Récemment, j'ai eu la mauvaise idée de regarder une vidéo
YouTube sur
The Office. Donc
YouTube n'a pas arrêté de m'en recommander depuis.
The Office est en fait l'adaptation du sitcom Britannique éponyme. Il y a aussi eu une adaptation Française, Le Bureau, qui était assez passable. The Office suit la vie d'une PME Américaine et le ton est très noir : souvent, lorsqu'un personnage tente une aventure (sentimentale ou professionnelle), cela rate et il retourne à la case départ.
Bien sûr, les personnages sont caricaturaux. L'un des ressorts de la série, c'est qu'ils ont conscience de la présence de la caméra et qu'ils tentent de devenir des stars. En plus, elle a été filmée de 2005 à 2013. Certaines situations ont vieilli. Néanmoins (est-ce une bonne ou une mauvaise chose ?), vous croiserez certains des protagonistes...
Michael Scott
C'est souvent votre N+2. Il a atteint le principe de Peter. Il a beaucoup de monde sous sa responsabilité. Mais il ne montera pas plus haut. Dans les réunions Teams "high level", c'est assez gênant de voir votre Michael se faire humilier par les gens du siège. En même temps, c'est pour cela qu'il passe du temps avec ses subordonnés. Par exemple : "Tu as mangé ? Les gens du siège -qui sont de passage- ont réservé un restaurant, mais pas pour moi." Il a envie d'être aimé et il adore les afters, pots de départ, etc.
Bien sûr, les ordres d'en-haut restent prioritaires. S'il vous a juré qu'il ferait blanc, mais que le top management dit noir, ça sera noir. A la longue, vous comprenez qu'il fait surtout du forwardage d'e-mails et qu'il n'a aucune prise sur la vie de l'entreprise à moyen terme. Aussi, même s'il dit être votre ami, si le top management lance une PSE, il vous mettra dans la charrette...
Jim Halpert
Dans la vraie vie, Jim ne serait pas marié à Pam. Non, il aurait épousé sa copine rencontrée à la fac. Elle n'était pas très mignonne, mais c'est elle qui l'a abordée. Alors il est resté avec et ils ont eu des enfants. Pour le boulot, c'est pareil. Il a fait plusieurs CDD. Là, on lui offrait un poste en CDI. Alors il a dit oui.
Au quotidien, Jim s'ennuie. Son quotidien le pèse. Le lundi matin, quand vous lui demandez : "T'as fait quoi ce week-end ?" Il vous répond, l'air vide : "Rien." Souvent, il se plaint de sa femme et de son boulot, mais il ne quitte ni l'un, ni l'autre.
Vous, en tant que zappé, vous êtes malgré tout un peu jaloux de Jim : il n'a connu ni le chômage, ni la solitude. A trente ans et des poussières, il a déjà remboursé un gros tiers du crédit de son appartement. Lui, il sait où il sera l'an prochain, alors que vous, au-delà de votre contrat, c'est l'inconnu...
En général, il finit par craquer. Beaucoup de Jim ont divorcé durant le confinement. Ce sont ceux qui font les pires crises de la quarantaine. J'en ai connu un qui a tout plaqué pour s'habiller en femme et devenir actrice porno transsexuelle ! Parfois aussi, c'est le corps, qui accumule le stress. Et là, ça se finit en gros pépin de santé.
Dwight Schrute
C'est un composite de deux personnages.
D'un côté, vous avez le Johnny Abbes. Il est persuadé d'être le bras droit du manager. Il va le tuyauter sur les faits et gestes de l'équipe. Comme souvent le manager est idiot, un Dwight peut volontiers pousser ses pions. Reste qu'il est nul en management ou en relation humaine, donc on ne veut jamais lui confier une équipe.
La série montre très bien les rapports complexes entre Jim et Dwight, tour à tour amis et ennemis, avec un rapport de force qui évolue.
Vous avez aussi le quasimodo. La personne qui gère seule une entité (archives, magasin d’entrepôt, service hygiène & sécurité...) et possède une grande autonomie. Son espace, c'est son entre. Surtout, c'est un vrai cas social. En général, vous n'allez le voir qu'en cas d'absolue nécessité, car il vous tiendra un long discours sur le dernier complot en vogue...
Ryan Howard
C'est un Rastignac. Ou plutôt, un mauvais Rastignac. Dès qu'il est promu, il se comporte en petit chef vis-à-vis de ses ex-collègues. Il n'est gentil uniquement lorsqu'il veut que vous fassiez ses devoirs. Surtout, il n'a aucune subtilité dans son jeu.
