mercredi 28 janvier 2015

Changement d'emploi (1ère partie)

L'idéal, c'est de ne jamais être au chômage. De quitter un emploi pour un meilleur emploi. Presque tout le monde en rêve. Certains plus sérieusement que d'autres. Après tout, combien de personnes actuellement en poste sont en fait en "recherche active" ?

Pole Emploi vous conseille d'attendre le licenciement; la démission est considérée comme un luxe. Mais c'est un moyen, pour le salarié, de se reprendre en main, de redevenir maitre de son destin. Vous effectuer un énième CDD au sein de la même entreprise avec pour seul horizon, un autre CDD ? Cela fait plusieurs années qu'on vous refuse une augmentation significative ? Vous n'avez aucune possibilité d'évolution de carrière à moyen terme ? Votre chef est un psychopathe ? Votre entreprise s'apprête à fermer votre site ou à le délocaliser ? Alors cherchez du boulot ailleurs !
Si vous êtes en CDI, il vaut mieux attendre d'avoir entre 3 et 5 ans d'expérience (sans quoi, le recruteur sera suspicieux.) L'astuce, c'est de rester discret tant que vous n'avez rien de concret. Dans une entreprise, ce sont rarement ceux qui crient sur tous les toits qu'ils vont partir, qui partent. Ensuite, une fois que vous avez un CDI sous le nez, vous pouvez tenter une négociation avec votre employeur. Parfois, il acceptera de mettre la main au portefeuille pour vous conserver (surtout dans les PME.) Mais la technique du "retenez-moi ou je mets mon CV sur Monster" est vouée à l'échec. Ne croyez pas non plus que parce que vous avez eu un appel de chasseur de tête, vous allez vite trouver ailleurs. Certains cabinets convoquent quasiment chaque personne qui met son CV en ligne ! Bref, tant que vous n'avez pas un contrat sous le nez, rien n'est joué. Parler trop tôt, c'est aussi risquer d'être mis au placard, voir carrément d'être licencié (les chefs n'apprécient pas les lâcheurs.)

dimanche 25 janvier 2015

Novlangue

Rien ne ressemble plus à une grande entreprise qu'une autre grande entreprise. Lorsqu'on a un peu bourlingué, on se rend compte, que toutes les organisations sont peu ou prou pareilles. Elles ont toutes plus ou moins les mêmes enjeux, le même fonctionnement... Et surtout, elles sont dirigées par des gens issus des mêmes écoles et elles font appel aux mêmes boites de conseil.
Mais bien sûr, personne ne veut le reconnaitre. Chacun arguera que SON entreprise est unique. Un des gros moyens pour se différencier, ce sont les abréviations. Formulaires, nom de services, postes, projets, etc. Tout devint une suite de lettres. On ne dira pas : "Le chef de projet attend ton reporting pour avancer." Mais : " Le DPVM attend ton TOV pour le MP44." Comme ça, les premiers jours, le novice est envahi de sigles : "Durant ? C'est un SDA, alors que Dupont est juste CBR !" 1er constat : la plupart des gens, dans l'entreprise, n'ont aucune idée de ce à quoi ces acronymes correspondent. C'est d'autant plus vrai avec les méthodologies d'organisations, qu'ils ont appris à la va-vite, lors d'une formation expresse. 2e constat : c'est un excellent moyen de noyer le poisson. Par exemple : "Un mauvais résultat sur le FMN ? Déjà, j'ai fait 4 sur le HIR, alors que mon LAV est à 5 sur le BUAC !" Plus quelqu'un emploie des acronymes, moins il a de choses à dire.
Et bien sûr, régulièrement, de nouveaux acronymes débarquent : l'entreprise vient d'embaucher une boite de consulting et pour justifier ses honoraires, elle mixe des lettres entre elles. A se demander, si ces noms n'ont pas été trouvé en regardant Des chiffres et des lettres.

Le problème pour le chômeur, c'est qu'on va bêtement lui fermer la porte. Les recruteurs sont persuadés que leur organisation est trop complexe pour le profane. Le seul moyen de s'y retrouver, ce serait de débuter là, à la sortie de l'école. Le senior ne saura pas s'adapter ; c'est déjà trop tard. Alors on lui claquera la porte au nez : "Savez-vous au moins c'est qu'est un RFT ? Connaissez-vous le logiciel IBOUBZ ? Non ? Vous voyez bien que vous seriez perdu !" Comme d'habitude, on préférera embaucher un niais qui a fait un stage dans l'entreprise qu'un candidat compétent, mais issu d'un autre secteur. On s'imaginera que le premier sera opérationnel de suite, alors que le second aura besoin d'une interminable adaptation. A la limite, ils s'autoriseront quelqu'un passé par le principal concurrent, mais pas plus. De quoi rendre difficile, voir impossible, toute reconversion.
Et parfois, ô ironie, l'entreprise se plaindra ensuite d'avoir du mal à pourvoir ses postes !

jeudi 1 janvier 2015

Réveillon(s)

Voilà, nous sommes désormais en 2015.

