Le mois d'août est presque terminé. Mais de toute façon, on ne ressent plus cette ambiance façon 28 jours plus tard, que l'on connaissait autrefois.
Le "tout le monde ferme en août", c'était valable dans un écosystème franco-français. Vous aviez peu d'employeurs étrangers (du coup, ils étaient forcés de s'adapter) et peu d'employés d'entreprises françaises à l'étranger. Avec l'Union Européenne, il y a eu davantage d'interdépendance.
Le second point est plus culturel. Jusque dans les années 90, la vie professionnelle recoupait la vie de couple. Les jeunes avait rencontré leur moitié durant les études. L'entrée dans la vie professionnelle était synonyme de mariage, puis d'enfants. A 55 ans, vous pouviez négocier un plan de pré-retraite et cela correspondait au moment où le petit dernier quittait le foyer. Durant l'essentiel de votre carrière, vous aviez des enfants scolarisés et le fait d'avoir des congés en août, ça vous convenait.
Aujourd'hui, les gens se marient plus tard et ont des enfants plus tard (voire pas d'enfant.) Et comme on travaille plus longtemps, certains n'ont plus d'enfants scolarisés. Alors pourquoi poser systématiquement des congés en été ? Les tarifs des hôtels, avions, locations, etc. doublent durant cette période.
Mais surtout, il y a eu les 35h avec ses journées de rattrapages. Puis l'on a parlé de trois-cinquième, de quatre-cinquième... Les salariés ont pris l'habitude d'étaler leurs congés, de s'offrir des escapades, au gré des promotions.
Aujourd'hui, on voit arriver les "tracances". Vous ne quittez plus longtemps le radar. Ce sont les messages du type "Je serai en congé du temps au temps, avec un accès limité à mes mails." Car même au bord de la plage, vous jetez un œil à vos dossiers. On est passé du "durant le mois d'août, le téléphone est coupé" à "je pars à Prague, mais je vais rédiger une réponse à ce client, ce soir."