Les scénaristes de la série (notamment B.J. Novak, qui joue Ryan Howard) s'amusèrent à maltraiter l'ambitieux. En pratique, sa chute est souvent moins spectaculaire. Le Rastignac veut être calife à la place du calife et ça, forcément, ça ne plait pas au manager. La moindre incartade est un prétexte pour dégager le gêneur.
Stanley Hudson
C'est un Yves. On peut aussi y voir un Jim en plus vieux. C'est l'employé revenu de tout. Il n'a plus aucune ambition. Il ne fiche pas grand chose et ne s'en cache pas. De toute façon, il sait qu'il ne sera plus promu.
Souvent, il a ses têtes. Des collègues avec qui il aime rigoler. Pour les autres, par contre, il se ferme à double-tour. "Vous voulez un formulaire 1145. 1145-A ou 1145-B ? C'est à VOUS de me dire ce que vous voulez, pas à moi de décider." Pas que ça à foutre, y'a pas marqué "bureau de renseignements", là !
Kelly Kapoor
Vous croisez beaucoup de Kelly.
Un parent ayant une longue maladie, un ex qui la harcèle, un promoteur immobilier véreux qui l'a escroquée, un enfant ayant besoin d'attention... Dans la vraie vie, Kelly se débat avec un problème personnel apparemment inextricable. Problèmes chronophages et qu'elle va s'empresser d'expliquer en détail à ses collègues. Cela signifie des coups de téléphones interminables et régulièrement, elle doit partir plus tôt/arriver plus tard, sans oublier les absences impromptues.
Au quotidien, c'est un enfer. En open space, vous devrez supporter les coups de fils sus-cités, avec des détails bien trop intimes. Surtout, Kelly possède une productivité nulle. Son manager tente d'ailleurs de la faire muter. A la moindre remarque, elle explose en larmes ou bien elle pousse un cri de colère. "Comment ose-t-on lui demander d'accélérer, alors que ça fait 3 jours qu'elle dort à peine la nuit ?" Et à l'arrivée, c'est vous qui faites le boulot. Souvent, c'est parce qu'il y a des Kelly que les managers embauchent des prestataire, afin d'assister la "Kelly".
Pam Beesly
A contario. Il n'y a plus de Pam Beesly, c'est l'un des points qui dénote l'age du sitcom.
La version Britannique de The Office fut créée en 2001. A l'époque, l'usage des outils numérique était limité et les téléphones portables avaient des forfaits mensuels d'une heure. Les réceptionnistes avaient un rôle-clef. Elles triaient le courrier et les fax, prenaient des messages en cas d'absence, etc. Dans certaines entreprises, elles servaient également d'assistantes commerciales. Dans les grands groupes, les réceptionnistes étaient intégrées au cercle des assistantes de direction. Une jeune réceptionniste pouvait espérer un job d'employée de bureau.
Aujourd'hui, presque toutes les communications extérieures se font par e-mails. Il n'y a plus de messages à prendre ou de gens qui appellent le standard afin de vous joindre. Dans les bâtiments modernes, l'accueil est à part et les employés doivent passer par une autre entrée. Covid oblige, la réceptionniste est cloitrée derrière une vitre en plexiglas. C'est une prestataire et elle n'a aucune interaction avec le reste de l'entreprise.
Creed Bratton
Au fil des saisons, les créateurs ont laissé dériver des personnages. Creed Bratton est l'exemple d'un personnage "hénaurme".
Le plus proche, c'est le keskifoula.
Souvent, c'est un ancien cadre supérieur, un ancien dirigeant d'une filiale disparue. Il a refusé un départ volontaire et compte tenu de son ancienneté, il couterait trop cher à licencier. Alors on l'a mis à un poste auquel il ne comprend pas grand chose.
Dans les PME, il est là parce que le chef l'a embauché. Et à prix d'or. Le patron est persuadé que c'est un génie ou un vieux sage.
Dans les deux cas, soit il ne fiche strictement rien, soit il lui faut une éternité pour faire la moindre tache. En tout cas, c'est un boulet.
Comme Creed, effectivement, ils ont souvent un parcours extraordinaire, avec des talents sportifs ou artistiques insoupçonnables. Comme Creed, ils ont souvent d'autres revenus en parallèle. Parfois, ils gagnent même davantage par ce biais, que par leur travail. Enfin, comme Creed, ils sont souvent d'une radinerie sans fond. Par exemple, à la cantine, ils prendront une petite assiette de salade qu'ils rempliront au-delà du raisonnable. Au lieu de payer 0,20€ de plus pour une grande assiette.