jeudi 14 novembre 2024

Vous avez été nul, bravo !

Normalement, les missions de prestations sont très courtes. Donc, en prolongeant la période d'essai, le cabinet est presque sûr de se débarrasser de vous à la fin de la mission. Presque... Car parfois, la mission est prolongée et du coup, elle dépasse la période d'essai.
Or, en tant que presta "senior", vous êtes payé, que vous soyez en mission ou pas. A l'approche de la fin, votre responsable côté conseil s'excite. Vous devez mettre à jour votre CV et votre bilan de compétence : il va chercher à vous recaser ailleurs. Autrement dit, chez le premier client qui voudra bien de vous. Le job ne correspond pas à vos compétences ? Pas grave ! Le principal, c'est d'enchainer les missions. 

Ensuite, ça y est, un nouveau client veut bien de vous. Il a signé le bon de commande, tout est ficelé. Ah oui, vous devez encore terminer votre mission chez le client actuel. Il voudrait prolonger, car il a un imprévu ? Tant pis pour lui !
Ah, puis il y a le débrief final. D'ordinaire, en cas de "double-licenciement", votre responsable côté conseil va bien noter les remarques de votre responsable côté client, afin de vous les ressortir. Mais là, le responsable côté conseil est cool. Au point où il n'a absolument rien à faire de votre responsable côté client. Mais absolument rien à faire.
J'ai ainsi eu un cas où la responsable côté client m'a dépeint comme un employé paresseux, autiste, etc. (Afin de négocier une ristourne sur la fin de mission.) Elle m'a fait pleurer. Et mon responsable côté conseil m'a dit : "On s'en fout, de toute façon, on commence lundi chez [nouveau client]."
Dans un autre cas, le responsable côté client n'était pas content, car mon cabinet avait refusé une prolongation (j'étais déjà recasé ailleurs.) Mon responsable côté conseil avait déposé sa démission, alors il a tout simplement séché le débrief !

En résumé, pour le presta, votre avenir est complètement décorrélé de vos performances. L'attitude de votre responsable côté conseil est complètement décorrélé de vos performances. Bref, c'est un univers kafkaïen, où vous n'avez prise sur rien et où tout peut s'effondrer du jour au lendemain. Cela explique la motivation quasi-nulle des prestas ayant de la bouteille...

mardi 27 août 2024

Il n'y a plus de mois d'août !


Le mois d'août est presque terminé. Mais de toute façon, on ne ressent plus cette ambiance façon 28 jours plus tard, que l'on connaissait autrefois.

Le "tout le monde ferme en août", c'était valable dans un écosystème franco-français. Vous aviez peu d'employeurs étrangers (du coup, ils étaient forcés de s'adapter) et peu d'employés d'entreprises françaises à l'étranger. Avec l'Union Européenne, il y a eu davantage d'interdépendance.

Le second point est plus culturel. Jusque dans les années 90, la vie professionnelle recoupait la vie de couple. Les jeunes avait rencontré leur moitié durant les études. L'entrée dans la vie professionnelle était synonyme de mariage, puis d'enfants. A 55 ans, vous pouviez négocier un plan de pré-retraite et cela correspondait au moment où le petit dernier quittait le foyer. Durant l'essentiel de votre carrière, vous aviez des enfants scolarisés et le fait d'avoir des congés en août, ça vous convenait.
Aujourd'hui, les gens se marient plus tard et ont des enfants plus tard (voire pas d'enfant.) Et comme on travaille plus longtemps, certains n'ont plus d'enfants scolarisés. Alors pourquoi poser systématiquement des congés en été ? Les tarifs des hôtels, avions, locations, etc. doublent durant cette période.

Mais surtout, il y a eu les 35h avec ses journées de rattrapages. Puis l'on a parlé de trois-cinquième, de quatre-cinquième... Les salariés ont pris l'habitude d'étaler leurs congés, de s'offrir des escapades, au gré des promotions.

