Le salaire, c'est le nerf de la guerre. Trop de patrons et de DRH sous-estiment son importance. Au quotidien, on sait bien que le moins cher est rarement le mieux. Un prix trop bas est même suspect. Mais les employeurs ont tendance à préférer le moins-disant.
De nombreux patrons de PME voient les employés comme des coûts et non comme des investissements. On entend rarement dire : "On veut un expert, quitte à mettre le prix." Mais plutôt : "Je suis sûr qu'on peut en trouver un meilleur qui demandera moins."
Lorsque le patron est le fondateur, la situation devient explosive. "J'ai sué sang et haut pour monter sa boite. Lui, il a juste déposé un CV. De quel droit ose-t-il demander une augmentation ?" Ca peut aller jusqu'au : "Qui est-il pour critiquer ma façon de payer les gens ? Il a monté la boite ? Je vais le virer sur-le-champ !"
Globalement, le "si t'es pas content, t'as qu'à aller voir ailleurs si c'est mieux" est la tendance. Consciemment ou inconsciemment, les entreprises privilégient les juniors. Mais à l'instar du gout pour les yesmen, cette politique est un poison sur la durée.
Car en face, les employés sont conscients du marché. Au "la porte est ouverte" répond le "au prix où je suis payé, je ne vais pas me décarcasser." Les plus hardis (donc les forces vives de l'entreprise) n'hésiteront pas à tenter l'aventure de la recherche d'emploi. Quitte à planter leur employeur du jour au lendemain. Les seuls qui restent, ce sont les ectoplasmes qui veulent pantoufler. A moyen terme, c'est donc une stratégie nuisible.
Les galères de la recherche d'emploi et du monde du travail. Un petit blog sans prétention...
mardi 28 avril 2015
lundi 27 avril 2015
Conceptions du travail
Deux conceptions du travail s'affrontent. Chacune se veut dogmatique et porterait l'ultime clef pour résorber le chômage.
La vision plutôt à gauche, c'est que le travail est une contrainte. C'est un mal nécessaire de nos sociétés modernes : on travaille pour faire bouillir la marmite. Une contrainte subie, que l'on effectue sans joie. Du coup, la productivité est en berne : on en fait le minimum en attendant la cloche.
La solution, c'est de travailler moins. Plus de temps libre, donc plus d'épanouissement. Ainsi, d'une part, les salariés sont davantage motivés. Donc, ils travaillent mieux. En plus, si vous baissez la charge de travail de 1/5e, à charge égale, l'employeur sera obligé d'embaucher une 5e personne. Donc moins de chômage !
C'était l'idée des 35h. L'inconvénient, c'est que d'une part, l'impression de travailler moins s'estompe vite. Donc la productivité redescend. De plus, dans des nombreuses PME, voir des entreprises de plusieurs centaines de salariés, plus vous vous éloignez du cœur de métier, moins les services sont pourvus. Par exemple, dans l'industrie, les services production/fabrication sont bien pourvus. A contrario, il n'y a qu'une poignée de commerciaux et un seul comptable. Dans ses services, il n'y aurait pas d'embauches liées à la réduction du temps de travail. Les employés devront y effectuer le même travail, mais en moins de temps. Si ce sont des cadres, on leur dira de se démerder et de faire des heures supplémentaires non-déclarées. Et paradoxalement, une mesure censée faire le bonheur des salariés devient une cause de burn-out.
L'autre vision, c'est la carotte. Les salariés veulent de l'argent, point. C'est ça qui les motive. Donc, ils sont prêt à travailler plus si on les paye davantage. Avec des heures supplémentaires (voir un travail le week-end), la productivité augmente. Donc on crée de la croissance et des emplois.
L'inconvénient, c'est que cela dépend de la macroéconomie. Si vous êtes dans un pays pauvre, que le magasin soit ouvert le dimanche ou pas ne change rien. Vous ne ferez pas davantage de courses. L'autre inconvénient, volontiers soulevé, c'est que les heures supplémentaires sont un moyen de pression. "Tu ne veux pas faire d'heures sup' ? Alors pars ! Je trouverai facilement quelqu'un prêt à travailler davantage."
