Les galères de la recherche d'emploi et du monde du travail. Un petit blog sans prétention...
lundi 16 juin 2014
La galère du premier mois
Sauf que reprendre le travail, c'est un problème pour un chômeur. Terminées, les grasses matinées ou les journées passées, affalé sur le canapé, devant Plus belle la vie ! Il faut se réhabituer à se lever tôt, au stress quotidien, aux objectifs. Bref, se remettre au boulot. S'y ajoute la pression de la période d'essai. Enfin, en cas de licenciement dans le précédent poste, une certaine paranoïa ("mon N+1 et mon N+2 ont prononcé le mot "nul". Ils parlent de moi ! Ca y est, je suis grillé !")
L'autre problème du néo-ex-chômeur est économique. Un chômeur arrive plus ou moins à boucler ses fins de mois. D'un seul coup, son budget explose : transport, nourriture, vêtements (NDLA : c'est là que vous réalisez que vos chemises sont élimées.) Eventuellement, pour les postes avec déplacements, vous cumulez les notes de frais. Sans oublier ceux qui doivent se relocaliser (avec des frais de déménagement, de caution à payer, etc.) Le souci, c'est que durant le premier mois, point de salaire. Il faut vous contenter du solde d'allocations-chômage (si tant est qu'elles soient versées.) Avec un peu de "chance", l'emploi débute en fin de mois. L'employeur de dire : "On ne va pas te faire une feuille de salaire juste pour 3 jours, non ? On te paiera tout le mois prochain." Idem pour les notes de frais. Et certaines entreprises refusent d'entendre parler d'avance sur salaire. Pour le banquier, il reste classé comme chômeur et il est impossible de négocier le découvert autorisé. Parfois, il a tellement d'agios que lorsqu'enfin, le virement tombe, vous restez à découvert.
Ainsi, financièrement, mieux vaut être chômeur que de reprendre le travail. Et cela, sans même évoquer la fin des prestations (type CAF ou CMU) ou la questions de l'imposition...
Les annonces de l'APEC
Récemment, sur France Info, une conseillère de Pole Emploi vantait le partenariat de l'agence avec divers sites web. Spécialiste de la langue de bois, elle faisait semblant de ne pas entendre les questions sur le travail au noir ou les fausses annonces. A contrario, elle mettait en avant la "qualité" de ses offres et un fin travail pour "éviter les doublons".
Beaucoup de conseillers n'ont qu'une vague notion du secteur privé et avec une certaine naïveté, ils sont persuadés d'aider les chômeurs. En "off", ils sont plus bavards : jobs sous-payés, intitulés erronés, descriptifs flous, manque de mise à jour du fichier (d'où des offres déjà pourvues.) De toutes façons, si vous êtes employeur et que vous déposez une offre, on ne va pas vous ré-aiguiller vers des candidats. Pole Emploi va juste publier l'annonce. En espérant qu'un candidat la remarque parmi une tonne d'offres bidons. Les conseillers plus lucides savent bien que ce service est au mieux inutile.
L'APEC n'est pas mieux pourvue, loin s'en faut. On y retrouve les jobs sous-payés et les contrats ultra-précaires. Une mission d'intérim à 24K€ proposée à des bac+5 senior, c'est fréquent. Des cabinets de consultants profitent du réservoir de chômeurs pour recruter à la chaine, pour des missions spécifiques. Et bien sûr, beaucoup d'annonces sont là uniquement pour que les cabinets se constituent des "CVthèques". Sans oublier les arnaques (vente pyramidale, travail à domicile, formations non-reconnues par l'état, etc.) Parfois, une adresse web renvoie vers un autre site d'emploi plus ou moins louche.
Les spécialistes de l'abus sont facile à identifier, donc à éliminer. Donc soit ils ne sont pas assez compétent pour trier. Soit ils publient sciemment des annonces bidons afin de grossir leurs chiffres.
lundi 9 juin 2014
Rastignac
C'est un bulldozer qui fonce dans le tas. C'est un parasite qui n'apporte rien à personne. Vous vous souvenez du beau gosse qui s'était autoproclamé délégué de classe et qui a "réussi" son examen parce qu'il avait le bouquin de cours sur les genoux ? Vous vous imaginez que 10 ans après, il est quasi-SDF et ventripotent ? Perdu ! D'après les enquêtes, il gagne peut-être aujourd'hui le double ou le triple de votre salaire !
