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lundi 24 juin 2024

Souffrez en silence, bon sang !

En mars, Personnal Psycholgy a publié cette étude, qui a ensuite été reprise par nombre de revues. En gros : arrêtez de dire que vous souffrez ; à la longue vos collègues vont vous haïr.

L'étude évoque celui qui "se vante de son stress". L'explication, c'est que tout le monde est dans le même bateau. Sous-effectif, objectifs intenable, journées à rallonge, climatisation en panne... Ce qui vous touche vous, touche aussi vos collègues. Eux, ils savent rester discrets sur leurs souffrance. Et ils n'ont pas besoin qu'on leur rappelle qu'ils sont dans un environnement toxique ! Donc, une levé de bouclier. Celui qui se plaint est cornerisé, voire harcelé.

Plus réalistement, vos collègues vont vous accuser d'être hypocondriaque. On a tous croisé ces gens qui prétendent être surmené/dépressif/en burn-out, etc. La maladie est une excuse bien commode pour ne rien faire. Car à la moindre remarque, notre malade imaginaire explose : "Comment ose-t-il me demander ça, alors que cette nuit, j'ai à peine dormi 4 heures ?" Personne n'est dupe de son jeu ; c'est un mauvais acteur. En plus, souvent, il possède un médecin complaisant, qui lui signe des arrêts-maladie de plusieurs mois.
Dans la génération Z, ce comportement revient. Aux Etats-Unis, certains veulent être unique. Il faut se distinguer par son genre, son appartenance ethnique, ses pronoms, son régime alimentaire... Et ses maladies mentales, autodiagnostiquées, bien sûr. Ils veulent être des êtres fragiles et que la société s'adapte à eux et à leurs désires.
La souffrance mentale est souvent invisible et -heureusement- elle n'est pas constante. Un dépressif peut rire d'une blague vraiment conne et fondre en larme deux heures après. On peut faire un burn-out alors qu'on possède une charge de travail moyenne. Le malade sera d'autant moins crédible si c'est un homme blanc, a fortiori si c'est une force de la nature. On écoutera davantage une femme ou un "membre d'un groupe marginalisé".

Et votre manager ? Pour lui, un subordonné malade, c'est une catastrophe. D'autant plus qu'il est livré à lui-même. Seule solution : prendre en charge une partie de votre travail... Pour quelques jours.
Si vous êtes consultant, c'est encore pire. Le client a embauché un consultant pour qu'il ait une bonne productivité. Sinon, il aurait pris un quota ! Le commercial qui vous suit, il n'a pas le temps -ni la compétence- pour faire du social. Si vous êtes rejeté par le client, vous ne ferez pas de vieux os en inter-contrat. Le fameux double-licenciement.

En résumé, parler de votre souffrance au travail, ça ne fait qu'empirer les choses. Les soi-disant campagnes de prévention sont surtout là pour repérer (et dégager) ceux qui se cachent. Beaucoup préfèrent donc garder leurs problèmes pour eux.

lundi 25 juillet 2022

The Office... En vrai !

Récemment, j'ai eu la mauvaise idée de regarder une vidéo YouTube sur The Office. Donc YouTube n'a pas arrêté de m'en recommander depuis.

The Office est en fait l'adaptation du sitcom Britannique éponyme. Il y a aussi eu une adaptation Française, Le Bureau, qui était assez passable. The Office suit la vie d'une PME Américaine et le ton est très noir : souvent, lorsqu'un personnage tente une aventure (sentimentale ou professionnelle), cela rate et il retourne à la case départ.

Bien sûr, les personnages sont caricaturaux. L'un des ressorts de la série, c'est qu'ils ont conscience de la présence de la caméra et qu'ils tentent de devenir des stars. En plus, elle a été filmée de 2005 à 2013. Certaines situations ont vieilli. Néanmoins (est-ce une bonne ou une mauvaise chose ?), vous croiserez certains des protagonistes...

Michael Scott

C'est souvent votre N+2. Il a atteint le principe de Peter. Il a beaucoup de monde sous sa responsabilité. Mais il ne montera pas plus haut. Dans les réunions Teams "high level", c'est assez gênant de voir votre Michael se faire humilier par les gens du siège. En même temps, c'est pour cela qu'il passe du temps avec ses subordonnés. Par exemple : "Tu as mangé ? Les gens du siège -qui sont de passage- ont réservé un restaurant, mais pas pour moi." Il a envie d'être aimé et il adore les afters, pots de départ, etc.
Bien sûr, les ordres d'en-haut restent prioritaires. S'il vous a juré qu'il ferait blanc, mais que le top management dit noir, ça sera noir. A la longue, vous comprenez qu'il fait surtout du forwardage d'e-mails et qu'il n'a aucune prise sur la vie de l'entreprise à moyen terme. Aussi, même s'il dit être votre ami, si le top management lance une PSE, il vous mettra dans la charrette...

