mercredi 23 juillet 2014

Voilà l'été !

C'est toujours plus agréable d'être au chômage l'été que l'hiver.

Que vous ayez, ou pas, des "pistes", les fêtes de fin d'année sont la pire période du chômeur. C'est le temps des fêtes, des soirées. Donc des moments où il faut puiser dans ses allocations chômages pour payer cadeaux et habits de fête. Sans oublier toutes ces conversations du type : "Je viens d'être promu chef export. Je vais toucher 50 K€ et le mois prochain, je pars 3 semaines en formation à Papeete ! Et toi ? - Euh... Je suis au chômage... Mais... J'ai des pistes. "
L'été, déjà, il fait beau. Le soleil donne de la dopamine et l'on est plus heureux. C'est une question de chimie. On ne fait rien, mais on devient confiant : en septembre, on retrouvera du boulot. Surtout, beaucoup de gens sont en vacances. D'ordinaire, les rues, en semaine, appartiennent aux chômeurs et aux retraités. L'été, il y a des actifs en vacances. Le chômeur peut sortir sans croiser d'autres chômeurs, qui lui renvoient sa propre image. Enfin, les conseillers de Pole Emploi sont en vacances. Donc moins de courriers de convocation ou de radiation.

dimanche 6 juillet 2014

Revenge of the nerds

Les études prouvent d'ordinaire que les gens les plus populaires à l'université vont le plus loin. Ils ont le charisme et le bagout. Donc, on leur propose de meilleures jobs et davantage de promotions.
C'est d'autant plus énervant que les plus populaires sont rarement les premiers de la classe. C'est juste le clown ou la pin-up de service. Et ils ont plutôt tendance à débarquer en amphi avec 1 heure de retard et à zapper les exposés et autres travaux collectifs.

Mais une nouvelle étude remet cela en cause. Les piliers d'associations étudiantes ont tendance à boire et à fumer (et pas que du tabac...) plus. Ils se doivent d'être de toutes les soirées estudiantines, de tous les défis. Forcément, ça laisse des traces. Aux Etats-Unis, où on ne rigole pas avec l'ivresse sur la voie publique ou l’exhibitionnisme, les fêtards finissent au poste. En France, avec les lois sur le bizutage et la prise de conscience des dérapages lors des soirées estudiantines, on y va. Et postuler à un emploi après un séjour en prison, c'est forcément plus compliqué... Ceux qui n'ont pas franchi la ligne blanche ne sont pas épargnés par les tracas. Leur seul atout, c'est l'humour ou le charme. Ils vivent pour leur "public". Justement, certains comprennent qu'à 30 ans, la norme n'est plus d'enchainer les teq'paf, mais de se marier et d'avoir des enfants. Donc ils se plient au rite, juste pour "faire parti du groupe". D'autres refusent de rentrer dans le rang, ils en sont réduit à une surenchère, à rester d'éternels ados. Tôt ou tard, il y en a un(e) plus jeune ou un(e) plus drôle qui débarque. Et notre pilier de devenir passé de mode.
A contrario, les timides et les ringards, plus effacés, se font moins aspirés par le système. Ils progressent à leur rythme, sans excès et ils finissent par éclore. Une bonne nouvelle pour les zappés...

mercredi 2 juillet 2014

Ecole et entreprise

Comme tout zappé, j'ai de la rancœur envers les écoles où je suis passé.

J'étais dans un cursus tourné vers l'entreprise. Et pourtant, on nous parlait jamais de la vie en entreprise. Lorsqu'il y avait un stage à effectuer, on nous donnait de brèves consignes. En gros, il fallait se débrouiller pour parler au prescripteur et le convaincre de nous donner un stage. C'était à peu près tout.

Clairement, nos profs auraient pu passer davantage de temps pour nous apprendre à rédiger un CV et la fameuse lettre de motivation.
Surtout, il aurait fallu qu'on nous parle vraiment de l'entreprise. La vision -assez floue- qu'on en avait, c'était celle d'une organisation rationnelle : il y a des protocoles précis, les décisions sont logiques et les meilleurs éléments sont promus. Voilà qui explique pourquoi les jeunes diplômes sont autant de petits cons qui pensent tout savoir ! A aucun moment, on a évoqué l'irrationnel. Au contraire, il était honnis : " Les colériques et les marchands de tapis n'obtiennent jamais rien."
On retombe sur le bon vieux débat. Pour moi, c'est parce que nombre de profs n'ont aucune expérience du secteur privé et du salariat. Ils n'en ont qu'une connaissance très théorique. A ce moment-là, pourquoi n'a-t-on pas davantage d'enseignants ayant travaillé auparavant, a fortiori dans les cursus tournés vers l'industrie ? Les complotistes, eux, y voit un mensonge sciemment diffusé. L'entreprise est un chaos. On y progresse par la ruse, le copinage et le mensonge, indépendamment de ses compétences réelles. Si on nous avouait tout cela, pourquoi perdre son temps à faire des études ? Pourquoi bachoter pour des examens qui n'auront aucune valeur une fois dehors ? Qui plus est, quelle serait l'utilité des profs, s'ils n'offrent pas d'assurances contre le chômage ? Il vaut donc mieux qu'ils bercent les élèves avec des illusions.

