eu des gens incapable d'agir. Nul doute que sur une tablette d'argile, un Babylonien s'est plaint de trop nombreuses réunions !

Avec les progrès technologiques, on a pu organiser des réunions où les protagonistes n'étaient plus physiquement ensemble. D'abord par téléphone, puis par visioconférence. Fut un temps où les grandes entreprises disposaient d'une "salle visio". Un amphithéâtre avec un grand écran. Ces salles ne servaient que pour les sujets les plus graves (et les arbres de noël.) D'autant plus que la minute de communication coûtait un bras...

Mais aujourd'hui, avec Teams, n'importe quel ordinateur peut organiser et participer à des visioconférences. Avec le covid et la généralisation du télétravail, cet outil est devenu l'alpha et l'oméga du travail de bureau.

Or, Teams est souvent utilisé à mauvais escient. Il faut dire que du jour au lendemain, il s'est généralisé. Et personne n'a été formé à son utilisation.
1) Le cas typique, c'est la réunion avec 40 participants. Le créateur de la réunion a invité des gens n'ayant qu'un lien ténu avec le sujet. La plupart des gens ne suivent pas. De toute façon, même si certains étaient plus assidus, il ne connaissent pas assez bien le sujet pour pouvoir participer activement. Du coup, lorsque l'animateur a besoin de vous, il doit faire le sémaphore. C'était le cas d'un certain Serge, dans une entreprise passée : "Giorgio, tu es là ? (...) Scott, tu es en mute ! (...) Gaëtan ? Gaëtan ? Il est en "occupé", quelqu'un peut le contacter ? (...) Benjamin était marqué absent, en début de réunion, vous savez s'il s'est connecté ?" Il y a parfois tellement d'invités que vous soyez présent ou absent, on ne remarque pas la différence... Et on vous note présent !
2) La réunion zombie. Untel a lancé une réunion récurrente sur tel thème. Les participants initiaux sont partis, mais ils ont transmis la réunion. Du coup, il y a plein de pastilles blanches. Cela signifie surtout que personne ne sait vraiment pourquoi on se réunit. Il faut croire que clore une réunion Teams, c'est tabou. Je n'ai connu qu'un seul animateur qui annulait des réunions ou disait à telle personne : "Je te retire de la liste, tu n'as plus rien à y faire."
3) C'est une variante de la 2) : la réunion qui fait du sur-place. Normalement, une réunion, ce sont des attendus, avec un responsable du livrable (ou "owner".) Oui, mais si la personne en question ne vient jamais ? Et si rien n'a avancé ? Très rarement, l'animateur va vérifier en amont que chacun a fait ses devoirs, quitte à annuler la réunion. Sinon, vous êtes bon pour la fameuse réunion de définition de la prochaine réunion...
4) La réunion "politique". L'animateur pointe les présents et "ça fait bien" d'assister à cette réunion. Y compris par rapport à des travaux avec de la valeur ajoutée, mais où il est impossible de se connecter (par exemple, une visite d'usine.) Dans certaines entreprises, vous avez fréquemment deux réunions simultanées. Alors vous choisissez celle où votre N+2 sera présent. Tant pis pour les sujets importants. Et plus généralement, au milieu des 1001 réunions, c'est difficile de discerner laquelle est vraiment importante.
5) Généralement, vous participez à des réunions organisées par des gens au même niveau que vous et que vous croisez pas ou peu. Alors pourquoi s'embêter ? Généralement, les gens se connectent, tout en travaillant sur d'autres sujets. Certains partent boire un café. D'autres arrivent bien en retard, mais à "30", il faut "basculer sur une autre réunion". Beaucoup se déconnectent sans prévenir.

Personnellement, j'avais un sentiment d'inutilité. J'étais devant mon écran, micro-casque sur les oreilles de 9h à 17h, assistant à un défilé de "yaka faukon". J'allais d'un "workshop" à une "weekly", puis à un "coffee", en attendant le "town hall". Et le soir, aucun sujet n'avait avancé de manière tangible.

vendredi 20 octobre 2023

Fooding

La dégradation du quotidien des bureaux est palpable. L'un des éléments, c'est la pause-déjeuner.

Avant, c'était un marqueur hiérarchique.
En ville, les non-cadres se pressaient dans un réfectoire. Chacun allait y ouvrir sa gamelle. Les cadres avaient des tickets-restaurants. Pour le bonheur des petits restaurants aux alentours. Les plus chiants faisaient des calculs pour dépenser très exactement un ticket, le midi. Le cadre ne pointant pas, il pouvait se permettre de trainer un peu. Quant aux cadres supérieurs, ils avaient "leurs" adresses. Les cinéastes aimaient d'ailleurs filmer des déjeuners d'affaire.
Même dans les restaurants d'entreprise, il y avait une hiérarchie. Le coins des cadres était délimité par une cloison. Quant aux dirigeants, ils disposaient d'une salle à l'écart.

La France est l'un des seuls pays où tout s'arrête entre 12h et 13h. Une véritable citadelle assiégée.
Les anglo-saxons n'ont pas de culture du repas collectif. On grignote toute la journée. Vers midi, éventuellement, on se fait livrer ou on se réchauffe un truc, dans son coin. Déjà, entre les végans, les flexitariens, les keto, les sans-glutens, ceux qui mangent halal ou casher, etc. chacun possède un régime unique. Impossible d'aller à un endroit qui satisfasse tout le monde.
Les prestataires doivent souvent payer un droit d'entrée, à la cantine. A quoi bon se ruiner pour une cuisse de poulet avec de la ratatouille ?
Les plus jeunes voient la pause-déjeuner comme une perte de temps et d'argent. Donc pas question d'aller au restaurant. Au grand dam des chaines qui s'installaient dans les ZI...
Enfin, avec le télétravail, on a cassé la respiration de la journée. On vous colle des réunions le midi. Même les jours de présentiel, vous êtes contraints de manger devant votre écran. D'ailleurs, souvent, il y a un participant qui mastique bruyamment...

A l'arrivé, vous perdez cette cassure à mi-journée. Ce moment extra-professionnel avec les collègues. Sans oublier le plaisir de manger des plats variés. Au lieu de ça, vous déjeunez devant un écran. Ou bien, vous allez manger seul, car chacun avait des plans différents. Certaines entreprises ont profité du Covid pour fermer la cantine. A quoi bon garder un espace, qui n'est utilisé que 2 heures par jour ? Un distributeur, ça suffit !
Et c'est un de ces riens qui montre que le plaisir, au bureau, est en chute libre.

lundi 7 août 2023

Tache zéro

Non, on ne va pas parler de lessive ou de programme informatique ! 