Aujourd'hui, on voit arriver les "tracances". Vous ne quittez plus longtemps le radar. Ce sont les messages du type "Je serai en congé du temps au temps, avec un accès limité à mes mails." Car même au bord de la plage, vous jetez un œil à vos dossiers. On est passé du "durant le mois d'août, le téléphone est coupé" à "je pars à Prague, mais je vais rédiger une réponse à ce client, ce soir."

jeudi 8 août 2024

Vacances, j'oublie tout

Fut un temps pas si lointain où la France entière s'arrêtait en août. Certaines entreprises fermaient durant tout le mois. Y compris les grandes entreprises. Donc, au temps où vous n'aviez que quatre semaines de congés par an, vous étiez marron. De toute façon, vos clients fermaient, les administrations étaient fermées, les banques étaient fermées, les boutiques étaient fermées, les transporteurs étaient fermés... Alors quel intérêt de rester ouvert ?
Le plus incroyable, vu d'aujourd'hui, c'est que cela semblait normal. Le téléphone sonnait dans le vide. Vous n'aviez pas de boite mail, ni d'accès à distance. Donc aucun moyen de suivre vos dossiers. Et on ne vous en tenait pas grief. On savait qu'il fallait vous recontacter en septembre.

Dans Les vacances du Petit Nicolas, à la fin, le personnage principal retrouvait son quartier. Or, tous les rideaux de fer étaient baissés. Une ambiance de fin du monde, typique des mois d'août.

C'était un temps suspendu. Toute la France était qui dans sa maison de campagne, qui dans un village-vacance FRAM. La télévision ne diffusait que des émissions au bord de la plage ou des séries-TV. Parce que les téléspectateurs aussi, étaient partis.

Ceux qui souffraient, c'était ceux qui n'avaient pas d'emplois. Le chômeur savait que si le 30 juin, il n'avait pas décroché un contrat, il était bon pour deux mois supplémentaires. Et si l'ANPE ne vous avait pas versé vos allocations, vous n'aviez que vos yeux pour pleurer.
Pour le consultant, c'était encore pire. Votre préavis de licenciement se terminait le dernier vendredi de juillet. Impossible de contacter l'ANPE en août, donc vous déposiez votre dossier début septembre, après un mois sans aucune rentrée d'argent.

dimanche 14 juillet 2024

Tout salaire mérite du travail


Le NFP fait du SMIC à 1600€ son cheval de bataille. Tout comme un taux d'imposition mortifère au-delà de 4000€ brut. Et c'est une absurdité.

Pour rappel, on a deux visions du travail qui s'affrontent : tripalium et labor.

Labor, c'est la vision libérale. Le travail, c'est l'épanouissement, la fierté de la tache accomplie. C'est aussi et surtout, l'idée que les personnes les plus formées, les plus compétentes et les plus motivées seront récompensées. D'où l'intérêt d'être un bon employé. Bien sûr, tout ceci est de la théorie.

Tripalium, c'est une vision marxiste. On travaille parce qu'il faut bien faire bouillir la marmite. On va chez son employeur en trainant des pieds et on a hâte de partir. Ce qui fait plaisir aux employés, c'est de travailler le moins possible (cf. les 35 heures), voire carrément de ne plus avoir de travail "alimentaire" pour se consacrer à des activités plus nobles (cf. le revenu universel.)
Alors pourquoi les gens ne se réjouissent pas lors des PSE ? Les plus vieux auront droit à une retraite anticipée et les plus jeunes, à un pécule ! Pourquoi chante-t-on Travailler encore, sur les piquets de grève ?
Mais les progressistes en rajoutent une nouvelle couche. Dire qu'il y a de meilleurs employés, cela signifie qu'il y en a de pires. Et ça, aux yeux des néo-marxistes, c'est de la discrimination ! Pourquoi est-ce que tout le monde n'aurait pas le droit aux promotions et aux augmentations ? Pourquoi est-ce qu'un ingénieur débutant serait payé au prix d'un ouvrier très expérimenté ?
Comme par hasard, les plus farouches partisans de l'inclusions sont ceux qui ont le moins de légitimité. Je ne peux pas arriver à ton niveau, alors je hurle à l'inégalité, déclare que tes avantages sont des privilèges et exige qu'on te les enlève. D'où le concept de NFP d'une courbe de salaire horizontale.

Le patronna applaudit discrètement. Les salaires de bases seraient plus élevés, mais personne ne voudrait travailler à plus de 4 000€ par mois. Car vous subisseriez un effet de seuil : avec les impôts supplémentaires, il vous resterait moins d'argent à la fin du mois. Donc les emplois qualifiés vont disparaitre, au profit de postes avec moins de valeur ajoutée. Plus facile à pourvoir et moins coûteux.
Oui, mais cela voudrait dire aussi que toute personne qui approcherait ce seuil fatidique lèvera le pied. Les grandes entreprises auront également du mal à pourvoir des postes seniors (toujours à cause de l'effet de seuil.) D'ailleurs, pourquoi est-ce que quelqu'un viserait un poste à responsabilité ? La société va chercher à le punir ! Mieux vaut devenir influenceur, que cadre intermédiaire ! Les filières d'excellence risquent de se vider ou de voir des promotions entières s'expatrier.

lundi 24 juin 2024

Souffrez en silence, bon sang !

