mercredi 30 juillet 2014

Le chômage estival du consultant

On a déjà évoqué les boites de consulting bidons. Elles recrutent des gens pour des missions spécifiques, à des jobs opérationnels. C'est illégal, mais essayez de vous plaindre à l'inspection du travail...

Souvent, les donneurs d'ordre n'ont qu'une visibilité sur quelques mois. Donc l'astuce, c'est de prolonger la période d'essai du consultant. Quand l'été arrive, le donneur d'ordre n'a plus besoin d'un supplétif. Après tout, l'entreprise est au repos. De nombreuses PME ferment carrément durant le mois d'août. Alors le contrat s'arrête fin juillet.
Et ensuite ? Un cabinet sérieux vous laissera en inter-contrat. Vous êtes payé pour rester chez vous, en attendant la prochaine mission. Un cabinet bidon trouvera un prétexte fumeux pour vous licencier. Depuis que vous êtes en poste, vous n'avez quasiment jamais vu votre N+1 ! Sur quelle base peut-il vous jauger ? Donc, "l'entretien post-mission" sera biaisé. Comme vous êtes en période d'essai, c'est assez simple de vous congédier. On vous explique que non, on ne peut plus vous garder parmi nous. Merci pour tout, au revoir.

C'est un grand classique. Les plus jeunes se sentiront trahis. Ils y avaient cru, au discours sur "l'ambiance start-up" et les vidéo du séminaire de motivation...
Qui plus est, il n'y a rien de pire que de se retrouver au chômage l'été. La DRH est en congé, le PDG aussi (donc vous devrez patienter, pour votre solde de tout compte.) Pole Emploi est au ralenti (n'espérez donc pas une inscription rapide.) Et en prime, ce sera toujours compliqué d'expliquer à un recruteur qu'une entreprise vous a licencié lors de votre période d'essai.

mardi 29 juillet 2014

Flexi-insécurité

Les derniers chiffres de l'UNEDIC sont éloquents. 38% des chômeurs de catégorie A sortait d'un CDD. 12% de chômeurs sortaient d'un contrat d'intérim. Soit la moitié des chômeurs. Et on ne parle même pas des stagiaires, des apprentis, des emploi-aidés, etc.

Cela confirme que lorsqu'on décroche un contrat précaire, on reste ensuite précaire. C'est un cycle de petits boulots et de chômage. Les histoires d'employeurs qui font signer un CDI à un intérimaire, parce qu'il est travailleur et excelle à son poste, c'est un mythe.
En général, lorsqu'une entreprise sent un "accroissement temporaire d'activité", elle "débloque une ressource". Le responsable de service le voit comme "quelqu'un de passage". C'est presque une fourniture jetable, comme un stylo. Au mieux, il va le prolonger. Mais lorsque le problème est considéré comme résolu, ciao !
Si l'activité se maintient, mais que le contrat a déjà été prolongé une fois, l'employeur prendra un nouveau précaire. Les plus cyniques font cela pour avoir en permanence du personnel motivé. L'excuse généralement avancée, c'est que la PME a déjà 48 ou 49 employés. Donc impossible d'embaucher. En fait, beaucoup de chefs de service n'ont aucune empathie pour le précaire. Ils n'ont jamais songé à lui offrir un CDI; quoi qu'ils en disent.

Ca m'est déjà arrivé de prendre un poste en remplacement d'un contrat précaire. J'étais au moins le troisième CDD à ce poste, mais on voulait me faire croire que j'aurais peut-être un CDI. Si c'était vrai, pourquoi n'a-t-il pas donné de CDI à l'un de mes prédécesseurs ? Une fois, mon chef m'avait demandé pourquoi mon niveau d'activité baissait sérieusement (mon contrat approchait son terme.) Il m'a ressorti le bobard du CDI, si je me décarcassais jusqu'au bout... Mais après quelques minutes, il a avoué qu'il n'y aurait pas de CDI à me proposer... Mais que peut-être qu'à l'avenir, dans une prochaine boite, un CDD pourra être transformé en CDI. Donc il faut prendre l'habitude de se donner à 100% jusqu'au dernier jour... Ben voyons.

lundi 28 juillet 2014

Feuilleton de l'été

On l'a déjà dit, aujourd'hui, même pour un poste dans une PME, vous passez 2 ou 3 entretiens. Sauf qu'entre la mi-juillet et début septembre, les entreprises ont tendance à geler leurs processus de recrutement. Ainsi, si vous avez eu un entretien début juillet, vous devrez patienter un mois et demi avant l'étape suivante.

Dans le meilleur des cas, le recruteur prend une décision (positive) avant de partir en vacances. Vous passez un mois et demi le cœur léger. Vous êtes dans la "short list". Vous êtes persuadé qu'en septembre, vous intégrerez l'entreprise.
Hélas, généralement, c'est plutôt : "Je vais en parler à Durant, mais il rentre début août. Et moi, je pars fin juillet. On sera tous les deux là fin août. On vous donnera une réponse à ce moment-là." Et vous êtes bon pour un mois et demi d'angoisses. "Oui ? Non ? C'est sûr que ce sera non ! J'aurais pas du lever les yeux quand il m'a demandé si je parlais anglais ! Quel con ! Je vais passer toute ma vie au chômage !"