Je l'avais évoqué brièvement lors du "deuxième dernier jour" : le devenir du consultant senior en inter-contrat.

Le problème de l'inter-contrat

Dans le temps, le modèle économique des cabinets de conseil incluait les inter-contrat. Ils étaient perçus comme un vivier de talents qui seraient plus utiles dedans, que dehors. Les cabinets possédaient des plateaux pour inter-contrats, avec un protocole, une hiérarchie dédiée, etc. Le coût était inclus dans la facture de prestation ; un genre d'assurance-chômage du cabinet.

En supprimant les plateaux d'inter-contrats, les cabinets économisaient sur le foncier, le personnel sédentaire et cela se retrouvait (un peu) sur la marge. Le client était content et il optait pour le cabinet le moins cher (et ayant le moins de frais fixes.)

Et que faire des consultants en inter-contrat ?
Les juniors, c'est facile : ils démissionnent pour un rien! De toute façon, ils signent des CDI de chantier. Donc plus de mission, plus de CDI.
Quid des seniors ? Les cabinets se battent pour eux ! Les missions de seniors sont plus longues et avec une facturation journalière plus élevée (donc davantage de commission.) Pour recruter des seniors, les cabinets dégainent des CDI "tout court" et ils ouvrent leurs porte-monnaie. Mais en fin de mission, ça se complique. Les seniors possèdent souvent un savoir-faire spécifique et ils sont donc plus compliqué à recaser. D'autant plus que nombre de cabinets possèdent des relations trop superficielles avec leurs clients pour être vraiment à l'affut des opportunités de missions "senior".
Un consultant senior en inter-contrat, c'est une pile d'argent qui brûle, tous les jours ! Alors les cabinets ont une solution radicale : les taches zéro.

Un peu d'historique
Parmi les emprunts à la culture asiatique, les taches zéro sont l'un des moins glorieux.

Vers 1941, l'armée Impériale Japonaise remporta de nombreuses victoires en Asie du Sud-Est et en quelques mois, elle captura 150 000 militaires alliés. Pour les officiers Japonais, un bon militaire devait mourir au combat, plutôt que se rendre. Ces prisonniers étaient donc des "lâches". Il fallait leur faire regretter d'avoir choisi la vie ! Les nazis furent particulièrement cruels et violents envers leurs prisonniers Soviétiques ou Polonais. Néanmoins, le taux de mortalité était sept fois supérieur dans les camps Japonais. L'armée Impériale avait édité un doctrine pour détruire physiquement et moralement le prisonnier. La torture psychologique était théorisée. L'un des outils, c'était des taches sans intérêt. Comme de creuser un trou, le matin et le reboucher, l'après-midi.

Le groupe Daewoo naquit en 1967. Proche de l'autocrate Park Chung-Hee, le fondateur du groupe s'entendit très bien avec son successeur, Chun Doo-Hwan. Le métier d'origine de Daewoo, c'était le textile. Dans les années 80, Chun Doo-Hwan fournit au groupe des prisonniers politiques. C'était de la main d’œuvre gratuite et surtout, le groupe se chargeait de les "corriger". A l'approche des Jeux Olympiques de 1988, la police Coréenne rafla tous les gêneurs, mais aussi les SDF et les jeunes filles ayant fuguées (?) et ils finirent chez Daewoo, où ils furent brutalisés.
Quelques années plus tard, Daewoo implanta en France des usines de fabrication de téléviseurs et de fours à micro-ondes. Les employés français se plaignirent vite des méthodes des cadres Coréens, en particulier les "tache zéro" (zéro intérêt, zéro valeur-ajoutée...) C'était des punitions envers ceux qui ne remplissaient pas leur objectif ou qui s'absentait. La direction ne supportait pas les arrêts-maladies (même justifiés.) L'employé était alors "condamné" à n jours de tache zéro. Comme de nettoyer l'atelier, sans que ses collègues aient le droit de lui adresser la parole. L'objectif était de soumettre les employés et c'était directement issu du passé de l'entreprise.

Les taches zéro en 2023
Ne vous inquiétez pas, un cabinet de consultant ne demandera pas à ses inter-contrats de passer le balais ! C'est plus subtile...

Le but du cabinet de conseil, c'est de pousser dehors le consultant.

Cela commence par la mission inadaptée. "Une mission de neuf mois à Limoges ! Je sais que tu es Parisien, marié et que tu as des enfants. Mais tu dois y réfléchir. On est près à faire un effort sur ta prime quotidienne de 5€." Par la suite, les entretiens avec la hiérarchie débuteront par : "On t'a proposé une mission, que tu as refusé. Tu n'y mets pas du tiens."
Ensuite, on demandera au consultant d'effectuer des taches sans intérêt : tenir à jour un fichier, détailler une définition de poste. Le tout dans un délais court. Et à la fin, votre N+1 regardera à peine votre travail. Ostensiblement, il vous montre que vous vous êtes pressé pour rien.
On peut vous convoquer à des face-to-face pour le lendemain matin (pour être sûr que vous n’êtes pas parti en vacances.) Dans les cas extrême, on vous force à venir tous les matins à 8h et vous passez la journée à ne rien faire. Le personnel sédentaire du cabinet vous est forcément hostile : eux, ils travaillent et vous, cela fait x jours, x semaines, parfois x mois que vous ne faites rien. Et vous êtes là, sous leur nez.
La pression monte crescendo. Évidemment, lors des entretiens avec la hiérarchie, c'est vous le fautif. Surtout si on vous propose un seconde mission foireuse et que vous la refusez. Certains cabinets parlent alors de rupture conventionnelle, en vous donnant le minimum syndical. D'autres vous forcent carrément à démissionner. Ou plutôt, à vous "libérer".

mardi 25 juillet 2023

Les collègues les plus toxiques

C'est bien connu : l'enfer, c'est les autres. Voici quelques types de collègues qui vous pourrissent la vie. C'est un peu redondant avec le poste The Office en vrai.

Et rappelez-vous : si ça se trouve, c'est vous, le collègue toxique d'un autre !

1. Le boomer

C'est un ancien cadre supérieur. Pour sa dernière affectation, on l'a rétrogradé et mis sur une voie de garage. Il bulle en attendant d'avoir ses trimestres.

Il tutoie le conseil d'administration de la boite. Pour les procédures d'escalade, c'est un allié utile.