Pour autant, j'ai rencontré davantage de personne qui préfèrent travailler plus (et être mieux payées) que d'avoir davantage de temps libre.
La vision plutôt à gauche, c'est que le travail est une contrainte. C'est un mal nécessaire de nos sociétés modernes : on travaille pour faire bouillir la marmite. Une contrainte subie, que l'on effectue sans joie. Du coup, la productivité est en berne : on en fait le minimum en attendant la cloche.
La solution, c'est de travailler moins. Plus de temps libre, donc plus d'épanouissement. Ainsi, d'une part, les salariés sont davantage motivés. Donc, ils travaillent mieux. En plus, si vous baissez la charge de travail de 1/5e, à charge égale, l'employeur sera obligé d'embaucher une 5e personne. Donc moins de chômage !
C'était l'idée des 35h. L'inconvénient, c'est que d'une part, l'impression de travailler moins s'estompe vite. Donc la productivité redescend. De plus, dans des nombreuses PME, voir des entreprises de plusieurs centaines de salariés, plus vous vous éloignez du cœur de métier, moins les services sont pourvus. Par exemple, dans l'industrie, les services production/fabrication sont bien pourvus. A contrario, il n'y a qu'une poignée de commerciaux et un seul comptable. Dans ses services, il n'y aurait pas d'embauches liées à la réduction du temps de travail. Les employés devront y effectuer le même travail, mais en moins de temps. Si ce sont des cadres, on leur dira de se démerder et de faire des heures supplémentaires non-déclarées. Et paradoxalement, une mesure censée faire le bonheur des salariés devient une cause de burn-out.
L'autre vision, c'est la carotte. Les salariés veulent de l'argent, point. C'est ça qui les motive. Donc, ils sont prêt à travailler plus si on les paye davantage. Avec des heures supplémentaires (voir un travail le week-end), la productivité augmente. Donc on crée de la croissance et des emplois.
L'inconvénient, c'est que cela dépend de la macroéconomie. Si vous êtes dans un pays pauvre, que le magasin soit ouvert le dimanche ou pas ne change rien. Vous ne ferez pas davantage de courses. L'autre inconvénient, volontiers soulevé, c'est que les heures supplémentaires sont un moyen de pression. "Tu ne veux pas faire d'heures sup' ? Alors pars ! Je trouverai facilement quelqu'un prêt à travailler davantage."
Pour autant, j'ai rencontré davantage de personne qui préfèrent travailler plus (et être mieux payées) que d'avoir davantage de temps libre.
lundi 6 avril 2015
Le menteur grillé
Beaucoup de chômeurs mentent à leurs proches. Ce n'est jamais facile d'annoncer qu'on est au chômage. Surtout qu'en retour, on obtient de la pitié ou de la condescendance. Les plus radicaux et les plus mythomanes ne le disent même pas à leurs conjoints, quitte à s'enfermer dans des situations inextricables. Mais beaucoup se contentent de cacher leur chômage aux gens qu'ils fréquentent peu. Si on les questionne, ils répondent avec des banalités sur leur dernier job.
Là où le chômeur se trahie, c'est sur les jours fériés. Pour le chômeur, les semaines, les mois et même les saisons existent à peine. Rien ne ressemble plus à un jour de semaine qu'un autre jour de semaine. Les jours à date fixe (1er mai, 14 juillet...), c'est facile. Mais sur le lundi de Pacques ou le jeudi de l'Ascension, le chômeur bute. "Mon boulot, ça va. Lundi, je vais avoir une grosse réunion et... - Le lundi de Pacques ? - Euh..." Voilà, la couverture vole en éclat.
jeudi 2 avril 2015
Le stagiaire "Y"
Un article du Figaro reprend peu ou prou un de mes anciens billets : la nouvelle génération, aquoiboniste et férue (euphémisme) de nouvelles technologies est une plaie pour les anciens.