Et parfois, vous avez simultanément deux pistes. L'une vous dit "on vous rappelle en septembre" et chez l'autre, tout le monde est là. Vous pouvez passer tout les entretiens et signer votre contrat. Comme chez le premier, tout le monde est absent, vous ne pouvez même pas le prévenir ! Alors, vous finissez par l'oublier. En septembre, il se réveille : "Bonne nouvelle ! On veut vous voir pour un 4e entretien ! Comment, vous avez déjà trouvé un travail ? Ah... Bon, alors je vais classer votre dossier..." Il s'estimera trahis. Mais s'il vous voulait vraiment, il n'avait qu'à votre faire signer d'emblée un contrat, plutôt que vous faire languir d'un entretien à un autre.

jeudi 24 juillet 2014

Entretien en plein été

La première quinzaine de juillet est un moment fatidique pour trouver du boulot. Après cette date, beaucoup de gens partent en vacances. Donc plus de recrutements. Si vous n'avez pas trouvé un boulot avant le 14 juillet, vous avez 99% de chance de rester au chômage qu'au 1er septembre.

Cet entretien est donc votre dernière chance. Problème : ce jour-là, le mercure est au sommet. Vous pouvez quasiment essorer votre chemise. Bannissez les transports en commun (sauf si vous voulez arriver avec une odeur de vestiaire de salle de gym.) Vous avez beau engloutir des litres d'eau, votre bouche est pâteuse. Vos mains sont moite; remplir le dossier d'inscription est un calvaire.) Et bien sûr, le côté "dernier entretien avant septembre" rajoute au stress, donc à la transpiration.
Ensuite, vous entrez dans le bureau. Soit il fait un froid polaire (donc vous attrapez un rhume, donc vous allez renifler), soit (cas le plus fréquent), le recruteur n'aime pas la clim (à vous 1 heure dans un four !) Quoi qu'il en soit, vous êtes déstabilisé (euphémisme.) Vous bafouillez, vous multipliez les "euh", il vous faut 5 minutes pour réfléchir au moindre point de carrière... Parfois, le recruteur essaye de vous mettre à l'aise, de détendre l'atmosphère, mais vous sentez que vous sombrer.
Si votre CV est en béton armé ou s'ils ont besoin urgemment de quelqu'un, on s'en fout. Sinon, c'est un fiasco complet. Le "je vais réfléchir" du recruteur ne trompe personne. Vous avez merdé intégralement. Si le chasseur de tête est présent, il va vous sonner les cloches. S'il avait su, il n'aurait jamais poussé votre CV. Il risque de se faire lui-même engueuler, voir de perdre le marché. Il va vous mettre sur sa liste noire personnelle. Pas besoin de le recontacter sur "d'autres opportunités".

En tout cas c'est fichu pour cet été. Vous devrez attendre septembre pour rechercher du boulot.

mercredi 23 juillet 2014

Voilà l'été !

C'est toujours plus agréable d'être au chômage l'été que l'hiver.

Que vous ayez, ou pas, des "pistes", les fêtes de fin d'année sont la pire période du chômeur. C'est le temps des fêtes, des soirées. Donc des moments où il faut puiser dans ses allocations chômages pour payer cadeaux et habits de fête. Sans oublier toutes ces conversations du type : "Je viens d'être promu chef export. Je vais toucher 50 K€ et le mois prochain, je pars 3 semaines en formation à Papeete ! Et toi ? - Euh... Je suis au chômage... Mais... J'ai des pistes. "
L'été, déjà, il fait beau. Le soleil donne de la dopamine et l'on est plus heureux. C'est une question de chimie. On ne fait rien, mais on devient confiant : en septembre, on retrouvera du boulot. Surtout, beaucoup de gens sont en vacances. D'ordinaire, les rues, en semaine, appartiennent aux chômeurs et aux retraités. L'été, il y a des actifs en vacances. Le chômeur peut sortir sans croiser d'autres chômeurs, qui lui renvoient sa propre image. Enfin, les conseillers de Pole Emploi sont en vacances. Donc moins de courriers de convocation ou de radiation.

dimanche 6 juillet 2014

Revenge of the nerds

Les études prouvent d'ordinaire que les gens les plus populaires à l'université vont le plus loin. Ils ont le charisme et le bagout. Donc, on leur propose de meilleures jobs et davantage de promotions.
C'est d'autant plus énervant que les plus populaires sont rarement les premiers de la classe. C'est juste le clown ou la pin-up de service. Et ils ont plutôt tendance à débarquer en amphi avec 1 heure de retard et à zapper les exposés et autres travaux collectifs.

