Avant internet, la lettre de motivation était primordiale. Ne serait-ce que parce qu'il fallait bien préciser à quel poste on postulait. Bien sûr, il y avait déjà des ordinateurs et des photocopieuses, sans oublier les machines à écrire. Mais les recruteurs exigeaient des lettres dactylographiées. Certains allaient jusqu'à passer un doigt mouillé sur le texte, pour vérifier que c'était bien un courrier écrit à la main (un imprimé ne baverait pas.) Le candidat devait prouver par là qu'il n'écrivait pas n'importe quoi à n'importe qui.
D'ailleurs, ce côté "écris à la main" créait de l'intimité avec le destinataire. C'est un Homme qui a écrit cela, pas une machine. Il se devait de vous répondre (mais pas forcément à la main...)
De toute façon, à l'époque des timbres et des enveloppes, il était impensable de faire des mailings de masse.
Il fallait donc écrire patiemment son texte, quitte à s'aider d'un brouillon. Chaque lettre demandait un talent de moine-copiste. Comptez au moins une dizaine de minutes pour en écrire une, avec la capacité de concentration d'un démineur. Une rature, une faute d'orthographe, un interligne sauté ? Il fallait tout recommencer à zéro ! Pour les gauchers, c'était une vraie torture.
Lorsqu'enfin, la lettre était écrite, quel soulagement ! Il fallait ensuite la plier soigneusement en 3 parties, puis la glisser dans l'enveloppe. Une fois, je n'avais plus de timbres. J'ai été en acheter à La Poste. On était au mois d'août et ils n'avaient presque plus rien. Presque. J'ai du coller un timbre "vive les vacances" sur mon courrier. J'en avais les larmes aux yeux.
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