Le Figaro n'évoque pas les causes. La génération Y n'a qu'une image floue et partielle de l'entreprise. Ce qu'elle n'en connait, ce ne sont que des témoignages de gens stressés et exploités. Elle sait qu'elle va travailler 42 ans, voir 45 ans, avec une carrière (et un salaire) horizontale. Donc, à quoi bon faire des efforts ?
En plus, cette génération a l'habitude de faire ce qu'elle veut. Les parents osent à peine lever la voix. Quant aux profs, ils n'osent plus faire la police. Lors de ma reprise d'étude, j'ai vu avec effroi des élèves faire ostensiblement un sudoku ou siroter un coca en amphi. Et c'était avant les smartphones... Par cynisme, les profs se disent que de toute façon, naturellement, les plus idiots et les plus turbulents vont finir par se crasher. En BTS ou en école de commerce, les élèves sont briefés un minimum. Mais ailleurs, les stages sont rares. Ce n'est qu'en fin de cursus que l'élève passe de la théorie à la pratique. Et souvent, le prof n'a lui-même jamais mis les pieds dans une entreprise. Sa connaissance des CV et des entretiens se limite à ce qu'il a lu ou entendu.
Et donc, notre jeune déboule en jean-basket (voir pantacourt-tong pour les hipsters) à 10h du mat. Et encore, ça, c'est quand il vient. Il se plaint que son job est indigne de son niveau... Sur son compte Twitter, sur lequel il pianote à longueur de journée. Vous le reprenez ? Il file direct se plaindre au N+2 ! Faire des efforts ? "J'ai déjà plein d'offres ailleurs, dans des boites bien meilleures." De toutes façons, ce genre de comiques fait rarement de vieux os. Soit il rentre dans le rang, soit sa carrière professionnelle est mal barrée...
Car l'entreprise bouge peu. A la fin des années 90, lors de l'explosion d'internet, on nous promettait de la flexibilité sur les codes vestimentaires ou les horaires (afin que tous les jeunes talents ne soient pas aspirés par les start-up.) Mais les start-up ont fait faillite et le costume-cravate est redevenu la norme.
Tous les tuteurs ne sont pas des Tenardiers. Mais trop souvent, l'été, les entreprises se constituent des pools de stagiaire, afin de remplacer les salariés en vacances. Et puis, vu que la plupart des stages sont non-rémunérés, donc on ne va pas non plus leur demander de se tuer à la tache.
Le Figaro n'évoque pas les causes. La génération Y n'a qu'une image floue et partielle de l'entreprise. Ce qu'elle n'en connait, ce ne sont que des témoignages de gens stressés et exploités. Elle sait qu'elle va travailler 42 ans, voir 45 ans, avec une carrière (et un salaire) horizontale. Donc, à quoi bon faire des efforts ?
En plus, cette génération a l'habitude de faire ce qu'elle veut. Les parents osent à peine lever la voix. Quant aux profs, ils n'osent plus faire la police. Lors de ma reprise d'étude, j'ai vu avec effroi des élèves faire ostensiblement un sudoku ou siroter un coca en amphi. Et c'était avant les smartphones... Par cynisme, les profs se disent que de toute façon, naturellement, les plus idiots et les plus turbulents vont finir par se crasher. En BTS ou en école de commerce, les élèves sont briefés un minimum. Mais ailleurs, les stages sont rares. Ce n'est qu'en fin de cursus que l'élève passe de la théorie à la pratique. Et souvent, le prof n'a lui-même jamais mis les pieds dans une entreprise. Sa connaissance des CV et des entretiens se limite à ce qu'il a lu ou entendu.
Et donc, notre jeune déboule en jean-basket (voir pantacourt-tong pour les hipsters) à 10h du mat. Et encore, ça, c'est quand il vient. Il se plaint que son job est indigne de son niveau... Sur son compte Twitter, sur lequel il pianote à longueur de journée. Vous le reprenez ? Il file direct se plaindre au N+2 ! Faire des efforts ? "J'ai déjà plein d'offres ailleurs, dans des boites bien meilleures." De toutes façons, ce genre de comiques fait rarement de vieux os. Soit il rentre dans le rang, soit sa carrière professionnelle est mal barrée...