Mais une nouvelle étude remet cela en cause. Les piliers d'associations étudiantes ont tendance à boire et à fumer (et pas que du tabac...) plus. Ils se doivent d'être de toutes les soirées estudiantines, de tous les défis. Forcément, ça laisse des traces. Aux Etats-Unis, où on ne rigole pas avec l'ivresse sur la voie publique ou l’exhibitionnisme, les fêtards finissent au poste. En France, avec les lois sur le bizutage et la prise de conscience des dérapages lors des soirées estudiantines, on y va. Et postuler à un emploi après un séjour en prison, c'est forcément plus compliqué... Ceux qui n'ont pas franchi la ligne blanche ne sont pas épargnés par les tracas. Leur seul atout, c'est l'humour ou le charme. Ils vivent pour leur "public". Justement, certains comprennent qu'à 30 ans, la norme n'est plus d'enchainer les teq'paf, mais de se marier et d'avoir des enfants. Donc ils se plient au rite, juste pour "faire parti du groupe". D'autres refusent de rentrer dans le rang, ils en sont réduit à une surenchère, à rester d'éternels ados. Tôt ou tard, il y en a un(e) plus jeune ou un(e) plus drôle qui débarque. Et notre pilier de devenir passé de mode.
A contrario, les timides et les ringards, plus effacés, se font moins aspirés par le système. Ils progressent à leur rythme, sans excès et ils finissent par éclore. Une bonne nouvelle pour les zappés...

mercredi 2 juillet 2014

Ecole et entreprise

Comme tout zappé, j'ai de la rancœur envers les écoles où je suis passé.

J'étais dans un cursus tourné vers l'entreprise. Et pourtant, on nous parlait jamais de la vie en entreprise. Lorsqu'il y avait un stage à effectuer, on nous donnait de brèves consignes. En gros, il fallait se débrouiller pour parler au prescripteur et le convaincre de nous donner un stage. C'était à peu près tout.

Clairement, nos profs auraient pu passer davantage de temps pour nous apprendre à rédiger un CV et la fameuse lettre de motivation.
Surtout, il aurait fallu qu'on nous parle vraiment de l'entreprise. La vision -assez floue- qu'on en avait, c'était celle d'une organisation rationnelle : il y a des protocoles précis, les décisions sont logiques et les meilleurs éléments sont promus. Voilà qui explique pourquoi les jeunes diplômes sont autant de petits cons qui pensent tout savoir ! A aucun moment, on a évoqué l'irrationnel. Au contraire, il était honnis : " Les colériques et les marchands de tapis n'obtiennent jamais rien."
On retombe sur le bon vieux débat. Pour moi, c'est parce que nombre de profs n'ont aucune expérience du secteur privé et du salariat. Ils n'en ont qu'une connaissance très théorique. A ce moment-là, pourquoi n'a-t-on pas davantage d'enseignants ayant travaillé auparavant, a fortiori dans les cursus tournés vers l'industrie ? Les complotistes, eux, y voit un mensonge sciemment diffusé. L'entreprise est un chaos. On y progresse par la ruse, le copinage et le mensonge, indépendamment de ses compétences réelles. Si on nous avouait tout cela, pourquoi perdre son temps à faire des études ? Pourquoi bachoter pour des examens qui n'auront aucune valeur une fois dehors ? Qui plus est, quelle serait l'utilité des profs, s'ils n'offrent pas d'assurances contre le chômage ? Il vaut donc mieux qu'ils bercent les élèves avec des illusions.

mardi 1 juillet 2014

Usine à gaz


Beaucoup d'entreprises ont des conflits ouverts entre employés. Pour beaucoup de chefs de service, la solution s'appelle "l'éléphant dans le salon" : c'est une gène terrible, mais tout le monde fait comme s'il n'existait pas. Il faut à tout pris éviter la confrontation. Cela donne des situations ubuesques : un employé qui refuse d'effectuer telle tache (pourtant dans son périmètre), deux employés qui ne veulent pas travailler ensemble (alors que leurs périmètres se touchent), une directive non-appliquée (notamment parce qu'elle froisse les syndicats), etc. Au fil du temps, tout le monde s'habitue à faire des détours. Ca devient normal.

Le nouveau-venu tombe souvent des nues face à la situation. Au mieux, son responsable monte une usine à gaz : il faut faire telle tâche, à la place de X, mais sans que X voit qu'on l'effectue dans son dos. Souvent, on ne met pas le novice au courant des non-dits (ne serait-ce que parce qu'ils semblent désormais "naturels".) Il va inconsciemment aborder le sujet qui fâche. Les plus jeunes -et les plus idéalistes- s'attaqueront aux problèmes avec la fleur au fusil. Ils sont persuadés d'agir pour le bien de l'entreprise.
Dans le pire des cas, on l’envoi carrément au casse-pipe : par exemple, mettre en place une directive controversée. Il vient d'arriver, donc il peut repartir aussi sec. Et comme on dit, premier arrivé, premier servi ; le bleu fera le sale boulot. En cas de souci, la hiérarchie dira qu'il a agi de son propre chef. La paix sociale mérite bien qu'on sacrifie un "bleu".

En général, c'est le genre de boulot où vous ne passez pas la période d'essai. De toutes façons, en général, vous vous rendez compte qu'il n'y a pas qu'un seul problème. Comme il n'ose pas trancher, le responsable laisse s'accumuler plein de problèmes. Vous voilà dans une entreprise pleine d'usines à gaz et de décisions que personne n'ose prendre. Pas vraiment le genre d'entreprises où l'on peut s'épanouir.