Pour le reste, il apporte surtout du négatif. En roues libres, il refusera souvent le moindre travail. Peu au fait de l'informatique, il va vous demander pour la 45e fois de l'aider à rechercher une commande. Et généralement, il est en permanence à côté de la plaque. Souvent aussi, ses opinions sur les femmes, les gays, les immigrés, etc. ne sont guère politiquement correct (euphémismes.)

La Social Justice Warrior

Très souvent, c'est une femme. Parfois, c'est un homme. En tout cas, très, très souvent, le SJW est issu des beaux quartiers, où il ne croise ni immigré, ni LGBT.

Le SJW a une mission. Il va "conscientiser" ses collègues. Se montrer plus tolérants et plus respectueux de l'environnement, où est le problème ?

Déjà, sa tolérance s'arrête à ceux qui pensent différemment. 

On pourrait parler longuement des ravages du wokisme en entreprise. Mais en fait, les SJW rappelent les syndicalistes de naguère : ils se sont autoproclamés représentants, sont reconnus comme tels par la direction, mais ils ne représentent qu'eux-mêmes et leurs collègues ne les écoutent pas.
On pouvait reprocher aux entreprises de placer les permanences syndicales au fin fond des usines, afin que les syndicalistes soient isolés. Ce qui expliquerait la déconnexion de ces derniers avec les réalités. Les "responsables de la diversité", eux, possèdent souvent un beau bureau au milieu de l'entreprise, mais ils ne sont pas davantage connectés.
On accusait volontiers les syndicats d'user et d'abuser des grèves et autres blocages, afin d'exister. Mais l'ADN du SJW, c'est le conflit. Par définition, le SJW n'est jamais satisfait des "progrès". Il a besoin du conflit pour pouvoir se poser en victime et lancer un "combat". Donc, au quotidien, il recherche en permanence cet ennemi. Mettant ses collègues sous pression, avec la complaisance de la hiérarchie. Si elle vous a dans le nez, vous êtes fini. Bien sûr, pas question de s'attaquer aux autres collègues toxiques : ils sont trop bien installés. 

La caillera

Oh que j'ai eu du mal à la trouver, l'illustration. On sent que c'est un sujet polémique...

Bien sûr, tous les noirs et Maghrébins ne sont pas des racailles et vice versa.

Votre N+1 l'adore. Ça y est, il a rempli son quota de diversité ! Pour le jeune des banlieues, ce qui compte, c'est le rapport de force. Il DOIT avoir le dernier mot. Aussi, il n'hésite pas à monter en épingle la moindre contrariété. Très vite, les insultes fusent, ramenant tous, sur le terrain personnel (sa mère, le coran, etc.)

Au quotidien, c'est usant. Il a le comportement et l'expression (écrite et orale) d'un CM2. Il s'affranchit du règlement de l'entreprise et il agit comme bon lui semble. Il désigne le gars un peu efféminé de la compta par "p'tit pédé", mais il trinque avec lui, au repas de fin d'année.

La hiérarchie est volontiers complaisante. Dans un monde du consensus mou, cette culture de la confrontation permanente est une bonne chose. Et puis, il y a de la condescendance : vu sa couleur de peau et sa culture, c'est normal d'agir comme cela, non ?

Le courant d'air

Il est toujours jamais là ! A la limite, que ses absences soient justifiées ou non, c'est secondaire. Vous le haïssez, point.

Cela fait trois mois qu'il enchaine les arrêts-maladie. A chaque fois, le médecin lui prescrit deux semaines de repos. Au bout des deux semaines, vous pensez qu'il va revenir, mais le vendredi précédent, lors de la réunion de service, le N+1 déclare : "Machin ne sera pas là. Il vient de prolonger de deux semaines."
On ne va quand même pas prendre quelqu'un pour deux semaines, non ? Donc, provisoirement, vous reprenez ses dossiers. Cela fait ainsi trois mois de "provisoire". Trois mois que vous bâclez votre boulot et celui de l'absent. Trois mois de frustration. Et ce n'est pas fini...

Le faux-ami

Dans les entreprises, vous avez parfois la grande gueule. C'est parfois le boomer ou la caillera. Le mec blagueur, qui dit ce qu'il pense et pense ce qu'il dit. Ça change !

Lorsque vous démarrez, vous finissez par l'imiter. Vous manquez de recul sur les réalités de l'entreprise. Vous ne remarquez pas que le faux-ami est surtout acide lorsque les personnes concernées ne sont pas présente...

Le faux-ami vous conseille de foncer dans le lard de la hiérarchie. Avant d'avoir signé un CDI/terminé votre essai. Au mieux, le faux-ami oublie que s'il peut s'offrir le luxe de la franchise, c'est parce qu'il est lui-même intouchable. Au pire, c'est lui qui tuyaute votre N+1 sur vos agissements...

Le Schtroumpf-grognon

Il est en permanence négatif. Lors des réunions de service, il mine le moral de l'équipe, à se plaindre longuement de tout. A l'écouter, il est cerné de problèmes insurmontables. Surtout, il est hostile à toute nouvelle idée, toute modification. Qu'il s'agisse d'un nouvel ERP, de redisposer les bureaux ou de changer de stratégie. Son mot d'ordre pourrait être "il est urgent de ne rien faire."
S'il est écouté par le manager, il torpillera méticuleusement votre projet. Vous avez passé des semaines dessus et en cinq minutes, il finit à la poubelle !

Le petit chef

Entre les managers "copain" et les managers "féminin", les employés se retrouvent souvent face à un vide. Qui peut arbitrer les conflits du quotidien ? Qui prend les décisions urgentes ? Or, la nature a horreur du vide. C'est donc là que le petit chef arrive !

Personne ne l'a désigné. Il s'est lui-même élu chef. En général, cela se cumule avec l'un des autres profils sus-cités (sauf le courant d'air, bien sûr.)

Au quotidien, le petit chef n'hésite pas à donner des ordres. Si c'est une racaille, il peut aller jusqu'à la violence verbale avec un collègue qui contesterait son ascendant. Si c'est un boomer, il s’appuiera sur ses responsabilités passées. Quitte à donner des conseils au PDG ! Si c'est un faux-ami, il se positionnera en intermédiaire incontournable pour "en parler au chef" (quitte à voler votre idée.) Etc.

Souvent, ce n'est que du vent. Le petit chef n'a ni l'envergure, ni l'intelligence d'un vrai chef. D'ailleurs, lorsque le vrai chef s'absente longtemps, le petit chef est vite à court de carburant. Mais en attendant, le N+1 s'accommode souvent de ce "N+0.5". Allant jusqu'à en faire son chouchou.

mercredi 12 juillet 2023

Handover

C'est un cas typique du consultant senior. Votre N+1 côté client vous annonce la fin de votre mission (qui ressemble peu ou proue à un entretien de licenciement.) Mais il y a un deuxième coup de couteau dans le dos : quelqu'un d'autre va prendre le relais. Et c'est à vous de former votre remplaçant.