Car l'entreprise bouge peu. A la fin des années 90, lors de l'explosion d'internet, on nous promettait de la flexibilité sur les codes vestimentaires ou les horaires (afin que tous les jeunes talents ne soient pas aspirés par les start-up.) Mais les start-up ont fait faillite et le costume-cravate est redevenu la norme.
Tous les tuteurs ne sont pas des Tenardiers. Mais trop souvent, l'été, les entreprises se constituent des pools de stagiaire, afin de remplacer les salariés en vacances. Et puis, vu que la plupart des stages sont non-rémunérés, donc on ne va pas non plus leur demander de se tuer à la tache.
mardi 24 mars 2015
Voie sans issue
Les chômeurs vous diront que ce qui est pire que tout, ce sont les périodes sans entretien. Des semaines, voir des mois à envoyer des lettres de motivation sans le moindre retour. Il n'y a même pas d'espoir ; tout le monde vous ignore. Vous n'osez même plus répondre aux annonces : à quoi bon ?
Enchainer les entretiens, c'est guère mieux. Certes, au début, vous vous projetez. Surtout lorsque vous êtes convoqué au 2e tour. Vous cherchez à faire votre nid. Vous vous dites que bientôt, cette entreprise sera votre quotidien et la personne qui vous reçoit, votre chef. Vous espérez triompher de la "short list". Mais non. Et les autres entretiens ne donnent rien. Vous êtes le Poulidor des candidats. Dans Le couperet, le héros va jusqu'à tuer ses rivaux pour être sûr d'être embauché !
On peut enchainer 10 ou 20 entretiens sans être embauché. A chaque fois, la motivation en prend un coup. Là aussi, on finit par partir perdant. On en a marre de répéter le même speech. De se faire jeter comme une vieille chaussette.
Parfois aussi, on va jusqu'à l'emploi, mais en butant sur la période d'essai ou le renouvellement de CDD. Pendant des mois, vous vous êtes donné à 200%, vous avez fait des heures sup', vous avez léché les pompes de votre chef et tout ça pour rien. Souvent, on vous fait miroiter un contrat jusqu'au bout (pour éviter la terre brûlée.) On vous convoque à quelques jours du terme. Et là, c'est la douche froide. On vous dit inapte ou pas assez impliqué. Les plus lâches se cachent derrière un manque de moyens. On vous file votre solde de tout compte et retour à la case chômage.
C'est ainsi qu'on peut enchainer les périodes de chômages et de boulots. Pole Emploi vous juge "autonome" et "capable de retrouver facilement un emploi", donc on vous écarte des formations ou du coaching. Financièrement, c'est bien sûr beaucoup mieux que de rester tout le temps au chômage. Mais psychologiquement, de la même façon, vous vous sentez inadapté. Vous n'aurez jamais de médaille de travail. Lorsque vous retrouvez un travail, vous comptez les jours jusqu'à la fin de la période d'essai et vous préparez votre baluchon.
Enchainer les entretiens, c'est guère mieux. Certes, au début, vous vous projetez. Surtout lorsque vous êtes convoqué au 2e tour. Vous cherchez à faire votre nid. Vous vous dites que bientôt, cette entreprise sera votre quotidien et la personne qui vous reçoit, votre chef. Vous espérez triompher de la "short list". Mais non. Et les autres entretiens ne donnent rien. Vous êtes le Poulidor des candidats. Dans Le couperet, le héros va jusqu'à tuer ses rivaux pour être sûr d'être embauché !
On peut enchainer 10 ou 20 entretiens sans être embauché. A chaque fois, la motivation en prend un coup. Là aussi, on finit par partir perdant. On en a marre de répéter le même speech. De se faire jeter comme une vieille chaussette.