mardi 1 juillet 2014

Usine à gaz


Beaucoup d'entreprises ont des conflits ouverts entre employés. Pour beaucoup de chefs de service, la solution s'appelle "l'éléphant dans le salon" : c'est une gène terrible, mais tout le monde fait comme s'il n'existait pas. Il faut à tout pris éviter la confrontation. Cela donne des situations ubuesques : un employé qui refuse d'effectuer telle tache (pourtant dans son périmètre), deux employés qui ne veulent pas travailler ensemble (alors que leurs périmètres se touchent), une directive non-appliquée (notamment parce qu'elle froisse les syndicats), etc. Au fil du temps, tout le monde s'habitue à faire des détours. Ca devient normal.

Le nouveau-venu tombe souvent des nues face à la situation. Au mieux, son responsable monte une usine à gaz : il faut faire telle tâche, à la place de X, mais sans que X voit qu'on l'effectue dans son dos. Souvent, on ne met pas le novice au courant des non-dits (ne serait-ce que parce qu'ils semblent désormais "naturels".) Il va inconsciemment aborder le sujet qui fâche. Les plus jeunes -et les plus idéalistes- s'attaqueront aux problèmes avec la fleur au fusil. Ils sont persuadés d'agir pour le bien de l'entreprise.
Dans le pire des cas, on l’envoi carrément au casse-pipe : par exemple, mettre en place une directive controversée. Il vient d'arriver, donc il peut repartir aussi sec. Et comme on dit, premier arrivé, premier servi ; le bleu fera le sale boulot. En cas de souci, la hiérarchie dira qu'il a agi de son propre chef. La paix sociale mérite bien qu'on sacrifie un "bleu".

En général, c'est le genre de boulot où vous ne passez pas la période d'essai. De toutes façons, en général, vous vous rendez compte qu'il n'y a pas qu'un seul problème. Comme il n'ose pas trancher, le responsable laisse s'accumuler plein de problèmes. Vous voilà dans une entreprise pleine d'usines à gaz et de décisions que personne n'ose prendre. Pas vraiment le genre d'entreprises où l'on peut s'épanouir.

lundi 23 juin 2014

Entretien collectif : 2. Gladiator

L'autre type d'entretien collectif, c'est la journée de sélection.

Parfois, elle suit le 1er cas. Le principe est simple : tous les candidats postulent pour un unique poste. Vous êtes là pour vous battre. C'est le pendant professionnel des jeux du cirque. Et à la fin de la journée, le recruteur donnera des lauriers au vainqueur. Sauf si vous êtes tous nul (et là, il baissera son pouce.)

On est dans l'idée utopique de "trouver le candidat idéal" et du "choix objectif". En les mettant tous ensemble, dans un environnement différent d'un entretien classique, on devrait être plus objectif. Timide s'abstenir : vous devez parler devant tout le monde. Le plus souvent, on organisera des jeux de rôles où les candidats doivent réfléchir à un cas fictif. Un jury de plusieurs personnes jugeront les réponses. Parfois, les candidats devront former des mini-groupes (NDLA : et les recruteurs s'étonneront de l'absence d'esprit de camaraderie.)
La journée s'étale effectivement sur toute une journée, afin de jauger l'endurance du candidat. Ils vont jusqu'à laisser mariner les candidats entre les épreuves, pour voir leurs réactions. Quoi qu'en pensent les recruteurs, chaque candidat joue un jeu. En théorie, de par la longueur et la dureté de la journée, il doit fendre l'armure. Mais le candidat garde en mémoire qu'il se bat pour un job. Il cherche naturellement les "bonnes réponses". Parfois, la compétition est exacerbée et les mots fusent (entre candidats ou face aux recruteurs.) D'autres fois, les candidats, fatigués et démotivés, dorment quasiment en fin de journée.

