Les galères de la recherche d'emploi et du monde du travail. Un petit blog sans prétention...
lundi 9 juin 2014
Rastignac
C'est un bulldozer qui fonce dans le tas. C'est un parasite qui n'apporte rien à personne. Vous vous souvenez du beau gosse qui s'était autoproclamé délégué de classe et qui a "réussi" son examen parce qu'il avait le bouquin de cours sur les genoux ? Vous vous imaginez que 10 ans après, il est quasi-SDF et ventripotent ? Perdu ! D'après les enquêtes, il gagne peut-être aujourd'hui le double ou le triple de votre salaire !
Il est avant tout une ambition et un égo hypertrophié. C'est un chasseur, en permanence à l'affut d'opportunités. Grand séducteur, il convainc son patron de lui filer d'emblée les missions les plus valorisantes. Mais il a déjà en tête d'entrer en contact avec son N+2. Il saura ensuite "vendre" ses réussites en haut lieu pour mieux négocier des promotions. En parallèle, il profite de chaque salon, chaque visite extérieure pour essayer de se placer. Il s'est fixé un but ultime et il fera tout pour l'atteindre.
Les mots "éthique" ou "fidélité" ont peu de sens pour lui. Vous pouvez l'aider ? Il devient votre meilleur copain... Mais bien sûr, le jour où il a trouvé un meilleur allié, son téléphone ne répond plus. Evidemment, il est hors de question d'espérer un "retour d'ascenseur". Vous êtes sur son chemin ? Il n'aime pas la concurrence. Il rependra les rumeurs les plus folles sur vous. Il utilisera son réseau et sera le plus zélé des fayots. Il DOIT vous éliminer, point. Ca n'a rien de personnel. D'ailleurs, au moment de votre pot de départ, il vous a déjà oublié.
L'entreprise est une jungle. Tous le monde n'obtient pas un trophée. Y compris parmi les meilleurs. Le Rastignac peut aller très loin. Et le facteur "compétence" entre à peine dans l'équation. Son talent, c'est de savoir dire ce que les gens ont envie d'entendre. Il peut prospérer quasi-indéfiniment. Personne ne dira : " Mais il fait quoi, lui, à part organiser des réunions, forwarder des mails et dire qu'il est occupé ? " Les plus malins savent s'entourer de "cerveaux" pour mieux capter leurs bonnes idées. D'autres préfèrent agir seuls : quelqu'un qui passe son temps à trahir et à mentir n'a confiance en personne.
L'angle-mort du Rastignac, c'est qu'il pratique la terre brûlée. Avoir un ambitieux comme collègue, c'est un calvaire : il ne fait rien, à part réseauter et il reçoit tous les compliments. Il est aussi exécrable comme chef : il n'est pas là pour mener des hommes, il est là parce que c'est une étape de son plan. Mis à part ce fameux plan, c'est du vide sidéral. Il n'a pas envie de manager et de s'occuper de choses qui ne peuvent rien lui apporter. Dans les cas les plus extrêmes, il est complètement incompétent, mais il progresse par sa capacité à brasser de l'air.
Mais parfois la roue tourne, un changement de direction, un mentor qui part à la retraite, une usine qui ferme, un excès de confiance... Ou tout simplement, il tombe sur plus ambitieux et voilà que le monde s'écroule sous ses pieds. Et c'est toujours jouissif de voir l'ex-fils prodige chuter.
dimanche 8 juin 2014
Candidature spontanée
S'il n'y a pas d'annonce, il faut envoyer des candidatures spontanées ! Telle grande entreprise vient de publier des résultats positifs ou d'annoncer un nouveau projet ? Candidature spontanée ! Telle entreprise recrute (pour un autre poste) ? Candidature spontanée ! Il existe des services qui, moyennant finance, balancent votre CV à des milliers d'entreprises. Certains sites possèdent des "espaces emploi" où le candidat peut proposer ses services. J'ai même vu un cabinet de consultant avec, à l'entrée, une panière pour déposer son CV.
Le problème, c'est qu'aujourd'hui, au sein des grandes entreprises, la fonction RH est très segmentée. De plus, en général, elles passent par des cabinets de recrutement. L'une des conséquences de la généralisation de l'e-mail, c'est que tous les jours, les entreprises sont assaillies de centaines de lettres (mail et lettres-papiers.) Faute d'un réaiguillage et d'un tri opportun, elles finissent à la poubelle. Quant au dépôt de CV sur le site interne, c'est souvent une oubliette.
La candidature spontanée n'est efficace que chez les PME. La hiérarchie -donc le processus de recrutement- est plus court. Ce qui vous donne davantage de chance que votre CV soit lu. Reste ensuite à espérer que cette PME songe à embaucher. Ce qui fait pas mal de "si"...
A l'arrivé, notre chômeur balance donc une flopée de mails, en sachant pertinemment qu'ils ne seront pas ouverts. Autant les mettre d'emblée dans la corbeille. Mais au moins, ses proches seront contents : il a "travaillé" aujourd'hui ; il ne s'est pas tourné les pouces...
jeudi 5 juin 2014
La lettre
D'ailleurs, ce côté "écris à la main" créait de l'intimité avec le destinataire. C'est un Homme qui a écrit cela, pas une machine. Il se devait de vous répondre (mais pas forcément à la main...)