Au début, vos collègues viennent vous réconforter : "Le salaud !", "il aurait dû te garder !" Puis votre remplaçant débarque. Généralement, c'est une femme ou quelqu'un "issue de l'immigration". Surtout, quelqu'un de plus jeune (donc moins cher) que vous. Et ils ont le statut d'interne. Votre N+1 vous disait que les embauches étaient gelées. En fait, elles sont surtout gelées pour les vieux blancs...

Il vous reste trois ou quatre semaines, avant votre départ définitif. Et au fil de ce "handover", votre motivation ira descendo...

Tout d'abord, il y a la phase d'installation. C'est sûr que lorsque vous êtes interne, tout est plus facile ! Vous aviez du attendre des semaines pour avoir accès à tel bâtiment ou à tel logiciel. Le nouveau, lui, il reçoit tout. Le client interne un peu chiant, avec qu'il faut planifier un call trois semaines à l'avance ? Il se montre d'un seul coup affable et disponible. Vous aviez découvert la société avec trois pdf de présentation ? Le remplaçant a droit à un séminaire de formation de plusieurs jours.

Au bout de deux ou trois jours, vous commencez à transmettre les dossiers. Forcément, vous êtes un peu jaloux et vous scrutez ce qu'il fait. "Pourquoi lui et pas moi ?" Votre N+1 vous disait que c'était un petit génie. Si c'est un quota, vous vous rendez vite compte qu'il est sous-dimensionné pour le poste. Lorsque j'ai dû assurer des handovers, je suis tombé sur des gens ayant des connaissances théoriques très limitées. Au mieux, le handover se transforme en cours niveau première année. Au pire, le remplaçant, démasqué dans sa médiocrité, devient franchement agressif, voire hostile.
Et votre N+1 refuse d'entendre les alertes que vous lui remontez. Pourtant, un employé qui n'est pas au niveau aura plus de chances de faire un burn out, voire de démissionner.

Puis il y a la bascule. Désormais, c'est lui qui est informé de l'avancé des sujets. Vous n'êtes plus en copie des mails et vous n'êtes pas invité aux nouvelles réunions. Il est impératif de se tenir informés de ce qui est encore dans votre scope, sous peine de travailler sur des choses déjà traitées par votre remplaçant... Voire annulée, lors d'une réunion où vous n'étiez pas. Car votre remplaçant est désormais très demandé et il considère qu'il n'a pas de comptes à vous rendre !
Vous êtes de plus en plus isolé. Vos collègues ont déjà tourné la page et ils ont intégré le remplaçant. Si c'est un "double-licenciement", personne n'est là pour écouter vos pleurnicheries. Si vous enchainez une autre mission derrière, vous avez vous aussi tourné la page. Ça vous fait bizarre, d'aller encore dans cet entreprise. En tout cas, vous en êtes réduit à faire du présentiel. Seul. Vous avez un sentiment d'inutilité. Vivement la quille !

dimanche 23 avril 2023

Window living

L'autre jour, j'avais quelques heures à tuer dans une ville de province. Ça m'a rappelé l'époque pas si lointaine où je postulais à des postes à la campagne...

J'ai déjà évoqué l'entretien dans une PME de province. Mais le fun ne s'arrête pas là !

Lorsque vous êtes jeune précaire, vous êtes rarement véhiculé. Sinon, vous possédez une vieille guimbarde bien incapable d'enquiller plusieurs centaines de kilomètres.
Donc, vous venez à l'entretien en train. Seulement voilà, dans de nombreuses villes, il n'y a qu'un train (à l'aller de Paris), le matin et un autre (pour le retour), le soir.

L'entretien, il est plié au bout d'une heure. Ensuite, vous avez n heures à tuer jusqu'au retour. En prime, parce que vous êtes au chômage et que le billet de train vous a coûté deux semaines d'allocations, vous n'avez plus un cent.
Vous voilà errant dans une ville industrielle, sans charme, où vous ne remettrez plus jamais les pieds. Les minutes sont des heures. Ce n'est pas juste du "window shopping". Non, vous faites du "window museuming", du "window mcdoing"... Vous êtes plus seul que jamais, dans cette ville qui vous a rejeté. Et puis, avec votre costume-cravate, ça se voit, qu vous êtes un étranger. Ça se voit, que vous êtes un raté. En théorie, cela fait toujours du bien de voyager. Mais là, c'est une souffrance interminable...

Puis, enfin, le train arrive et vous quittez cette ville pour de bon. L'anxiété ne redescend que sur le quai de la gare parisienne.

mercredi 16 novembre 2022

Consultant démotivé


C'est une variante du blues du zappé : vous avez un travail, mais vous savez que c'est une impasse, parce que vous êtes prestataire.

Dans vos premières missions de prestations, vous étiez mo-ti-vé ! Chez le client, vos collègues étaient presque tous d'anciens prestas. Donc, vous aussi, vous aviez votre chance, si vous étiez travailleur. Vous vous impliquez chez le client (et futur employeur, non ?), au-delà de votre périmètre. Au pire, pas de problème : le cabinet de consultants avait ses entrés chez plein de grands groupes. D'ailleurs, là, vous êtiez un peu surdimensionné pour cette mission. Mais ce devait être le début d'une grande aventure...

Qu'est-ce que vous étiez naïf !

Maintenant, vous avez l'impression de vivre toujours la même histoire. Le cabinet de consultant dont vous n'aviez jamais entendu parler. Le commercial au sourire carnassier, qui sera parti dans deux mois. La mission qu'on vous avait survendu. Vous savez bien qu'ils ne vous embaucheront jamais. D'abord, vous êtes trop vieux. Et depuis peu, le problème, c'est que vous êtes trop blanc. Sans oublier les situations où les embauches sont gelées (PSE, fusion/acquisition, déménagement...) La question n'est pas de savoir si la prestation va mal se finir, mais quand...
Au mieux, vous serez prolongé d'un, deux, voire trois mois. Si vous dépassez les six mois, ça vous ouvrira de nouveaux droits à Pole Emploi. Le miracle, ça serait de dépasser la période d'essai. Là, ça serait rupture conventionnelle, avec préavis et compensation. D'ailleurs, les cabinets de conseil font tout pour que ça n'arrive pas (prolongation de la période d'essai, comptage des congés et du chômage partiel...) Une fois la période d'essai finie, n'hésitez pas à demander une attestation...
Le pire scénario, c'est la mission qui s'arrête au bout de quelques semaines. Là, c'est le licenciement express. Vous êtes viré, vous ne repassez pas par la case départ, vous ne touchez pas d’indemnités.

Alors vous vous habitués à naviguer à vue. Vous écoutez à peine le commercial. Vous vous impliquez (et vous vous appliquez) à peine chez le client. Vous voyez défiler les gens et vous ne retenez ni les visages, ni les prénoms. Au point où vous appelez un collègue du nom d'une personne croisée dans une ancienne mission. Au point où vous envoyez votre demande de congé à la RH d'un cabinet où vous étiez précédemment.
Vous n'avez non plus rien à fiche de tel petit chef infect : de toute façon, dans n mois, il ne sera plus qu'un souvenir. Un surcroit temporaire d'activité ? Vous l'avalez, car ensuite, lorsque vous serez au chômage, vous aurez tout le temps de vous reposer...
Paradoxalement, ce côté complètement dépassionné et complètement blasé peut plaire au client. Au moins, vous faites ce qu'on vous dit de faire, sans jamais vous plaindre. Et ça vous vaudra une prolongation de mission !

mardi 9 novembre 2021

Vous aimez Excel ?

Regardez cet homme, il est heureux : il vient de boucler son e-book sur l'amélioration continue.

Que font les managers, dans les ETI et les grands groupes ? Pas grand chose et c'est pour cela que leurs postes sont en porte-à-faux.

Mais n'allez pas croire que leur charge de travail est nulle, au contraire. Ils sont très occupés, mais avec ds tâches sans intérêt.
- Du micro-management. C'est le nerf de la guerre. Regarder par dessus les épaules de leurs employés. Comptabiliser des micro-tâches, intervenir dans le day-to-day. Le manager doit quasiment être en copie de chaque mail. Les réunions de service deviennent interminables, car on remplie en direct tel Excel. Au moins, avec le télétravail, pour ce genre de conneries, la plupart des gens ont coupé leur micro et ils sont sur leur smartphone...
- Du reporting. En théorie, un tableau de bord, c'est un thermomètre. Mais généralement, le tableau de bord devient un outil pour jauger le travail du manager. Donc personne ne veut de compteurs dans le rouge, surtout en fin d'année. J'ai travaillé dans un service chargé de collecter les donnés et de les compiler. J'ai très vite compris que chaque couche de management faisait des arrondis et des anticipations. A l'arrivée dans mon service, ça n'avait plus aucun lien avec la réalité. Mais en fin d'année, on était heureux d'avoir atteint les objectifs ! J'avais l'impression de travailler au CUNKhU ! On se vantait des progrès réalisés grâce à des travaux qui n'avaient même pas commencé. D'ailleurs, vous n'aviez pas besoin de faire ces travaux, vu qu'on en avait déjà récolté les fruits !
- De l'amélioration continue. Partout où je suis passé, les services travaillaient sur un projet transversal. Réorganisation de service, réécriture des procédures de qualité, création d'une base de donnés interservice, mise en place d'un nouvel outil stratégique, etc. C'est-à-dire les projets que l'on confiait autrefois à des cabinets de consultants. Désormais, ils sont réalisés en interne. Ça coute moins cher et cela occupe les managers. Au moins, les consultants connaissaient leur matrice BCG et leur Pareto. Les managers actuels manquent souvent de connaissances théoriques et c'est fini, le temps où l'on potassait les publications de l'Harvard Business Review... Surtout, ils n'ont pas de recul, ni de motivation. La réorg', c'est un boulot de stagiaire. Et avec tous les jalons de contrôle et de bilan, on n'en voit jamais le bout... Dès que l'un des principaux animateurs quitte le navire, le projet est aussitôt enterré.
Avant, lorsque les consultants repartaient, ils laissaient derrière eux de jolis classeurs. En général, on les donnait à lire au nouvel arrivant, puis ils prenaient la poussière. Désormais, les fichiers des réorg' passés sont condamnés à rester dans un dossier oublié du serveur du service...

lundi 28 juin 2021

Motivation dans les chaussettes

Dans vos premiers boulots, vous êtes mo-ti-vé. La première expérience a été foireuse ? Pas grave, cette fois-ci, ça sera la bonne ! Si vous travaillez correctement, on va vous garder, non ? Vous allez terminer votre période d'essai, puis vous ferez carrière ici. Vous aurez des promotions, des augmentations et une belle médaille du travail pour service rendu.
Vous êtes intérimaire ou consultant ? Vous allez bientôt passer en interne ! Hier soir, votre patron vous a tenu la jambe jusqu'à 20h, mais au moins, vous avez bétonné vos chances de CDI ! Et puis, au pire, la boite de consulting a plein d'autres clients...

Avec le temps et au fil des échecs, la motivation chute. L'enthousiasme devient du cynisme. A chaque fois, vous êtes l'un des plus volontaires, l'un des plus productifs, vous atteignez vos résultats... En plus, vous demandez un salaire moindre ! Et pourtant, ça ne marche pas. Systématiquement, on vous vire. Alors vous en avez pris votre parti. Faire votre job du mieux que vous pouvez, jusqu'à votre dernier jour. Lorsque votre patron vous parle de l'an prochain, vous feignez de l'écouter : vous savez très bien que l'an prochain, vous ne serez plus là. Faire semblant, c'est le maître-mot. A la machine à café, vous faites semblant de vous intéresser aux dernières nouvelles du bébé de Ben (alors qu'il casse du sucre sur vous auprès de votre N+1.) Vous faites aussi semblant de vous intéresser à la vie de la société et vous vous rendez à tous les évènements corporate.

Au-delà d'un certain nombre de missions, la motivation tend vers le zéro. Ce n'est pas la tension, qu vous avez dans les chaussettes, c'est votre motivation ! Le cynisme est devenu de l'aquoibonisme. Dès votre premier jour, vous pensez à votre départ. Chaque jour en plus est une petite victoire. "Un mois que je suis ici et toujours pas d'entretien de discipline en vue !" Non pas que vous aimiez le chômage, mais vous vous savez maudit. A force de multiplier les expériences, vous en finissez par vous y perdre. "Salut, Thierry ! - Non, moi c'est Vincent." A quoi bon faire des heures supplémentaires ? A quoi bon s'appliquer à la tache ? Pendant les réunions de service, vous consultez Twitter. Vous faites le minimum syndical. Le café, vous le préférez seul. Et puis côté santé mentale... Il y a ceux qui s'enferment dans des salles de réunions pour pleurer discrètement. Ceux qui ne dorment pas la nuit. Plus rarement, il y a des gens ultra-agressifs, au bord de la confrontation. Puis, un jour, c'est l'entretien fatidique. Forcément, vu la qualité de votre travail, vous avez creusé vous-même votre tombe.

dimanche 9 mai 2021

Le travail sans machine à café !

