Affichage des articles dont le libellé est licenciement. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est licenciement. Afficher tous les articles

mardi 22 avril 2025

People think I'm insane because I am frowning all the time...


Après un ou deux licenciements, vous avez peur à chaque "face to face". Dès que votre N+1 veut vous prendre à part, dès que vous avez fait une connerie, vous vous dites : "Ca y est, c'est la fin. Il va me dégager."

Avec le temps, cela s'empire. Surtout si vous êtes prestataire

Car les conditions de travail des prestas ne cessent de se dégrader. Auparavant, ce n'était déjà pas Byzance, mais ils ont réussi à faire pire ! Des cabinets de prestation encore plus miteux. Des commerciaux avec encore plus de turnover et encore moins d'empathie pour les consultants sous leur responsabilité. D'ailleurs, vous ne les rencontrez même plus ; vous ne les connaissez que de Teams. Des missions encore plus précaires, avec des contrats plus courts et moins de pénalités pour rupture anticipé. Et bien sûr, toujours moins de perspectives au-delà de la mission actuelle.
Avant, le commercial venait vous convoquait au siège. Ou bien, il se déplaçait jusqu'à l'entreprise où vous étiez en mission, pour une réunion avec votre responsable côté entreprise cliente. A l'approche de ce genre de rendez-vous, vous saviez vous préparer mentalement au pire.
Mais maintenant, il n'y a plus de filet. Un jour, votre N+1 (côté entreprise cliente) vous fait de grands sourires. L'après-midi même, votre responsable (côté cabinet) vous appelle : "Allo ? J'ai vu avec le client. Ta mission s'arrête. Ton responsable va reprendre ton badge. Puis tu passeras au siège pour nous rendre ton ordinateur et signer les papiers..." Parce qu'il n'y a plus de préavis ou de handover. Les deux licenciements ont lieu le même jour !

Evidemment, le licenciement n'est que la partie émergée de l'iceberg. On vous licencie car en coulisse, l'entreprise cliente a trouvé quelqu'un d'autres ou négocié votre rupture de contrat de prestation. Parfois pendant des semaines. Et entièrement à votre insu. Ce n'est même pas parce que vous faisiez mal votre travail.
Personne n'a envie d'être le dindon de la farce. Alors vous cherchez des signes avant-coureur. Vous devenez paranoïaque. Votre responsable est souvent en réunion ? C'est parce qu'il voit des candidats en entretien ! Vous avez reçu un courrier en recommandé ? C'est une lettre de licenciement ! Vos collègues sont soudainement distants ? C'est parce qu'ils savent que vous allez partir ! Votre charge de travail diminue ? C'est parce que vous allez partir prochainement, alors on ne vous confie plus rien ! Le commercial vous laisse un message où il vous dit de le rappeler ? C'est pour annoncer qu'il vous dégage !
Vous passez ainsi votre journée à vous faire peur. A voir de la mise au placard partout. Vous êtes constamment sur vos gardes. Le soir, vous êtes soulagé : ça ne sera pas aujourd'hui. A la longue, c'est usant pour vos nerfs. Le jour où la mission s'arrête, vous êtes presque détendu : l'épée de Damoclès a disparu. En attendant, vous vous impliquez peu dans votre mission. Après tout, à quoi bon s'attacher à un travail qui peut s'arrêter net ? A quoi bon sympathiser avec des gens qui vont comploter dans votre dos ? A quoi bon apprécier un site dont vous pourriez être chassé aujourd'hui même ?

samedi 12 novembre 2022

Vous êtes doublement viré !

Qu'est-ce qu'il y a pire que de se faire virer ? Une fin de mission de consulting !