De toute façon, à l'époque des timbres et des enveloppes, il était impensable de faire des mailings de masse. Il fallait donc écrire patiemment son texte, quitte à s'aider d'un brouillon. Chaque lettre demandait un talent de moine-copiste. Comptez au moins une dizaine de minutes pour en écrire une, avec la capacité de concentration d'un démineur. Une rature, une faute d'orthographe, un interligne sauté ? Il fallait tout recommencer à zéro ! Pour les gauchers, c'était une vraie torture.
Lorsqu'enfin, la lettre était écrite, quel soulagement ! Il fallait ensuite la plier soigneusement en 3 parties, puis la glisser dans l'enveloppe. Une fois, je n'avais plus de timbres. J'ai été en acheter à La Poste. On était au mois d'août et ils n'avaient presque plus rien. Presque. J'ai du coller un timbre "vive les vacances" sur mon courrier. J'en avais les larmes aux yeux.
mercredi 4 juin 2014
Acte de présence
On est dans une société de l'immédiat. Tout doit être fait tout de suite. Au travail, on exige fréquemment des cadres qu'ils effectuent des heures supplémentaires. Par contre, on ne tolère pas les départs anticipés. Légalement, c'est un abandon de poste ; un motif de licenciement.
Dans une entreprise où j'ai travaillé, c'était 8h30-17h30 (avec une pause entre 12h30 et 13h30.) Donc, jusqu'à 9h30, chaque coup de téléphone à l'extérieur se finissait par "monsieur/madame Untel n'est pas encore arrivé." Idem entre 12h et 14h. Le gros de mon activité avait lieu à partir de 15h et... Ensuite, c'est l'heure de partir. Car à 17h35, le PDG mettais l'alarme en marche !
Le travail ne tombe jamais en continue. Parfois, vous en avez beaucoup, voir trop et parfois, c'est extrêmement calme. Le truc, c'est de faire semblant de travailler. J'ai connu un N+1 spécialiste du tapage frénétique sur son clavier (alors que son PC portable était éteint pour économiser la batterie.) Sans oublier les classiques piliers de machines à café ou les blablateurs compulsifs. Tout est (presque) possible ; il suffit de rester dans les murs de l'entreprise. Vous avez terminé votre travail à 15h? Interdiction de partir ; vous devez rester à votre bureau jusqu'au bout. Et si votre chef passe, faites semblant de remplir ce classeur Excel vierge...
Encore un archaïsme. Cette rigidité des horaires risque de passer encore plus mal auprès des jeunes. Ils sont habitués à être occupés en permanence. Que faire lors des "creux de travail" ? Ils sont moins enclins à faire semblant de bosser (car en cas d'inactivité, ils utilisent leurs portables.) Faire systématiquement acte de présence jusqu'à 17h30, voir 18h, n'a aucun sens. A fortiori si une fois dehors, l'employé peut travailler à distance. Le seul pour qui ça semble logique, c'est le chef de service, qui a ses employés sous les yeux. Car pour beaucoup présence=travail ; absence=farniente .
mardi 3 juin 2014
Démotivation
Depuis le début de ce blog, je n'ai encore jamais évoqué les lettres de motivation. On dit toujours : "Envoyez CV et lettre de motivation à..." Pour moi, c'est un archaïsme hérité de l'époque où on postulait en envoyant de vraies lettres. C'était aussi l'époque où les grandes entreprises publiaient directement leurs annonces et où le descriptif du poste était conséquent.
Aujourd'hui, ça n'a aucun intérêt. Les annonces sont extrêmement sibyllines et extrêmement vagues. Il n'est plus possible de dire "ce qui m'intéresse dans l'entreprise, c'est..." ou "je correspond au poste, car..." De plus, tout se fait par mail. Au mieux, votre lettre de motivation est dans le corps du mail. Au pire, c'est juste un fichier attaché. Certains sites de recherche d'emploi vous proposent d'enregistrer une lettre-type.
Au final, le cabinet de recrutement reçoit une lettre complètement impersonnelle. C'est le fameux "je-moi-nous" avec le typique "suite à l'annonce du tant, je postule au..." et l'inévitable "dans l'attente de votre réponse, veuillez agréer mes salutations distinguées." Vu que beaucoup lisent les CV en diagonale, je doute qu'ils lisent ces lettres... Le seul intérêt éventuel, c'est de mesurer la syntaxe et l'orthographe du candidat. A part, comme d'habitude, dans les PME, généralement moins sollicitées et où les recruteurs peuvent davantage lire les lettres.
lundi 2 juin 2014
Fils de...
J'ai toujours du respect pour les gens qui ont créé leur entreprise. Même s'ils avaient d'emblée beaucoup de moyens ou que leur entreprise ne marche pas. Parce qu'il faut du courage et de l'abnégation pour se mettre à son compte.
