mardi 28 janvier 2014

Cabinets de conseil bidons (1)

Vous avez déposé votre CV sur un site et miracle, un cabinet de conseil vous appelle !

De vrais cabinets de conseil, ça existe. Il recrute des majors de promotion de grandes écoles et facturent 10 000 € par jour. Comme vous n'êtes pas major de promo, vous avez de fortes chances de tomber sur un cabinet bidon. En général, ils ont des noms bien ronflants et bien Américain. Du style Smith & Jones International. Leur site internet est très vague. D'abord, on vous demande de remplir un long dossier... Qui reprend peu ou prou les informations sur votre CV.
Ensuite, vous voilà en entretien chez Smith & Jones International. Le recruteur, une petite vingtaine, est très enthousiaste. Vous avez un "profil très intéressants". Il est en contact avec "de grandes entreprises". Le conseil, cela consiste en une intervention ponctuelle et extérieur. Vous apportez une expertise. Sauf que chez Smith & Jones, on vous propose des missions opérationnelles et longues. En gros, vous allez travailler chez le client. Sauf qu'au lieu d'avoir un statut d'employé, vous serez un élément extérieur (on y reviendra.) Avant, les cabinets de conseils ne recrutaient que des "juniors". Mais, aujourd'hui, on trouve du senior pas cher et sans amour-propre, alors pourquoi se gêner ?

L'entretien s'est super bien passé. Il a une place à vous proposer chez un client, une multinationale. Ca serait une bonne première expérience chez Smith & Jones International. Le cabinet travaille depuis longtemps avec [multinational] et ils y ont déjà placé pas mal de consultants. Ensuite, quand vous aurez fait vos preuves, on vous positionnera sur une mission encore meilleure. Vous avez fait ami-ami avec le recruteur, qui vous a tutoyé sur le pas de la porte.Il s'est même moqué de votre timidité ou des lieux communs (appris à l'école) que vous avez récité. C'est comme ça, chez Smith & Jones International ! On se tutoie, c'est une "ambiance start-up".

Quelques jours après, le recruteur vous rappelle. Il a eu le responsable de [multinational] au téléphone. Vous êtes convoqué pour un entretien chez le client. Le recruteur vous rassure : avec votre CV, c'est du "sûr à 90%". Vous rêvez d'un travail chez [multinational].

Le jour J, les déceptions s'enchainent. 1) Ce n'est pas chez [multinational] mais dans une sous-filiale, au milieu de la cambrousse. Et en fait, votre mission est moins intéressante que prévue. Et pour le salaire, le client a exigé des efforts. Mais, vous rassure le recruteur, c'est juste une première expérience chez Smith & Jones !
2) Vous n'êtes pas seul sur le coup. Il y a d'autres cabinets en lice. Ce n'est donc plus vraiment du "sûre à 90%". Parfois, un même cabinet enverra deux candidats. En théorie, l'entretien ne devrait pas avoir lieu. Le client cherche une prestation ; ce n'est pas un recrutement. En théorie aussi, le cabinet n'a le droit de présenter que des gens en poste. Pas d'embaucher pour une mission spécifique. Mais vous allez vous plaindre auprès de qui ?
3) D'après les questions qu'il vous pose, le client n'a jamais lu votre CV. Bref, le recruteur vous a mené en bateau.

Dans la plupart des cas, ça s'arrêtera là. Le client en a choisi un autre, moins cher. Le recruteur vous dit qu'il a "d'autres opportunités" et qu'il vous "rappellera bientôt". Néanmoins, vous n'entendrez plus jamais parler de lui... Par contre, quelques jours, voir quelques semaines plus tard, un autre consultant de Smith & Jones International verra votre CV. Il veut vous convoquer à un entretien, vous renvoi un dossier... Et il n'est pas du tout au courant que vous aviez déjà vu quelqu'un de ce cabinet...

Ca a marché ? Bienvenue dans le monde du travail en régie ! Vous avez les inconvénients d'un employé et les inconvénients d'un consultant ! Le client se prend pour votre chef et au prix où [multinational] paye Smith & Jones, vous êtes bon pour les heures sup' ou les dossiers pourris ! En prime, il peut vous virer du jour au lendemain. Par contre, vous n'aurez pas le droit au C.E. de [multinational], à la mutuelle, au repas de noël et parfois, vous serez même privé de cantine ! Le suivi des consultants ? Il y a pas mal de turnover chez les recruteurs : au bout de quelques semaines, l'homme qui vous a recruté est parti. En théorie, son successeur doit suivre ses consultants. Et le cas échéant, leur proposer de nouvelles opportunités. En théorie... Bref, si vous êtes sur une mission de plusieurs années, cela tourne aux oubliettes. Si vous souhaiter partir, charge à vous de chercher vous-même un autre travail.

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