En mars, Personnal Psycholgy a publié cette étude, qui a ensuite été reprise par nombre de revues. En gros : arrêtez de dire que vous souffrez ; à la longue vos collègues vont vous haïr.

L'étude évoque celui qui "se vante de son stress". L'explication, c'est que tout le monde est dans le même bateau. Sous-effectif, objectifs intenable, journées à rallonge, climatisation en panne... Ce qui vous touche vous, touche aussi vos collègues. Eux, ils savent rester discrets sur leurs souffrance. Et ils n'ont pas besoin qu'on leur rappelle qu'ils sont dans un environnement toxique ! Donc, une levé de bouclier. Celui qui se plaint est cornerisé, voire harcelé.

Plus réalistement, vos collègues vont vous accuser d'être hypocondriaque. On a tous croisé ces gens qui prétendent être surmené/dépressif/en burn-out, etc. La maladie est une excuse bien commode pour ne rien faire. Car à la moindre remarque, notre malade imaginaire explose : "Comment ose-t-il me demander ça, alors que cette nuit, j'ai à peine dormi 4 heures ?" Personne n'est dupe de son jeu ; c'est un mauvais acteur. En plus, souvent, il possède un médecin complaisant, qui lui signe des arrêts-maladie de plusieurs mois.
Dans la génération Z, ce comportement revient. Aux Etats-Unis, certains veulent être unique. Il faut se distinguer par son genre, son appartenance ethnique, ses pronoms, son régime alimentaire... Et ses maladies mentales, autodiagnostiquées, bien sûr. Ils veulent être des êtres fragiles et que la société s'adapte à eux et à leurs désires.
La souffrance mentale est souvent invisible et -heureusement- elle n'est pas constante. Un dépressif peut rire d'une blague vraiment conne et fondre en larme deux heures après. On peut faire un burn-out alors qu'on possède une charge de travail moyenne. Le malade sera d'autant moins crédible si c'est un homme blanc, a fortiori si c'est une force de la nature. On écoutera davantage une femme ou un "membre d'un groupe marginalisé".

Et votre manager ? Pour lui, un subordonné malade, c'est une catastrophe. D'autant plus qu'il est livré à lui-même. Seule solution : prendre en charge une partie de votre travail... Pour quelques jours.
Si vous êtes consultant, c'est encore pire. Le client a embauché un consultant pour qu'il ait une bonne productivité. Sinon, il aurait pris un quota ! Le commercial qui vous suit, il n'a pas le temps -ni la compétence- pour faire du social. Si vous êtes rejeté par le client, vous ne ferez pas de vieux os en inter-contrat. Le fameux double-licenciement.

En résumé, parler de votre souffrance au travail, ça ne fait qu'empirer les choses. Les soi-disant campagnes de prévention sont surtout là pour repérer (et dégager) ceux qui se cachent. Beaucoup préfèrent donc garder leurs problèmes pour eux.

lundi 3 juin 2024

Round 1 : fight !


Il y a exactement dix ans, j'évoquais la violence au travail. A l'époque, il s'agissait de conflits larvés, qui explosaient. Ce que l'on constate, aujourd'hui, c'est une société plus violente. Louis Pasteur disait qu'il "laissait sa religion au vestiaire". En théorie, les employés laissent ce qu'ils sont au vestiaire. En pratique, il y a importation des conflits externes sur le lieu de travail.