Il est avant tout une ambition et un égo hypertrophié. C'est un chasseur, en permanence à l'affut d'opportunités. Grand séducteur, il convainc son patron de lui filer d'emblée les missions les plus valorisantes. Mais il a déjà en tête d'entrer en contact avec son N+2. Il saura ensuite "vendre" ses réussites en haut lieu pour mieux négocier des promotions. En parallèle, il profite de chaque salon, chaque visite extérieure pour essayer de se placer. Il s'est fixé un but ultime et il fera tout pour l'atteindre.
Les mots "éthique" ou "fidélité" ont peu de sens pour lui. Vous pouvez l'aider ? Il devient votre meilleur copain... Mais bien sûr, le jour où il a trouvé un meilleur allié, son téléphone ne répond plus. Evidemment, il est hors de question d'espérer un "retour d'ascenseur". Vous êtes sur son chemin ? Il n'aime pas la concurrence. Il rependra les rumeurs les plus folles sur vous. Il utilisera son réseau et sera le plus zélé des fayots. Il DOIT vous éliminer, point. Ca n'a rien de personnel. D'ailleurs, au moment de votre pot de départ, il vous a déjà oublié.
L'entreprise est une jungle. Tous le monde n'obtient pas un trophée. Y compris parmi les meilleurs. Le Rastignac peut aller très loin. Et le facteur "compétence" entre à peine dans l'équation. Son talent, c'est de savoir dire ce que les gens ont envie d'entendre. Il peut prospérer quasi-indéfiniment. Personne ne dira : " Mais il fait quoi, lui, à part organiser des réunions, forwarder des mails et dire qu'il est occupé ? " Les plus malins savent s'entourer de "cerveaux" pour mieux capter leurs bonnes idées. D'autres préfèrent agir seuls : quelqu'un qui passe son temps à trahir et à mentir n'a confiance en personne.
L'angle-mort du Rastignac, c'est qu'il pratique la terre brûlée. Avoir un ambitieux comme collègue, c'est un calvaire : il ne fait rien, à part réseauter et il reçoit tous les compliments. Il est aussi exécrable comme chef : il n'est pas là pour mener des hommes, il est là parce que c'est une étape de son plan. Mis à part ce fameux plan, c'est du vide sidéral. Il n'a pas envie de manager et de s'occuper de choses qui ne peuvent rien lui apporter. Dans les cas les plus extrêmes, il est complètement incompétent, mais il progresse par sa capacité à brasser de l'air.
Mais parfois la roue tourne, un changement de direction, un mentor qui part à la retraite, une usine qui ferme, un excès de confiance... Ou tout simplement, il tombe sur plus ambitieux et voilà que le monde s'écroule sous ses pieds. Et c'est toujours jouissif de voir l'ex-fils prodige chuter.
dimanche 8 juin 2014
Candidature spontanée
S'il n'y a pas d'annonce, il faut envoyer des candidatures spontanées ! Telle grande entreprise vient de publier des résultats positifs ou d'annoncer un nouveau projet ? Candidature spontanée ! Telle entreprise recrute (pour un autre poste) ? Candidature spontanée ! Il existe des services qui, moyennant finance, balancent votre CV à des milliers d'entreprises. Certains sites possèdent des "espaces emploi" où le candidat peut proposer ses services. J'ai même vu un cabinet de consultant avec, à l'entrée, une panière pour déposer son CV.
Le problème, c'est qu'aujourd'hui, au sein des grandes entreprises, la fonction RH est très segmentée. De plus, en général, elles passent par des cabinets de recrutement. L'une des conséquences de la généralisation de l'e-mail, c'est que tous les jours, les entreprises sont assaillies de centaines de lettres (mail et lettres-papiers.) Faute d'un réaiguillage et d'un tri opportun, elles finissent à la poubelle. Quant au dépôt de CV sur le site interne, c'est souvent une oubliette.
La candidature spontanée n'est efficace que chez les PME. La hiérarchie -donc le processus de recrutement- est plus court. Ce qui vous donne davantage de chance que votre CV soit lu. Reste ensuite à espérer que cette PME songe à embaucher. Ce qui fait pas mal de "si"...
A l'arrivé, notre chômeur balance donc une flopée de mails, en sachant pertinemment qu'ils ne seront pas ouverts. Autant les mettre d'emblée dans la corbeille. Mais au moins, ses proches seront contents : il a "travaillé" aujourd'hui ; il ne s'est pas tourné les pouces...
jeudi 5 juin 2014
La lettre
D'ailleurs, ce côté "écris à la main" créait de l'intimité avec le destinataire. C'est un Homme qui a écrit cela, pas une machine. Il se devait de vous répondre (mais pas forcément à la main...)