Actuellement, lorsque le gouvernement parle du travail, c'est uniquement en termes économiques. Mais un travail, ce n'est pas qu'une tache à effectuer et un salaire le 31. Ça, les chômeurs le savent bien...

Avec la pandémie, la plupart des salariés du tertiaire sont chez eux. Cela fera bientôt 15 mois de télétravail. C'est du provisoire qui dure. Certains se sont même aménagés un bureau chez eux. Se lever, allumer son ordinateur et enchainer les réunions sous Zoom. Souvent, ces réunions sont expéditives. Pas de confidences ; on a toujours peur qu'une oreille indiscrète soit connectée... Les plus jeunes se contentent de la messagerie interne. Mais les plus vieux n'osent pas passer des coups de téléphones, juste pour parler de la pluie et du bon temps avec les collègues...

Parfois, il y a des journées de présentiel. On a l'impression d'être au mois d'août : la plupart des bureaux sont vides. Il y a certains collègues qui ne sont plus revenus depuis des mois. C'est à peine mieux que le télétravail. Au moins, vous pouvez faire une coupure nette entre vie privée et vie professionnelle. Mais ensuite, personne avec qui boire un café. Certaines entreprises ont fermé les réfectoires ; on mange à son poste. C'est une vie professionnelle sans ragots, sans pots de départ, sans after-work, sans animation du CE, sans déplacements professionnels, sans sourires... Sans vie, quoi.

mercredi 10 février 2021

Y'a quelqu'un ?

Pendant longtemps, le télétravail faisait figure de solution face au présentéisme. Avec le confinement, il fut généralisé. Les gens finir par se plaindre du manque d’interactions humaines et de l'isolement. Les mois passent et la crise du Covid semble s'éterniser. Le déconfinement complet en août ne semble être qu'un doux rêve. Les salariés se plaignent de plus en plus d'une santé mentale dégradée.

Mais il y a pire qu'être salarié en télétravail : être prestataire en télétravail.

Le Covid a d'emblée entrainé une crise économique. Les prestataires sont les premiers licenciés. Il suffit de négocier une rupture anticipée de contrat, avec un dédit. Les cabinets de prestation sont dans une telle mouise qu'ils acceptent volontiers les pénalités de rupture.
De plus, les entreprises ont levé le pied sur les projets : réorganisations, lancements de produits, audits internes, etc. Or, ce sont justement le genre de missions qui nécessitent de la prestation.
Parfois enfin, l'emploi ne peut être effectué à distance (notamment pour les postes opérationnels.) Conserver le prestataire n'aura aucun intérêt, en cas de reconfinement.

Ceux qui restent en place, ce n'est guère mieux. Le télétravail creuse le fossé entre les internes et les prestataires.
Dans certaines entreprises, les prestataires sont exclus des réunions de service. Et là, il n'y a même plus de "radio moquette". Dans certains secteurs stratégiques, les entreprises ne veulent pas laisser des externes manipuler à distance des données confidentielles. D'où un travail tronqué.
Enfin, comme les entreprises limitent les investissements (en capitaux, mais aussi en moyen techniques), la charge de travail a souvent sérieusement chuté. Le prestataire se retrouve donc chez lui, à ne rien faire, en se demandant jusqu'à quand son contrat va se poursuivre...

Les DRH ont souvent perçu la souffrance de leurs salariés. Des outils et des consignes sont données aux managers pour prendre le pouls de leurs équipes. Là encore, les prestataires sont hors du périmètre. Après tout, ils sont censés avoir un manager qui les suit !
En pratique, il y a énormément de turnover parmi les managers de cabinet de conseil. Après quelques mois, "votre" manager est parti. Son remplaçant sait à peine qui vous êtes. Il doit gérer des dizaines de consultants. 1) Il n'a pas le temps de faire des points hebdomadaires avec chacun d'entre eux. 2) Il se contrefiche de vous. Il est payé pour rentrer des affaires, pas pour faire du SAV.

D'où ce sentiment d'être sur une île déserte, oublié de tous...

mardi 8 décembre 2020

Paresse sociale : 1) Ce qu'il ne faut pas faire

Une vidéo récente de Xerfi Canal évoquait la "paresse sociale". Ce sont les théories de Maximilien Ringelmann. Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec ce concept, plus vous avez d'employés, moins ils travaillent. D'après Ringelmann, avec 8 employés, on est à peine à 50% de rendements, soit l'équivalent de 4 temps plein ! Et au-delà de 8, le rendement par employé baisse tellement que la productivité totale du service n'augmentera plus.

Les managers sont généralement conscients de ce fait. Et pour y répondre, ils n'ont que des mauvaises solutions ! A savoir :
1) La solution N°1, c'est de sous-staffer. Si votre équipe a plus de travail qu'elle peut en effectuer, les gens devront mettre les bouchées doubles ! C'est la meilleure recette pour avoir des burn-out. Plus rarement, certaines entreprises ont les moyens de sur-staffer. Elles se disent qu'en embauchant trois personnes pour en faire le boulot d'une, le boulot finira par être fait, non ?
2) Fliquer les gens. Les managers veulent des employés qui travaillent de la première à la dernière heure de la journée (et si possible, en faisant des heures supplémentaires.) Donc beaucoup ont tendance à surveiller les open spaces. La vieille école, c'est le manager qui passe dans votre dos sans se signaler. Dans une entreprise que j'ai connu, on chronométrait le temps passé sur internet (un outil inutile avec la généralisation des smartphones.) Ailleurs, on ne pouvait prendre son café qu'à certaines plages de la journée. Et bien sûr, en ces temps de Covid, point de télétravail ! Le risque, c'est bien sûr le présentéisme. Les employés sont malins, ils trouveront des solutions. Le carottage habituel, c'est la "réunion" à l'autre bout du bâtiment, loin du chef...
3) Favoriser le turn-over et les jeunes. C'est du darwinisme professionnel. Les jeunes ont généralement une motivation de départ plus élevée. Lorsque le jeune est démotivé, il claque la porte et vous le remplacez par un autre jeune. C'est valable pour les tâches à faible valeur ajoutée. Mais dès qu'on en demande davantage, c'est problématique. Sous pression, le jeune est plus prompt à partir en vrille. Et si vous avez un volant permanent, le retex sera nul. J'ai connu une entreprise où le client perdait patience, à force de voir défiler le personnel...
4) Micro-manager. C'est la plaie du management moderne. Des bilatérales hebdomadaires, voire quotidiennes, avec des objectifs très précis. Une réunion, ça doit avoir un but précis. Engueuler les gens, juste pour engueuler les gens, ça aura l'effet inverse. Je peux en témoigner, vous vous dites que rien ne sera jamais assez beau pour votre chef, vous attendez la gifle et à la longue, vous êtes démoralisé. Car si vous ne pourrez jamais satisfaire votre manager, à quoi bon se tuer à la tache ?