Parfois aussi, on va jusqu'à l'emploi, mais en butant sur la période d'essai ou le renouvellement de CDD. Pendant des mois, vous vous êtes donné à 200%, vous avez fait des heures sup', vous avez léché les pompes de votre chef et tout ça pour rien. Souvent, on vous fait miroiter un contrat jusqu'au bout (pour éviter la terre brûlée.) On vous convoque à quelques jours du terme. Et là, c'est la douche froide. On vous dit inapte ou pas assez impliqué. Les plus lâches se cachent derrière un manque de moyens. On vous file votre solde de tout compte et retour à la case chômage.
C'est ainsi qu'on peut enchainer les périodes de chômages et de boulots. Pole Emploi vous juge "autonome" et "capable de retrouver facilement un emploi", donc on vous écarte des formations ou du coaching. Financièrement, c'est bien sûr beaucoup mieux que de rester tout le temps au chômage. Mais psychologiquement, de la même façon, vous vous sentez inadapté. Vous n'aurez jamais de médaille de travail. Lorsque vous retrouvez un travail, vous comptez les jours jusqu'à la fin de la période d'essai et vous préparez votre baluchon.
jeudi 19 mars 2015
Mon nom est perso
Parfois, les entreprises recrutent plusieurs personnes en même temps. Pour les petits boulots et autres jobs saisonniers, bien sûr. Mais aussi, dans les grandes entreprises, notamment lorsqu'elles lancent un nouveau projet. Vous faites alors parti d'une équipe de juniors, la fleur au fusil. Un petit boulot, c'est très usant. La camaraderie permet de faire passer la pillule. Votre chef dit que votre groupe, au moins, c'est un groupe soudé...
Sauf qu'une fois que le chef a le dos tourné, c'est autre chose. Première déconvenue : non, tout le monde n'a pas signé le même contrat. Lors du recrutement, le RH vous avait dit qu'il ne pouvait pas vous accorder un euro de plus ; c'était tant par personne, point. En pratique, à qualifications égales, certains touchent plus ou bien, ils ont un contrat plus stable.
Très vite, l'un des collègues s'autoproclame délégué. Un clan de gens "cools" se forme, comme au lycée. Ce clan prend les commandes. C'est lui qui décidera qui mérite d'être invité à l'after-work. Si l'un d'eux sèche, les autres font bloc pour le couvrir. Comme au lycée, le(s) déviant(s) sont marginalisés, voir bizutés. Entre les deux, les gens ne mouftent pas. C'est le prix à payer pour être invité à l'after. Tant pis s'il faut bosser deux fois plus parce que l'un des "cools" fait souvent le mur.
Et vous avez aussi le "company drone". Il suit à la trace le chef. Tout ce qu'il dit sera paroles d'évangiles pour le company drone. Et bien sûr, il passera son temps à fayoter, quitte à affabuler. Parfois, le groupe des cools le fuit comme la peste, car sa capacité de nuisance est forte. Mais souvent, c'est l'un des cools, voir leur chef : il dénonce les déviants, mais comme il est intouchable, il fait ce qu'il lui plait.
En tout cas, l'unité n'est qu'une façade. Chacun tire la couverture à lui.
A la limite, ce genre de comportement se justifie lorsqu'il y a un enjeu (passage en CDI, promotions...) et qu'il n'y en aura pas pour tout le monde. Le "company drone" et le "chef des cools" sont souvent des Rastignac débutants (et pleins d'avenir.) Les responsables aiment bien que des personnalités émergent. Même si ce sont avant tout des fouteurs de merde. Cyniquement, les responsables se disent que les têtes de turc l'ont un peu cherché, qu'elles n'ont qu'à se défendre. Surtout, beaucoup de gens sont incapables de faire la police ou d'aller au conflit. Y compris face à un gamin qui a le verbe haut. Au pire, ils le vireront discrètement, en le prévenant au dernier moment (par peur des représailles.)