De toute façon, à l'époque des timbres et des enveloppes, il était impensable de faire des mailings de masse. Il fallait donc écrire patiemment son texte, quitte à s'aider d'un brouillon. Chaque lettre demandait un talent de moine-copiste. Comptez au moins une dizaine de minutes pour en écrire une, avec la capacité de concentration d'un démineur. Une rature, une faute d'orthographe, un interligne sauté ? Il fallait tout recommencer à zéro ! Pour les gauchers, c'était une vraie torture.
Lorsqu'enfin, la lettre était écrite, quel soulagement ! Il fallait ensuite la plier soigneusement en 3 parties, puis la glisser dans l'enveloppe. Une fois, je n'avais plus de timbres. J'ai été en acheter à La Poste. On était au mois d'août et ils n'avaient presque plus rien. Presque. J'ai du coller un timbre "vive les vacances" sur mon courrier. J'en avais les larmes aux yeux.
mercredi 4 juin 2014
Acte de présence
On est dans une société de l'immédiat. Tout doit être fait tout de suite. Au travail, on exige fréquemment des cadres qu'ils effectuent des heures supplémentaires. Par contre, on ne tolère pas les départs anticipés. Légalement, c'est un abandon de poste ; un motif de licenciement.
Dans une entreprise où j'ai travaillé, c'était 8h30-17h30 (avec une pause entre 12h30 et 13h30.) Donc, jusqu'à 9h30, chaque coup de téléphone à l'extérieur se finissait par "monsieur/madame Untel n'est pas encore arrivé." Idem entre 12h et 14h. Le gros de mon activité avait lieu à partir de 15h et... Ensuite, c'est l'heure de partir. Car à 17h35, le PDG mettais l'alarme en marche !
Le travail ne tombe jamais en continue. Parfois, vous en avez beaucoup, voir trop et parfois, c'est extrêmement calme. Le truc, c'est de faire semblant de travailler. J'ai connu un N+1 spécialiste du tapage frénétique sur son clavier (alors que son PC portable était éteint pour économiser la batterie.) Sans oublier les classiques piliers de machines à café ou les blablateurs compulsifs. Tout est (presque) possible ; il suffit de rester dans les murs de l'entreprise. Vous avez terminé votre travail à 15h? Interdiction de partir ; vous devez rester à votre bureau jusqu'au bout. Et si votre chef passe, faites semblant de remplir ce classeur Excel vierge...
Encore un archaïsme. Cette rigidité des horaires risque de passer encore plus mal auprès des jeunes. Ils sont habitués à être occupés en permanence. Que faire lors des "creux de travail" ? Ils sont moins enclins à faire semblant de bosser (car en cas d'inactivité, ils utilisent leurs portables.) Faire systématiquement acte de présence jusqu'à 17h30, voir 18h, n'a aucun sens. A fortiori si une fois dehors, l'employé peut travailler à distance. Le seul pour qui ça semble logique, c'est le chef de service, qui a ses employés sous les yeux. Car pour beaucoup présence=travail ; absence=farniente .
mardi 3 juin 2014
Démotivation
Depuis le début de ce blog, je n'ai encore jamais évoqué les lettres de motivation. On dit toujours : "Envoyez CV et lettre de motivation à..." Pour moi, c'est un archaïsme hérité de l'époque où on postulait en envoyant de vraies lettres. C'était aussi l'époque où les grandes entreprises publiaient directement leurs annonces et où le descriptif du poste était conséquent.
Aujourd'hui, ça n'a aucun intérêt. Les annonces sont extrêmement sibyllines et extrêmement vagues. Il n'est plus possible de dire "ce qui m'intéresse dans l'entreprise, c'est..." ou "je correspond au poste, car..." De plus, tout se fait par mail. Au mieux, votre lettre de motivation est dans le corps du mail. Au pire, c'est juste un fichier attaché. Certains sites de recherche d'emploi vous proposent d'enregistrer une lettre-type.
Au final, le cabinet de recrutement reçoit une lettre complètement impersonnelle. C'est le fameux "je-moi-nous" avec le typique "suite à l'annonce du tant, je postule au..." et l'inévitable "dans l'attente de votre réponse, veuillez agréer mes salutations distinguées." Vu que beaucoup lisent les CV en diagonale, je doute qu'ils lisent ces lettres... Le seul intérêt éventuel, c'est de mesurer la syntaxe et l'orthographe du candidat. A part, comme d'habitude, dans les PME, généralement moins sollicitées et où les recruteurs peuvent davantage lire les lettres.