En 2017, à Charlottesville, des néo-nazis s'offrirent une retraite au flambeau. Les réseaux sociaux réclamèrent les têtes des participants. Puis ils firent pression sur leurs employeurs présumés, en croisant les informations. C'est le "name and shame" (désigner et rendre honteux.) Rebelotte en 2021, lors de l'assaut du Capitole. Les fauteurs de trouble furent outés et leurs employeurs, pressurés. Tant pis pour les homonymes ou les sosies de participants.
En France, il y eu le cas d'une employée d'écurie de course, en 2020. Elle s'était grimée en noire et s'était filmée en train de chanter Saga Africa. Une association antiraciste (dissoute depuis) avait divulgué son nom, intimidé son employeur et menacé quiconque la défendrait. Plus récemment, on a vu une militante RN, bénévole aux Restos du Cœur, écartée suite à un passage TV. 
Aujourd'hui, ce sont les étudiants de Columbia et de Harvard qui sont dans la ligne de mire. Au nom des mesures prises en place après Charlottesville, certains employeurs ont refusé les CV de militants pro-Palestiniens particulièrement actifs -voire haineux, voire antisémites-. Un retour de bâton assez violent pour une gauche naguère très active dans le "doxxing".

Aux Etats-Unis, les DRH de PME et d'ETI passent désormais les CV au peigne fin. Précision du "pronom préféré" ou du régime alimentaire, militantisme au sein d'associations identitaire ou communautaristes déclenchent des alarmes. Car un salarié aux opinions radicales troublera la tranquillité de l'entreprise. Au mieux, ce sera une Prima Donna, en permanence en conflit avec tout le monde. Au mieux, cela se finira avec un piquet devant l'entrée et au pire, par une fusillade.

La France se refuse à voir cela. Pour le droit Français, c'est "Louis Pasteur" : sur le lieu de travail, il n'y a ni race, ni religion, ni opinion politique. Le distinguo lié au sexe est tour à tour exigé (pour l'ESG) ou nié. Notons aussi qu'il y a souvent moins d'informations personnelles sur les CV Français. Donc moins de choses pouvant mettre la puce à l'oreille d'un recruteur.
Pour autant, environ 10 000 personnes sont fichées S (pour appartenance à la mouvance islamiste radicale, à l'ultra-droite ou à l'ultra-gauche.) Autant de personnes qui peuvent se voir refuser une habilitation pour travailler dans la défense, le nucléaire, sur un aéroport, etc. C'est l'un des rares filtres.
En théorie, le salarié-militant est protégé par le droit du travail. S'il se livre à des activités répréhensibles depuis son lieu de travail, il peut être sanctionné. En théorie aussi, le "doxxing" est interdit. Mais de plus en plus, des entreprises -voire les clients de ces entreprises- sont pris à partis, suite au message d'un salarié.

Les jeunes sont plus engagés et plus radicalisés que leurs ainés, ça a été vrai de tout temps. 20% des 18-25 ans considèrent la violence et les dégradations (casse, incendie...) comme un mode d'expression politique légitime. Qui plus est, ces jeunes ont grandi dans un environnement monocolore. L'entreprise est le premier endroit où ils feront face à des gens aux opinions différentes des leurs. Non seulement on ne leur a pas appris à accepter l'opposition. Mais parfois, l'adversaire est carrément considéré comme une menace existentielle, sinon une cible à abattre. Le conflit est inévitable. Or, le droit du travail sait sanctionner les altercations, mais rien n'est prévu pour prévenir la violence. Même les formations ne couvrent pas les conflits intra-professionnels pour des motifs extra-professionnels.
Les employeurs seront bien seuls, dans les années à venir, pour gérer tout cela...

lundi 27 mai 2024

Déso, pas déso, Elsa


Un jour, il faudra que je parle de Linkedin. Les posts y sont souvent consternant. Les gens ont tendance à survendre leur boite. Et puis, vous avez cette directrice du pôle projet d'un créateur de sites web.

Elle a écrit un post intitulé "j'ai essayé d'embaucher des hommes, j'arrête". Elle explique donc que volontairement, pour le recrutement de chef de projet, elle écarte les CV masculins. Parce qu'elle a décrété que les hommes ne répondaient pas au profil du poste.
Déjà, là, cela tombe sous le coup de la discrimination à l'embauche.

Sur le podcast Une bonne fois pour toutes, elle se présente comme "humoriste". J'imagine qu'elle était morte de rire en écrivant le paragraphe retournant les stéréotypes sur les femmes au travail. Bien sûr, elle ne réalise pas que les femmes compétentes sont les premières victimes des entreprises qui ne réfléchissent qu'en terme de pourcentages d'hommes et de femmes.

