En 2014, j'évoquais discrètement le télétravail. A l'époque, c'était un doux rêve. On l'assimilait aux cadres dirigeants forcés de travailler le week-end. Et aux indépendants trop fauchés pour avoir leur propre bureau.
Le télétravail avait beaucoup d'avantages. Terminé, le chef de service qui regarde par-dessus votre épaule et vous grondes si vous êtes sur Lastminute.com ! Terminé, l'obligation de poser une demi-journée pour faire des démarches administratives ou pour amener le petit chez le docteur ! Les études montrent qu'un employé en télétravail travaille davantage, car il a moins de sollicitations. Un employé en télétravail est moins souvent malade, car il n'y a pas de promiscuité. Enfin, un employé en télétravail pollue moins, vu qu'il n'a pas à se déplacer jusqu'à son bureau.
En 2014, c'était un doux rêve. Depuis, il y a eu le Covid. On s'est habitué aux réunions sous Teams, aux "il est où, Untel ? - Il est en télétravail aujourd'hui.", etc.
Mais bien sûr, il y a un côté pervers. Les pays Anglo-saxons ont fait figure de pionniers en la matière. Désormais, Boris Johnson souhaite promouvoir le retour au travail.
A terme, l'entreprise perd le lien avec ses employés. Plus besoin de grandes surfaces de travail ; lorsqu'ils viennent, les employés se retrouvent en bureau volant (hot desking.) Les employés en télétravail se voient proposés moins de formation. Et bien sûr, le recours à la prestation est accru. Et tant qu'à faire, pourquoi ne pas sous-traiter à l'étranger ? Le coup est encore plus rude pour les managers. Après tout, pourquoi devraient-ils n'avoir qu'une quinzaine de subordonnés, suivant les schémas classiques ? On prend l'exemple du chef d'orchestre.
L'avenir, c'est donc de travailler en prestation, pour un client chez lequel vous n'avez jamais mis les pieds. Votre N+1 aura une cinquantaine de subordonnés et il ne vous parle que durant une brève weekly. D'ailleurs, il gagne à peine plus que vous et peut-être qu'il sera lui-même en prestation.
Charmant.
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