Qu'il soit pris ou pas, le candidat se sentira humilié. C'était un bizutage, pas un recrutement.

vendredi 20 juin 2014

Entretien collectif : 1. recrutement de masse

Le terme d'entretien collectif recoupe plusieurs réalités. Parfois, les grandes entreprises organisent des journées de recrutement. Cela concerne tous les types d'entreprises (industrie, agro-alimentaire, banque-assurance...) Mais elles ciblent généralement un type précis de jobs (généralement des commerciaux ou des conseillers.)
Sur le fond, cela rappelle les salons de l'emploi. Il n'y a pas de filtre à l'entrée. Vous vous inscrivez (nom, prénom, profil et type de job recherché -sous forme de case à cocher-) et c'est parti !

Le jour J, on vous demande de venir avec un CV papier (pensez à en mettre un sur une clef USB.) Souvent, la journée commence par une présentation de l'entreprise, ses points forts et ce que vous, candidat hyper-motivé, pouvez apporter. Puis c'est le temps des entretiens, souvent à la chaine. 5 minutes, pas plus. Dans les cas extrêmes, il y a juste une urne pour déposer les CV.
En théorie, le poste est ouvert à (presque) tous. En pratique, ils recherchent surtout des juniors. L'entretien est bref (d'autant plus qu'il y en a 10 qui attendent derrière vous.) Souvent, le "RH" est un intérimaire recruté pour l'occasion ; il n'en sait pas plus que vous sur le job.
Derrière, l'armée de RH fera du classement vertical de CV. Il y a tellement peu d'archivage que si 6 mois plus tard, ils organisent une autre session de recrutement, vous pourrez vous réinscrire ! En attendant, vous avez bien compris que c'est mort. Vous êtes bien trop vieux, trop cher et pas assez malléable. Parfois, vous repartez sans savoir exactement pour quel poste vous avez postulé ! En tout cas, vous avez perdu votre journée. Au moins, vous repartez avec un cartable, un stylo et un bloc aux couleurs de l'entreprise. Et ça vous permettra de justifier votre recherche d'emploi, à la prochaine convocation à Pole Emploi...

jeudi 19 juin 2014

Le placard

Dans une entreprise, 100% des employés sont censés travailler à 100% de leurs capacités, 100% du temps. Cela n'empêche pas que certains employés soient payés à ne rien faire. L'entreprise ne veut pas ou ne peut pas les licencier, alors elle leur donne un emploi fictif en espérant qu'ils démissionnent d'eux-mêmes.
Pour le novice, c'est assez déstabilisant de voir cette personne qui arrive le matin, ne fait rien et repart le soir. Certains passent leur journée à papoter et d'autres vont au bistrot. Qui plus est, étant sur une voie de garage, il (ou elle) est considéré(e) comme un(e) pestiféré(e). Les autres employés ont tendance à l'éviter. Et vous, en tant que nouvel arrivant ? Devez-vous faire comme les autres et le rejeter ? Ou bien, en tant qu'ex-exclu vous-même, de sympathiser avec lui ?

  • Le cas le plus fréquent, c'est la personne qui sort d'un longue arrêt maladie ou d'un congé paternité. Il a été absent longtemps, on ne savait même pas s'il reviendrait. Alors l'entreprise a embauché quelqu'un pour faire sa tache. Parfois, suite à une réorganisation, le poste a disparu. En général, le(la) revenant(e) n'a pas envie de retravailler. Il reste là le temps de négocier sa prime de départ.
  • Le grand classique du cadre, c'est l'expatrié de retour en France. Il a été physiquement loin des jeux de pouvoirs. En plus, s'il revient d'une longue mission dans un pays exotique, il est étiqueté "déviant". Son ancien service refusera de le reprendre. S'il veut rester, l'ex-expatrié doit négocier une mutation.
  • Les cadres supérieurs expérimentés coûtent très cher en indemnités de licenciement. Lorsqu'on ne peut plus les promouvoir, on les met à la tête d'un autre service. Mais s'ils sont vraiment incompétents, on veut les pousser à la démission.
  • Les responsables syndicaux sont par définition considérés comme des déviants. Légalement, ils sont très compliqués à licencier. Histoire de les marginaliser, on leur donne donc un emploi fictif. De toutes façons, entre la permanence syndicale, le C.E., les conseils des prud'hommes, ils n'ont plus beaucoup de temps pour leur vrai travail.