Les "zappés" ont souvent beaucoup de rancœurs envers leur ancienne école/université.
Des études supérieures, la TV et le cinéma montrent surtout les fêtes interminables avec alcool à gogo et frénésie sexuelle... Mais les soirées représentent à peine 10% du quotidien des étudiants. Les fêtards ne font guère long feu dans les amphis. Car les études, c'est avant tout des examens à préparer, des dossiers à rendre, des exposés à rédiger... S'y ajoute la précarité financière. Les provinciaux sont obligés de louer une "studette" (une cage à lapin louée à prix d'or.) L'achat d'un ordinateur, avec imprimante et box internet est obligatoire (vu que la "salle informatique" possède 10 ordinateurs pour 5000 étudiants...) L'école vous impose de ruineux frais de scolarité (sans oublier le racket des "mutuelles".) Au point où les étudiants les plus modestes sont obligés de travailler en parallèle. D'autres prennent des prêts étudiants.
Grosso modo, quel que soit le cursus, le plus dur, ce sont les premières années. Aujourd'hui, le bac est quasiment donné. Les examens d'entrée sont rares (voir proscrits en université.) Alors d'emblée, en post-bac, on submerge les élèves de travail. Cela permet de faire de la sélection de fait. Un gros quart des étudiants abandonne en première année. La moitié partiront au bout de la seconde. Seul un quart des élèves iront jusqu'en dernière année. Ces survivants ont la foi. Les profs se rient de leurs inquiétudes : "Le chômage ? C'est un problème de losers ! Les entreprises se bousculent pour embaucher nos étudiants ! Et pour leur proposer de beaux postes ! Regardez Dufour, de la promotion 2010 : il siège désormais au conseil d'administration d'une multinationale ! " Les écoles privées (donc payantes) ont un discours bien rôdé : "Notre école est chère, mais dés la remise du diplôme, vous aurez un job à responsabilité et vous serez rentré dans vos frais." Certains font même miroiter des stages de fin d'étude payés 2 000€ par mois...
Nos étudiants sont galvanisés. Surendettés, lessivés, mais confiants en l'avenir. Après des années de labeur, ils ont enfin le précieux diplôme... Et le réveil s’avère douloureux. 17% des diplômés d'école d'ingénieur trouvent un travail dans les 3 mois (dont une partie a transformé son stage de fin d'étude en CDD ou en CDI.) Au bout de 8 mois, le chiffre atteint 88%. En creux, cela signifie que 12% des diplômés n'ont toujours pas de travail (et l'on ne parle même pas des non-diplômés ou de ceux qui n'ont pas le statut d'ingénieur.) 8 mois, cela veut dire qu'un étudiant diplômé en septembre restera sans activité jusqu'en mai de l'année suivante. Et par "travail", on entend "n'importe quel travail". Après 8 mois, vous ne faites plus le difficile : vous étendez votre recherche au télémarketing ou à la restauration rapide. 5 années d'étude et des dizaines de milliers d'euros dépensés pour griller des steak hachés !
On peut comprendre qu'après ça, certains soient aigris...
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