Pour un chômeur, toute fête est difficile. D'une part, parce que cela signifie des dépenses, alors que son budget est serré. De plus, ça lui rappelle que le temps passe. En regardant les images de réveillons dans les centres d'aides aux plus démunis, il se dit : "Peut-être qu'un jour, je serais là..." Bien sûr, comme à chaque réunion, on lui renvoi à la figure son statut de chômeur. Les autres ont des projets pour la nouvelle année. Lui, tout est suspendu à "trouver un travail".

A contrario, celui qui vient de retrouver un emploi est heureux. Il n'a plus honte d'affronter le regard des autres. Au contraire : il veut crier à la face du monde qu'il a un boulot ! Ca y est ! Il n'est plus dans les statistiques de chômeurs ! Certains vont jusqu'à commencer leurs phrases par "dans mon nouveau boulot..." Cela fait quelques jours qu'il travaille, mais il parle de sa boite et de ses collègues comme s'il était un vieux briscard. Et lorsque tout à l'heure, il a reçu un mail d'alerte concernant des offres d'emploi, ça lui a semblé loin... Qu'importe l'incertitude de passer la période d'essai/que son CDD soit prolongé, qu'importe aussi la longue attente de la première vraie fiche de paye. Ce qui compte, c'est de retrouver une place dans la société.

lundi 29 décembre 2014

Pok-pok-pok-poker face

On est en pleine saison des repas de noël et autres "fêtes de fin d'année". Ca devrait être un moment de fête et d'amitié. En pratique, c'est rarement un moment agréable. En fait, on est à la frontière entre vie privée et vie professionnelle. C'est censé être un repas différent des midis habituels à la cantine. La plupart des entreprises payent le resto, voir louent une salle. Parfois, il y a lieu le week-end ou en soirée ; donc hors des heures de bureau. Sans oublier les "arbres de noël" avec conjoints et enfants.

Mais malgré tout, vous êtes avec votre chef et vos collègues. Le responsable n'hésitera pas à se comporter en chef de famille. Pas question de boire comme un trou ou de commander du foie gras : ça sera noté sur votre bilan annuel ! Et bien sûr, le cas échéant, vous devez surveiller vos enfants... Souvent, la discussion tournera autour du travail. Surtout s'il y a plusieurs cadres dirigeants à table.
Le pire, c'est la fin de repas. S'il a lieu pendant les heures de bureau, pas de problème : le chef sonnera la cloche et chacun est prié de retourner à son poste. Sinon, vous êtes bons pour de longs silences ; personne n'a envie d'être le premier à partir. Parfois, l'alcool aidant, les vieilles rancœurs entre collègues font surface. J'ai vécu un repas qui s'est terminé par deux collègues qui en venaient au main. La société n'a plus fait de repas de noël ensuite.

lundi 27 octobre 2014

Blues de l'automne

Le temps s'écoule lentement pour le chômeur. Rien ne ressemble plus à un jour de semaine qu'à un autre jour de semaine. L'agenda est rythmé par les rendez-vous à Pole Emploi, les petites annonces et pour les plus chanceux, les entretiens.
Un jour, le chômeur lève le nez. Ca y est, on est en octobre. La rentrée est terminée (et l'euphorie qui va avec.) L'été est terminé. C'est déjà l'heure d'hiver. Les projets d'avenir restent dans les cartons. Et toujours pas de travail. 2 mois de chômage en plus. 2 mois de moins d'indemnisation.

C'est démoralisant pour les menteurs. Il faut toujours raconter qu'on est en recherche d'emploi "depuis peu". D'ailleurs, c'est votre "premier vrai entretien" depuis la perte d'emploi. Un chômeur de longue durée, c'est suspect. Les recruteurs se disent (parfois à juste titre) qu'il n'a plus l'habitude de se lever le matin et d'enchainer 8h de travail quotidien. Plus prosaïquement, ils se disent que s'il a échoué lors des précédents entretiens, c'est qu'il doit avoir une tare que lui n'a pas détecté. Donc méfiance. Donc le chômeur doit raconter qu'il cherche du travail depuis n-2 mois maxi. Et la date glisse au fil des mois. Lorsque vous sortez d'un CDD, vous en arrivez à quasiment en doubler la durée !

mardi 21 octobre 2014

Question idiote, réponse idiote...

Les recruteurs adorent poser des questions bateau. Non pas celles ayant trait à votre CV, mais les banalités. Parfois, l'entretien est plié au bout de 40 minutes, mais le recruteur tient à aller au bout d'une heure, quitte à meubler. D'autres fois, ils cherchent à se rassurer. Pour leur défense, il n'y a pas vraiment de formation en recrutement. Si vous n'êtes pas RH ou chasseur de têtes, vous ne savez pas forcément comment vous y prendre. Vous avez peur de miser sur le mauvais cheval.