A contrario, je suis très méfiant à l'égard des enfants, gendres ou cousins du fondateur. Certains sont compétents. Rien qu'en France, il existe nombre d'entreprises gérées par de véritables dynasties (Michelin, PSA, Bolloré, Dassault, Lagardère, Ricard S.A...) Certains patrons imposent d'ailleurs un parcours "à la dur" à leur progéniture, afin qu'ils fassent leurs preuves. Mais souvent, les "enfants de" se comportent en terrain conquis et faute de parcours hors du cocon familial, ils n'ont aucun recul. Dans plusieurs cas, le patron finit par se raviser et à vendre son entreprise à d'autres.
Pour quelqu'un, donner des responsabilités à ses enfants, c'est transmettre en héritage. Il y a l'idée que son entreprise soit une "famille" (une notion fréquente chez les vieilles PME.) C'est aussi vouloir jouer les grands seigneurs et montrer que l'on a les moyens d'offrir un poste d'un claquement de doigts. D'autres le font en se disant que leur progéniture seront leur prolongement : ils appliqueront leurs idées, voir fliqueront davantage les autres employés (réduisant les angles morts.)
Dans une entreprise, j'ai travaillé pour une caricature du "fils de". Un jeune homme sans aucun diplôme, dont le seul mérite était d'être le fils du patron. Cet homme né avec une cuillère en argent dans la bouche faisait de grands discours sur le travail acharné, le mérite, le dévouement, etc. Il va sans dire qu'il arrivait tout les matins à 10h, jamais rasé, habillé comme l'as de pique et qu'il avait 12 ans d'âge mental. Il changeait d'avis comme de chemise, disparaissait sans raison (et sans prévenir) et parlait comme un charretier aux clients. Un matin, j'avais un dossier à le faire signer. Je l'ai trouvé, les pieds sur son bureau, lisant un magazine de surf et me déclarant avec le plus grand sérieux du monde : "Il faudrait qu'on achète un laser." (NDLA : bien sûr, ça n'avait aucune utilité pour la société.) A cet instant-là, j'ai compris que je devais partir. Et vite.
Plus tard, j'ai connu un scénario digne de Dallas ! Le fondateur avait deux fils. Pour une raison inconnue, il a légué l'entreprise au cadet. L'ainé ne l'a pas supporté. Autant dire que c'était la guerre permanente entre les deux hommes. L'un disait blanc et l'autre disait noir. Une situation intenable pour les employés. D'autant plus qu'aucun des deux n'avaient vraiment de stratégie.
Dans une troisième expérience, le patron avait carrément embauché sa femme, ses deux filles et le mari de l'ainée ! Le gendre était particulièrement incompétent. Heureusement, ses responsabilités étaient très limités. Bien sûr, ils avaient tous une voiture de fonction, un défraiement généreux et des horaires à la carte. Alors qu'on nous expliquait que l'heure, c'est l'heure et que faute d'argent, il ne fallait pas compter sur une augmentation. Y compris pour l'année d'après. Et celle d'après. Comme le gosse du premier cas, le gendre était un spécialiste du don permanent de leçons, notamment sur la bonne gestion du salaire. L'entreprise lui payait -presque tout- à lui et à sa femme, c'est sur qu'ensuite, ils pouvaient épargner !
mardi 27 mai 2014
The Net
Tous les conseillers vous le disent : vous devez vous créer un réseau. C'est le seul moyen d'atteindre ce fameux "marché caché de l'emploi".
L'un des moyens, c'est bien sûr les réseaux professionnels (Viadeo, Linkedin...) Vous vous inscrivez, vous remplissez votre fiche, vous vous mettez "ami" avec d'anciens collègues et camarades de classe, vous vous inscrivez à des groupes proche de vos sensibilités... Quelqu'un passe sur votre page ? Vous lui faites une demande d'amitié !
Vous vous imaginez déjà décrochant un travail, grâce à votre réseau. Qu'un ex-collègue vous dise : "Eh, l'entreprise X recrute !" Et en prime, grâce à lui, votre CV est en haut de la pile !
Et en vrai, comment ça se passe ? Vous vous rendez vite compte que 2 catégories pullulent sur les réseaux : 1) les gens qui, comme vous, cherchent du travail. 2) les gens qui ont quelque chose à vendre. Sans oublier les accros qui modifient leur CV et leur photo de profil tous les jours (qui feront autant de notifications sur votre compte.) Qui plus est, vous êtes vite limité. Ces réseaux ne sont pas des organisations philanthropique ; elles vous font payer des prestations. En général, vous avez droit à n contact et x mails gratuits; au-delà, c'est payant. En résumé, ce ne sont pas des endroits pour trouver un emploi. Il faut les voir comme un outil supplémentaire, à l'instar du dépôt de CV sur les sites de recherche d'emploi. L'autre intérêt, c'est de confirmer un CV-mytho. Parfois, lors du processus de recrutement, le stagiaire du recruteur fera une "vérification". C'est à dire taper votre nom sur Google. Si votre profil sur les réseau est d'équerre avec votre CV, le stagiaire considérera que sa mission est finie. Et bien sur, comme votre profil risque d'être visionné par des inconnus, évitez les photos compromettantes...