mardi 22 avril 2014

Auto-entreprise, auto-arnaque

Dans le monde de l'entreprise, il y a beaucoup de patrons filous. Pas tous, mais ils sont nombreux. S'ils le pouvaient, ils auraient 0 CDI dans leur entreprise !

L'une des solutions, c'est l'auto-entreprise. Ce statut a été créé à l'origine pour les personnes ayant un revenu complémentaire. Mais il est très usité dans le tertiaire et les services (VRP, informaticien, community manager, RP...) Il s'agit essentiellement de cas où la personne peut travailler à domicile et où elle a peu de contacts avec le reste du personnel (un auto-entrepreneur in situ, ça serait trop "visible".)
La procédure est toujours la même. Vous avez eu un entretien et il s'est bien passé. Le patron vous veut. Seulement voilà, il n'a pas le budget ou la place pour embaucher quelqu'un. Donc, il vous propose de travailler en indépendant. Comme d'habitude, si vous êtes un junior en mal d'expérience ou un chômeur de longue durée, vous êtes forcé d'accepter. De la manière dont votre patron vous en parle, c'est idyllique. Vous serez libre de vos horaires ! S'inscrire ne prend que quelques jours ; vous pouvez remplir le formulaire sur internet. Supposons, par exemple que vous ayez un salaire de 20K€ annuel net; vous couteriez environ 40K€ à votre employeur. Si vous êtes auto-entrepreneur et que vous facturez 28K€ par an ; ça vous fait 21K€ une fois payé les charges patronales. Plus d'argent dans la poche et moins de coût pour votre "patron". A priori, c'est du gagnant-gagnant !

Là, si vous commencez à connaitre ce blog, vous doutez bien qu'il y a une différence entre la théorie et la pratique. En pratique, un auto-entrepreneur n'est pas un employé. Vous n'avez pas de congé, pas de mutuelle, pas de retraite. Si vous êtes malade ou que vous partez en vacances, vous n'êtes pas payé. Comme vous êtes une entreprise, votre "patron" peut vous virer sans préavis et bien sûr, comme vous n'êtes pas salarié, vous n'avez pas d'assurance-chômage. Bref, c'est ultra-précaire. Accessoirement, l'auto-entreprise est un statut ambigu : votre structure n'a pas de nom, vous ne pouvez pas embaucher de personnel (même en stage) et vous ne pouvez pas récupérer de la TVA. En conséquence, impossible de s'approvisionner dans les magasins réservés aux professionnels. Enfin, il faut savoir que les gouvernements successifs ont tendance à considérer les auto-entrepreneurs comme des vache-à-lait. D'où des prélèvements régulièrement revus à la hausse...
Si vous êtes auto-entrepreneur, vous pouvez avoir autant de "clients" que vous voulez. Si vous n'avez qu'un seul client, c'est de l'emploi déguisé (ce qui est souvent le cas.) Donc, en théorie, en cas de rupture abusive, vous pouvez saisir l'inspection du travail. Au moins, ça les fera bien rire...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire