mardi 20 mai 2014

Petit boulot



Les juniors ont beaucoupde mal à mettre le pied à l’étrier. Certains réussissent à décrocher d’emblée un CDI. Mais dans de nombreux cas, c’est plutôt un enchainement de CDD, de missions d’intérim et de période de chômage. Dans quelle proportion ? Les zappés ne se vantent pas de l’être et les chiffres manquent. Plus le chômage s’éternise et plus il faut « étendre sa recherche ». Lorsqu’il n’y a vraiment plus rien en vue et/ou que l’argent manque, il reste les petits boulots.
Les petits boulots recoupent de nombreuses situations. On y trouve des jobs saisonniers, voir journaliers, de l’intérim et parfois des CDI.


  • Souvent, les chefs d’équipes craignent les candidats surdiplômés. Ils craignent –légitimement- un manque d’implication et qu’à la première occasion, il s’en aille. Vous devez donc envoyer un CV « allégé ». Parfois, l’entretien est très informel : on vous jugera davantage lors de la journée d’essai.

  • Par définition, s’ils recrutent très largement, c’est qu’il y a un loup. Soit ce sont des jobs mal payés, soit durs physiquement, soit dans un environnement difficile. Les jobs nocturnes proposent parfois des taux horaires élevés et un temps de travail réduit. Mais tout le monde n’a pas forcément l’envie ou la possibilité de travailler la nuit.

  • Ce sont souvent des jobs kleenex. Ici plus qu’ailleurs, les responsables reçoivent presque tous les jours des candidats. Vous n’êtes pas content des conditions de travail ? La porte est ouverte ; il y en a 10 prêts à faire ton job !

  • Certains secteurs, comme l’immobilier, recrutent en permanence. A contrario, les jobs estivaux sont très recherchés (notamment par les étudiants en quête d’argent de poche.) Il faut donc vous réveiller bien en avance… Quoi qu’il en soit, ne croyez pas qu’on n’attendait que vous. Il faudra vous battre pour décrocher ce travail !

  • Ne faites pas votre Florence Aubenas ! Ce n’est pas parce que vous avez bac+4 et que vos collègues ont bac-5 que vous devez être condescendant. Vous n’êtes pas forcément le plus doué pour ce poste. D'ailleurs, il y a peut-être d'autres bac+4 parmi vos collègues...

A court terme, c’est une toujours bonne leçon d’humilité. Ça vous permettra de prendre du recul par rapport à votre poste et au monde du travail. Mais le retour peut être difficile : ce passage par la case « petit boulot » peut effrayer un recruteur.

lundi 19 mai 2014

Comment préparer un entretien ?

Pour sortir du chômage, il faut obligatoirement passer par la case "entretien". J'ai évoqué les entretiens foireux ici, ici et ici. Et comment réussir un entretien ? Le problème, c'est qu'il n'y a pas d'entretien parfait. C'est la grande frustration du chômeur : on lui reproche d'être tour à tour trop vieux, trop jeune, trop effacé, de faire du rentre-dedans, d'être sous-qualifié, d'être sur-qualifié, d'être pas assez volontaire, d'en faire trop, etc. Chaque recruteur a "son" profil-idéal. Tout dépend de sa propre personnalité, son parcours, son âge...

Préparer avant tout un entretien, c'est avant tout des questions de bon sens. Bien sur, il faut venir en costard et avec une chemise repassée (et en tailleur pour les femmes.) Le jogging ou le jean troué sont à proscrire ! Il faut penser à aller aux toilettes avant et à bien boire de l'eau (pour éviter de ravaler sa salive au cours de l'entretien.)
Si possible, il faut se renseigner sur l'entreprise et le job proposé. L'idéal, c'est de montrer sa motivation pour travailler dans l'entreprise ou les compétences que l'on a et qui serait en adéquation avec le job. Sauf que désormais, par peur des fuites, les annonces sont très vagues. Parfois, le recruteur lui-même n'a que peu d'infos et ce n'est qu'au deuxième entretien que vous en savez plus.

LE conseil, c'est de préparer ce que l'on doit dire. En théorie, un entretien n'est qu'une conversation pour confirmer les dires de votre CV. En pratique, c'est un examen oral. Et comme tout examen, il faut réviser.
  • Le parcours. En général, au début d'un entretien, on vous demande de vous présenter. Ce qui est éliminatoire, c'est de dire d'un ton monocorde "j'ai travaillé chez x de telle date à telle date, puis chez y de telle date à telle date". Il faut être vivant et souligner vos résultats : "J'ai travaillé chez x de telle date à telle date, j'ai doublé leur chiffre d'affaires à l'export et j'ai ouvert tel pays. Ensuite, chez y, j'avais 10 personnes sous ma responsabilité et on a explosé les objectifs." Il faut montrer que ça vous a plu et que le recruteur aient envie de vous écouter jusqu'au bout. - Il faut vous entrainer à éviter les "donc", les "malgré que", les métaphores hasardeuses...
  • Les questions pièges. Certains recruteurs cherchent l'angle-mort (souvent, à la fin de l'entretien.) Trou de plusieurs mois dans le CV, hobby curieux... Les plus agressifs peuvent vous poser des questions très intimes (pourquoi est-ce que vous êtes célibataire à 30 ans ? Pourquoi est-ce que vous avez arrêté tôt vos études ?), sans oublier le classique : "quels sont vos 3 défauts et vos 3 qualités ?" A chaque fois, il faut se préparer avec des réponses toutes prêtes. Il n'y a pas de place pour la spontanéité. 
  • Plus généralement, la subtilité, c'est de se préparer sans pour autant donner l'impression d'un speech tout-prêt. Oubliez le style "sportif en conférence de presse". Regardez les acteurs : ils apprennent un texte et pourtant, une fois à l'écran, ils n'ont pas l'air de réciter. Les meilleurs font même semblant d'improviser. A vous d'en faire autant en entretien !

mardi 13 mai 2014

Génération desenchantée

La prochaine génération fera d’exécrables employés de bureau. Ils sont désabusés. Ils se disent (avec raison) qu'ils vont travailler longtemps, pour des salaires misérables, avec des contrats précaires, sans aucune possibilité d'évolution et de fréquentes périodes de chômage. En bref, les zappés ne seront plus l'exception, mais la règle.
Ils sont d'autant plus amères que pour eux, cette situation est le résultat de l'incompétence de leurs ainés. Et d'une politique -notamment sur les retraites- de glissement des problèmes sous le tapis.

Les jeunes sortant des écoles n'attendent pas grand chose du salariat et du secteur privé. Certains espèrent une fortune rapide et (presque) sans effort, sur les traces de Loana, Nabilla et les autres stars de la télé-réalité.
D'autres, sur le modèle des hipsters US, sont davantage dans l'aquoibonisme. Il y a tout un discours sur l'importance du moment présent et l'épanouissement personnel. Mieux vaut faire ce que l'on aime, quitte à vivoter, plutôt que de s'accrocher à une "carrière" illusoire.
Qui plus est, ils n'ont pas vraiment de notions d'autorité. Les parents sont des copains et les profs, des animateurs. Quoi qu'il en soit, il est clair que les employeurs auront du mal à motiver leurs jeunes salariés. Les discours classiques du "fait des heures sup' non déclarées et ensuite, on parlera éventuellement d'un CDI" ou "on augmentera ton salaire lorsque tu auras fini ta période d'essai renouvelable" ne passeront plus. Il faut davantage s'attendre à de l'absentéisme, des sautes d'humeurs et des démissions soudaines. Sans oublier l'omniprésent téléphone portable, vissés aux doigts.

dimanche 11 mai 2014

CV à trous

C'est un peu une réponse à cet article d'Atlantico. Il traite des CV "à trous".

La consultante qui s'y exprime est dans son rôle. Son job, c'est de valider les candidatures pour le compte d'entreprises. Elle doit donc s'assurer de la véracité des CV et démasquer les menteurs. D'où un "attention, tout peut se vérifier". Tout en étant rassurant sur la justifications des "trous" dans le CV.