lundi 17 août 2015

Jalousie "sociale"

Le chômeur est, par définition, quelqu'un de jaloux. Il passe ses journées à gamberger. En général, il sort peu et en journée. Il lui arrive néanmoins de croiser des gens en costard-cravate. Il s'imagine qu'ils ont un emploi, un salaire, des responsabilités, un statu social. Que lorsqu'ils rentrent chez eux, ils ont des projets d'acheter une maison ou de partir en vacances. Alors que lui, lorsqu'il rentre, c'est avec de vagues espoirs d'entretiens et les factures qui s'accumulent...


Grâce aux nouvelles technologies, la jalousie monte d'un cran. Le chômeur tue désormais son ennui sur Facebook ou Twitter. Lui, il n'a pas grand chose à raconter. Par contre, il peut consulter la vie rêvée de ses contacts. Des soirées incroyables en présence de "pipoles", des dîners somptueux et l'été, des vacances au bout du monde... En juillet et en août, il n'y a quasiment pas d'offres d'emploi. Et bien sûr, pas d'entretien. Donc les journées sont encore plus longues. Et le chômeur de les passer en regardant les vacances de ses "amis". Sur les réseaux sociaux, on ne montre que ses meilleurs moments. Et chaque journée à la plage, chaque photo d'hôtel cinq étoiles, chaque vidéo de balade en jet-ski lui renvoie un peu plus à sa condition de chômeur. Les autres s'amusent et lui, il est seul. Et fauché. Et comme il n'a rien d'autres à faire, il y retourne. Quitte à se sentir de plus en plus minable.

mardi 24 mars 2015

Voie sans issue

Les chômeurs vous diront que ce qui est pire que tout, ce sont les périodes sans entretien. Des semaines, voir des mois à envoyer des lettres de motivation sans le moindre retour. Il n'y a même pas d'espoir ; tout le monde vous ignore. Vous n'osez même plus répondre aux annonces : à quoi bon ?


Enchainer les entretiens, c'est guère mieux. Certes, au début, vous vous projetez. Surtout lorsque vous êtes convoqué au 2e tour. Vous cherchez à faire votre nid. Vous vous dites que bientôt, cette entreprise sera votre quotidien et la personne qui vous reçoit, votre chef. Vous espérez triompher de la "short list". Mais non. Et les autres entretiens ne donnent rien. Vous êtes le Poulidor des candidats. Dans Le couperet, le héros va jusqu'à tuer ses rivaux pour être sûr d'être embauché !
On peut enchainer 10 ou 20 entretiens sans être embauché. A chaque fois, la motivation en prend un coup. Là aussi, on finit par partir perdant. On en a marre de répéter le même speech. De se faire jeter comme une vieille chaussette.


Parfois aussi, on va jusqu'à l'emploi, mais en butant sur la période d'essai ou le renouvellement de CDD. Pendant des mois, vous vous êtes donné à 200%, vous avez fait des heures sup', vous avez léché les pompes de votre chef et tout ça pour rien. Souvent, on vous fait miroiter un contrat jusqu'au bout (pour éviter la terre brûlée.) On vous convoque à quelques jours du terme. Et là, c'est la douche froide. On vous dit inapte ou pas assez impliqué. Les plus lâches se cachent derrière un manque de moyens. On vous file votre solde de tout compte et retour à la case chômage.
C'est ainsi qu'on peut enchainer les périodes de chômages et de boulots. Pole Emploi vous juge "autonome" et "capable de retrouver facilement un emploi", donc on vous écarte des formations ou du coaching. Financièrement, c'est bien sûr beaucoup mieux que de rester tout le temps au chômage. Mais psychologiquement, de la même façon, vous vous sentez inadapté. Vous n'aurez jamais de médaille de travail. Lorsque vous retrouvez un travail, vous comptez les jours jusqu'à la fin de la période d'essai et vous préparez votre baluchon.

lundi 27 octobre 2014

Blues de l'automne

Le temps s'écoule lentement pour le chômeur. Rien ne ressemble plus à un jour de semaine qu'à un autre jour de semaine. L'agenda est rythmé par les rendez-vous à Pole Emploi, les petites annonces et pour les plus chanceux, les entretiens.
Un jour, le chômeur lève le nez. Ca y est, on est en octobre. La rentrée est terminée (et l'euphorie qui va avec.) L'été est terminé. C'est déjà l'heure d'hiver. Les projets d'avenir restent dans les cartons. Et toujours pas de travail. 2 mois de chômage en plus. 2 mois de moins d'indemnisation.

C'est démoralisant pour les menteurs. Il faut toujours raconter qu'on est en recherche d'emploi "depuis peu". D'ailleurs, c'est votre "premier vrai entretien" depuis la perte d'emploi. Un chômeur de longue durée, c'est suspect. Les recruteurs se disent (parfois à juste titre) qu'il n'a plus l'habitude de se lever le matin et d'enchainer 8h de travail quotidien. Plus prosaïquement, ils se disent que s'il a échoué lors des précédents entretiens, c'est qu'il doit avoir une tare que lui n'a pas détecté. Donc méfiance. Donc le chômeur doit raconter qu'il cherche du travail depuis n-2 mois maxi. Et la date glisse au fil des mois. Lorsque vous sortez d'un CDD, vous en arrivez à quasiment en doubler la durée !

lundi 18 août 2014

Août...

Quand on vient de reprendre le travail, le mois d'août est à la fois la pire et la meilleure chose. La meilleure, parce que vous n'avez rien à faire. La pire, parce que vous n'avez rien à faire.

Pas de réunion de service. Vous devez envoyer un mail ? Vous recevrez très probablement un message qui dire : "Monsieur Untel est en congé jusqu'à..." Et lorsqu'enfin, il revient, la personne à qui vous deviez une information est elle-même partie en congé ! Dans les grandes entreprises, il y a de nombreux "triangles des Bermudes" où vous pouvez glander en attendant le soir (machine à café, salles de réunion...) A contrario, dans les PME, vous êtes davantage fliqué. Donc forcé de faire semblant de travailler. La notion d'acte de présence prend tout son sens...

