En France, chaque année, plusieurs centaines de milliers de postes ne sont pas pourvus. Il y aura pourtant de quoi éponger grandement les chiffres du chômage. Voilà pourquoi Pole Emploi organise régulièrement des salons de l'emploi. Il s'agit d'essayer de mettre en contact ceux qui proposent des emplois et ceux qui en cherchent.
Donc, vous, chômeur, vous mettez votre plus beau costume, imprimez votre pile de CV et vous rendez au salon. Vous ne croyez pas aux miracles, mais au pire, ça vous fera des entretiens. Or, tout entretien est toujours bon à prendre...
Sur place, c'est la cohue. Les agences Pole-emploi d'Ile-de-France y ont déversé presque tout leur stock de chômeurs. Première déconvenue : les emplois à pourvoir requièrent des savoir-faire trop spécifiques (aéronautique, énergie...), sont dans des secteurs aux conditions de travail difficiles (bâtiment, hôtellerie...) ou sont situés au milieu de nul part.
Reste la solution des candidatures spontanées. Souvent de grands groupes sont présents dans les salons. Bien sur, ils sont pris d'assaut. Les 2 ou 3 RH doivent enchainer les entretiens de 5 minutes (10 minutes, si le candidat est intéressant.) Malgré cela, la file d'attente approche l'heure. Vous crevez de chaud, à cause des spots. Lorsque enfin, c'est votre tour, le recruteur est lessivé. Sur le petit stand, on se bouscule en permanence. Il y a peut-être un poste dans votre branche, mais pas tout de suite. Il prend votre CV en jurant qu'il vous recontactera le jour venu. Les plus nerveux se lâchent carrément, se moquant de vous et votre CV. De toutes façons, l'un dans l'autre, votre CV ira aux oubliettes. Et vous en êtes bien conscient, tandis qu'un autre prend déjà votre place. C'est la deuxième déconvenue.
Après une poignée d'entretiens, vous êtes vidé. Vous n'avez aucune piste sérieuse. Vous n'avez rien appris. C'est une de ces journées foireuses qui vous mineront le moral. A côté de la sortie, il y a toujours un buffet. De l'eau, vite ! Une personne portant un badge "Pole-Emploi" fonce sur vous : le buffet, ce n'est pas pour les chômeurs. En insistant bien sur le mot "chômeur" afin que vous compreniez bien que vous êtes une sous-merde. Et que votre restant d'amour-propre soit anéanti.