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lundi 10 mars 2025

Team building


Cet article de Les Echos évoquait le "team building".

Le "team building" est apparue aux Etats-Unis, dans les années 80. Il revient en force. A l'heure du télétravail, les entreprises veulent renforcer la cohésion de leur équipe. Il sert aussi à mieux intégrer les nouveaux et à réduire le turnover. Enfin, on lui prête des vertus de lutte contre le burn out. En tout cas, les entreprises y croient ! C'est censément un de ces choses magiques, comme le baby-foot dans la salle de pause ou la corbeille de fruits bio. Les salariés, eux, sont forcément plus timorés.
Sachez que le "team building" recoupe des situations très hétérogènes. Le seul fil conducteur, c'est la participation de salarié à des activités extra-professionnelle. Dans l'industrie, ça peut être une journée de découverte d'application pratique de vos produits (par exemple : un tour en avion, pour un sous-traitant de l'aéronautique.) Côté activité, cela va de l'atelier crêpes au stage commando ! Il y a des structures spécialisées dans l'intervention en entreprise, toute l'année. Les activités en extérieur profitent du team building pour lisser leur activité ; elles proposent donc des tarifs plus attractifs à la saison creuse (cf. le canyoning au début du printemps ou à la fin de l'automne...) Dans les PME, on aura tendance à faire défiler chaque service dans un même atelier. Au moins, cela fera des conversations à la machine à café : "lorsqu'on a mis les masques dans le bol de colle, Jean-Mi en a mis partout !" Dans des grands groupes, il peut y avoir des jeux où un service sera retrouve face à leurs homologues d'un autre site. Il peut y avoir une "session de team building" à l'issue d'une journée de séminaire. Parfois, chaque manager peut disposer d'un "budget team building" avec obligation d'organiser n activités par an. Parfois aussi, le simple verre après le boulot est considéré comme du "team building".

Les plus vieux sont les plus réservés. Ils n'aiment pas ce mélange des genres entre vie professionnelle et vie privée. Car le manager est là et il enregistre tout. D'ailleurs, le "team building" est théoriquement facultatif, mais refuser de le faire aura des conséquences. Lorsqu'un employeur veut se débarrasser d'un employé, il clame qu'il ne "s'intègre pas dans l'équipe"... Refuser un team-building, c'est signer son arrêt de mort !
Plus prosaïquement, si le team building a lieu hors des horaires de travail, cela posera problème. Pas facile, pour une mère célibataire de rentrer tard chez elle, un soir de semaine. Et le divorcé ne sera pas content de louper un tour de garde à cause du boulot...
Les quadragénaires et quinquagénaires sont minoritaires, dans les grandes entreprises. Donc ils ont rarement voix au chapitre, en matière de choix. Donc ils se sentiront généralement mal à l'aise lors de l'escape-game (sur le thème de la dernière série de Netflix) ou de l'accrobranche. Et pendant ce temps, ils voient les autres s'amuser. Au lieu de s'intégrer, ils auront donc tendance à se sentir davantage isolés.

Les plus jeunes, eux, ont moins de retenus. Surtout lors d'activités en extérieur. C'est le moment où l'on se trouve des surnoms, qui vous colleront des mois à la peau. Ils n'hésitent pas à chahuter le manager au-delà du raisonnable. Mais pour eux, le team building n'a aucune implication à long terme. C'est du loisir TikTok : je like, puis je passe à autre chose. Ils ont bien compris que les entreprises ne récompensent pas la fidélité. Que faute de promotions ou d'augmentations, il faut changer d'entreprise pour progresser. Le team building n'a rien de propre à une entreprise et ailleurs, ils retrouveront le même type d'activités. Il n'est pas rare que dans les semaines qui suivent, le joyeux drille du team building annonce sa démission.

Les prestas, eux, ils jouent les spectateurs. Surtout les plus chevronnés. Ils ont conscience qu'ils ne feront jamais vraiment parti de l'équipe. Qu'il s'intègre ou pas, il ne passera jamais interne.
Le pire des cas, c'est celui où le presta n'est pas invité au team building. Et le lundi matin, il voit ses collègues se raconter des anecdotes qu'eux seuls ont vécu. La fin de la mission promet d'être longue.
Il y a aussi toutes les personnes à cheval sur le service : une personne de l'équipe qui travaille sur un autre site ou bien qui est rattachée à un autre service. Si elle n'est pas invitée, elle aura de la rancœur. Loin de renforcer la cohésion, le team-building a plutôt tendance à créer un fossé entre l'équipe et les autres.