Dans la pratique, avec 3 millions de chômeurs, le candidat n'a pas de marge de manœuvre. Au point où une simple pause dans le discours (par exemple, pour se rappeler ce que l'on a fait dans l'entreprise x) peut être interprétée comme un mensonge. A contrario, de vrais mythomanes assez moyens passent entre les mailles du filet.

Pour en revenir aux "trous", que faire ? Effectivement, vous pouvez annoncer que vous avez repris vos études, que vous avez essayé de monter votre entreprise, etc. (NDLA : donc à mentir pour éviter de mentir !)
Le souci, c'est que beaucoup de recruteurs, dans les cabinets, sont des boutonneux encore bardés de certitude. Pour eux, chômeur = loser , point final. Sans oublier les interrogations sur la capacité d'un chômeur de longue durée à s'intégrer rapidement au rythme d'une entreprise. On veut des employés opérationnel dés le 1er jour.
Dans les PME, les personnes en charge du recrutement sont plus compréhensives. Un chômeur "actif" sera perçu comme quelqu'un de motivé. Sauf que justement, beaucoup de chômeurs sont complètement passifs. Un traumatisme lié à un licenciement, un enchainement d'entretiens loupés, des problèmes personnels, un sentiment d'abandon... Le chômeur finit par perdre toute motivation. Et ça, c'est un discours qu'aucun recruteur n'est prêt à entendre.

vendredi 9 mai 2014

Economie de bouts de chandelles

Le problème de beaucoup de PME, c'est la radinerie. Beaucoup de PDG cherchent avant tout les solutions les moins chères. L'une d'elles, c'est de donner plusieurs tâches à une même personne.

L'un des exemples les plus comiques, c'était le responsable de la production d'une entreprise où j'ai travaillé. Il était passionné de trains électriques et il s'était construit un réseau chez lui. Notre patron en avait déduit qu'il était fort en programmation. En plus, c'était quelqu'un d'assez radin. Donc le voilà bombardé responsable informatique !
Il s'est pris au jeu. Qu'est-ce que c'était drôle de le voir lire ses ...pour les nuls avec le sérieux d'un pape! On l'avait affecté à l'achat et à la mise en route des ordinateurs. Le PDG ne comprenait pas que dans l'absolue, un responsable de la production a mieux à faire que d'aller avenue Daumesnil pour acheter des ordinateurs (ce qui lui prenait une bonne demi-journée) puis à installer les ordinateurs. Sans compter les mises à jour... Il y avait des choses moins drôles, comme son refus d'allouer plus de 50Mo (oui, j'ai bien dit "Mo") à chaque boite mail.
Puis il y a eu le choix d'un logiciel de gestion. Bien sur, il a choisi le moins cher. Le fait que la société soit basée à l'autre bout de la France ne l'a pas alarmé. En théorie, le serveur était "Raid 2", mais ça ne l'a pas alarmé de recevoir une unique unité en guise de serveur. Et ça ne l'a pas non plus alarmé que l'unique contact soit un VRP multicarte qui fasse aussi l'assistance informatique. Evidemment, un jour, le serveur a planté. Les données étaient perdus et notre contact, perdu dans la nature. L'incident nous a pris un mois et demi. Un mois et demi sans facturation, sans commande, sans gestion des stocks, sans ordre de fabrication, etc. Le préjudice pour une PME était énorme. Mais le PDG n'a pas revu sa stratégie et notre branquignolle d'être toujours en charge de l'informatique, en sus de ses autres casquettes.

Moralité : faire des économies, c'est bien, mais il faut peser le pour et le contre. Car au-delà d'un certain point, on a davantage à perdre qu'à gagner.

mercredi 23 avril 2014

Oh le mytho !

Mentir, c'est parfois la seule issue pour passer le barrage des entretiens.

Mais il faut se tenir à plusieurs principes :
  1. Que le mensonge soit crédible. Il faut quel que chose qui corresponde à vos compétences théorique. Et si vous vous attribuez un diplôme ou une expérience exceptionnelle, ça risque d'éveiller les soupçons.
  2. Une fois que vous avez décroché un poste, faites profil-bas. Evitez de faire référence toutes les 5 minutes à ce que vous prétendez avoir fait.
C'est vrai que c'est tentant. Plus votre CV est garni, plus vous aurez de chances de trouver un bon travail. Un recruteur n'osera pas poser trop de questions à un senior. Il se doute que ses diplômes sont dans un carton, au fond de la cave et que ses anciens N+1 sont probablement à la retraite. Alors pourquoi se fixer des limites ?