Normalement, en tant que consultant, vous devriez avoir des points réguliers avec votre chef (côté client) et le commercial qui vous suit (côté consulting.)
En pratique, il y a un point en début de mission, puis plus rien. Le deuxième point est annulé, car le commercial est trop occupé. Le troisième se limite à un coup de téléphone : "Salut, tout se passe bien ? - Oui. - OK, au revoir." Peu après, un mail vous apprend que "votre" commercial a quitté l'entreprise. Un second débarque. Un point est planifié avec votre chef et vous. Ça y est, enfin du suivi ! Vous allez pouvoir vider votre sac !
Sauf que le jour J, à peine assis, le commercial et le responsable se regardent d'un air entendu : "Donc, on s'est mis d'accord. On arrête la mission."
Au moins, ils n'ont pas tourné autour du pot. Votre N+1 (côté client), il vous a toujours considéré comme un appui provisoire ; il a donc moins de scrupules à vous dégager qu'un interne. Quant au commercial, lui, il ne vous a jamais vu. Toutes les semaines, il a des missions de prestations qui débutent, qui s'achèvent... Il ne fait donc pas plus de sentiments que ça.
Vous, de votre côté, c'est un coup de massue. En plus, il n'y a pas de préavis pour une fin de mission. Une fois, on m'a carrément dit de laisser sur-le-champ mon badge et mon ordi, puis de rentrer chez moi ! 9 fois sur 10, vous êtes encore en période d'essai. Les boites de consulting savent bien qu'une mission dure en moyenne 6 mois. Donc, en prolongeant la période d'essai (4+4 mois chez les cadres), vous êtes sûr que le consultant n'aura pas fini son essai. Donc ça sera le deuxième dernier jour... Au mieux, si votre essai est terminé et que le commercial a vraiment d'autres missions à vous proposer, vous vous sentez trahi. Vous pensiez faire parti de l'équipe et le responsable vous parlait franchement. Non, il a comploté dans votre dos, avec le commercial.

lundi 7 novembre 2022

You're... Fired !

Ce blog existe depuis 8 ans. J'ai évoqué le préavis de départ et le dernier jour, mais curieusement, jamais l'entretien de licenciement.

Les entreprises ne licencient quasiment plus des gens en poste. Le licenciement pour faute est assez bancal. Au pire, on préfère une rupture conventionnelle. Ceux que l'on vire, par contre, ce sont les précaires : intérimaires, CDD, prestataires, personne en période d'essai...

Imaginez la scène. Vous arrivez le matin, comme si de rien n'était. Ce n'est pas le meilleur boulot du monde, mais c'est un boulot ! Vous étiez content d'avoir remis le pied à l'étrier. Ça va mieux, financièrement. Vous osez même faire des projets à moyen terme, comme de planifier vos premières vraies vacances estivales, depuis longtemps. Bien sûr, vous n'êtes pas le meilleur employé du monde. Mais il y a pire...
La journée est banale. Telle commande est en retard. Il y a des frites à la cantine. Les nouveaux porte-clefs de la boite sont arrivés.

Puis c'est l'entretien avec votre N+1.  En général, il commence par tourner autour du pot : "X, vous êtes quelqu'un qui a du talent, mais..." Vous prenez des notes, mentalement : "Pas assez rapide ? OK, je vais m'améliorer." Puis vous remarquez qu'il parle de vous au passé. Intérieurement, vous niez l'évidence, même si vous aviez déjà connu ça, ailleurs : "Non, c'est juste un recadrage. Je suis un de leurs meilleurs éléments..."
C'est là qu'il ressort la grosse boulette que vous aviez fait. Une vraie banderille. Vous êtes désormais à terre.
C'est à cet instant qu'il vous achève : "...Donc, nous avons décidé d'arrêter là notre collaboration." Le ton est rarement agressif. Votre N+1 avait déjà fait le deuil de vous. La décision est prise, vous aurez beau ramper, votre chef ne reviendra pas dessus. D'ailleurs, s'il vous vire, c'est souvent qu'il déconsidérait votre travail.
Il vous fait signer le compte-rendu de l'entretien disciplinaire, comme si c'était un vulgaire papier. Certains vous demandent d'ailleurs de quitter le bureau immédiatement : "Va pleurer ailleurs, j'ai du boulot !" D'autres, faussement empathiques, enfilent les lieux communs : "Ce n'est qu'une épreuve, tu vas rebondir. Ailleurs."

Votre monde s'effondre. Cette routine qui s'était mise en place, au boulot. Les projets. Tout est fini. Et surtout, c'est un retour à la case chômage. Vous êtes à la fois triste et en colère. Votre journée défile. Tout vous semble si futile, avec le recul...

A la longue, vous guettez des signes : un dialogue rompu avec votre N+1, un nouveau-venu qui reprend tout votre travail ou tout simplement, un "face to face" complètement inhabituel... Dans une entreprise, deux des mes collègues venaient de se faire licencier. L'un le lundi, l'autre, le mardi. Donc, lorsqu'on m'a convoqué, le mercredi... Il m'est même arrivé d'aller à un entretien, persuadé d'y être viré, alors que ce n'était qu'un point normal ! Et à l'opposé, une fois, j'étais convoqué en fin de journée, le dernier jour de mon CDD. Mes collègues avait signé un CDI. Et moi, on m'a dit de laisser là mon badge, puis de partir sur-le-champ !