Lorsqu'on évoque le stress chez les adultes, on traite exclusivement celui des employés. On imagine le travailleur surmené, aux journées interminables, aux objectifs intenables, qui finit par craquer. Concernant les chômeurs, seuls les cas de désociabilisation sont évoqués. De temps en temps, un chômeur à bout agresse un employé de Pole Emploi. Aux Etats-Unis, il préfère prendre un fusil et lancer une expédition punitive chez son ex-employeur. Mais en dehors de ces cas extrêmes, point de salue.
Après tout, le chômeur ne travaille pas. Donc, pas de stress lié au surmenage. Et s'il dort mal, il peut faire une sieste, non? Donc pas de stress du chômeur. Fin de la discussion.
On oublie trop souvent qu'un licenciement est un traumatisme. Le chômeur se voit comme coupable de son état. En plus, maintenant, il est une "anomalie" ; un "actif", par définition, ça travaille ! Et ça ne sont pas des entretiens où on le traite comme une sous-merde, qui lui remonteront le moral ! Le chômage est aussi souvent synonyme d'isolement vis-à-vis de ses amis, voir de son conjoint. Beaucoup de chômage aboutissent à un divorce. Lorsque le chômage dure, il y a des problèmes financiers. Or, dans une société de consommation, celui qui ne consomme pas est marginalisé. S'y ajoute le doute : vais-je retrouver un emploi ? Vais-je retrouver une place dans la société ? Il avait le confort d'un emploi stable. Le voici à vivre au jour le jour. Impossible de savoir s'il retrouvera un emploi dans une semaine ou dans trois mois. Il est sur une pente glissante.
Cette souffrance est d'autant plus invisible que le chômeur est isolé. Il n'a pas de collègues ou de responsables pour constater qu'il est à bout. Son entourage lui dit souvent : "Arrête de pleurnicher et trouve un job !" Pole Emploi n'est pas là pour écouter les gens. Les psychiatres ? Ils lui répondent de repasser quand il sera SDF !
Les galères de la recherche d'emploi et du monde du travail. Un petit blog sans prétention...
lundi 3 mars 2014
Souffrance invisible
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