Enfin, il y a les managers. Certains voient le team-building comme une corvée. A la dernière réunion, le directeur a rappelé que son service n'a pas fait de team building depuis un certain temps, donc impossible d'y couper ! Comme s'ils avaient du temps à perdre là-dedans. Parce qu'en plus, un team-building, ça se prépare ! Et avec leur bol, le jour J, ils vont faire équipe avec le subordonné qu'ils aiment le moins... Dans les activités en extérieur, cela vire presque au baby-sitting, avec ceux qui se blessent, ceux qui paniquent, ceux qui perdent leurs affaires... En prime, team-building ou pas, ils ont du reporting à faire. Ah, la joie de travailler jusqu'à minuit, après une journée de rafting ou un concours de teq'fap' ! Les plus jeunes sont davantage partants. D'ailleurs, ce sont souvent eux qui sélectionnent l'activité. Mais ensuite, c'est compliqué de remettre des barrières avec ses subordonnés. 
En tout cas, ils ne croient pas aux vertus du team-building. Et eux aussi, ils ont le nez dans les offres d'emploi.

mercredi 2 juillet 2014

Ecole et entreprise

Comme tout zappé, j'ai de la rancœur envers les écoles où je suis passé.

J'étais dans un cursus tourné vers l'entreprise. Et pourtant, on nous parlait jamais de la vie en entreprise. Lorsqu'il y avait un stage à effectuer, on nous donnait de brèves consignes. En gros, il fallait se débrouiller pour parler au prescripteur et le convaincre de nous donner un stage. C'était à peu près tout.

Clairement, nos profs auraient pu passer davantage de temps pour nous apprendre à rédiger un CV et la fameuse lettre de motivation.
Surtout, il aurait fallu qu'on nous parle vraiment de l'entreprise. La vision -assez floue- qu'on en avait, c'était celle d'une organisation rationnelle : il y a des protocoles précis, les décisions sont logiques et les meilleurs éléments sont promus. Voilà qui explique pourquoi les jeunes diplômes sont autant de petits cons qui pensent tout savoir ! A aucun moment, on a évoqué l'irrationnel. Au contraire, il était honnis : " Les colériques et les marchands de tapis n'obtiennent jamais rien."
On retombe sur le bon vieux débat. Pour moi, c'est parce que nombre de profs n'ont aucune expérience du secteur privé et du salariat. Ils n'en ont qu'une connaissance très théorique. A ce moment-là, pourquoi n'a-t-on pas davantage d'enseignants ayant travaillé auparavant, a fortiori dans les cursus tournés vers l'industrie ? Les complotistes, eux, y voit un mensonge sciemment diffusé. L'entreprise est un chaos. On y progresse par la ruse, le copinage et le mensonge, indépendamment de ses compétences réelles. Si on nous avouait tout cela, pourquoi perdre son temps à faire des études ? Pourquoi bachoter pour des examens qui n'auront aucune valeur une fois dehors ? Qui plus est, quelle serait l'utilité des profs, s'ils n'offrent pas d'assurances contre le chômage ? Il vaut donc mieux qu'ils bercent les élèves avec des illusions.

mercredi 23 avril 2014

Oh le mytho !

Mentir, c'est parfois la seule issue pour passer le barrage des entretiens.

Mais il faut se tenir à plusieurs principes :
  1. Que le mensonge soit crédible. Il faut quel que chose qui corresponde à vos compétences théorique. Et si vous vous attribuez un diplôme ou une expérience exceptionnelle, ça risque d'éveiller les soupçons.
  2. Une fois que vous avez décroché un poste, faites profil-bas. Evitez de faire référence toutes les 5 minutes à ce que vous prétendez avoir fait.
C'est vrai que c'est tentant. Plus votre CV est garni, plus vous aurez de chances de trouver un bon travail. Un recruteur n'osera pas poser trop de questions à un senior. Il se doute que ses diplômes sont dans un carton, au fond de la cave et que ses anciens N+1 sont probablement à la retraite. Alors pourquoi se fixer des limites ?

