Rien ne ressemble plus à une grande entreprise qu'une autre grande entreprise. Lorsqu'on a un peu bourlingué, on se rend compte, que toutes les organisations sont peu ou prou pareilles. Elles ont toutes plus ou moins les mêmes enjeux, le même fonctionnement... Et surtout, elles sont dirigées par des gens issus des mêmes écoles et elles font appel aux mêmes boites de conseil.
Mais bien sûr, personne ne veut le reconnaitre. Chacun arguera que SON entreprise est unique. Un des gros moyens pour se différencier, ce sont les abréviations. Formulaires, nom de services, postes, projets, etc. Tout devint une suite de lettres. On ne dira pas : "Le chef de projet attend ton reporting pour avancer." Mais : " Le DPVM attend ton TOV pour le MP44." Comme ça, les premiers jours, le novice est envahi de sigles : "Durant ? C'est un SDA, alors que Dupont est juste CBR !" 1er constat : la plupart des gens, dans l'entreprise, n'ont aucune idée de ce à quoi ces acronymes correspondent. C'est d'autant plus vrai avec les méthodologies d'organisations, qu'ils ont appris à la va-vite, lors d'une formation expresse. 2e constat : c'est un excellent moyen de noyer le poisson. Par exemple : "Un mauvais résultat sur le FMN ? Déjà, j'ai fait 4 sur le HIR, alors que mon LAV est à 5 sur le BUAC !" Plus quelqu'un emploie des acronymes, moins il a de choses à dire.
Et bien sûr, régulièrement, de nouveaux acronymes débarquent : l'entreprise vient d'embaucher une boite de consulting et pour justifier ses honoraires, elle mixe des lettres entre elles. A se demander, si ces noms n'ont pas été trouvé en regardant Des chiffres et des lettres.
Le problème pour le chômeur, c'est qu'on va bêtement lui fermer la porte. Les recruteurs sont persuadés que leur organisation est trop complexe pour le profane. Le seul moyen de s'y retrouver, ce serait de débuter là, à la sortie de l'école. Le senior ne saura pas s'adapter ; c'est déjà trop tard. Alors on lui claquera la porte au nez : "Savez-vous au moins c'est qu'est un RFT ? Connaissez-vous le logiciel IBOUBZ ? Non ? Vous voyez bien que vous seriez perdu !" Comme d'habitude, on préférera embaucher un niais qui a fait un stage dans l'entreprise qu'un candidat compétent, mais issu d'un autre secteur. On s'imaginera que le premier sera opérationnel de suite, alors que le second aura besoin d'une interminable adaptation. A la limite, ils s'autoriseront quelqu'un passé par le principal concurrent, mais pas plus. De quoi rendre difficile, voir impossible, toute reconversion.
Et parfois, ô ironie, l'entreprise se plaindra ensuite d'avoir du mal à pourvoir ses postes !
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