Orthographe inclusive, anglicisme (déso, pas déso)... On se doute à peu près sur quel bord de l'échiquier politique elle se trouve... Si vous en doutiez, il suffit de lire sa réponse à un commentaire, ci-après.
Mais à qui a-t-on vraiment affaire ? Son parcours est édifiant. Sur le scolaire, rien à dire : prépa, une année en Chine et une ESC. Mais après, elle a toujours été "cheffe" ! Même en stage, elle dirigeait une équipe. Puis, elle se lança dans la gestion de projet informatique. Au bout de quatre ans, elle s'est dit qu'elle était un peu short, techniquement. Donc elle passa trois modules d'informatique. Des formations en ligne de dix-huit heures. Et plus récemment, elle a effectué une formation de quatorze heures (à 1 500€ !) Et ça lui a permis de passer responsable des chefs de projet.

Si on veut faire des raccourcis, comme elle, on comprend qu'elle est avant tout commerciale. Elle est d'autant plus virulente qu'elle manque de légitimité. Elle vend de la création/refonte de sites web, sans y connaitre grand chose. Donc forcément, sous ses ordres, elle veut des yesmen (il y a deux mecs parmi les dix-huit chef de projet, donc déso pas déso.) Parmi les profils de chef de projet, on trouve une architecte d'intérieur, un journaliste, une assistante sociale, d'anciens dir' com', des pubards et seulement deux diplômées dans le numérique ! Forcément, ils ne vont pas la reprendre sur les termes techniques...
Je serais prêt à parier que tous ces gens-là ne sont pas hyper-compétents sur les estimations de temps, de budget et de ressources nécessaires pour un projet. Ils ont vendu la lune au client et derrière, l'informaticien doit faire avec. Mais presque tous ces informaticiens sont des mâles cis-het, donc on s'en fout, non ? On dirait Le meme de Sanglier Sympa.

Et bien sûr, aucune conséquence. Des captures d'écran ont circulé et l'auteur (auteure ? autrice ?) a fini par supprimer le post. Alors que si un homme avait écrit "j'ai essayé d'embaucher des femmes...", là, cela ferait les gros titres. La personne serait au mieux forcée de s'excuser, voire de démissionner.



dimanche 18 février 2024

Micro-manageur


C'est la plaie du management moderne. Le micro-management est la conséquence directe des politiques actuelles de management et de recrutement. Au quotidien, le N+1 souhaite être informé de chaque faits et gestes. Au mieux, il veut être en copie de chaque mail. Certains fournissent des templates pour tout : les mails, les PPT, les Excel... Au pire, le N+1 organise d'interminables weekly où vous rédiger tout ensemble... Et le soir (ou le matin), c'est un point sur vos actions !

Si les managers se comportent comme cela, ça a trois raisons :
1) L'équipe est sous-dimensionnée, en terme de profils. Ca, c'était très malin d'avoir écarté les seniors et de se montrer complaisant avec un fort turnover...
2) Si vous n'êtes pas derrière eux, en permanence, ils font des Snapchats et des vidéos TikTok (si, si !) Là aussi, vous pouvez remercier les RH qui privilégient le RSE et l'âge moyen sur la compétence et la motivation...
3) Le manager n'a que ça à faire. Le top management prend des décisions à huis clos. Le management de base se paupérise. Ce sont des exécutants avec peu de valeur ajoutée.

Un manager, ça doit décider, arbitrer, animer. Son domaine, c'est le moyen terme. Le micro-management, c'est de la navigation à vue. Les managers ayant de l'estime de soit et de l'ambition ont tôt fait de mettre les voiles. Il reste donc des personnes souvent transparentes, qui attendent le prochain salaire et gardent un œil sur Linkedin. Le plus ironiques, c'est qu'ils se défendent souvent de faire du micro-management.

Lorsque le micro-manager est face à un employé plus expérimenté, il commence par s'étonner. Incroyable : pendant les trois heures où j'étais en réunion cascading, le nouveau a bossé sur les choses urgentes ! Mais très vite, c'est le clash. Le micro-manager est incapable de lâcher la bride. Il reproche au nouveau de répondre au mail sans l'avoir consulté, de passer des coups de téléphone au lieu de faire des réunions Teams à trois, etc.
L'employé souffre. Il perçoit cela (à raison) comme de l'intrusion et un manque de confiance. Il va très vite vouloir partir. Et si c'est un externe, c'est le manager qui va le remplacer pour un employé plus docile. Sinon, il finira par rentrer dans le moule. Le micro-management étant infantilisant, lui aussi, il va surfer sur les réseaux sociaux et partir à 16h30, lorsque le N+1 sera pris...