Le problème, c'est qu'une fois en poste, le mythomane risque d'exploser en vol. Le monde est petit : vous finirez par trouver quelqu'un issu de l'entreprise ou l'université où vous êtes censé être passé. Surtout, si vous a recruté pour un savoir spécifique (par exemple, une langue) et que vous ne l'avez pas, ça la fout mal. Les chefs de service se sentiront trahi. Une fois démasqué, on vous forcera à démissionner.
Un chef de service mythomane passera plus facilement entre les mailles du filet. Si vous êtes malin, vous déléguerez les tâches que vous ne savez pas faire. En plus, les hauts responsables "fliquent" rarement leurs subordonnés. Par contre, les employés de l'imposteur vont probablement découvrir le pot-aux-roses. Vous perdez alors toute crédibilité.

mardi 22 avril 2014

Auto-entreprise, auto-arnaque

Dans le monde de l'entreprise, il y a beaucoup de patrons filous. Pas tous, mais ils sont nombreux. S'ils le pouvaient, ils auraient 0 CDI dans leur entreprise !

L'une des solutions, c'est l'auto-entreprise. Ce statut a été créé à l'origine pour les personnes ayant un revenu complémentaire. Mais il est très usité dans le tertiaire et les services (VRP, informaticien, community manager, RP...) Il s'agit essentiellement de cas où la personne peut travailler à domicile et où elle a peu de contacts avec le reste du personnel (un auto-entrepreneur in situ, ça serait trop "visible".)
La procédure est toujours la même. Vous avez eu un entretien et il s'est bien passé. Le patron vous veut. Seulement voilà, il n'a pas le budget ou la place pour embaucher quelqu'un. Donc, il vous propose de travailler en indépendant. Comme d'habitude, si vous êtes un junior en mal d'expérience ou un chômeur de longue durée, vous êtes forcé d'accepter. De la manière dont votre patron vous en parle, c'est idyllique. Vous serez libre de vos horaires ! S'inscrire ne prend que quelques jours ; vous pouvez remplir le formulaire sur internet. Supposons, par exemple que vous ayez un salaire de 20K€ annuel net; vous couteriez environ 40K€ à votre employeur. Si vous êtes auto-entrepreneur et que vous facturez 28K€ par an ; ça vous fait 21K€ une fois payé les charges patronales. Plus d'argent dans la poche et moins de coût pour votre "patron". A priori, c'est du gagnant-gagnant !

Là, si vous commencez à connaitre ce blog, vous doutez bien qu'il y a une différence entre la théorie et la pratique. En pratique, un auto-entrepreneur n'est pas un employé. Vous n'avez pas de congé, pas de mutuelle, pas de retraite. Si vous êtes malade ou que vous partez en vacances, vous n'êtes pas payé. Comme vous êtes une entreprise, votre "patron" peut vous virer sans préavis et bien sûr, comme vous n'êtes pas salarié, vous n'avez pas d'assurance-chômage. Bref, c'est ultra-précaire. Accessoirement, l'auto-entreprise est un statut ambigu : votre structure n'a pas de nom, vous ne pouvez pas embaucher de personnel (même en stage) et vous ne pouvez pas récupérer de la TVA. En conséquence, impossible de s'approvisionner dans les magasins réservés aux professionnels. Enfin, il faut savoir que les gouvernements successifs ont tendance à considérer les auto-entrepreneurs comme des vache-à-lait. D'où des prélèvements régulièrement revus à la hausse...
Si vous êtes auto-entrepreneur, vous pouvez avoir autant de "clients" que vous voulez. Si vous n'avez qu'un seul client, c'est de l'emploi déguisé (ce qui est souvent le cas.) Donc, en théorie, en cas de rupture abusive, vous pouvez saisir l'inspection du travail. Au moins, ça les fera bien rire...