Mais lorsqu'il n'y a pas de possibilité d'évolution (ni même une prolongation de contrat), ça devient juste de la méchanceté gratuite. Très vite, l'équipe se délite. Les afters mobilisent de moins en moins, puis elles finissent par disparaitre. Les gens ne se parlent plus que lorsqu'ils ont un service à demander. Le "company drone", à force de balancer des rumeurs (et de tuyauter le chef) finit par pourrir l'ambiance. Le chef des cools ? Il est fréquemment le premier à quitter le navire, car il est appelé ailleurs. Le clan des "gens cools" est fissuré. Les personnes restantes en sont réduites à trainer avec des gens "pas cools", faute de mieux.
Sauf qu'une fois que le chef a le dos tourné, c'est autre chose. Première déconvenue : non, tout le monde n'a pas signé le même contrat. Lors du recrutement, le RH vous avait dit qu'il ne pouvait pas vous accorder un euro de plus ; c'était tant par personne, point. En pratique, à qualifications égales, certains touchent plus ou bien, ils ont un contrat plus stable.
Très vite, l'un des collègues s'autoproclame délégué. Un clan de gens "cools" se forme, comme au lycée. Ce clan prend les commandes. C'est lui qui décidera qui mérite d'être invité à l'after-work. Si l'un d'eux sèche, les autres font bloc pour le couvrir. Comme au lycée, le(s) déviant(s) sont marginalisés, voir bizutés. Entre les deux, les gens ne mouftent pas. C'est le prix à payer pour être invité à l'after. Tant pis s'il faut bosser deux fois plus parce que l'un des "cools" fait souvent le mur.
Et vous avez aussi le "company drone". Il suit à la trace le chef. Tout ce qu'il dit sera paroles d'évangiles pour le company drone. Et bien sûr, il passera son temps à fayoter, quitte à affabuler. Parfois, le groupe des cools le fuit comme la peste, car sa capacité de nuisance est forte. Mais souvent, c'est l'un des cools, voir leur chef : il dénonce les déviants, mais comme il est intouchable, il fait ce qu'il lui plait.
En tout cas, l'unité n'est qu'une façade. Chacun tire la couverture à lui.
A la limite, ce genre de comportement se justifie lorsqu'il y a un enjeu (passage en CDI, promotions...) et qu'il n'y en aura pas pour tout le monde. Le "company drone" et le "chef des cools" sont souvent des Rastignac débutants (et pleins d'avenir.) Les responsables aiment bien que des personnalités émergent. Même si ce sont avant tout des fouteurs de merde. Cyniquement, les responsables se disent que les têtes de turc l'ont un peu cherché, qu'elles n'ont qu'à se défendre. Surtout, beaucoup de gens sont incapables de faire la police ou d'aller au conflit. Y compris face à un gamin qui a le verbe haut. Au pire, ils le vireront discrètement, en le prévenant au dernier moment (par peur des représailles.)
Mais lorsqu'il n'y a pas de possibilité d'évolution (ni même une prolongation de contrat), ça devient juste de la méchanceté gratuite. Très vite, l'équipe se délite. Les afters mobilisent de moins en moins, puis elles finissent par disparaitre. Les gens ne se parlent plus que lorsqu'ils ont un service à demander. Le "company drone", à force de balancer des rumeurs (et de tuyauter le chef) finit par pourrir l'ambiance. Le chef des cools ? Il est fréquemment le premier à quitter le navire, car il est appelé ailleurs. Le clan des "gens cools" est fissuré. Les personnes restantes en sont réduites à trainer avec des gens "pas cools", faute de mieux.
mercredi 18 février 2015
Le vieux zappé
En matière de "zappés", on pense souvent aux 25-35 ans. Mais une nouvelle catégorie de zappés apparait : le 50-65 ans.