Règle N°1 : oui, il y a des bonnes réponses.
Règle N°2 : répondez vite. Toute hésitation, toute réflexion sera prise pour un (mauvais) mensonge.
Règle N°3 : on ne vous demande pas d'être franc ou honnête ; vous devez avant tout dire ce que le recruteur veut entendre. Bienvenue dans le monde du travail !
Règle N°4 : ce sont des questions qu'on va vous poser 1000 fois... Mais il faut faire comme si c'était la première fois. Toute marque d'ennui (du style : encoooore ?) ou les blagounettes sont à proscrire.

Quelques questions-types :
  • Quelles sont vos 3 qualités ? Evitez de dire "le dynamisme" (vu 1000 fois) ou "le charisme" (on s'en serait rendu compte.) A défaut, dites "le sérieux" ou "le calme" (dans le sens "pas de décision à l'emporte-pièce".)
  • Quels sont vos 3 défauts ? Là, il n'y a aucune bonne réponse ! Tout ce que vous pourrez dire sera retenu contre vous ! Charge à vous de trouver la moins pire des solutions.
  • Quelle est votre meilleure expérience/votre pire expérience ? Soyez enthousiaste sur la "bonne" expérience. Sur la mauvaise, atténuez au maximum les choses. Et ne dites surtout pas de mal de votre ancien chef ! 
  • Quels sont vos hobbys ? Bien sûr, il faut éviter de rappeler qu'ils sont inscrits, noir sur blanc, à la fin de votre CV. Evitez aussi d'évoquer des sports extrêmes (on pensera que vous êtes une tête brûlée) ou des hobbys solitaires (qui donnent une image d'asocial.) 
  • Pourquoi est-ce que je VOUS prendrais ? Là, il faut tout donner ! Soyez combatif ! Variante : qu'est-ce qui vous plait, dans ce job ?
  • Vous avez une question ? C'est LE meublage. Au cours de l'entretien, notez bien un point que vous voudriez éclaircir. Au pire, posez une question sur l'entreprise. Tout cela soulignera votre intérêt. Bien sûr, il faut éviter de piéger le recruteur (cf. "vous m'avez dit que l'ambiance est bonne. Mais vous m'avez aussi dit que mon prédécesseur a fait un burn-out. Ce n'est pas contradictoire ?)
  • Vous vous voyez où, dans 5 ans ?  Une autre question-piège. Si vous postulez dans une PME où vous n'avez aucune possibilité d'évolution, c'est une voie sans issue ! Sinon, dites que vous voulez plus de responsabilités, plus d'autonomie, etc. Mesdames, évitez d'évoquer vos projets de bébés (c'est éliminatoire...)

En conclusion, la meilleure parade, c'est de préparer les questions cons. Et plus généralement de se préparer à toute question indiscrète/piégeuse/embarrassante.

lundi 13 octobre 2014

Soyez différent... Mais pas trop


Lorsqu'un journal évoque le recrutement, c'est souvent sous un jour idyllique. Ainsi, cet article parle des anti-conformistes.

Anti-conformiste, ça n'est pas uniquement les gens qui ont un piercing ou qui refusent les costume-cravates. On parle de personnes vraiment différentes, avec un parcours original. Bien sûr, une entreprise a en permanence besoin de sang neuf. Il faut des gens qui sortent des sentiers battus pour apporter de nouvelles idées, de nouvelles solutions... Mais en pratique, personne ne veut les embaucher.
Tout d'abord, lorsque quelqu'un embauche un employé, il a tendance à vouloir un clone de lui-même. Il veut de la sécurité. Après tout, il se connait bien. Donc, il se dit que quelqu'un qui a plus ou moins le même parcours agira plus ou moins comme lui. La conséquence bien connue, c'est les bataillons de telle promotion de telle Grande Ecole, qui se retrouvent à travailler ensemble, qui dans les ministères, qui dans les conseils d'administration. Avec des risques de consanguinité et de manque de recul.
Surtout, ils ont souvent peur de ne pas pouvoir maitriser leur employé. Un déviant sera imprévisible, d'après la grille de lecture de son chef. Le chef fera un complexe vis-à-vis de quelqu'un de créatif ou d'intelligent. Un petit génie risque carrément d'être "dangereux" pour la carrière de son supérieur. Dans la Silicon Valley, on les adore. L'idée est d'en extraire le maximum d'idées (puis de les jeter une fois passé la date de péremption.) En France, on se méfie. Les artistes sont vus comme fainéant et les intellos, comme ne passant jamais à l'action. Dans le monde industriel, les gens ont tendance à brider leur créativité et à chercher plutôt des "bonnes réponses".

Enfin, les cabinets de recrutement ne veulent prendre aucun risque. Présenter un original à son client, c'est risquer de déplaire à son client. Donc de perdre un marché.

Concrètement, si vous avez un "parcours atypique", les portes se ferment. Mieux vaut maquiller son CV. Quant à la passion ou au loisir un peu "pointu", mettez le en page 2, l'endroit que personne ne regarde...