Jim Halpert

Dans la vraie vie, Jim ne serait pas marié à Pam. Non, il aurait épousé sa copine rencontrée à la fac. Elle n'était pas très mignonne, mais c'est elle qui l'a abordée. Alors il est resté avec et ils ont eu des enfants. Pour le boulot, c'est pareil. Il a fait plusieurs CDD. Là, on lui offrait un poste en CDI. Alors il a dit oui.

Au quotidien, Jim s'ennuie. Son quotidien le pèse. Le lundi matin, quand vous lui demandez : "T'as fait quoi ce week-end ?" Il vous répond, l'air vide : "Rien." Souvent, il se plaint de sa femme et de son boulot, mais il ne quitte ni l'un, ni l'autre.

Vous, en tant que zappé, vous êtes malgré tout un peu jaloux de Jim : il n'a connu ni le chômage, ni la solitude. A trente ans et des poussières, il a déjà remboursé un gros tiers du crédit de son appartement. Lui, il sait où il sera l'an prochain, alors que vous, au-delà de votre contrat, c'est l'inconnu...

En général, il finit par craquer. Beaucoup de Jim ont divorcé durant le confinement. Ce sont ceux qui font les pires crises de la quarantaine. J'en ai connu un qui a tout plaqué pour s'habiller en femme et devenir actrice porno transsexuelle ! Parfois aussi, c'est le corps, qui accumule le stress. Et là, ça se finit en gros pépin de santé.

Dwight Schrute

C'est un composite de deux personnages.

D'un côté, vous avez le Johnny Abbes. Il est persuadé d'être le bras droit du manager. Il va le tuyauter sur les faits et gestes de l'équipe. Comme souvent le manager est idiot, un Dwight peut volontiers pousser ses pions. Reste qu'il est nul en management ou en relation humaine, donc on ne veut jamais lui confier une équipe.
La série montre très bien les rapports complexes entre Jim et Dwight, tour à tour amis et ennemis, avec un rapport de force qui évolue.

Vous avez aussi le quasimodo. La personne qui gère seule une entité (archives, magasin d’entrepôt, service hygiène & sécurité...) et possède une grande autonomie. Son espace, c'est son entre. Surtout, c'est un vrai cas social. En général, vous n'allez le voir qu'en cas d'absolue nécessité, car il vous tiendra un long discours sur le dernier complot en vogue...

Ryan Howard

C'est un Rastignac. Ou plutôt, un mauvais Rastignac. Dès qu'il est promu, il se comporte en petit chef vis-à-vis de ses ex-collègues. Il n'est gentil uniquement lorsqu'il veut que vous fassiez ses devoirs. Surtout, il n'a aucune subtilité dans son jeu.

Les scénaristes de la série (notamment B.J. Novak, qui joue Ryan Howard) s'amusèrent à maltraiter l'ambitieux. En pratique, sa chute est souvent moins spectaculaire. Le Rastignac veut être calife à la place du calife et ça, forcément, ça ne plait pas au manager. La moindre incartade est un prétexte pour dégager le gêneur.

Stanley Hudson

C'est un Yves. On peut aussi y voir un Jim en plus vieux. C'est l'employé revenu de tout. Il n'a plus aucune ambition. Il ne fiche pas grand chose et ne s'en cache pas. De toute façon, il sait qu'il ne sera plus promu.

Souvent, il a ses têtes. Des collègues avec qui il aime rigoler. Pour les autres, par contre, il se ferme à double-tour. "Vous voulez un formulaire 1145. 1145-A ou 1145-B ? C'est à VOUS de me dire ce que vous voulez, pas à moi de décider." Pas que ça à foutre, y'a pas marqué "bureau de renseignements", là !

Kelly Kapoor

Vous croisez beaucoup de Kelly. 

Un parent ayant une longue maladie, un ex qui la harcèle, un promoteur immobilier véreux qui l'a escroquée, un enfant ayant besoin d'attention... Dans la vraie vie, Kelly se débat avec un problème personnel apparemment inextricable. Problèmes chronophages et qu'elle va s'empresser d'expliquer en détail à ses collègues. Cela signifie des coups de téléphones interminables et régulièrement, elle doit partir plus tôt/arriver plus tard, sans oublier les absences impromptues.

Au quotidien, c'est un enfer. En open space, vous devrez supporter les coups de fils sus-cités, avec des détails bien trop intimes. Surtout, Kelly possède une productivité nulle. Son manager tente d'ailleurs de la faire muter. A la moindre remarque, elle explose en larmes ou bien elle pousse un cri de colère. "Comment ose-t-on lui demander d'accélérer, alors que ça fait 3 jours qu'elle dort à peine la nuit ?" Et à l'arrivée, c'est vous qui faites le boulot. Souvent, c'est parce qu'il y a des Kelly que les managers embauchent des prestataire, afin d'assister la "Kelly".