Jusque dans les années 80, la plupart des gens commençaient leur carrière à 16 ou 18 ans, comme apprenti, avec un simple certificat d'études en poche. Ils ont ensuite progressé au fil des ans et ils ont fini avec un statut cadre. A 55 ans, ils avaient donc déjà presque toutes leurs annuités. En cas de plan social, ils étaient envoyés en pré-retraite, pour 1 ou 2 ans. De plus, le travail était usant : tabagisme, alcool, séquelles d'accidents du travail, trouble du au travail à la chaine, conséquences d'un environnement bruyant ou toxique... Beaucoup d'ouvriers et d'employés étaient complètement cassés à 50 ans. On en expédiait certains en congé maladie; une pré-retraite déguisée.
Mais depuis les années 80, les gens rallongent leurs études. Les métiers manuels se marginalisent. Et bien sûr, la durée de cotisation s'allonge. A 50 ans, de nombreux cadres sont encore frais. Surtout, il leur reste une dizaine d'années à faire. Dans les PME, "âge" est synonyme "d'expérience". Le turn-over est faible et on apprécie le personnel chevronné. Dans les grandes entreprises, on considère que les salariés atteignent leur niveau hiérarchique optimum (suivant le principe de Peter) vers 40-45 ans. Au-delà, leurs carrières stagnent. A tort ou à raison, on part du principe qu'ils sont rétifs aux innovations (informatisation, utilisation du téléphone portable...) Donc, on les réoriente vers des postes où ils ont peu de responsabilités. Parfois, des services entiers sont constitués de vieux cadres que l'on a placardisé ! Et en cas de plan social, ils sont en première ligne...
Une fois au chômage, c'est la dégringolade. Personne ne veut embaucher ces "vieux". On craint qu'ils soient incapable de s'adapter à un nouvel environnement. Ils doivent donc revoir à la baisse leurs ambitions. D'anciens chefs de service se retrouvent avec un statut non-cadre, en CDD. Les voilà dirigés par quelqu'un qui a la moitié de leur âge ! Ils sont souvent plein de nostalgie envers leur précédent emploi (on les comprend.) Certains jouent les petits chefs. D'autres sont en roue libre.
Jusque dans les années 80, la plupart des gens commençaient leur carrière à 16 ou 18 ans, comme apprenti, avec un simple certificat d'études en poche. Ils ont ensuite progressé au fil des ans et ils ont fini avec un statut cadre. A 55 ans, ils avaient donc déjà presque toutes leurs annuités. En cas de plan social, ils étaient envoyés en pré-retraite, pour 1 ou 2 ans. De plus, le travail était usant : tabagisme, alcool, séquelles d'accidents du travail, trouble du au travail à la chaine, conséquences d'un environnement bruyant ou toxique... Beaucoup d'ouvriers et d'employés étaient complètement cassés à 50 ans. On en expédiait certains en congé maladie; une pré-retraite déguisée.
Mais depuis les années 80, les gens rallongent leurs études. Les métiers manuels se marginalisent. Et bien sûr, la durée de cotisation s'allonge. A 50 ans, de nombreux cadres sont encore frais. Surtout, il leur reste une dizaine d'années à faire. Dans les PME, "âge" est synonyme "d'expérience". Le turn-over est faible et on apprécie le personnel chevronné. Dans les grandes entreprises, on considère que les salariés atteignent leur niveau hiérarchique optimum (suivant le principe de Peter) vers 40-45 ans. Au-delà, leurs carrières stagnent. A tort ou à raison, on part du principe qu'ils sont rétifs aux innovations (informatisation, utilisation du téléphone portable...) Donc, on les réoriente vers des postes où ils ont peu de responsabilités. Parfois, des services entiers sont constitués de vieux cadres que l'on a placardisé ! Et en cas de plan social, ils sont en première ligne...
Une fois au chômage, c'est la dégringolade. Personne ne veut embaucher ces "vieux". On craint qu'ils soient incapable de s'adapter à un nouvel environnement. Ils doivent donc revoir à la baisse leurs ambitions. D'anciens chefs de service se retrouvent avec un statut non-cadre, en CDD. Les voilà dirigés par quelqu'un qui a la moitié de leur âge ! Ils sont souvent plein de nostalgie envers leur précédent emploi (on les comprend.) Certains jouent les petits chefs. D'autres sont en roue libre.
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