Le problème, c'est qu'une fois en poste, le mythomane risque d'exploser en vol. Le monde est petit : vous finirez par trouver quelqu'un issu de l'entreprise ou l'université où vous êtes censé être passé. Surtout, si vous a recruté pour un savoir spécifique (par exemple, une langue) et que vous ne l'avez pas, ça la fout mal. Les chefs de service se sentiront trahi. Une fois démasqué, on vous forcera à démissionner.
Un chef de service mythomane passera plus facilement entre les mailles du filet. Si vous êtes malin, vous déléguerez les tâches que vous ne savez pas faire. En plus, les hauts responsables "fliquent" rarement leurs subordonnés. Par contre, les employés de l'imposteur vont probablement découvrir le pot-aux-roses. Vous perdez alors toute crédibilité.

lundi 24 mars 2014

Offre de stage bidon


Comment différencier un stage bidon (à savoir, un emploi déguisé) et un stage légitime ?

- La durée. Normalement, un stage est un "cas pratique" ; un exercice simple où le stagiaire découvre le monde de l'entreprise. Comme sa mission possède un périmètre limité, il en a vite fait le tour. C'est la grande différence avec une alternance, qui est un aller-retour permanent entre l'école et le monde professionnel (donc davantage de compétences à acquérir et une durée plus longue.) En conclusion, un stage de 6 mois n'a aucun sens.
- La mission. Le stagiaire est là pour qu'un tuteur lui apprenne les ficelles d'un métier. Ca doit être un suivi quotidien. Si un même tuteur s'occupe de plusieurs stagiaire ou que le stagiaire soit sur un poste très autonome, c'est suspect.
- L'expérience. Un stagiaire, c'est un débutant. Il est censé n'avoir aucune expérience du poste (mis à part ce qu'il a appris en classe.) Donc, une offre de stage qui mentionne une "rémunération suivant expérience", c'est une alerte rouge ! En général, dans ce genre d'annonce, le profil de formation recherché est très vague.

Le cas typique de l'annonce bidon, c'est donc une offre de stage de 6 mois comme community manager, avec rémunération suivant expérience. Clairement, c'est un travail qui correspond à un emploi à temps plein. Mais l'entreprise recrute un stagiaire, comme ça, elle propose des tarifs imbattables à son client final...

lundi 17 mars 2014

Les faux-jetons

Pour durer dans une entreprise, il faut savoir prendre sur soi. Les convictions, la fierté et l'ambition, c'est bien, mais c'est pas avec ça que vous faites bouillir la marmite ! Donc, à la longue, les employés ont tendance à s'écraser et à tomber dans l'aquoibonisme....

Sauf le faux-jetons. Lui, il vous accueille en disant : "C'est un merdier pas possible, cette boite! " Il vous jure que " il va bientôt parler au responsable, pour lui secouer les puces." Voir carrément qu'il s'apprête à poser sa démission. Lorsqu'il évoque le patron, c'est avec des qualificatifs orduriers. Les plus jeunes jurent qu'ils s'apprêtent à tout quitter pour devenir rock star ou pour aller travailler au bout du monde. Les bricoleurs travaillent sur un projet révolutionnaire. Les businessmen songent à monter leur propre boite, etc.
Au début, vous l'aimez bien. Enfin quelqu'un à qui vous pouvez vous confier ! Vous pouvez lui parler franchement et il vous répondra tout aussi franchement.

Puis vous vous rendez compte que c'est du flan. Il ne joint jamais les actes à la parole. Sa fameuse conversation à bâton-rompue avec le responsable, elle est repoussée sine die. Quant à son départ "imminent" de l'entreprise... Il n'a même pas mis à jour son CV ! Idem pour ceux qui ont des projets de changements de vie. Ils les remettent à plus tard, jusqu'au jour où ils pourront dire : "Moi, je suis trop vieux pour ça. Si j'avais 20 ans de moins..."
Ce sont juste des grandes gueules. Peut-être qu'ils font cela pour (se) convaincre qu'ils ne sont pas comme les autres moutons. Et encore, leurs grands discours ont lieu uniquement lorsque les responsables ont le dos tourné. Méfiez-vous du rebel rebel de service. S'il parle en mal d'un collègue, n'allez pas prendre à parti ce même collègue : car votre soi-disant allié a tôt fait de s'évaporer... S'il parle en mal des autres devant vous, il vous forcément parler en mal de vous devant les autres ! Il faut d'autant plus éviter de se confier des faux-jetons que ce sont souvent les premiers à fayoter (c'est le prix de leur insoumission.) Et en cas de départ annoncé (fin de contrat, CDD...), il est le premier à vous traiter en pestiféré.