Dites vous qu'au moins, par rapport au chômage, vous êtes payé pour être là.

jeudi 7 août 2014

Chômage estival

L'été, le chômeur est heureux. Pourtant, son quotidien est plus déprimant que d'habitude, surtout en août.

Pas un coup de téléphone, pas un mail. Toutes ses "pistes" sont parties en vacances. Les sites d'emploi sont cliniquement morts : les dernières annonces remontent au 30 juin. Dans les journaux, les offres tiennent sur une unique page. De toute façon, qui lancerait un recrutement, alors que la plupart des interlocuteurs sont absents ? Regardez la TV ou le web ? Les sites d'infos parlent surtout de bronzette à la plage, de festivals ou de sites à ne pas manquer. Ah, les vacances... Le chômeur rêverait d'en prendre. Le temps libre, ce n'est pas ça qui lui manque ! Et puis, ça fait toujours du bien de changer d'air... Sauf que son compte en banque, lui, ne veut pas.
Donc la journée est bien longue. Il n'y a rien à faire à part lézarder. Les plus courageux se trouvent une activité (ce qui est d'autant plus compliqué que clubs et associations sont aussi en vacances.) Mais la plupart se contentent de vider le frigo ou le bar. Avec cette chaleur, on est vite déshydraté et en sueur. Manger un morceau ou boire un verre, ça permet de tuer le temps. Avec le risque de devenir obèse ou alcoolique à terme.
Si le chômeur est en couple avec quelqu'un qui travaille, des tensions peuvent apparaitre. Lorsque le conjoint revient le soir, l'autre n'a pas bougé. Il n'a rien fait du tout. Il s'est vautré dans sa paresse toute la journée, tel un cochon dans la fange! L'autre ne fait rien, parce qu'il n'y rien à faire. Oui, mais malgré tout, le conjoint a l'impression que l'autre est volontairement au chômage. Qu'il y restera toute sa vie et que ça lui convient. Ce n'est pas un hasard si le chômage d'un des deux membres provoque souvent un divorce...

lundi 4 août 2014

Jobs bidons et jobs à la con

Un bon article dans Libé, c'est suffisamment rare pour être signalé. Le journal s'intéresse aux "jobs à la con".

Il ne faut pas le confondre avec le job bidon. Le job bidon, c'est le boulot "alimentaire", qui est bien en-deçà de vos compétences et du salaire que vous pouvez prétendre. Oui, mais ça fait n mois que vous êtes au chômage et il faut bien payer les agios...

Le "job à la con", c'est le job complètement inutile. A la limite si vous ne veniez pas travailler, personne ne verrait la différence.
C'est l'angle-mort de l'explosion du secteur tertiaire. Beaucoup d'emplois ont des contenus très abstraits. Dans les petites entreprises, on a plutôt tendance à surcharger les gens. Dans les grandes entreprises, on réfléchi suivant des schémas datés. Certains décrètent que tel service doit être composé de n services, qui pilotent x sous-services avec y personnes dedans. Quel que soit le flux d'activité. Le chiffre d'affaires double ? On double les effectifs ! Un chef de service se retrouve avec une quinzaine de personnes sous sa responsabilité ? On crée un poste de sous-chef de service... Voir on divise le service en deux (avec deux sous-chefs) et le chef chapeaute désormais les deux sous-chefs ! Souvent, les chefs de service sont tout le temps en réunion ou à l'extérieur. Ils n'ont qu'une vision très partielle de leur service. Or, beaucoup de gens savent faire le numéro de "je suis dé-bor-dé". Donc, leurs chefs sont persuadés qu'ils ont besoin "de ressources supplémentaires". C'est aussi un moyen de pression auprès de leurs propres responsables : "Pour faire telle tâche, il me FAUT une personne en plus." Puis, il y a tous les projets traverses ou les travaux urgents. On se dit que créer un service dédié, c'est déjà résoudre le problème. Enfin, il y a tous les cabinets de consultants. Les vrais, ceux qui facturent à prix d'or des conseillers. Les PDG aiment s'entourer "d’œil extérieurs".
Bref, cela fait plein de gens payés à ne rien faire. Certains sont persuadés d'être vitaux. D'autres se contentent de faire acte de présence et de pondre un PowerPoint de temps en temps...

mercredi 4 juin 2014

Acte de présence

On est dans une société de l'immédiat. Tout doit être fait tout de suite. Au travail, on exige fréquemment des cadres qu'ils effectuent des heures supplémentaires. Par contre, on ne tolère pas les départs anticipés. Légalement, c'est un abandon de poste ; un motif de licenciement.
Dans une entreprise où j'ai travaillé, c'était 8h30-17h30 (avec une pause entre 12h30 et 13h30.) Donc, jusqu'à 9h30, chaque coup de téléphone à l'extérieur se finissait par "monsieur/madame Untel n'est pas encore arrivé." Idem entre 12h et 14h. Le gros de mon activité avait lieu à partir de 15h et... Ensuite, c'est l'heure de partir. Car à 17h35, le PDG mettais l'alarme en marche !

Le travail ne tombe jamais en continue. Parfois, vous en avez beaucoup, voir trop et parfois, c'est extrêmement calme. Le truc, c'est de faire semblant de travailler. J'ai connu un N+1 spécialiste du tapage frénétique sur son clavier (alors que son PC portable était éteint pour économiser la batterie.) Sans oublier les classiques piliers de machines à café ou les blablateurs compulsifs. Tout est (presque) possible ; il suffit de rester dans les murs de l'entreprise. Vous avez terminé votre travail à 15h? Interdiction de partir ; vous devez rester à votre bureau jusqu'au bout. Et si votre chef passe, faites semblant de remplir ce classeur Excel vierge...
Encore un archaïsme. Cette rigidité des horaires risque de passer encore plus mal auprès des jeunes. Ils sont habitués à être occupés en permanence. Que faire lors des "creux de travail" ? Ils sont moins enclins à faire semblant de bosser (car en cas d'inactivité, ils utilisent leurs portables.) Faire systématiquement acte de présence jusqu'à 17h30, voir 18h, n'a aucun sens. A fortiori si une fois dehors, l'employé peut travailler à distance. Le seul pour qui ça semble logique, c'est le chef de service, qui a ses employés sous les yeux. Car pour beaucoup présence=travail ; absence=farniente .