Pam Beesly

A contario. Il n'y a plus de Pam Beesly, c'est l'un des points qui dénote l'age du sitcom.

La version Britannique de The Office fut créée en 2001. A l'époque, l'usage des outils numérique était limité et les téléphones portables avaient des forfaits mensuels d'une heure. Les réceptionnistes avaient un rôle-clef. Elles triaient le courrier et les fax, prenaient des messages en cas d'absence, etc. Dans certaines entreprises, elles servaient également d'assistantes commerciales. Dans les grands groupes, les réceptionnistes étaient intégrées au cercle des assistantes de direction. Une jeune réceptionniste pouvait espérer un job d'employée de bureau.

Aujourd'hui, presque toutes les communications extérieures se font par e-mails. Il n'y a plus de messages à prendre ou de gens qui appellent le standard afin de vous joindre. Dans les bâtiments modernes, l'accueil est à part et les employés doivent passer par une autre entrée. Covid oblige, la réceptionniste est cloitrée derrière une vitre en plexiglas. C'est une prestataire et elle n'a aucune interaction avec le reste de l'entreprise.

Creed Bratton

Au fil des saisons, les créateurs ont laissé dériver des personnages. Creed Bratton est l'exemple d'un personnage "hénaurme".

Le plus proche, c'est le keskifoula.
Souvent, c'est un ancien cadre supérieur, un ancien dirigeant d'une filiale disparue. Il a refusé un départ volontaire et compte tenu de son ancienneté, il couterait trop cher à licencier. Alors on l'a mis à un poste auquel il ne comprend pas grand chose.
Dans les PME, il est là parce que le chef l'a embauché. Et à prix d'or. Le patron est persuadé que c'est un génie ou un vieux sage.

Dans les deux cas, soit il ne fiche strictement rien, soit il lui faut une éternité pour faire la moindre tache. En tout cas, c'est un boulet.
Comme Creed, effectivement, ils ont souvent un parcours extraordinaire, avec des talents sportifs ou artistiques insoupçonnables. Comme Creed, ils ont souvent d'autres revenus en parallèle. Parfois, ils gagnent même davantage par ce biais, que par leur travail. Enfin, comme Creed, ils sont souvent d'une radinerie sans fond. Par exemple, à la cantine, ils prendront une petite assiette de salade qu'ils rempliront au-delà du raisonnable. Au lieu de payer 0,20€ de plus pour une grande assiette.

lundi 13 octobre 2014

Soyez différent... Mais pas trop


Lorsqu'un journal évoque le recrutement, c'est souvent sous un jour idyllique. Ainsi, cet article parle des anti-conformistes.

Anti-conformiste, ça n'est pas uniquement les gens qui ont un piercing ou qui refusent les costume-cravates. On parle de personnes vraiment différentes, avec un parcours original. Bien sûr, une entreprise a en permanence besoin de sang neuf. Il faut des gens qui sortent des sentiers battus pour apporter de nouvelles idées, de nouvelles solutions... Mais en pratique, personne ne veut les embaucher.
Tout d'abord, lorsque quelqu'un embauche un employé, il a tendance à vouloir un clone de lui-même. Il veut de la sécurité. Après tout, il se connait bien. Donc, il se dit que quelqu'un qui a plus ou moins le même parcours agira plus ou moins comme lui. La conséquence bien connue, c'est les bataillons de telle promotion de telle Grande Ecole, qui se retrouvent à travailler ensemble, qui dans les ministères, qui dans les conseils d'administration. Avec des risques de consanguinité et de manque de recul.
Surtout, ils ont souvent peur de ne pas pouvoir maitriser leur employé. Un déviant sera imprévisible, d'après la grille de lecture de son chef. Le chef fera un complexe vis-à-vis de quelqu'un de créatif ou d'intelligent. Un petit génie risque carrément d'être "dangereux" pour la carrière de son supérieur. Dans la Silicon Valley, on les adore. L'idée est d'en extraire le maximum d'idées (puis de les jeter une fois passé la date de péremption.) En France, on se méfie. Les artistes sont vus comme fainéant et les intellos, comme ne passant jamais à l'action. Dans le monde industriel, les gens ont tendance à brider leur créativité et à chercher plutôt des "bonnes réponses".

Enfin, les cabinets de recrutement ne veulent prendre aucun risque. Présenter un original à son client, c'est risquer de déplaire à son client. Donc de perdre un marché.

Concrètement, si vous avez un "parcours atypique", les portes se ferment. Mieux vaut maquiller son CV. Quant à la passion ou au loisir un peu "pointu", mettez le en page 2, l'endroit que personne ne regarde...